Re: Toutes les réponses sur l'Evolution
Posté : 05 févr.10, 02:09
Bonjour, j’ai lu en diagonale les deux dernières pages de ce débat. J’ai peut-être mal lu, mais il me semble qu’il peut se résumer à « darwinisme vs créationnisme » (mais je me trompe peut-être).
L’évolution est un fait avéré : tous les êtres vivants ont un ancêtre commun (qui était une petite cellule surnageant dans l’océan primordial) et les différentes espèces n’ont pas été « créées » séparément. Je ne m’étale pas là-dessus.
Le darwinisme est UNE théorie de l’évolution. C’est la théorie officielle à l’heure actuelle. Elle explique beaucoup de choses, mais elle n’explique pas tout. Je vais souligner quelques points en apparente contradiction avec le darwinisme.
Mais avant je tiens à préciser que des chercheurs ont mis au point plusieurs autres théories de l’évolution, théories qui le plus souvent ne remettent pas en cause le darwinisme, mais l’englobent dans des théories plus larges comme la relativité générale a englobé la théorie newtonienne en physique. Parmi ces chercheurs, je tiens à citer entre autres Stephen Jay Gould bien-sûr, mais aussi Michael Denton, Anne Dambricourt, Christian de Duve, Vincent Fleury, sans oublier les considérations de Pierre-Paul Grassé, et de Rémy Chauvin. Je précise aussi que je vais reprendre pour partie des arguments que j'avais déjà exposé à Mil21 dans un autre fil de discussion (ce qui m'évite d'avoir à tout réécrire).
Premièrement, le problème de la modélisation. Il a été tenté de modéliser l’évolution, mais les algorithmes génétiques se sont tous avérés impuissants à rendre compte du phénomène dans le temps imparti. Autrement dit, le principe de sélection des résultats d’un processus d’essais et d’erreurs ne permet pas, lorsqu’il est modélisé, de passer en moins d’un milliard d’années d’un être unicellulaire à tous les êtres vivants existant sur Terre.
Il existe un exemple célèbre, celui de Dawkins : Dawkins a tenté de montrer la puissance d’un algorithme génétique en développant un programme générant par hasard une suite de 26 lettres. Il fait « muter » cette suite de lettres en changeant au hasard l’une d’entre elles, il produit à chaque stade toute une série de mutants (chacun ayant une seule lettre de différence avec la suite mère). Puis il compare chaque mutant de la première génération avec une phrase de Shakespeare de 26 lettres. Il conserve le mutant le plus proche de la phrase, et recommence le processus. En quelques dizaines de générations, le programme peut produire la phrase de Shakespeare.
MAIS il y a une différence majeure entre un algorithme génétique et celui de Dawkins : dans un algorithme génétique, on passe de l’état X à l’état X+1 en fonction d’un (ou plusieurs) critère donné, par exemple la consommation minimale d’énergie.
Dawkins, lui, compare chaque nouvelle génération AU RESULTAT RECHERCHE pour opérer sa sélection. Autrement dit, il utilise un algorithme de contrôle optimal.
Effectivement, un algorithme de contrôle optimal est capable de rendre compte de l’évolution. Mais ce n’est plus un simple processus d’essais et d’erreurs ; un algorithme de contrôle optimal « connaît » déjà le résultat recherché, ce qui est incompatible avec la théorie darwinienne dans laquelle l’évolution n’est pas censée « connaître » à l’avance à quoi elle veut aboutir (les espèces actuelles).
Bref, la modélisation de l’évolution repose la question d’une évolution dirigée (la question étant alors de savoir par quels moyens).
J’en viens alors à mon deuxièmement : la comparaison biomoléculaire nous permet aujourd’hui de mesurer la distance génétique qui sépare les espèces, en comparant certaines protéines, par exemple l’hémoglobine alpha ou le cytochrome C, présentes chez tous les êtres vivants avec de légères variations.
Or que découvre-t-on en mesurant ces dernières ? Contrairement à l’image de l’arbre évolutionniste de Darwin, on tombe sur des séquences discontinues avec un fait extraordinaire : tous les membres d’une séquence sont « moléculairement équidistants » des membres des autres séquences. Autrement dit, il n’y a aucun homme plus proche des singes qu’un autre homme, il n’y a aucun reptile plus proche des poissons qu’un autre reptile, il n’y a aucun batracien plus proche des reptiles qu’un autre batracien.
Toutes les espèces sont équidistantes de leur ancêtre commun le plus proche. Evidemment, plus l’ancêtre commun est proche, plus les différences entre lui et ceux apparus après lui sont faibles. Ce phénomène dont personne ne peut contester l’existence suppose que les horloges moléculaires des différentes espèces soient restées « branchées » les unes sur les autres depuis des centaines de millions d’années, ce qui suppose une incroyable coordination générale.
Vu l’immense différence entre la durée de vie d’une mouche et d’un homme, il y a 250 fois plus de chances qu’un gène quelconque d’une mouche mute au cours d’une année que le même gène mute chez un homme. Au bout de 4 millions d’années, il y a un milliard de fois plus de chances qu’une mutation ait eu lieu dans un gène de mouche que dans un gène d’homme codant pour la même protéine.
Pourtant, depuis des centaines de millions d’années, les protéines de cytochrome C se modifient au même rythme, en fonction du temps géologique. Et ce phénomène n’existe pas que pour le cytochrome C (c’est la même chose pour l’hémoglobine par exemple). Or, d’après le modèle darwinien, rien dans l’évolution ne devrait procéder de manière synchronisée.
Il s’agit donc de comprendre pourquoi l’accumulation des mutations dans une même famille de protéines se produit dans des organismes très différents au rythme du temps astronomique et non pas au rythme des générations. Qu’est-ce qui coordonne les mutations ?
Troisièmement, nous pouvons identifier deux types de mutations :
- Les micromutations qui ne donnent pas lieu à un changement d’espèce. Les moustiques ont beau s’adapter au DDT, ils n’en demeurent pas moins des moustiques ! Les processus darwiniens de hasard et sélection expliquent très bien les micromutations, et il n’y a rien à ajouter là-dessus.
- Les macromutations qui sont le passage d’une espèce à une autre. Là, il y a des sauts qualitatifs (de plusieurs ordres de grandeur parfois) dans l’échelle de la complexité, et les mécanismes darwiniens sont incapables d’en rendre compte de façon plausible (et il est fort probable qu’elles soient déterminées par des lois physiques du même ordre que celles qui font que tous les cristaux de neige auront toujours six branches, ce qui ferait que le nombre de formes que peut prendre le vivant serait fini). Cf Michael Denton.
Ainsi, il doit exister une structure sous-jacente à toutes les formes du vivant (déterminées par les lois de la physique), des formes archétypales faisant qu’un ensemble fini de formes naturelles réapparaîtra encore et toujours partout dans l’univers où il y a de la vie à base de carbone.
Le darwinisme n’est pas une théorie complète, l’évolution n’est pas toujours graduelle, et les espèces intermédiaires n’existent donc tout simplement pas : on peut dire qu’un jour, une même génération de singes a accouché de la première génération d’australopithèques. On ne fera jamais passer graduellement les anglais à la conduite à droite (si un jour ils décidaient de faire comme tout le monde).
L’évolution est un fait avéré : tous les êtres vivants ont un ancêtre commun (qui était une petite cellule surnageant dans l’océan primordial) et les différentes espèces n’ont pas été « créées » séparément. Je ne m’étale pas là-dessus.
Le darwinisme est UNE théorie de l’évolution. C’est la théorie officielle à l’heure actuelle. Elle explique beaucoup de choses, mais elle n’explique pas tout. Je vais souligner quelques points en apparente contradiction avec le darwinisme.
Mais avant je tiens à préciser que des chercheurs ont mis au point plusieurs autres théories de l’évolution, théories qui le plus souvent ne remettent pas en cause le darwinisme, mais l’englobent dans des théories plus larges comme la relativité générale a englobé la théorie newtonienne en physique. Parmi ces chercheurs, je tiens à citer entre autres Stephen Jay Gould bien-sûr, mais aussi Michael Denton, Anne Dambricourt, Christian de Duve, Vincent Fleury, sans oublier les considérations de Pierre-Paul Grassé, et de Rémy Chauvin. Je précise aussi que je vais reprendre pour partie des arguments que j'avais déjà exposé à Mil21 dans un autre fil de discussion (ce qui m'évite d'avoir à tout réécrire).
Premièrement, le problème de la modélisation. Il a été tenté de modéliser l’évolution, mais les algorithmes génétiques se sont tous avérés impuissants à rendre compte du phénomène dans le temps imparti. Autrement dit, le principe de sélection des résultats d’un processus d’essais et d’erreurs ne permet pas, lorsqu’il est modélisé, de passer en moins d’un milliard d’années d’un être unicellulaire à tous les êtres vivants existant sur Terre.
Il existe un exemple célèbre, celui de Dawkins : Dawkins a tenté de montrer la puissance d’un algorithme génétique en développant un programme générant par hasard une suite de 26 lettres. Il fait « muter » cette suite de lettres en changeant au hasard l’une d’entre elles, il produit à chaque stade toute une série de mutants (chacun ayant une seule lettre de différence avec la suite mère). Puis il compare chaque mutant de la première génération avec une phrase de Shakespeare de 26 lettres. Il conserve le mutant le plus proche de la phrase, et recommence le processus. En quelques dizaines de générations, le programme peut produire la phrase de Shakespeare.
MAIS il y a une différence majeure entre un algorithme génétique et celui de Dawkins : dans un algorithme génétique, on passe de l’état X à l’état X+1 en fonction d’un (ou plusieurs) critère donné, par exemple la consommation minimale d’énergie.
Dawkins, lui, compare chaque nouvelle génération AU RESULTAT RECHERCHE pour opérer sa sélection. Autrement dit, il utilise un algorithme de contrôle optimal.
Effectivement, un algorithme de contrôle optimal est capable de rendre compte de l’évolution. Mais ce n’est plus un simple processus d’essais et d’erreurs ; un algorithme de contrôle optimal « connaît » déjà le résultat recherché, ce qui est incompatible avec la théorie darwinienne dans laquelle l’évolution n’est pas censée « connaître » à l’avance à quoi elle veut aboutir (les espèces actuelles).
Bref, la modélisation de l’évolution repose la question d’une évolution dirigée (la question étant alors de savoir par quels moyens).
J’en viens alors à mon deuxièmement : la comparaison biomoléculaire nous permet aujourd’hui de mesurer la distance génétique qui sépare les espèces, en comparant certaines protéines, par exemple l’hémoglobine alpha ou le cytochrome C, présentes chez tous les êtres vivants avec de légères variations.
Or que découvre-t-on en mesurant ces dernières ? Contrairement à l’image de l’arbre évolutionniste de Darwin, on tombe sur des séquences discontinues avec un fait extraordinaire : tous les membres d’une séquence sont « moléculairement équidistants » des membres des autres séquences. Autrement dit, il n’y a aucun homme plus proche des singes qu’un autre homme, il n’y a aucun reptile plus proche des poissons qu’un autre reptile, il n’y a aucun batracien plus proche des reptiles qu’un autre batracien.
Toutes les espèces sont équidistantes de leur ancêtre commun le plus proche. Evidemment, plus l’ancêtre commun est proche, plus les différences entre lui et ceux apparus après lui sont faibles. Ce phénomène dont personne ne peut contester l’existence suppose que les horloges moléculaires des différentes espèces soient restées « branchées » les unes sur les autres depuis des centaines de millions d’années, ce qui suppose une incroyable coordination générale.
Vu l’immense différence entre la durée de vie d’une mouche et d’un homme, il y a 250 fois plus de chances qu’un gène quelconque d’une mouche mute au cours d’une année que le même gène mute chez un homme. Au bout de 4 millions d’années, il y a un milliard de fois plus de chances qu’une mutation ait eu lieu dans un gène de mouche que dans un gène d’homme codant pour la même protéine.
Pourtant, depuis des centaines de millions d’années, les protéines de cytochrome C se modifient au même rythme, en fonction du temps géologique. Et ce phénomène n’existe pas que pour le cytochrome C (c’est la même chose pour l’hémoglobine par exemple). Or, d’après le modèle darwinien, rien dans l’évolution ne devrait procéder de manière synchronisée.
Il s’agit donc de comprendre pourquoi l’accumulation des mutations dans une même famille de protéines se produit dans des organismes très différents au rythme du temps astronomique et non pas au rythme des générations. Qu’est-ce qui coordonne les mutations ?
Troisièmement, nous pouvons identifier deux types de mutations :
- Les micromutations qui ne donnent pas lieu à un changement d’espèce. Les moustiques ont beau s’adapter au DDT, ils n’en demeurent pas moins des moustiques ! Les processus darwiniens de hasard et sélection expliquent très bien les micromutations, et il n’y a rien à ajouter là-dessus.
- Les macromutations qui sont le passage d’une espèce à une autre. Là, il y a des sauts qualitatifs (de plusieurs ordres de grandeur parfois) dans l’échelle de la complexité, et les mécanismes darwiniens sont incapables d’en rendre compte de façon plausible (et il est fort probable qu’elles soient déterminées par des lois physiques du même ordre que celles qui font que tous les cristaux de neige auront toujours six branches, ce qui ferait que le nombre de formes que peut prendre le vivant serait fini). Cf Michael Denton.
Ainsi, il doit exister une structure sous-jacente à toutes les formes du vivant (déterminées par les lois de la physique), des formes archétypales faisant qu’un ensemble fini de formes naturelles réapparaîtra encore et toujours partout dans l’univers où il y a de la vie à base de carbone.
Le darwinisme n’est pas une théorie complète, l’évolution n’est pas toujours graduelle, et les espèces intermédiaires n’existent donc tout simplement pas : on peut dire qu’un jour, une même génération de singes a accouché de la première génération d’australopithèques. On ne fera jamais passer graduellement les anglais à la conduite à droite (si un jour ils décidaient de faire comme tout le monde).