Hébreux 10. Un avertissement inutile selon la doctrine
Voici le texte choisi soigneusement par le blog de Thomas (vous comprendrez plus tard la raison de l’emploi de l’adverbe “soigneusement” dans cette phrase ).
Car si nous pratiquons le péché volontairement après avoir reçu la connaissance exacte de la vérité, il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice, mais il y a une certaine attente terrible du jugement et une indignation ardente qui va consumer les adversaires de Dieu. Celui qui rejette la Loi de Moïse est mis à mort sans compassion sur le témoignage de deux ou trois personnes. À votre avis, quelle punition plus sévère encore méritera celui qui piétine le Fils de Dieu et qui considère comme ordinaire le sang de l’alliance par lequel il a été sanctifié, et qui insulte avec mépris l’esprit de la faveur imméritée ? Car nous connaissons celui qui a dit : « La vengeance est à moi ; c’est moi qui paierai de retour. » Et encore : « Jéhovah jugera son peuple. » C’est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant.
Devant ce texte très puissant et très menaçant, la première argumentation pour le rendre adaptable à la doctrine du “sauvé pour toujours” a été d'affirmer qu’il ne concernait pas les chrétiens nés de nouveau mais des apostats.
Plusieurs éléments annulent facilement cette hypothèse.
Déjà l’emploi du pronom “
nous” qui inclut Paul dans les personnes concernées ainsi que tous ceux à qui il écrivait.
Nous développerons cette idée un peu plus loin.
De même, si Paul s’adressait consciemment à des faux chrétiens, pour quelle raison leur demander de faire attention à leur comportement puisque, quoi qu’ils fassent, leur avenir était dans tous les cas très sombre.
En fait, ces avertissements ne sont logiques et pertinents que s’ils s’adressent à des individus dont le comportement pourra leur éviter les catastrophes annoncées.
Un faux chrétien non appelé par Dieu ne changera rien à son avenir même s’il écoute Paul et obéit à ses encouragements. Ce discours lui serait inutile.
Par contre, seul un vrai chrétien, né de nouveau, est concerné par la phrase suivante:
À votre avis, quelle punition plus sévère encore méritera celui qui piétine le Fils de Dieu et qui considère comme ordinaire le sang de l’alliance par lequel il a été sanctifié, et qui insulte avec mépris l’esprit de la faveur imméritée ?
Vous remarquez comme moi une expression qui ne peut s’appliquer qu’à un chrétien né de nouveau.
Il a été sanctifié. L’action est passée, actée, accomplie. La chose est faite.
Jamais Paul ne dirait de quelqu’un qu’il considère comme un faux chrétien, un usurpateur, qu’il a été sanctifié par le sang de l’alliance .
Maintenant, observons nous la moindre phrase ou allusion par laquelle Paul, après avoir sérieusement admonesté ses frères en leur faisant peur , leur ferait entendre qu’ils avaient en fait un joker, une sorte d’assurance vie, miraculeuse, qui ferait que Dieu les empêcherait, contre leur volonté, de tomber aussi bas ?
Quand vous lisez ce texte, si vous êtes calviniste, pensez vous vraiment que vous prendriez le risque de renier à ce point Jésus, de pécher contre l’esprit saint, d’insulter l’esprit de la faveur imméritée, en vous disant : je ne risque rien !
Si, sincèrement, vous hésitez vraiment, ou si cela vous effraye au fond de vous même, vous avez la réponse. Ce texte ne vous en donne vraiment pas l’assurance .
Toutes les arguties, les démonstrations compliquées ne suffisent pas à vous convaincre que Paul bluffait en prévenant aussi puissamment ses frères.
Le blog objet de mes recherches avancent ceci comme arguments
La seule clause difficile pour le calviniste est celle du v. 29 : « le sang de l'alliance par lequel il a été sanctifié ». Deux solutions s'offrent aux suffrages : soit prendre pour sujet le Christ, qui s'est « consacré », par la mort, à son sacerdoce (Jn 17,19 ; Hé 2,10) ; soit n'envisager ici qu'une sanctification externe, d'appartenance au peuple de l'Alliance, sanctification des Juifs comme tels dont l'alliance externe même reposait à l'avance sur le sacrifice de Jésus Christ. Quoi qu'on choisisse, la difficulté n'est pas insurmontable.
La première remarque de ce texte vous apparaîtra bien discutable lorsque vous aurez lu l’analyse qui va suivre.
Aucune des deux solutions avancées ici n’est vraiment retenue. Le premier constat est donc de comprendre que l’auteur n’a aucune certitude et sa dernière phrase en dit long sur la véritable difficulté que rencontre cette croyance face au texte.
Pour quelle raison ? Le déterminisme se heurte à ce texte depuis très longtemps. Il a donc disposé de plusieurs siècles pour trouver la solution à cette difficulté, et le fait de nous proposer mollement deux solutions possibles à peine argumentées par l’auteur du blog, en dit long sur la véritable faiblesse de l’hypothèse.
La première solution envisagée à la va-vite, serait donc de tenter de changer le sujet de la phrase :
le sang de l’alliance par lequel il a été sanctifié.
Nous aurions cette construction :
le sang de l’alliance par lequel il (Jésus) a été sanctifié.
Dans ce cas là, le texte serait apparemment moins dérangeant pour la doctrine déterministe.
Allons donc voir si les traducteurs de la bible ont suivi cette hypothèse.
Bible de Genève.
que méritera celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et qui aura tenu pour une chose profane le sang de l'Alliance, par lequel il avait été sanctifié: et qui aura outragé l'esprit de grâce?
Cette traduction est celle de Calvin, le père du déterminisme. Rien n’indique qu’il adoptait la solution proposée par le blog.
Voici d’autres traductions.
NBFC
qui considère comme négligeable le sang de l'alliance par lequel sa relation à Dieu a été rétablie
Parole de Vie
En effet, celui-là ne respecte pas le sang de l'alliance qui l'a libéré du péché.
BFC
qui considère comme négligeable le sang de l'alliance par lequel il a été purifié.
Colombe
tenu pour profane le sang de l'alliance par lequel il avait été sanctifié,
TOB
qui aura profané le sang de l’alliance dans lequel il a été sanctifié
Segond 1910
qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance, par lequel il a été sanctifié,
A aucun moment vous ne trouverez, dans ces traductions de la bible modernes et reconnues pour leur sérieux, la moindre allusion au fait que celui qui a été sanctifié serait Jésus et non pas l’individu menacé de la colère de Dieu.
Pour quelle raison ? Jésus n’a jamais eu besoin d’être rendu saint (sanctifié) puisqu’il est le fils de Dieu et donc Saint par nature.
Le sang versé par Jésus n’avait pas pour but de le sanctifier lui. Quelle drôle d’idée !
Par contre Paul, dans cette lettre aux Hébreux 9 , quelques versets à peine avant ceux que nous étudions ici, a écrit concernant le sang de Jésus et son action sur les chrétiens.
combien plus le sang du Christ, qui, grâce à un esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour que nous puissions offrir un service sacré au Dieu vivant ?
L’action du sang de Jésus est au bénéfice des humains qu’il purifie (sanctifie).
Hébreux 13 complète :
C’est pourquoi Jésus aussi a souffert hors de la ville pour sanctifier le peuple par son propre sang
Ainsi, la première solution avancée par ce blog est vouée à l’échec..
La seconde solution évoquée est encore plus improbable.
soit n'envisager ici qu'une sanctification externe, d'appartenance au peuple de l'Alliance, sanctification des Juifs comme tels dont l'alliance externe même reposait à l'avance sur le sacrifice de Jésus Christ
Envisager est bien le bon terme pour démontrer le tâtonnement de cette hypothèse.
On nous invente ici une sanctification extérieure à la sanctification chrétienne liée au peuple juif en tant que juifs en reliant tout ça à Jésus et à son sacrifice attendu. Une usine à gaz.
Déjà, s’il y avait une sanctification extérieure à la sanctification chrétienne, nous aurions un autre groupe d’élus, de sauvés, de bénis de Dieu.
Car si sanctifier, de la part de Dieu, n'implique pas un salut, à quoi cela mènerait-il.. Il s’agit de toute une théologie à réinventer.
Car dans cette hypothèse, les destinataires de cet avertissement de Paul on bien lu cette phrase.
Car si nous pratiquons le péché volontairement après avoir reçu la connaissance exacte de la vérité, il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice,
C’est donc que pour eux aussi, le sacrifice de Jésus effacerait les péchés.
On se rend compte ici que plus on s’enfonce dans une erreur, plus les soucis de cohérence s'accumulent.
En fait, le coup de grâce de ces deux hypothèses sera donné par vous, lecteurs, après que vous aurez lu et compris le raisonnement suivant :
Le fameux “
nous” qui commence cet avertissement de Paul.
Car si nous pratiquons le péché volontairement .
Un texte comme celui là ne tombe pas du ciel, il a un contexte qui permet de situer précisément les personnes auxquelles il s’adresse.
Le “
nous” trouve donc naturellement son identité dans les versets qui le précèdent.
Vous feriez la même chose en lisant la fin d’une lettre qui utiliserez le “
nous” pour avertir des personnes dont vous doutez de l’identité. La solution la plus simple est de lire tout naturellement les pages précédentes. Or voici les phrases que Paul a écrites juste avant cet avertissement :
Ainsi, frères, puisque nous avons, par le sang de Jésus, de l’assurance pour utiliser la voie d’accès au lieu saint, voie qu’il a ouverte pour nous comme un chemin nouveau et vivant à travers le rideau, c’est-à-dire sa chair, et puisque nous avons un grand prêtre établi sur la maison de Dieu, approchons-nous de Dieu avec un cœur sincère et une foi totale, le cœur purifié, par aspersion, d’une conscience méchante et le corps lavé avec une eau pure. Tenons fermement la déclaration publique de notre espérance sans vaciller, car celui qui a promis est fidèle. Et soucions-nous les uns des autres pour nous inciter à l’amour et aux belles œuvres ; n’abandonnons pas nos réunions, comme c’est l’habitude de quelques-uns, mais encourageons-nous mutuellement, et cela d’autant plus que vous voyez le jour approcher. 26 Car si nous pratiquons le péché volontairement après avoir reçu la connaissance exacte de la vérité, il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice, mais il y a une certaine attente terrible du jugement et une indignation ardente qui va consumer les adversaires de Dieu.
Une simple constatation grammaticale nous aidera d’abord. Toutes les traductions que j’ai consultées utilisent soit le mot “
car”, soit les mots “
en effet” pour relier les versets 25 et 26, ce qui démontre sans le moindre doute que Paul est dans la même conversation avec les mêmes interlocuteurs des versets 19 à 29.
En effet, ces mots impliquent un lien logique et une application dans le verset 26 de ce qui a été dit au verset 25. Concrètement Paul écrit :
soyons unis, rassemblons nous ensemble, incitons nous à bien faire car si nous en venions à pécher volontairement alors ..etc.
Une seule traduction rend le texte autrement mais n’arrange pas pour autant, au contraire même, l’hypothèse du blog :
Nous avons appris à connaître la vérité. Après cela, si nous péchons exprès, aucun sacrifice ne peut plus enlever les péchés. Parole de Vie.
Les défenseurs de la thèse déterministe ne vous présenteront jamais ce dossier en vous citant les versets 19 à 27 mais choisiront toujours les versets 26 à 29.
Le blog dont sont issus ces arguments ne fait pas exception. Ce n’est pas un hasard.
Il commence son explication ainsi:
Il est bien peu vraisemblable que Hébreux 10,26-29 ait en vue d'autres personnes.
Et ce blog d’affirmer que les versets 26 à 29 visent d’autres que les chrétiens fidèles.
Pour quelle raison ce choix de ne jamais proposer aussi à la lecture les versets 19 à 25 ?
Vous l’avez sans doute compris facilement, jamais on ne réussira à vous faire croire que Paul s'adressait à d’autres personnes qu’à des chrétiens fidèles si vous commencez votre lecture au verset 19.
Or, la doctrine a absolument besoin de vous faire croire que ceux à qui Paul demande de ne plus pratiquer le péché volontairement en leur prédisant la mort dans ce cas , ne sont pas des chrétiens authentiques.