Sciences et croyances
Destruction de Jérusalem et exil des juifs par les romains en 70 de notre ère : réalités archéologiques et historiques ?
Cet article est une réponse au livre du Professeur Shlomo Sand, "Le « peuple juif » : une invention", où il est indiqué sur
http://www.alterinfo.net/Le-peuple-juif ... 17598.html que c'est "l'un des livres les plus fascinants et stimulants publiés ici depuis longtemps" !
Dans l’article sur Alter Info, il est dit que "Sand rejette la plupart des histoires de la formation de l'identité nationale dans la Bible".
En lisant cela, et même si cette phrase fait partie d'une présentation condensée de son livre par un tiers, on peut facilement en déduire que l'auteur remet tout en question.
En effet, il conteste la conquête de Canaan sous Josué ainsi que d'autres évènements bibliques historiques. Il les considère comme “de la fiction, une mythologie qui a servi de prétexte à la création de l'Etat d'Israël.”
Mais sa thèse semble pour le moins contradictoire.
Par exemple, si on prend au pied de la lettre l'affirmation que la conquête de Canaan sous Josué n'a pas eu lieu, alors cela signifie qu'il n'y a pas eu non plus de dynastie davidique. Sans dynastie davidique, pas de prise de Jérusalem quelques 600 ans avant notre ère par les Babyloniens ni exil des juifs en Babylonie… Sauf qu’un peu plus loin, il parle lui-même de cet exil (voir paragraphe 3 de “Une autre traduction de l'article” dont l'adresse est donnée plus haut).
Pour obtenir des preuves archéologiques sur la réalité de la conquête de Canaan par les israélites, voir l’article : “Est-il juste d'associer la conquête de Canaan par les hébreux en 1470 avant notre ère avec la création de l'état d'Israël en 1948 ?” (pour s’y rendre : depuis la page d'accueil d'Alter Info, cliquer sur le dossier “Sciences et Croyances” dans la colonne noire à gauche, juste au dessus de “Réseau Voltaire”).
stefsuralter@free.fr
Mardi 18 Mars 2008
Destruction de Jérusalem et exil des juifs par les romains en 70 de notre ère : réalités archéologiques et historiques ?
JÉRUSALEM, au Moyen-Orient, abrite un site historique fascinant, propre à susciter l’intérêt des gens réfléchis. Selon Tacite, historien romain du 1er siècle, il y avait sur ses hauteurs “un temple d’une richesse inouïe”. Mais aujourd’hui, à l’exception de la plate-forme, il ne reste rien de ce bâtiment.
Le livre “La Bible à la lumière de l'archéologie” (Mulhouse, 1975) de J. Thompson, p. 280 dit ceci : “Jérusalem fut systématiquement détruite et le Temple démoli. Les travaux archéologiques nous montrent aujourd'hui combien de constructions juives furent détruites dans tout le pays.”
Les archéologues ont fait de nombreuses découvertes dans la zone située au sud de la plate-forme du temple. ‘Parmi les plus intéressantes, écrit J. Thompson dans son livre déjà cité (“La Bible à la lumière de l'archéologie”), figure la mise au jour d’un certain nombre d’énormes pierres de construction datant de l’époque d’Hérode, pierres qui ont, semble-t-il, été lancées du haut du temple lors de la destruction de Jérusalem, en 70 de notre ère.’
Si l’on veut remettre efficacement en question tout ce que raconte la Bible à propos du peuple Israélite, il y a une solution : détruire les preuves que contiennent de nombreux musées tels que le Louvre, le British Muséum et beaucoup d’autres encore, car elles sont trop abondantes !
Destruction de Jérusalem et exil des juifs par les romains en 70 de notre ère : réalités archéologiques et historiques ?
Dans son livre "Le « peuple juif » : une invention", Shlomo Sand affirme que l'exil des juifs après la destruction de Jérusalem par les romains n'a jamais eu lieu.
Bien que l’auteur ne conteste pas directement l’historicité de la destruction de Jérusalem en 70 de notre ère, il convient de montrer que cette destruction est incontestablement gravée dans les murs de l’histoire.
En effet, aujourd'hui encore dans la ville de Rome, il existe un témoignage de la destruction de Jérusalem en 70 de notre ère. Il s'agit de l'Arc de Titus que les Romains érigèrent en 81 pour commémorer la prise de Jérusalem où un relief montre des soldats romains qui emportent les ustensiles sacrés du temple (voir photo).
Concernant la réalité de l’exil des juifs à cette époque, il faut se référer à l'historien le plus fiable en la matière puisqu'il a été témoin oculaire de la destruction de Jérusalem en 70 de notre ère.
Je veux parler de Joseph ben Matthias plus tard appelé “Titus Flavius Josephus” communément connu sous le nom de “Flavius Josèphe” :
Josèphe était officier de l'armée, diplomate, Pharisien et homme d'une grande érudition. Il est né en 37 de notre ère, dans la première année de l'empereur romain Caligula. Son père appartenait à une famille sacerdotale; quant à sa mère, Josèphe affirmait qu'elle descendait du grand prêtre asmonéen Jonathan.
Durant son adolescence, Josèphe étudie assidûment la Loi mosaïque. Il analyse avec soin trois sectes du judaïsme: les Pharisiens, les Sadducéens et les Esséniens. Choisissant ces derniers, il décide de passer trois ans dans le désert avec un ermite nommé Bannus, probablement un Essénien. À 19 ans, Josèphe quitte Bannus et retourne à Jérusalem où il rallie les Pharisiens.
Josèphe fait un voyage à Rome en 64 de notre ère, pour intervenir en faveur des prêtres juifs traduits en justice devant l'empereur Néron par Félix, procurateur de Judée. Au cours de son voyage, Josèphe fait naufrage et frôle la mort. Sur les 600 passagers du navire, 80 seulement ont la vie sauve.
Pendant son séjour à Rome, Joseph est présenté à la femme de Néron, l'impératrice Poppée, par un acteur juif. C'est grâce à son intervention qu'il peut réussir sa mission. La splendeur de Rome produit une impression durable sur Josèphe.
Lorsque Josèphe retourne en Judée, les Juifs sont déterminés à se rebeller contre Rome. Il tente de convaincre ses compatriotes de l'inefficacité d'une guerre contre Rome. Mais il ne parvient pas à les dissuader et craint probablement d'être considéré comme un traître, aussi accepte-t-il d'être nommé commandant des troupes juives en Galilée. Il rassemble et prépare ses hommes, et constitue des réserves afin d'affronter les armées romaines, mais ses efforts sont vains. La Galilée tombe aux mains de l'armée de Vespasien. La forteresse de Jotapate, où s'est réfugié Josèphe, est conquise après un siège de 47 jours.
En se rendant, Josèphe se montre rusé et prédit à Vespasien qu'il sera bientôt empereur. S'il connaît la prison, Josèphe échappe toutefois aux sanctions grâce à sa prédiction, car, quand elle se réalise, Vespasien lui rend la liberté. Dès lors, sa vie va changer: jusqu'à la fin de la guerre, Josèphe servira d'interprète et de négociateur aux Romains. Pour honorer son protecteur Vespasien et ses fils Titus et Domitien, Josèphe ajoute le patronyme Flavius à son nom.
Après la guerre, Josèphe est allé à Rome. Bénéficiant de la protection des Flaviens, citoyen romain, il a vécu dans l'ancien palais de Vespasien, recevant une pension de l'empereur et des dons de Titus. Josèphe a poursuivi ensuite une carrière littéraire.
La plus ancienne des œuvres de Josèphe s'intitule La guerre des Juifs. Il aurait préparé ce récit en sept volumes pour les Juifs, afin de leur montrer la supériorité des forces romaines de manière réaliste, et de les dissuader de toute révolte éventuelle. Cette œuvre présente un examen attentif de l'histoire juive, depuis la prise de Jérusalem par Antiochus Épiphane (au IIe siècle avant notre ère) jusqu'à la grande rébellion en 67 de notre ère. Témoin direct, Josèphe décrit ensuite la guerre dont l'an 73 a marqué le point culminant avec la prise de Massada par les Romains.
C'est donc en m'appuyant principalement sur le livre en ma possession, “La guerre des Juifs” de Flavius Josèphe (dont l'original a été écrit en Grec) traduit par Pierre Savinel et publié par les Editions de Minuit en 1977, que je vais tenter d'apporter une réponse en rapport avec la réalité de l'exil des Juifs en 70 de notre ère que l'ouvrage de Shlomo Sand intitulé "Le « peuple juif » : une invention" conteste.
Selon Josèphe, en l'an 66 une suite d'événements rendirent inévitable la guerre avec Rome. Une bande de Juifs prirent la forteresse de Massada, près de la mer Morte, exterminèrent la garnison romaine et la remplacèrent par des Juifs de leur parti. À Jérusalem, Éléazar, commandant du temple, persuada ceux qui y officiaient de ne pas accepter de présents ou d'offrandes de la part des étrangers. À la suite de cela, et malgré l'intervention des prêtres en chef et des citoyens en vue, ils cessèrent d'offrir des sacrifices pour Rome et César.
Par crainte des représailles romaines, les principaux citoyens, prêtres en chef et Pharisiens en vue, convoquèrent une assemblée publique durant laquelle ils dénoncèrent la folie de cette révolte. Mais leurs efforts furent vains. Ils envoyèrent donc deux délégations, l'une au gouverneur Florus, l'autre au roi Agrippa, pour demander leur aide. Agrippa répondit en envoyant une armée. C'est alors que les combats commencèrent à l'intérieur de Jérusalem, et les rebelles remportèrent la victoire. Ensuite, ils exterminèrent la garnison romaine qui se trouvait dans la forteresse d'Antonia, tout près de l'esplanade du temple.
En trois mois, Cestius Gallus, légat romain de Syrie, rassembla la douzième légion de l'armée romaine et d'autres soldats en nombre important, afin de mettre fin à la rébellion. Étant arrivées devant les murs de Jérusalem durant la fête des Huttes, les armées romaines pénétrèrent bientôt jusque vers l'enceinte du temple puissamment fortifiée. Alors que la victoire lui paraissait acquise, brusquement et apparemment sans raison valable, Gallus ordonna la retraite…
Les Juifs poursuivirent les Romains et les obligèrent à abandonner la plus grande partie de leurs bagages ainsi que leurs lourds matériels qui servaient à assiéger les villes. Convaincus que Dieu les avait libérés, les Juifs en liesse frappèrent des pièces de monnaie portant des inscriptions du genre de “Jérusalem la Sainte”.
Cependant, les chrétiens qui vivaient à Jérusalem et en Judée ne partageaient pas la joie des Juifs. Ils se souvenaient des paroles suivantes de Jésus Christ : “Quand vous verrez Jérusalem entourée par des armées qu'on a fait camper, alors sachez que pour elle la désolation s'est approchée. Alors, que ceux qui seront en Judée se mettent à fuir vers les montagnes, et que ceux qui seront au milieu d'elle se retirent, et que ceux qui seront dans les campagnes n'y entrent pas.” - Luc 21:20, 21.
Selon la tradition, c'est à ce moment-là que les chrétiens obéirent au commandement prophétique de Jésus et quittèrent Jérusalem et la Judée.
Destruction de Jérusalem et exil des juifs par les romains en 70 de notre ère : réalités archéologiques et historiques ?
Eusèbe de Césarée, historien religieux des troisième et quatrième siècles, écrivit : “Cependant, le corps tout entier de la congrégation à Jérusalem ayant reçu un ordre par une révélation divine, qui avait été donnée avant la guerre à des hommes à la piété approuvée, ils quittèrent la ville et résidèrent de l'autre côté du Jourdain, dans une ville appelée Pella.” Traduction de Gustave Bardy, Paris, 1978, pp. 102, 103.
Épiphane de Salamine, un historien juif converti au christianisme de l'Église primitive qui vécut à la même période, rapporte ‘qu'ayant été avertis de la proximité du siège par le Christ, les chrétiens qui se trouvaient à Jérusalem s'enfuirent à Pella'. Panarion (la Huche) : Adversum Haeresis
Hégésippe, un historien du IIe siècle indique la même chose dans l'un de ses cinq livres intitulés “Histoire de l'Eglise”.
Selon le livre de Josèphe, l'empereur Néron chargea le général Vespasien de châtier la révolte des Juifs. Avec l'aide efficace de son fils Titus, Vespasien se mit en marche avec une armée de 60 000 hommes. Il dirigea ses légions contre les villes de la Galilée, où il rencontra une grande résistance. Quand les villes étaient prises, les pertes subies par les Juifs étaient très élevées.
Les sièges de Tarichée et de Gamala illustrent ce qui s'est passé dans toute la région. À Tarichée, sur les bords de la mer de Galilée, plus de 6 000 Juifs ont péri dans les combats. Les survivants furent traités sans pitié. Vespasien fit exécuter les “vieillards et ceux qui étaient incapables de porter les armes”, soit 1 200 hommes. Plus de 30 000 Juifs furent vendus comme esclaves, et 6 000 des jeunes hommes les plus forts furent envoyés en Grèce, afin de travailler pour Néron au percement du canal de Corinthe.
À Gamala, où la situation devint désespérée pour les Juifs, beaucoup d'hommes jetèrent leurs femmes et leurs enfants du haut des murailles, puis se précipitèrent eux aussi dans le ravin artificiel au pied de celles-ci.
Plus de 5 000 personnes périrent ainsi. Les Romains en tuèrent 4 000 autres.
Quant à Jérusalem, elle était devenue un véritable champ de bataille où se combattaient des factions rivales : les zélotes et les modérés. Les zélotes s'emparèrent du temple et en firent leur forteresse. À partir de là, ils se livraient au pillage et au meurtre.
Plus tard, le prêtre Ananus souleva le peuple contre les zélotes. Il s'ensuivit de violents combats, et les zélotes furent finalement assiégés dans le temple. Mais Ananus ne voulut pas poursuivre les combats dans l'enceinte sacrée. C'est pourquoi il plaça 6 000 hommes de garde pour empêcher les zélotes assiégés de s'enfuir.
Les zélotes envoyèrent en cachette deux messagers demander l'aide des Iduméens. Peu après, 20 000 Iduméens se dirigeaient vers Jérusalem. Profitant de l'obscurité et d'un violent orage, un groupe de zélotes déjouèrent la surveillance des gardes et ouvrirent les portes de la ville aux Iduméens. Il y eut alors de terribles carnages, et les modérés furent totalement vaincus. Ananus fut mis à mort.
Alors que Jérusalem était ébranlée par les luttes et les conflits à l'intérieur de ses murs, les armées romaines poursuivaient leur avance, intensifiant même leurs actions. Mais un changement devait se produire.
L'Empire romain connaissait de sérieuses difficultés. Des provinces se révoltaient et des hommes puissants complotaient contre Néron. Finalement, le Sénat romain le condamna à mort. Plutôt que d'attendre son exécution, Néron se suicida en juin 68.
Vespasien était sur le point de lancer ses troupes à l'assaut de Jérusalem quand lui parvint la nouvelle du suicide de Néron. Cela l'incita à suspendre son action, car il désirait connaître la volonté du nouvel empereur. Trois rivaux, Galba, Othon et Vitellius, se succédèrent rapidement à la tête de l'Empire. Déclaré empereur par son armée (en 69), Vespasien abandonna alors la direction des combats et s'occupa essentiellement de renforcer sa position, afin d'obtenir le trône.
Pendant ce temps, la situation ne s'améliorait pas à Jérusalem. Parlant des actions des zélotes, Josèphe rapporte : “Tout ce qui se rencontrait de plus précieux dans les maisons des riches ne suffisait pas pour contenter leur insatiable avarice. Tuer les hommes et outrager les femmes ne passait dans leur esprit que pour un divertissement et pour un jeu. Ils arrosaient leur proie de sang, et ne trouvaient du plaisir que dans la multiplicité des crimes. Après s'être abandonnés à ceux [les crimes] qui se pratiquent par les méchants, ils s'en dégoûtaient comme étant trop ordinaires et trop communs ; et pour satisfaire leur abominable brutalité ils n'avaient point de honte d'en rechercher qui faisaient horreur à la nature. Ils s'habillaient en femmes, se frisaient et se fardaient comme les femmes, et n'imitaient pas seulement dans leur coiffure l'afféterie et l'impudence des plus débordées, mais les surpassaient encore par des actions d'une lascivité abominable. Ainsi ils remplirent Jérusalem de tant de crimes exécrables, que cette grande ville semblait n'être plus qu'un lieu public de prostitution et de la plus détestable et la plus horrible de toutes les infamies. Mais quoique ces monstres d'impudicité, de cruauté et d'avarice eussent des visages si efféminés, leurs mains n'en étaient pas moins promptes à commettre des meurtres. Dans le même temps qu'ils marchaient d'un pas lent et affecté on les voyait tirer leurs épées de dessous des habits de diverses couleurs, et assassiner ceux qu'ils rencontraient.”
Aussi mauvaise que fût la situation, il était maintenant pratiquement impossible de s'enfuir de Jérusalem. Les zélotes faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour empêcher que des hommes désertent et se rendent aux Romains. Quiconque sortait de la ville risquait d'être tué par une faction rivale. En pleine guerre civile, les conditions de vie à Jérusalem étaient inimaginables; les morts n'étaient même pas ensevelis. “Les factieux, quand ils en venaient au combat, piétinaient les morts entassés les uns sur les autres.” Ils pillaient le peuple, tuaient pour se procurer nourriture et richesses. Les lamentations des affligés formaient une clameur incessante. Certains, “de désespoir, souhaitaient l'arrivée des Romains et attendaient de la guerre étrangère la délivrance de leurs maux intérieurs”, déclare Josèphe.
Il appelle “brigands” les conspirateurs qui détruisaient les biens des riches et assassinaient les hommes importants soupçonnés de vouloir transiger avec les Romains.
Les luttes internes ne cessèrent même pas quand les armées romaines, maintenant commandées par Titus, assiégèrent la ville vers la Pâque de l'an 70. Jérusalem était remplie de Juifs venus célébrer la Pâque. Le 14 Nisan, date de cette fête, les adorateurs furent autorisés à pénétrer dans l'enceinte du temple. Mais ils s'aperçurent avec surprise qu'ils étaient entourés d'hommes armés qui appartenaient à une des factions rivales. S'étant déguisés, ces hommes étaient entrés dans le temple sans se faire remarquer, avec leurs armes. Ils voulaient prendre possession de la cour intérieure du temple et de ses magasins. Il s'ensuivit des combats violents et de grands carnages.
Titus exhortait les Juifs à se rendre afin de sauver leur vie. Il leur “députa même Josèphe pour s'entretenir avec eux dans leur langue maternelle, dans l'idée qu'ils céderaient peut-être à un homme de leur nation”. Mais les Juifs ont vivement critiqué Josèphe le considérant comme un traître.
Destruction de Jérusalem et exil des juifs par les romains en 70 de notre ère : réalités archéologiques et historiques ?
Peu après, au moyen de leurs machines de guerre les Romains s'attaquèrent à la première des trois murailles au nord de Jérusalem. Le quinzième jour, cette muraille tomba aux mains des Romains. Quatre jours après, ils furent maîtres de la seconde. Mais les Juifs contre-attaquèrent et les repoussèrent. Puis après quatre jours de combats durant lesquels ils subirent de lourdes pertes, les Romains reprirent la seconde muraille. Ils en démolirent toute la partie nord, d'un bout à l'autre. Il ne restait donc plus qu'un mur.
Plus tard, Titus tint un conseil de guerre et proposa la construction d'une enceinte tout autour de la ville. Étant donné que les Juifs seraient dans l'impossibilité de sortir de la ville, Titus pensait que cela les inciterait à se rendre ou lui faciliterait la prise de la ville à cause de la famine qui en résulterait. Son plan fut adopté. Les soldats furent organisés pour réaliser ce projet. Le travail de construction du mur se transforma en un concours de vitesse qui opposa les légions, soulevant un grand enthousiasme parmi les soldats qui se dépêchaient pour finir leur portion les premiers. Sur le plan individuel, les hommes étaient animés du désir de plaire à leurs supérieurs. Cette fortification de plus de sept kilomètres de long fut achevée en trois jours.
Ainsi s'accomplissaient les paroles prophétiques de Jésus concernant Jérusalem, savoir : “Les jours viendront sur toi, où tes ennemis feront une fortification autour de toi, avec des pieux taillés en pointe, et t'encercleront, et te presseront de toutes parts.” - Luc 19:43.
À Jérusalem, la famine était maintenant terrible. Josèphe écrit : “Les maisons étaient pleines des corps morts des femmes et des enfants, et les rues de ceux des vieillards. Les jeunes tout enflés et tout languissants allaient en chancelant à chaque pas dans les places publiques ; on les aurait plutôt pris pour des spectres que pour des personnes vivantes, et la moindre chose qu'ils rencontraient les faisait tomber. Ainsi ils n'avaient pas la force d'enterrer les morts, et quand ils l'auraient eue, ils n'auraient pu s'y résoudre tant à cause de leur trop grand nombre, que parce qu'ils ne savaient combien il leur restait encore à eux-mêmes de temps à vivre. Que si quelques-uns s'efforçaient de rendre ce devoir de piété, ils expiraient presque tous en s'en acquittant, et d'autres se traînaient comme ils pouvaient jusqu'au lieu de leur sépulture pour y attendre le moment de leur mort qui était si proche. Au milieu d'une si affreuse misère on ne voyait point de pleurs, on n'entendait point de gémissements.” Ne pouvant aller chercher de l'herbe à cause de la fortification, certains habitants de Jérusalem étaient dans une telle détresse qu'ils ramassaient et mangeaient les détritus qu'ils trouvaient dans les égouts et sur les tas de fumier. Les Romains apprirent que durant le siège de la ville pas moins de 600 000 cadavres avaient été jetés hors des portes de Jérusalem.
Finalement, les Romains pénétrèrent jusque dans l'enceinte du temple. Après que le sanctuaire eut été incendié, ils décidèrent de mettre le feu aux autres bâtiments. Environ 6 000 personnes s'étaient réfugiées sur le toit de la dernière colonnade de l'esplanade du temple. Elles avaient cru aux paroles d'un faux prophète qui leur avait dit d'aller là pour y recevoir des signes de leur délivrance. Mais les soldats incendièrent la colonnade par en dessous. De nombreux Juifs sautèrent de la galerie en flammes et furent tués tandis que d'autres périrent dans l'incendie.
Quand le siège fut terminé, le nombre des victimes était effroyable.
Destruction de Jérusalem et exil des juifs par les romains en 70 de notre ère : réalités archéologiques et historiques ?
Environ 1 100 000 Juifs avaient péri. Au total, il y eut 97 000 prisonniers. Les jeunes gens les plus forts et les plus beaux furent gardés pour la procession triomphale. Un grand nombre des autres captifs furent envoyés en Égypte et à Rome pour y effectuer des travaux pénibles, et certains périrent dans les arènes, dans différentes provinces romaines. Les prisonniers âgés de moins de dix-sept ans furent vendus.
Après avoir donné ces chiffres, Josèphe argumente. Il dit : “La plupart étaient de race juive, mais pas natifs de Jérusalem. Ils s'étaient rassemblés, venant de tous les coins du pays, pour la fête des Azymes, et ils avaient été brusquement cernés par la guerre, de sorte que leur entassement avait d'abord provoqué des ravages par la peste, puis accéléré les effets de la famine. Une preuve que la ville contenait un si grand nombre de gens, ce sont les résultats du recensement opéré du temps de Cestus. Ce dernier, voulant convaincre Néron, qui méprisait la nation, de la puissance de cette ville, invita les chefs des prêtres à faire un recensement de la population par les moyens qu'ils jugeraient appropriés. (…), à cette époque, toute la nation, par une fatalité, se trouva enfermée comme dans une prison, et c'est sur une citée bourrée d'habitants que la guerre referma son étau. ”
Le siège de Jérusalem avait duré moins de cinq mois. Toutefois, conformément à la prophétie de Jésus, c'était la tribulation la plus terrible qu'avait jamais subie cette ville (Matthieu 24: 21). Jérusalem et son temple furent rasés. Seules trois tours et une partie de la muraille occidentale restèrent debout. Josèphe écrit : “Cet ordre [de ruiner toute la ville] fut si exactement exécuté qu'il ne parut plus aucune marque qu'il y eût eu des habitants.”
C'est ainsi que le système de choses juif disparut. Désormais, les Juifs n'avaient plus de temple. Toutes leurs archives furent détruites, si bien qu'aujourd'hui aucun Juif ne peut prouver qu'il descend d'une famille de prêtres ou qu'il est de la tribu royale de Juda. Jésus Christ est le seul dont il est prouvé par les textes, dit “sacrés”, qu'il descend de Juda par David.
J'ouvre une parenthèse pour développer ce point :
[ La généalogie de Jésus est la première preuve tirée des Écritures grecques chrétiennes établissant qu'il était le Messie. La Bible avait prédit que le Messie viendrait de la famille du roi David (Psaume 132:11, 12; Ésaïe 11:1, 10). L'Évangile selon Matthieu commence ainsi: “Livre de l'histoire de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham.” Matthieu prouve cette déclaration hardie en retraçant l'ascendance de Jésus par celle de son père adoptif, Joseph (Matthieu 1:1-16). Quant à l'Évangile selon Luc, il suit l'ascendance de Jésus par sa mère, Marie, jusqu'à Adam, en passant par David et Abraham (Luc 3:23-38). Ainsi, les rédacteurs des Évangiles établissent que Jésus était héritier de David au regard aussi bien de la loi que des liens du sang. Même ceux qui refusent avec le plus d'acharnement le statut de Messie à Jésus ne peuvent nier que, selon ses propres paroles, il était fils de David. Pourquoi ? Pour deux raisons. Premièrement, parce que ces paroles ont été abondamment répétées dans Jérusalem pendant des dizaines d'années avant que la ville ne soit détruite en 70 de notre ère (voir Matthieu 21:9; Actes 4:27; 5:27, 28). Si elles avaient été fausses, n'importe quel adversaire de Jésus - et il en comptait beaucoup - aurait pu prouver qu'il était un imposteur simplement en vérifiant son ascendance dans les généalogies appartenant aux archives publiques. Mais on ne trouve pas trace d'une seule personne ayant contesté que Jésus descendait du roi David. De toute évidence, il s'agissait d'un fait inattaquable. Matthieu et Luc ont sans doute pris directement dans les documents publics les noms importants qu'ils ont reproduits dans leurs récits. Deuxièmement, des écrits non bibliques confirment que la généalogie de Jésus était communément acceptée. Ainsi, le Talmud rapporte qu'au IVe siècle un rabbin a lancé des attaques virulentes contre Marie, la mère de Jésus, pour ‘avoir joué les prostituées avec des charpentiers'; toutefois, le même passage reconnaît qu'“elle descendait de princes et de chefs”. Auparavant, Hégésippe, historien du IIe siècle, avait relaté que lorsque l'empereur romain Domitien voulut exterminer tous les descendants de David, certains ennemis des premiers chrétiens dénoncèrent les petits-fils de Jude, demi-frère de Jésus, “comme étant de la famille de David”. Si Jude était connu pour être un descendant de David, Jésus ne l'était-il pas lui aussi ? Incontestablement ! - Galates 1:19; Jude 1. ] – Fin de la parenthèse.
L'une des plus remarquables prédictions de la prophétie de Jésus annoncée 37 ans à l’avance concernait le temple de Jérusalem.
Celui-ci ne devait pas seulement tomber aux mains de l'ennemi, mais il allait être entièrement rasé. Pas moins de trois historiens ont rapporté ces paroles de Jésus Christ : “Il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée.” (Luc 21:6; Matthieu 24:1, 2; Marc 13:1, 2).
Il ne faut pas oublier que le temple de Jérusalem était une source de fierté non seulement pour les Juifs mais aussi pour tout l'Empire romain. Hérode le Grand, roi nommé par le Sénat romain, avait commencé à l'agrandir et à l'embellir.
On le considérait comme un chef-d'œuvre architectural et artistique; les prosélytes juifs et les admirateurs du monde entier avaient participé à sa construction par leurs dons.
Josèphe en était très fier. “Dans l'aspect extérieur du bâtiment, dit-il, rien n'était omis pour frapper l'esprit et les yeux. En effet, comme il était recouvert de tous côtés par d'épaisses plaques d'or, dès le lever du soleil il réfléchissait la lumière avec une telle intensité qu'il obligeait ceux qui étaient amenés à le regarder à détourner les yeux comme devant les rayons du soleil.”
Lorsque, selon Josèphe, le général Titus tint un conseil de guerre et décida de ne pas détruire le temple, on aurait pu croire que la prophétie de Jésus ne se réaliserait pas. Titus aurait dit aux Juifs : “Je ne me suis servi qu'à l'extrémité de mes machines, j'ai modéré l'ardeur de mes soldats pour sauver la vie à plusieurs de vous ; je n'ai point remporté d'avantage que je ne vous aie ensuite encore exhortés à la paix, agissant ainsi quoique victorieux de même que si j'eusse été vaincu. Lorsque je me suis trouvé proche du temple, au lieu de me servir pour le ruiner du pouvoir que me donnait le droit de la guerre, je vous ai conjurés de le conserver et permis d'en sortir en toute assurance pour en venir ailleurs à un combat si vous aviez tant d'amour pour la guerre.”
Mais quelle fut la suite des événements ? Alors que la bataille pour le temple faisait rage, un soldat romain inconnu, en dépit de l'ordre du général, jeta un brandon dans le sanctuaire et le magnifique temple se changea rapidement en fournaise. Bien sûr, cela ne suffit pas pour raser les murs du temple formés d'énormes blocs de pierres taillées. Allaient-ils être épargnés?
Comme la ville était enfin prise et que le temple était en cendres, Titus “ordonna de détruire de fond en comble toute la cité et le temple”, à la réserve de quelques tours pour montrer la puissance des fortifications que les Romains avaient réussi à conquérir. Malgré les intentions des Juifs et celles du général, les paroles de Jésus s'étaient révélées véridiques.
L'entrée de Jérusalem fut par décret rigoureusement interdite aux Juifs. Sans temple, sans terre, avec un peuple dispersé d'un bout à l'autre de l'Empire romain, le judaïsme ne pourrait survivre qu'à travers un nouveau mode d'expression. Les Sadducéens ayant disparu à la suite de la destruction du temple, la loi orale dont les Pharisiens s'étaient faits les défenseurs devint le centre d'un nouveau judaïsme: le judaïsme rabbinique. On encouragea davantage l'étude, les prières et les œuvres pieuses qui remplacèrent les sacrifices et les pèlerinages au temple. On pouvait dès lors pratiquer le judaïsme n'importe où, n'importe quand, dans n'importe quel contexte culturel. Les rabbins couchèrent la loi orale par écrit, non sans avoir compilé des commentaires sur elle, puis des commentaires sur les commentaires; l'ensemble devint connu sous le nom de Talmud.
Quel fut le résultat de ces diverses influences ?
Dans son livre intitulé Les Juifs, Dieu et l'histoire, Max Dimont dit que les Pharisiens portaient le flambeau de l'idéologie et de la religion juive, “mais le flambeau lui-même portait la marque des philosophes grecs”. La majeure partie du Talmud avait beau être d'un légalisme extrême, ses illustrations et ses explications reflétaient nettement l'influence de la philosophie grecque. Il exposait par exemple en termes juifs des concepts religieux grecs, tels que celui de l'immortalité de l'âme.
Incontestablement, en cette ère rabbinique nouvelle, la vénération du Talmud - qui était à l'époque un mélange de philosophie légaliste et de philosophie grecque - s'intensifia parmi les Juifs, à tel point qu'au Moyen Âge ils le révéraient davantage que la Bible elle-même.
Pour expliquer le fait qu'en 132 de notre ère, les juifs de Judée et des pays environnants (donc la Galilée) se soulevèrent après avoir appris que l'empereur Hadrien avait l'intention de reconstruire la ville de Jérusalem comme ville païenne et que les rebelles chassèrent les romains de la ville à la suite de quoi Simon est proclamé roi des juifs, il suffit de montrer qu'à quelques sept kilomètres au nord-ouest de Nazareth, se trouvait une ville qui a été qualifiée de “ parure de toute la Galilée ” par Flavius Josèphe, à savoir : Sepphoris.
En effet, après la chute de Jérusalem en 70, Sepphoris est devenue la principale ville juive de Galilée. Elle a plus tard accueilli le Sanhédrin, la cour suprême juive. Pendant un temps, elle a été un grand centre intellectuel et religieux juif. C'est de là que, petit à petit et avec le temps, les juifs de Galilée on repris le contrôle de la judée.
Quelques détails sur la ville de Sepphoris : [ Après la mort d'Hérode le Grand, probablement en 1 avant notre ère, les habitants de Sepphoris se sont révoltés contre Rome, ce qui a entraîné la destruction de leur ville. Hérode Antipas, fils d'Hérode le Grand, a hérité de la Galilée et de la Pérée ; il a choisi de bâtir sa capitale sur les ruines de Sepphoris. La ville a été reconstruite dans le style gréco-romain, mais la population était essentiellement juive. Selon le professeur Richard Batey, elle est devenue “ le centre administratif de la Galilée et de la Pérée ”, jusqu'à ce qu'Antipas fonde Tibériade vers 21 de notre ère et en fasse sa nouvelle capitale. C'est à cette époque que Jésus vivait non loin de Sepphoris. Le professeur James Strange, qui a fait des fouilles à Sepphoris, décrit la ville comme ayant des archives, un trésor, un dépôt d'armes, des banques, des bâtiments publics et des marchés où se vendaient de la céramique, de la verrerie, des objets en métal, des bijoux et toutes sortes de produits alimentaires. Il s'y trouvait aussi des tisserands et des marchands de vêtements, ainsi que des boutiques proposant notamment de la vannerie, des meubles et des parfums. On estime que la ville comptait à l'époque entre 8 000 et 12 000 habitants. ]
L'histoire atteste clairement qu'il y a bien eu un véritable exil des juifs de Judée.
A la différence des judéens, les juifs de Galilée conquis par Rome en 67 de notre ère, n’ont pas subit un exil systématique ; le général Vespasien, ayant manifestement épargné quelques villes galiléennes dont Sepphoris faisait partie, leur donna la possibilité, involontairement certes, de reprendre petit à petit les territoires de Judée…
Logiquement et avec un peu de patience, le temps que les tensions retombent avec les romains, il a vraisemblablement été possible aux juifs galiléens d’investir les terres de Judée durant les décennies qui ont suivi la destruction de Jérusalem en 70 de notre ère…
Pour conclure, et pour revenir au livre "Le « peuple juif » : une invention", je voudrais ajouter que je ne remets pas en question les propos du Professeur Zand, lorsqu'il est dit (au paragraphe 7 de “Une autre traduction de l'article”) qu'il vise à promouvoir l'idée qu'Israël devrait être un « Etat de tous ses citoyens » - juifs, Arabes et autres – par opposition à son identité proclamée de « pays juif et démocratique ».
Même si ces objectifs sont apparemment nobles, ce n'est pas en tordant l'histoire de cette façon qu'il va (ou qu'ils vont) y arriver !
Le temps de prendre ses désirs d’intellectuel pour des réalités est révolu.
$tef
Jeudi 10 Avril 2008
Source :
https://www.alterinfo.net