a écrit :Evidemment que vous imposez à Dieu l'obligation de recréer un double.. Vous n'arrivez pas à imaginer que Dieu puisse recréer un individu sans qu'il soit un double. En disant "il faut bien", vous obligez Dieu à raisonner comme vous.
Agécanonix,
Encore une fois, j'analyse la doctrine de la Watch, pas celle de Dieu. Lorsque la Watch affirme qu'il n'y a rien qui survie à la mort, elle confond la résurrection et la "re-création", c'est-à-dire une création ex nihilo d'un "double". La résurrection, elle, ne peut pas se passer d'une forme de "survie de l'âme" (quel que soit le nom qu'on lui donne). Il faut bien "quelque chose" pour faire le lien entre le défunt et le ressuscité, une continuité d'identité, pour que ce soit LUI qui ressuscite, LUI qui a perdu un corps et qui le retrouve. Pour imposer quelque chose à Dieu, il faudrait que votre doctrine soit celle de Dieu, or ce n'est pas le cas.
a écrit :il est certain que quelque chose reste de l'individu après sa mort, mais ce n'est pas vivant et encore moins conscient. L'ecclésiaste a été plus que précis sur cette absence de vie consciente, affective, émotionnelle.
Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le de toutes tes forces, car il n’y a ni œuvre, ni projet, ni connaissance, ni sagesse dans la Tombe, où tu vas.
Agécanonix,
Vous avez une approche dogmatique ET non macroscopique. L’Ancien Testament ne témoigne pas explicitement de la foi en la résurrection. Il n’en est pas question dans le Pentateuque ; chez les prophètes elle n’apparaît que rarement et, dans ce cas, plutôt comme guérison physique ou renouveau national (l Rois 17, 17 24 ; 2 Rois 4, 31 37 ; 13, 21 ; Osée 6,1 3 ; Isaïe 53,10 12 ; Ezéchiel 31,1 14). C'est dans les livres les plus récents de l’Ancien Testament que la croyance en la résurrection va apparaitre, comme croyance tardive (cf. Daniel 12, 1 s. ; 2 Maccabées 7, 1 s. ; Isaïe 26, 19). Le courant théologique de l'Ecclésiaste produira les sadducéens qui ne croyaient pas en la résurrection.
L'ancien she'ol hébreu n'est certainement pas un pur néant (il suffit de choisir d'autres textes comme 1 Samuel 28 ou Isaïe 14 pour constater qu'on peut y "savoir" encore pas mal de choses). Déjà à l'intérieur du corpus de l'AT il se diversifie considérablement, les négations de Qohéleth marquant un extrême (proto-sadducéen) dans le spectre (!) très large des représentations disponibles. Il faut aussi noter que dans les psaumes le silence des morts est liturgique -- en caricaturant un peu, il y a une sorte de "chantage à la louange": si tu nous laisses mourir nous ne pourrons plus célébrer ton culte. Plus tard, pour les adhérents à la résurrection (cf. Daniel 12), le she'ol commun aux justes et aux méchants cesse d'être une "dernière demeure", et il devient très rapidement un "état intermédiaire" différencié, voire cloisonné (cf. les demeures séparées des esprits des justes et des injustes dans 1 Hénoch ou dans Luc 16) -- ce qui n'empêche pas dans le même temps les sadducéens de nier toute survie comme toute résurrection.
a écrit :Paul, en ignorant complètement la possible survie de l'âme démontre que cette doctrine lui est étrangère car si il y avait cru, cela aurait été la plus belle réponse encourageante qu'il aurait faite à ses lecteurs puisque la question était la suivante:
De plus, frères, nous ne voulons pas que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment dans la mort, afin que vous ne soyez pas affligés comme ceux qui n’ont pas d’espérance
Agécanonix,
Vous restez attaché à la vision de la doctrine de l'âme immortelle comme dogme, or je encourage à être attentif à ce Paul dit, sans esprit partisan et sans volonté de calquer les développements de Paul sur la doctrine de la Watch.
Paul établit en 1 Corinthiens 15, qu'il y a un l'état d'"âme"/"corps", si j'ose dire, la condition "psychique" (animale-naturelle-charnelle), était un niveau "inférieur" à surmonter pour accéder à l'étage "pneumatique-spirituel" : "Semé corps naturel, on se réveille corps spirituel. S'il y a un corps naturel, il y a aussi un corps spirituel." (15,44).
Le corps/âme naturel se transforme en corps/âme spirituel. Il y a toujours un CORPS, il n'est pas dit que les morts deviennent des esprits.
Au chapitre 15, il faut bien lire le contexte également, puisqu'il s'agit (cf. v. 44 et 46, au sujet de la "résurrection") de l'opposition du "corps psychique" (sôma psukhikon) au "corps pneumatique" (sôma pneumatikon), qui motive la citation de la Genèse (v. 45). Paul résume d'ailleurs ce développement "compliqué" sur la nature des "corps" en termes "simples" (ou d'une autre complexité) au v. 51: "Ce que je dis, mes frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que le périssable n'hérite pas l'impérissable." Il y a donc pour lui une équivalence "âme - corps psychique" = "chair et sang" = "périssable".
Agécanonix,
Je constate avec amusement votre SILENCE concernant
Hé 6,19 :
"Nous avons cette espérance comme une ancre pour l’âme, à la fois sûre et ferme, et elle pénètre derrière le rideau" (6,19 - TMN)
C'est certainement "l'espérance" (v. 18) qui pénètre au-delà du voile, mais précisément "comme ancre de l'âme" (hôs agkura tès psukhès).
Concernant
Job et la résurrection :
a écrit :Ah ! si tu me cachais dans le shéol,
si tu me tenais dissimulé jusqu’à ce que s’en retourne ta colère,
si tu me fixais un délai, pour te souvenir de moi !
Si un homme robuste meurt, peut-il revivre ?
Tous les jours de ma corvée, j’attendrai,
jusqu’à ce que vienne ma relève.
Tu appelleras, et moi je te répondrai.
Tu languiras après l’œuvre de tes mains.
Car maintenant tu continues à compter mes pas,
tu n’épies que mon péché.
Scellée dans un sac est ma révolte,
et tu mets de la colle sur ma faute.
Voilà! Les versets en question sont une parenthèse dans le texte, sous la forme d'un "Ah! si seulement ça pouvait être comme ça..."
D'ailleurs la NBS met les phrases au conditionnel:
"Si l'homme, une fois mort, pouvait revivre, tous les jours de mon service, j'attendrais(...) Tu appellerais alors, et moi je te répondrais..."
Et que dis Job en conclusion, une fois qu'il ferme cette parenthèse ?
a écrit :Citation :Cependant une montagne qui tombe dépérira,
et même un rocher sera transporté hors de sa place.
Oui, l’eau use même les pierres ;
son flux entraîne la poussière de la terre.
Ainsi as-tu détruit l’espoir du mortel.
Tu le terrasses pour toujours, si bien qu’il s’en va,
tu défigures sa face, si bien que tu le congédies.
"Ah si seulement tu pouvais....mais malheureusement non!" Voilà exactement ce que dit Job dans le chapitre 14. Il n'est pas question d'une future résurrection.
Il est vrai que le style très raide de la TMN n'aide pas particulièrement à suivre la fluidité de l'argumentation, c'est le moins qu'on puisse dire....