Posté : 04 avr.06, 19:17
par florence.yvonne
personnellement, ma bible (ou mon coran) c'est le dictionnaire.
SECTE, subst. fém.
A. Vieilli ou hist. Ensemble de personnes qui se réclament d'un même maître et professent sa doctrine philosophique, religieuse ou politique, ses opinions. Synon. école. Secte épicurienne, péripatéticienne, philosophique, platonicienne, pythagoricienne, stoïcienne; secte de César. Avez-vous embrassé la secte d'Épicure, Celle de Pythagore ou du divin Platon? (FLORIAN, Fables, 1792, p. 133). Thalès, fondateur de la secte ionique, reconnoissoit l'eau comme principe universel (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 106).
B. 1. Domaine relig. [P. oppos. à Église] Souvent péj. Groupement organisé dont les membres ont adopté une doctrine et des pratiques différentes de celles de la religion majoritaire ou officielle. Secte bouddhique, chrétienne, janséniste, juive, orthodoxe, protestante; secte des anabaptistes, des cathares, des donatistes, des mormons, des quakers, des témoins de Jéhovah; sectes de la Grèce, de l'Inde, de l'Orient. S'il était nécessaire qu'il y eût dans un état plusieurs religions positives, il ne l'était pas moins d'empêcher que les sectes tolérées ne produisissent, en se subdivisant, de nouvelles sectes (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 129). Chez les peuples protestants, il y a d'autant plus d'ardeur morale que l'Église établie est plus fortement battue en brèche par les sectes dissidentes (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 320). V. adventiste ex. 1 et dissidence ex. 2.
En partic., souvent péj. Organisation d'inspiration religieuse ou mystique (voire politique), dont les membres vivent en communauté et sous l'influence d'une ou plusieurs personnes. Secte Moon; chef, maître de la secte; danger, emprise, nocivité des sectes; méthode d'endoctrinement, de pouvoir, de recrutement d'une secte. Ne prélevant aucune taxe, n'acceptant aucune donation, cette secte échappe aux scandales financiers courants chez les autres nouvelles sectes (Philos., Relig., 1957, p. 54-14). Une fois entré en secte, l'adepte perd toute personnalité. Transes collectives (...). Mais cela peut aller jusqu'au suicide collectif, comme pour la tristement célèbre secte du Temple de Dieu (Missi, 3 mars 1986, n o 478, p. 79).
2. P. ext.
a) Péj. ,,Tout groupe idéologique clos qui suit un leader dissident de la doctrine générale et qui se caractérise par le fanatisme et l'intolérance de ses membres`` (MUCCH. Sc. soc. 1969). Synon. chapelle, clan, coterie, parti. Secte anarchiste, socialiste. Peu à peu, l'anarchie (...) différait simplement des autres sectes socialistes par sa volonté de tout abattre pour tout reconstruire (ZOLA, Travail, t. 2, 1901, p. 335). V. fanatique ex. 1.
b) Ensemble minoritaire de personnes ayant un trait commun (physique, intellectuel ou autre) qui les différencie des autres. Synon. clan. Le club Mensa se donne pour mission de rassembler les gens les plus intelligents du monde. Quelles épreuves faut-il surmonter pour y entrer? (...) C'est ce que Jean-Claude Lamy a demandé au pétulant secrétaire général de cette secte des « grosses têtes », Victor Serebriakoff (Réalités, août 1966, p. 33).
c) Locutions
(Avoir l')esprit de secte. (Avoir l')esprit étroit et fanatique, (montrer de l')intolérance. Les économistes ont fait du mal en fesant [sic] supposer par leur esprit de secte (...), par leur ton d'inspiration, que tous ceux qui s'occupaient de semblables recherches, n'étaient que des rêveurs dont les théories (...) étaient inapplicables dans la pratique (SAY, Écon. pol., 1832, p. 25). [Ferguson] entend bien se maintenir exempt de tout esprit de secte, et (...) prendra dans toutes les écoles ce qui lui paraîtra raisonnable et vrai (COUSIN, Philos. écoss., 1857, p. 503).
Faire secte (vieilli). Se distinguer des autres par des opinions singulières; recruter des partisans enthousiastes. Ce système [que l'odorat et le goût ne forment qu'un seul sens] peut être rigoureusement défendu; cependant, comme je n'ai point la prétention de faire secte, je ne le hasarde que pour donner à penser à mes lecteurs (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 142).
Prononc. et Orth.: [sekt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1155 siecte « doctrine religieuse ou philosophique » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 6776); ca 1316 secte (GEFFROY DE PARIS, Chronique métrique, éd. A. Diverres, 3663); 2. 1230-50 setes « groupe de personnes qui ont une même doctrine au sein d'une religion » (Légende de l'Antéchrist, Version anonyme, éd. E. Walberg, 621, p. 22); 1525 secte lutherienne (Le Conseil de l'Archevêque de Lyon à Noël Beda, Herminjad, I, p. 323 ds RICHARD, p. 34); 3. 1549 secte de poëtes (DU BELLAY, Deffence et illustration de la langue francoyse, éd. H. Chamard, 273); 4. 1616 faire secte à part « se distinguer des autres par des opinions singulières » (D'AUBIGNÉ, Hist., II, 282 ds LITTRÉ). Empr. au lat. secta « ligne de conduite, suite, parti, secte, école », de sequi « suivre ». Fréq. abs. littér.: 785. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 2 347, b) 650; XXe s.: a) 600, b) 625. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 417. RICHARD (W.) 1959, p. 34.
RELIGION, subst. fém.
I. A. Au sing., gén. en empl. abs. Rapport de l'homme à l'ordre du divin ou d'une réalité supérieure, tendant à se concrétiser sous la forme de systèmes de dogmes ou de croyances, de pratiques rituelles et morales (v. infra B). Foi et religion; philosophie et religion; morale et religion; philosophie, psychologie, sociologie, théologie de la religion; le besoin de religion; indifférence en matière de religion. Le mot religion [chez les anciens] ne signifiait pas ce qu'il signifie pour nous; sous ce mot nous entendons un corps de dogmes, une doctrine sur Dieu, un symbole de foi sur les mystères qui sont en nous et autour de nous; ce même mot, chez les anciens, signifiait rites, cérémonies, actes de culte extérieur. La doctrine était peu de chose; c'étaient les pratiques qui étaient l'important; c'étaient elles qui étaient obligatoires et qui liaient l'homme (ligare, religio) (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 210). Les travailleurs ont besoin de poésie plus que de pain (...) seule la religion peut être la source de cette poésie. Ce n'est pas la religion, c'est la révolution qui est l'opium du peuple (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 180). V. fanatisme ex. 1:
1. Si l'on admet que les rapports avec le sacré constituent l'essentiel de la religion, la distance apparaît avec la philosophie. Mais il reste à s'entendre sur la notion du sacré; si l'on admet que le sacré inspire le respect et la crainte, une autre distance s'éclaire, avec la magie qui suppose audace et contrainte. On n'hésite point à reconnaître la religion dans le christianisme ou l'islamisme; on discute la part de religion que contiennent les grandes conceptions orientales de la vie et de la mort, les représentations et les pratiques des « primitifs »...
Traité sociol., 1968, p. 80.
Guerre de religion. V. guerre A 1 en partic.
B. Forme particulière que revêt pour un individu ou une collectivité cette relation de l'homme au divin ou à une réalité supérieure.
1. a) Au sing. et au plur. Ensemble des croyances relatives à un ordre surnaturel ou supra-naturel, des règles de vie, éventuellement des pratiques rituelles, propre à une communauté ainsi déterminée et constituant une institution sociale plus ou moins fortement organisée. On est contraint à la foi. Croire de force, tel est le résultat. Mais avoir foi ne suffit pas pour être tranquille. La foi a on ne sait quel bizarre besoin de forme. De là les religions. Rien n'est accablant comme une croyance sans contour (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 303). V. confession A p. ext., culte B 2 a:
2. Pour la plupart des civilisés, les églises ne sont que des musées où reposent les religions mortes. L'attitude des touristes qui profanent les cathédrales d'Europe montre à quel point la vie moderne a oblitéré le sens religieux. L'activité mystique a été bannie de la plupart des religions.CARREL, L'Homme, 1935, p. 158.
P. métaph. V. dogmatique ex. 2 et infra au fig.:
3. C'est en tant que religion, que la doctrine communiste exalte et alimente les ferveurs des jeunes gens d'aujourd'hui. Leur action même implique une croyance; et s'ils transfèrent leur idéal du ciel sur la terre, ainsi que je fais avec eux, ce n'en est pas moins au nom d'un idéal qu'ils luttent et, au besoin, se sacrifient.
GIDE, Journal, 1933, p. 1182.
SYNT. Les préceptes, les pratiques, la morale d'une religion; religions fondées, organisées, historiques; histoire des religions; embrasser, professer, pratiquer une religion; abandonner, abjurer, renier une religion; se convertir à une religion; changer de religion; enseigner, fonder une religion.
[Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif]
[Suivi d'un adj. caractérisant le système de croyances envisagé] Religions animistes, fétichistes, totémiques; religions dogmatiques, savantes. Seules les religions polythéistes ou panthéistes créent les idoles et sont créées par les idoles dans un échange passionné et continu d'idées, de sensations, de sentiments. Les religions monothéistes, au contraire hostiles à l'idole, ou bien triomphent avec le secours de l'idole, ou bien meurent sur place sans pouvoir se renouveler (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 249).
[Suivi d'un adj. ou d'un compl. donnant une indication d'ordre géogr. ou hist.] Religions anciennes, antiques, archaïques, primitives; religions actuelles; religions vivantes. L'homme, à cette voix dont l'accent le ranime [dans l'Apologie de Pascal], se remet donc à parcourir l'Univers, cherchant quelle religion est la vraie, comme il avait déjà fait pour les philosophies. (...) Ici serait venue une énumération des principales religions connues, celle de Mahomet, celle des anciens Grecs et Romains, celle des Égyptiens, celle de la Chine. Aucune de ces religions ne satisfait l'homme de Pascal, pas plus que tout à l'heure ne l'ont satisfait les philosophies (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 371).
[Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminant la doctrine ou la communauté religieuse envisagée ou indiquant le nom de son fondateur] Les religions païennes; la religion judaïque, juive; la religion des Juifs, d'Israël, de Moïse; la religion chrétienne, des chrétiens, du Christ, de l'Évangile; la religion catholique, anglicane, orthodoxe, protestante, mahométane, musulmane, islamique; la religion de l'Islam, de Mahomet (v. supra ex. de Sainte-Beuve); la religion bouddhiste; la religion de Bouddha. Ce qu'il y a de plus probable, c'est qu'ils [les Druzes] sont, comme les Maronites, une tribu arabe du désert qui, ayant refusé d'adopter la religion du Prophète, et persécutée par les nouveaux croyants, se sera réfugiée dans les solitudes inaccessibles du haut Liban, pour y défendre ses dieux et sa liberté (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 109):
4. ... pour lui [Passavant], le magnétisme, qui est d'abord une force organique, mais qui devient une force spirituelle lorsqu'on l'oriente dans ce sens, finit par être l'organe d'une vision divine. Et celle-ci est également le but que se propose le culte dans la religion catholique; rite et sacrement constituent une magie sacrée, grâce à laquelle la nature devient l'organe de l'esprit.
BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 75.
b) Locutions
Religion domestique. [Dans l'Antiquité ou chez les peuples dits « primitifs »] Culte rendant hommage au(x) dieu(x) d'une famille, d'un foyer. La religion est encore domestique dans les peuplades qui vivent en familles, et c'est ce qui a été cause que quelques voyageurs, n'apercevant point chez elles de culte public, ont conclu qu'elles n'avoient aucune religion (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 312). Dans cette religion primitive chaque dieu ne pouvait être adoré que par une famille. La religion était purement domestique (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 33).
Religion naturelle. [P. oppos. à religion positive (v. positif I A) et à religion révélée] Ensemble des connaissances relatives à Dieu, à ses attributs, aux principes de l'action morale, obtenues par les seules lumières de la raison et de la conscience, indépendamment de toute révélation. La religion parfaite et définie n'a pas été donnée à l'homme dès le principe. Aussi peut-on distinguer plusieurs phases dans le progrès de la religion. 1 o Religion naturelle. C'est celle qui est inscrite par Dieu au cœur de l'homme, indépendamment de toute révélation extérieure. Cette religion comporte la connaissance de l'existence de Dieu, la notion de ses perfections et l'idée de devoirs à lui rendre (Bible 1912).
[Princ. chez les philosophes du XVIIIe s. et p. réf. à eux] Elle croyait à cette sorte de religion naturelle préconisée et peu définie par les philosophes du dix-huitième siècle. Elle se disait déiste et repoussait avec un égal dédain tous les dogmes, toutes les formes de religion (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 364). [La conception de la religion naturelle] leur permettait de se détacher sans remords des religions positives auxquelles ils avaient cessé de croire, et de conserver néanmoins une religiosité très vive, à laquelle la « religion naturelle » fournissait un aliment suffisant (LÉVY-BRUHL, Mor. et sc. mœurs, 1903, p. 202). V. déisme ex.
Religion patriarcale. V. patriarcal A 1. Religion positive. V. positif I A 1 et B 3 b p. méton. Religion révélée. Religion qui repose sur une révélation*.
Religion universelle. [P. oppos. à religion nationale, religion particulière, religion d'un peuple] Religion à vocation œcuménique, c'est-à-dire qui n'est pas destinée à un groupe social déterminé, mais s'adresse à tous les hommes, de tous les pays et de tous les temps. Vous voudriez faire une religion particulière, comme si la religion vraie n'étoit pas universelle et de toutes les nations! (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 232). Les religions universelles font abstraction des liens nationaux naturels et s'adressent absolument à tous les hommes, leur offrant le salut ou une voie qui y conduit. Le bouddhisme, le christianisme et l'Islam, religions universelles les plus importantes, sont aussi des religions qui ont été fondées, alors que le développement des religions nationales se présente surtout comme spontané (FRIES t. 4 1967).
[Chez Bergson] Religion statique et religion dynamique. Si la frange d'intuition qui entoure son intelligence [de l'individu] s'élargit assez pour s'appliquer tout le long de son objet, c'est la vie mystique. La religion dynamique qui surgit ainsi s'oppose à la religion statique, issue de la fonction fabulatrice, comme la société ouverte à la société close (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 285).
Religion à mystères. V. mystère I A.
Religion d'État ou religion de l'État. Religion déclarée comme la religion officielle d'un état et qui exclut les autres religions ou ne fait que les tolérer. La religion catholique, apostolique et romaine est la religion de l'État (Charte de 1814, art. 6 ds LITTRÉ). Le plus mauvais état social, à ce point de vue, c'est l'état théocratique, comme l'islamisme et l'ancien état pontifical, où le dogme règne directement d'une manière absolue. Les pays à religion d'état exclusive comme l'Espagne ne valent pas beaucoup mieux. Les pays reconnaissant une religion de la majorité ont aussi de graves inconvénients (RENAN, Souv. enf., 1883, p. XIV).
La religion d'amour. Le christianisme. Après la conquête de Jérusalem par les Arabes, la plupart des chrétiens durent se convertir à l'islamisme pour échapper aux supplices. Mais ils ne renoncèrent pas à la religion d'amour (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 202).
c) [En empl. abs., la détermination venant du cont.] J'en étais à cette phrase, que je répétais souvent avec onction et désespoir: Oh! musulmans! oh! musulmans! Il n'y a plus d'Islam! La religion est perdue! (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 232). Vous savez que la religion condamne avec force les injures qu'elle range sous le titre des homicides par intention. Je ne suis pas l'ami de Desjardins. Mais je ne le suis pas non plus de ceux qui ne veulent voir dans la religion qu'une autorité et qu'une discipline, et qui voudraient garder le christianisme sans le Christ (CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1912, p. 192).
comme je l'ai toujours dit les religions des uns sont les sectes des autres.
les 3 imposteurs: moise, Jesus, mahomet...
Posté : 06 avr.06, 12:41
par Al Kali
d'après Spinoza...
chapitre 1...... De Dieu.
1. Quoiqu’il importe à tous les hommes de connaître la vérité, il y en a très-peu cependant qui jouissent de cet avantage : les uns sont incapables de la rechercher par eux-mêmes, les autres ne veulent pas s’en donner la peine. Il ne faut donc pas s’étonner si le monde est rempli d’opinions vaines et ridicules ; rien n’est plus capable de leur donner cours que l’ignorance ; c’est-là l’unique source des fausses idées que l’on a de la Divinité, de l’Âme, des Esprits et de presque tous les autres objets qui composent la Religion. L’usage a prévalu, l’on se contente des préjugés de la naissance et l'on s'en rapporte sur les choses les plus essentielles à des personnes intéressées qui se font une loi de soutenir opiniâtrement les opinions reçues et qui n'osent les détruire de peur de se détruire eux-mêmes.
2. Ce qui rend le mal sans remède, c'est qu'après avoir établi les fausses idées qu'on a de Dieu, on n'oublie rien pour engager le peuple à les croire, sans lui permettre de les examiner ; au contraire on lui donne de l'aversion pour les Philosophes ou les véritables Savants, de peur que la raison qu'ils enseignent ne lui fasse connaître les erreurs où il est plongé. Les partisans de ces absurdités ont si bien réussi qu'il est dangereux de les combattre. Il importe trop à ces imposteurs que le peuple soit ignorant, pour souffrir qu'on le désabuse. Ainsi on est contraint de déguiser la vérité, ou de se sacrifier à la rage des faux Savants, ou des âmes basses et intéressées.
3. Si le peuple pouvait comprendre en quel abîme l'ignorance le jette, il secouerait bientôt le joug de ses indignes conducteurs, car il est impossible de laisser agir la raison sans qu'elle découvre la vérité.
Ces imposteurs l'ont si bien senti, que pour empêcher les bons effets qu'elle produirait infailliblement, ils se sont avisés de nous la peindre comme un monstre qui n'est capable d'inspirer aucun bon sentiment, et quoiqu'ils blâment en général ceux qui sont déraisonnables, ils seraient cependant bien fâchés que la vérité fût écoutée. Ainsi l'on voit tomber sans cesse dans des contradictions continuelles ces ennemis jurés du bon sens ; et il est difficile de savoir ce qu'ils prétendent. S'il est vrai que la droite raison soit la seule lumière que l'homme doive suivre, et si le peuple n'est pas aussi incapable de raisonner qu'on tâche de le persuader, il faut que ceux qui cherchent à. l'instruire s'appliquent à rectifier ses faux raisonnements, et à détruire ses préjugés ; alors on verra ses yeux se déciller peu-à-peu et son esprit se convaincre de cette vérité, que Dieu n’est point ce qu'il s’imagine ordinairement.
4. Pour en venir à bout, il n’est besoin ni de hautes spéculations, ni de pénétrer fort avant dans les secrets de la nature. On n'a besoin que d'un peu de bon sens pour juger que Dieu n'est ni colère ni jaloux ; que la justice et la miséricorde sont de faux titres qu'on lui attribue ; et que ce que les Prophètes et les Apôtres en ont dit, ne nous apprend ni sa nature ni son essence.
En effet à parler sans fard et à dire la chose comme elle est, ne faut-il pas convenir que ces Docteurs n'étaient ni plus habiles ni mieux instruits que le reste des hommes ; que bien loin de là, ce qu'ils disent au sujet de Dieu est si grossier, qu'il faut être tout-à-fait peuple pour le croire ? Quoique la chose soit assez évidente d'elle-même, nous allons la rendre encore plus sensible, en examinant cette question : S'il y a quelque apparence que les Prophètes et les Apôtres aient été autrement conformés que les autres hommes ?
5. Tout le monde demeure d'accord que pour la naissance et les fonctions ordinaires de la vie, ils n'avaient rien qui les distinguât du reste des hommes ; ils étaient engendrés par des hommes, ils naissaient des femmes, et ils conservaient leur vie de la même façon que nous. Quant à l'esprit, on veut que Dieu animât bien plus celui des Prophètes que des autres hommes, qu'il se communiquât à eux d'une façon toute particulière : On le croit d'aussi bonne foi que si la chose était prouvée ; et sans considérer que tous les hommes se ressemblent, et qu'ils ont tous une même origine, on prétend que ces hommes ont été d'une trempe extraordinaire, et choisis par la Divinité pour annoncer ses oracles. Mais outre qu'ils n'avaient ni plus d'esprit que le vulgaire, ni l'entendement plus parfait, que voit-on dans leurs écrits qui nous oblige à prendre une si haute opinion d'eux ? La plus grande partie des choses qu'ils ont dites est si obscure que l'on n'y entend rien, et en si mauvais ordre qu'il est facile de s'apercevoir qu'ils ne s'entendaient pas eux-mêmes, et qu'ils n'étaient que des fourbes ignorants. Ce qui a donné lieu à l'opinion que l'on a conçue d'eux, c'est la hardiesse qu'ils ont eue de se vanter de tenir immédiatement de Dieu tout ce qu'ils annonçaient au peuple ; créance absurde et ridicule, puisqu’ils avouent eux-mêmes que Dieu ne leur parlait qu'en songe. Il n’est rien de plus naturel à l’homme que les songes, par conséquent il faut qu'un homme soit bien effronté, bien vain et bien insensé pour dire que Dieu lui parle par cette voie, et il faut que celui qui y ajoute foi soit bien crédule et bien fol pour prendre des songes pour des oracles divins. Supposons pour un moment que Dieu se fît entendre à quelqu'un par des songes, par des visions, ou par telle autre voie qu'on voudra l'imaginer, personne n'est obligé d’en croire sur sa parole un homme sujet à l'erreur, et même au mensonge et à l’imposture : aussi voyons-nous que dans l'ancienne Loi l'on n'avait pas à beaucoup près pour les Prophètes autant d'estime qu'on en a aujourd'hui. Lorsqu’on était las de leur babil qui ne tendait souvent qu'à semer la révolte, et à détourner le peuple de l'obéissance due aux Souverains, on les faisait taire par divers supplices : Jésus-Christ lui-même n'échappa point au juste châtiment qu'il méritait ; il n'avait pas comme Moïse une armée à sa suite pour défendre ses opinions : ajoutez à cela que les Prophètes étaient tellement accoutumés à se contredire les uns les autres, qu'il ne s'en trouvait pas dans quatre cents un seul de véritable. De plus, il est certain que le but de leurs Prophéties, aussi bien que des lois des plus célèbres législateurs, était d'éterniser leur mémoire, en faisant croire aux peuples qu'ils conféraient avec Dieu. Les plus fins politiques en ont toujours usé de la sorte, quoique cette ruse n'ait pas toujours réussi à ceux qui, à l'imitation de Moïse, n’avaient pas le moyen de pourvoir à leur sûreté.
6. Cela posé, examinons un peu l'idée que les Prophètes ont eue de Dieu. S'il faut les en croire, Dieu est un Être purement corporel ; Michée le voit assis ; Daniel, vêtu de blanc et sous la forme d'un vieillard ; Ézéchiel le voit comme un feu ; voilà pour le Vieux-Testament. Quant au Nouveau, les Disciples de Jésus-Christ s'imaginent le voir sous la forme d'une colombe, les Apôtres sous celle de langues de feu, et St. Paul enfin comme une lumière qui l'éblouit et l’aveugle. Pour ce qui est de la contradiction de leurs sentiments, Samuel croyait que Dieu ne se repentait jamais de ce qu'il avait résolu ; au contraire Jérémie nous dit que Dieu se repent des conseils qu'il a pris. Joël nous apprend qu’il ne se repent que du mal qu'il a fait aux hommes : Jérémie dit qu'il ne s'en repent point. La Genèse nous enseigne que l'homme est maître du péché, et qu’il ne tient qu'à lui de bien faire, au lieu que St. Paul assure que les hommes n'ont aucun empire sur la concupiscence sans une grâce de Dieu toute particulière etc. Telles sont les idées fausses et contradictoires que ces prétendus inspirés nous donnent de Dieu, et que l'on veut que nous en ayons, sans considérer que ces idées nous représentent la Divinité comme un être sensible, matériel et sujet à toutes les passions humaines. Cependant on vient nous dire après cela que Dieu n'a rien de commun avec la matière, et qu'il est un Être incompréhensible pour nous. Je souhaiterais fort savoir comment tout cela peut s'accorder, s’il est juste d'en croire des contradictions si visibles et si déraisonnables, et si l'on doit enfin s'en rapporter au témoignage d'hommes assez grossiers pour s'imaginer, nonobstant les sermons de Moïse, qu'un Veau était leur Dieu ! Mais sans nous arrêter aux rêveries d'un peuple élevé dans la servitude et dans l'absurdité, disons que l'ignorance a produit la croyance de toutes les impostures et les erreurs qui règnent aujourd'hui parmi nous.
copié collé avec brio par Al Kali... et si vous êtes bien sages, si vous avez bien récité vos prières... je vous mettrez le chapitre 2... c promis hihihi...