Re: Le Nom de Dieu YHWH dans le N.T.
Posté : 23 déc.18, 09:02
Agecanonix, est-il spécifiquement et uniquement question des 27 livres grecs ayant, à terme, constitué le Nouveau Testament et qui sont tous dépourvus du moindre יהוה ?agecanonix a écrit : ↑23 déc.18, 08:12 Expliquez moi pour quelle raison les écrits rabbiniques du début du second siècle recommandent-ils aux juifs religieux qui entreraient en possession d'écrits chrétiens de les brûler après avoir découpé précieusement les tétragrammes qui s'y trouvaient ?
C'est donc qu'ils s'y trouvaient !
Vous ignorez peut-être que la littérature chrétienne du 1er siècle ne se résume pas à quatre évangiles, les Actes des Apôtres, les lettres de Paul, Pierre, Jacques, Jean, Jude et une apocalypse, soit 27 livres grecs. D'ailleurs, le simple fait qu'il a fallu élaborer un Canon du Nouveau Testament est un indice fort pour qui réfléchit 3 secondes, que le NT n'est pas sorti un jour pleinement constitué dans un désert littéraire. Il y a eu d'autres évangiles, d'autres lettres, d'autres apocalypses qui ont existé et n'ont pas été retenus comme livres de la Parole inspirée de Dieu.
En outre, les citations faites à l'Ancien Testament comme à des auteurs profanes indiquent que les rédacteurs néo-testamentaires et leurs lecteurs/auditeurs avaient accès à plus d'ouvrages, certains issus de la culture juive.
Si même il s'est trouvé, dans les bibliothèques des chrétiens des versions écrites en hébreu de quelques-uns des 27 livres qui finiraient par former le Canon du NT ; si dans ces versions hébraïques en hébreu se trouvaient effectivement des יהוה, force est de constater que l'on n'en trouve plus aucune trace aujourd'hui.
Pour savoir ce que contenait les versions originales des 27 livres du Nouveau Testament, qu'est-ce qui est le plus digne de foi, selon vous : les milliers de copies retrouvées, toutes dépourvues de יהוה, qui constituent la base du NT actuel ; ou les recommandations de rabbins préconisant de brûler les écrits chrétiens (en général, et l'on sait que parmi eux devaient figurer des traductions grecques de l'Ancien Testament, que citaient les rédacteurs néo-testamentaires), après avoir découpé les Tétragrammes qu'ils contenaient ?
Le témoignage de Jérôme au sujet de la lecture fautive PIPI dit assez que, même au Ve siècle, il était possible de voir la graphie du Tétragramme hébraïque, יהוה dans des manuscrits en grec. Mais ce n'était pas des manuscrits des 27 livres du Nouveau Testament.
Arlitto, précédemment sur ce fil nous a montré un manuscrit grec contenant le Tétragramme en hébreu ; manuscrit qu'il a pris pour un extrait de l'évangile de Jean et qui s'avère être un passage de petits prophètes de l'AT. Imaginez donc un Juif du premier siècle qui aurait fait la même erreur en trouvant un tel rouleau dans la bibliothèque d'un chrétien. Selon les recommandations de ses rabbins, il aurait dû découper le Tétragramme et brûler le reste. Pour autant, aurait-il détruit un manuscrit du (futur) Nouveau Testament ?
Vous connaissez l'histoire de La Belle au Bois dormant, la petite princesse condamnée par une méchante sorcière à se piquer le doigt à la quenouille d'un rouet ; aussitôt la malédiction prononcée, son père le Roi interdit dans son royaume tous les instruments de ce genre. Et pourtant, la Belle au Bois dormant finit par en trouver un, qui aiguise d'autant plus sa curiosité que jamais elle n'a vu une telle chose dans le royaume.
Pour des exemples plus bibliques, cf la volonté de Pharaon que meurent tous les enfants mâles des Hébreux, et pourtant Moïse survit ; ou celle d'Hérode, pareillement, de tuer tous les garçons de moins de deux ans de Bethléem, et pourtant Jésus survit.
Si même quelques scribes apostats, aidés par des Juifs consciencieux, avaient décidé de faire disparaître tous les יהוה des écrits chrétiens, on devrait forcément trouver des traces de ce forfait : non seulement quelques manuscrits auraient subsisté, cachés et recopiés par des chrétiens fidèles, mais la rumeur de cet épouvantable crime aurait été conservée quelque part.
"Il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu." (Luc 12:2).
Or, pour l'heure, rien ne soutient l'affirmation que יהוה se trouvait assurément dans le Nouveau Testament.
Ajouté 11 minutes 11 secondes après :
Ineffable : Qu'on ne peut exprimer par des mots en raison de son intensité ou de sa nature (définition du Larousse)agecanonix a écrit : ↑23 déc.18, 08:45 Tossefta, recueil de lois orales achevé vers l’année 300, dit au sujet d’écrits chrétiens qui seraient brûlés un jour de sabbat : « Les blancs [gilyônim, traduisible aussi par Évangiles] et les livres des hérétiques [vraisemblablement les chrétiens juifs] ne doivent [pas] être sauvés de l’incendie, mais il faut les laisser brûler sur place, eux et les noms ineffables [occurrences du nom divin]. » Dans cette même source, Rabbi Yossé le Galiléen, qui a vécu au début du IIe siècle de notre ère, explique ce qui devait se faire les autres jours de la semaine : « On découpera les emplacements des noms ineffables [manifestement dans les écrits chrétiens], on les déposera en lieu sûr, et on brûlera le reste*.
* La guemara, le Talmud de Babylone, traduit par les membres du Rabbinat français, Paris, chabbat, tome 4, 1983, p. 506.
Agecanonix, votre citation n'indique en rien que les écrits chrétiens et même les possiblement évangiles qu'il fallait laisser brûler, faisaient partie des 27 livres du Nouveau Testament (dans lesquels, je vous le rappelle, ne se trouve aucun יהוה). Parce que, des écrits chrétiens, il y en avait plus que 27 différents aux premiers siècles.
En revanche, que confirme ainsi le Talmud de Babylone ? Que יהוה était déjà, à l'époque des premiers chrétiens, tenu pour ineffable par les autorités religieuses juives. Autrement dit, qu'il n'était pas prononcé. Sa graphie subsistait, le dessin de ses quatre lettres continuait à être vu, y compris dans certains écrits grecs (ce que témoigne encore Jérôme quelques siècles plus tard), mais il n'était pas prononcé littéralement. En le voyant, les Juifs disaient Adonaï, les chrétiens Kurios, pas Yehowah.