Les 2.100 réactions postées en un peu plus d'un jour pour commenter le vote des Suisses sur les minarets ont fait retentir une salve d'applaudissements : très majoritairement, les lecteurs venus sur lepoint.fr ont célébré le "courage", "l'esprit de résistance" ( Vlfr ), la clairvoyance transfrontalière. Les raisons de cet engouement vont bien au-delà d'un repli identitaire.
Laissons de côté les commentaires extrêmes que le respect de la loi et le bon sens nous imposent de supprimer - notons qu'ils sont un peu plus nombreux que de coutume - et voyons les analyses des internautes qui ont conclu à la justesse de la décision majoritaire en Suisse dans laquelle le peuple "a voulu dire non pas qu'il rejetait l'islam en tant que religion, laquelle comme les autres a droit au respect et à la liberté inaliénable du culte, mais qu'il redoutait l'extension en Suisse, comme ailleurs en Europe, d'un islam radical qui veut imposer des lois et des coutumes en contradiction totale avec les droits de l'homme (et de la femme) tels que nous les concevons et qui ne sont pas négociables" ( philippe 01 ).
Premier argument, le principe de réciprocité , maintes fois avancé : pas question de favoriser le culte musulman tant que, dans les pays musulmans, les chrétiens seront rejetés, que ce soit "en Indonésie, le plus grand pays musulman du monde, où plus de trois cents églises ont été détruites récemment dans l'indifférence générale et les chrétiens dissuadés de poursuivre leurs activités" ( Tioman ), "en Arabie saoudite, où essayez donc d'aller construire une église..." ( Arn le templier ), en Bosnie ou au Kosovo où "les églises serbes sont perdues au milieu de territoires musulmans" ( laquestion ). "On ne peut construire d'églises ou de temples bouddhistes en terre musulmane, on ne peut même pas y obtenir de citoyenneté si l'on y est né sans être musulman" ( septimus severus ). Delnogal a beau opposer que "si l'islam est un obscurantisme, ce n'est pas en éteignant nos Lumières qu'on y verra plus clair", pour la majorité des commentateurs, la dissymétrie n'est pas acceptable. "L'Europe se sent un peu colonisée, pacifiquement, mais colonisée tout de même" ( ml ).
Argument corollaire, le minaret est vu non comme un simple élément architectural, mais comme un "symbole politico-religieux" ( chloé ), qui figure la volonté de conquête de l'islam, son "prosélytisme" ( jeanmi ), son "expansionnisme" ( le cors@ire ). La thèse universaliste est avancée, et on célèbre une "défaite des tenants du relativisme culturel" ( kaourant ).
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