Le Canada ouvre les portes des orphelinats de la honte
De 1870 à 1996, le gouvernement canadien a arraché des milliers d'enfants amérindiens àleurs familles pour en faire de «
bons petits Blancs
». Les survivants témoignent. Les fosses communescontenant les milliers de victimes amérindiennes sont découvertes un peu partout dans ce grand paysqui croule sous le scandale des révélations mettant en cause les gouvernements et l’Eglise catholiquedu Canada. Le scandale a débuté il y a 30 ans au Québec avec le cas emblématique des orphelins deDuplessis.
Orphelins de Duplessis
Les orphelins de Duplessis est le nom donné à des milliers d'enfants orphelins qui ontfaussement été déclarés malades mentaux par le gouvernement du Québec et confinés dans desinstitutions psychiatriques entre les années 1940 et 1960. On considère que c'est le cas le plusimportant de maltraitance d’enfants dans l’histoire du Canada, mise à part les écoles résidentiellesautochtones. Tous ces orphelins seront baptisés
orphelins de Duplessis
car cela coïncide avecl'époque où Maurice Duplessis était 1
er
ministre du Québec. À plusieurs reprises, des enfants enlevésà leur mère célibataire ont été battus, agressé sexuellement et même tués, à la suite d'un massacre.Ils étaient plus de 3000 enfants illégitimes placés dans des institutions religieuses qui allaientprofiter de leur travail et encaisser les subventions accordées par le gouvernement pour la garded’enfants déclarés « déficients mentaux ». Beaucoup subiront des sévices sexuels et se retrouveront,adultes, sans scolarité, dans une société inhospitalière et insensible. Ils choisiront leur désignation :
« Les orphelins de Duplessis ».
Il y a 20 ans, le gouvernement Landry leur accordait réparation.
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Il y a 30 ans, au printemps 1991, paraissait sous la plume de Pauline Gill
Les enfants deDuplessis
, qui relatait l’histoire d’Alice Quinton. En 1945, à 7 ans, elle quittait un orphelinat de Laval-des-Rapides pour l’hôpital Saint-Julien, à Saint-Ferdinand-d’Halifax, dans les Bois-Francs. Sansproblème lourd de comportement, elle se retrouve dans une salle entourée d’une quinzaine d’enfantsatteints de déficience intellectuelle. Comme d’autres fillettes de son orphelinat, sa vie vient debasculer avec l’ajout de l’étiquette
« non éducable »
à son dossier médical.Pauline Gill se rappelle le contexte de son récit, un quasi-reportage journalistique. Ancienneprofesseure d’histoire au cégep Marie-Victorin, elle se souvient du récit d’une de ses élèves : «
Elleme raconte l’histoire d’une voisine, cela m’a amenée à faire une enquête pour me rendre compte queles femmes qui avaient subi ces sévices étaient beaucoup plus nombreuses que je pensais
», sesouvient M
me
Gill, en entrevue la semaine dernière.
« Les crèches débordaient. Le gouvernementDuplessis avait établi par règlement qu’on les sortait de la crèche à 7 ans. Mais où les mettre,alors ?
» Beaucoup d’enfants ont été placés dans des établissements psychiatriques«
essentiellement pour deux raisons : les communautés recevaient de l’argent par tête pour cesenfants, et ils pourraient être mis au service des personnes malades qui vivaient dans cesinstitutions
», explique l’auteure.Certains ont reçu des traitements très durs allant jusqu’aux électrochocs. Durant leurs annéesde revendications, les survivants des Orphelins ont même manifesté en camisole de force pourévoquer les sévices infligés aux enfants.La jeune Alice Quinton fut attachée à son lit pour s’être moquée d’une religieuse. La semainedernière, elle se rappelait ces jours sombres : «
J’en ai connu qui ont eu une camisole de force, uneautre des électrochocs. Une autre était laissée assise sur une chaise d’aisance à longueur de journée.Et on ne parle pas des claques par la tête…
»Alice Quinton, orpheline de Duplessis poursuit : « Ils nous ont instruits jusqu’en troisièmeannée parce qu’ils voulaient qu’on ne puisse démontrer qu’on était capables d’apprendre. Ils nousfaisaient travailler du matin au soir, beaucoup d’entre nous auraient aimé avoir une meilleurecarrière ».Le livre de Pauline Gill a « remis à jour ce drame qu’on avait tenté d’étouffer depuis 30 ans »,a soutenu à l’époque Bruno Roy, président de l’Union des écrivains, lui-même passé par un systèmequi broyait les personnalités de ces enfants « nés dans le péché ». À 7 ans, en 1950, M. Roy étaitpensionnaire du Mont-Providence, devenu d’un trait de plume l’hôpital Rivière-des-Prairies. Ses370 jeunes résidants étaient subitement considérés comme atteints de déficience intellectuelle,affectés à des tâches pénibles.Au Québec, des garçonnets seront cédés à des agriculteurs et auront un traitement proche del’esclavage dans des conditions pitoyables. Des fillettes, notamment à Saint-Ferdinand-d’Halifax,seront affectées à la confection de gants, de bérets ou de chapelets, sans aucune rémunération, a
https://www.academia.edu/50723590/Orphe ... gues_HENRI