Karlo a écrit :Tu as visiblement des problèmes de conscience à répondre clairement à une question pourtant simple.
Y a t-il ou non un problème avec l'esclavage ?
Pour toi il devrait être légal et licite, ou pas ?
Tout dépend de quel point de vue on se place, je vous ai répondu, j'épouse le point de vue cohérent de l'orthodoxie musulmane en osmose avec la Bible qui tolère l'esclavage dans l'absolu, après, ses modalités et sa contextualité est un autre sujet...
Si cela est clair, je continue mon raisonnement, ce n'est pas l'islam qui ravitaille en soldats les rangs de DAESH ou qui inspire les attentats de Paris, mais l'époque moderne qui crée des loups solitaires :
Michel Drac : « En dissolvant les solidarités claniques et tribales, la société des individus en voie de formation, entièrement structurée par l’argent, ne dissout pas le conflit : elle le libère, elle le laisse se répandre à travers l’ensemble de l’édifice social, sans rien pour le borner. L’homme sans famille, sans race, sans lignée, est un solitaire absolu. Et c’est un loup solitaire. »
http://www.rtl.be/info/monde/france/-mo ... 74457.aspx
"Il ne s'agit pas de la radicalisation de l'islam mais de l'islamisation de la radicalité"
et notamment la mondialisation contre laquelle seule l'islam semble, dans le contexte actuel, contenir les ingrédients pour repousser les méfaits :
Il est une autre crise qui menace le monde moderne, une crise encore plus grave même si elle est moins perceptible, il s’agit de la crise intellectuelle et morale. Cette crise constitue une menace sur les civilisations, lesquelles sont étroitement liées au spirituel, c’est à dire à la religion. Dans ces conditions, il est important de constater la vitalité de l’islam qui concilie harmonieusement le spirituel et le temporel.
Le monde de la globalisation est surtout marqué par le sentiment de la perte ou de l'absence du sens. Plus encore que l’acculturation, le danger de la « de-signification ». Or, la de-signification est tout simplement le glissement inexorable vers un monde déshumanisé, mercantile et déspiritualisé. Sous l’effet d’une mondialisation qui n’est jamais que le stade ultime d’un système tendant vers une société globalisée, uniformisée et utilitaire, combinant la standardisation des cultures et l’exaltation de l’individu sans feu ni lieu, l’humanité court le risque d’être privée « de l’élément éthique de la vie1 ». Ce qui est en question est une certaine idée de l’homme, l’humanisme. C’est la dignité de l’homme en tant que telle qui est menacée par le déclin du spirituel et l’explosion du collectif en individuel. Pour tout dire, le danger qui nous guette n’est pas un improbable « choc des civilisations », mais c’est la disparation des civilisations elles-mêmes. La confrontation n’est donc pas entre l’islam et un Occident qui est d’ailleurs de moins en moins chrétien dans la mesure où les civilisations européennes et nord-américaines vouent un culte exclusif au progrès matériel et au dogme utilitariste écartant toute éthique spirituelle.
Les actes abominables auxquels ont conduit les idéologies séculaires se réclamant des « Lumières », du progressisme – marxiste on non – et du matérialisme, permettent d’émettre des doutes sur le bien-fondé absolu du dogme laïque, ou prétendu tel, qui devait préserver l’homme du fanatisme. Le XXe siècle a été jalonné par des actes de barbarie extraordinaire : le génocide des Arméniens commis par le régime laïc des Jeunes turcs (en contradiction avec la traditionnelle tolérance de l’islam et de l’empire Ottoman), les massacres de l’Allemagne nazie, ceux des communismes (stalinisme, maoïsme, Khmers rouges…)1 , le bombardement atomique des villes de Nagasaki et Hiroshima, les millions de morts de la guerre du Vietnam du fait des armes chimiques, des bombes au napalm et autres engins de destruction massive, les deux millions d’Irakiens victimes de l’embargo puis de l’invasion des États-Unis, le million d’Afghans tués lors de l’occupation soviétique, sans compter les innombrables victimes des opérations militaires des États-Unis et de l’OTAN... Ces tueries et ces ruines gigantesques ne doivent rien à l’intolérance de la religion. Au regard des dérives extraordinaires auxquelles ont conduit les idéologies séculaires totalitaires et les impérialismes, et des désillusions du consumérisme ultralibéral, il est légitime que les hommes redécouvrent les valeurs de la religion. Sauf à considérer que l’individualisme, le matérialisme, le consommationisme, le culte de l’immédiat et du mouvement pour le mouvement ou encore le sécularisme effréné constituent un socle de valeurs morales et sociales acceptables, force est d’admettre que le rôle rassembleur de la religion est loin d’être révolu. L’espérance religieuse retrouve toute sa pertinence pour refonder une politique de civilisation.
Le grand écrivain russe Alexandre Soljenitsyne a décrit le vide spirituel de l’Occident. Tel n’est pas encore le cas dans les pays de l’islam. Si l’on veut bien considérer que l’islam est parmi les derniers grands systèmes de pensée à défendre une certaine idée de l’homme, on comprend mieux le rôle de l’islam dans le monde moderne.
Jacques Berque a bien mis en exergue la dynamique qui fut celle de l’islam : « L’islam m’apparaît, comme un système qui, à une époque de lassitude du monde, voulut lui rendre sa jeunesse ». Or voici que le monde connaît encore une grande lassitude morale et spirituelle. L’islam conserve « la même et invariable aptitude à se développer, engendrer et innover1 », y compris dans le domaine juridique en faisant l’effort de compréhension de la Chari’a et d’adaptation afin de revivifier le fiqh
Aflak Michel, « Commémoration du Prophète arabe », discours de 1943 à Damas.
Si l’Occident doit comprendre l’islam, ce n’est pas parce qu’il constituerait la prochaine « grande menace », comme le prétendent les néoconservateurs d’Outre-Atlantique, mais parce qu’il « contient beaucoup de valeurs morales que l’Occident a perdues de vue3 ». La frénésie de la modernité – qui signifie tout simplement la mode, l’instantané, l’éphémère – a conduit beaucoup d’occidentaux à se vanter d’être des hommes de l’avenir au seul motif qu’ils ont renié leur passé. À force de proclamer que Dieu est mort, l’homme moderne s’est convaincu qu’il est le seul dieu. Malgré cet orgueil incommensurable, ce dieu est pâle et terne puisqu’il est tout entier tourné vers une activité sans fin, absorbé par les seuls appétits matériels, engagé dans une course effrénée vers le néant, aveuglé par de vains divertissements qui le font arriver insensiblement à la mort.
C’est pourquoi, L’islam est « un message dont nous avons besoin, nous Occidentaux, qui avons tant perdu le sens de Dieu1 ». Ce lucide constat d’un prêtre catholique, Michel Lelong, permet d’affirmer que, en ayant su préserver la position centrale des valeurs morales comme caractère essentiel de la société humaine, l’islam peut contribuer à la renaissance de ces valeurs dans un monde menacé par la globalisation matérialiste.
Charles Saint Pros
http://www.cmiesi.ma/acmiesi/file/notes ... prot_1.pdf