Prononciations dans le christianisme
Le mot « Jéhovah », d’apparence scientifique, est contestable sur les plans historique et théologique. Pour André-Marie Gerard25, cette version « n’appartient à aucune langue… si ce n’est celle de Racine et de Victor Hugo ! ». Longtemps tombée dans l’oubli, la transcription Jéhovah est abandonnée au début du xixe siècle par les spécialistes après les travaux du linguiste allemand Wilhelm Gesenius,
qui la remplace par la transcription « Yahweh ». Cependant, l'hypothèse Jéhovah reste populaire au cours du xixe siècle dans la littérature française26, parallèlement à la traduction de la Bible par John Nelson Darby et par les Témoins de Jéhovah27. Au début du xxe siècle, le philologue Paul Joüon se réfère à l’édition de 1894 de la traduction Crampon, qui emploie le mot « Jéhovah ». Il adopte à son tour cette solution, préférant cette « forme littéraire et usuelle en français » à l’« hypothétique » forme Yahweh28.
Cependant, à la suite de Gesenius, le catholicisme a utilisé de préférence la transcription Yahweh (ou « Yahvé » par francisation) durant tout le xxe siècle. Cette forme a été appliquée dans les éditions non liturgiques de la Bible, par exemple la Bible de Jérusalem. Ainsi le philologue André Lemaire a-t-il pu remarquer en 2001 :
« On hésite généralement aujourd'hui entre deux vocalisations : Yahwoh et Yahwéh. Avec la plupart des traductions, nous adopterons ici la vocalisation conventionnelle Yahwéh6. »
Or, à la fin du xxe siècle, l’Église catholique est devenue plus réticente à l’égard de cette formulation. En 2001, « par directive du Saint-Père », la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a déclaré : « En se conformant à une tradition immémoriale, évidente déjà dans la Septante, le nom de Dieu tout-puissant, exprimé en hébreu dans le Tétragramme, et traduit en latin par le mot Dominus29, doit être rendu dans chaque langue vernaculaire par un mot de la même signification30. » Cette directive a été rappelée le 29 juin 2008 par une lettre aux conférences épiscopales et mise en pratique en octobre 2008 par le Synode des évêques sur la parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église.
Le Tétragramme est donc traduit par « le Seigneur ».
La plupart des Bibles des protestants francophones rendent le Tétragramme par « l’Éternel » à l'instar de Pierre Robert Olivétan (1509-1538), cousin de Jean Calvin, et qui fut le premier à traduire la Bible en français à partir des textes originaux hébreux, araméens et grecs ; cette version est dite « Olivétan-Synodale ».
Dans la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), qui combine l’effort de spécialistes principalement catholiques et protestants, mais aussi orthodoxes (en particulier pour l’Ancien Testament), le Tétragramme est traduit par « le SEIGNEUR », en lettres capitales.
http://fr.wikipedia.org/wiki/YHWH