«Nulle contrainte en religion» dans l'islam? Vérifions…
Les imams et porte-paroles musulmans adorent vous citer la première phrase d'un verset célèbre, «Nulle contrainte en religion». L'exercice a pour but de prouver le caractère tolérant de l’islam. Sami Aldeeb a examiné la question… et ses réponses.
Ce spécialiste du droit islamique nous propose une analyse de texte par le biais de dizaines d'exégètes dans un livre: «Nulle contrainte dans la religion: interprétation du verset coranique 2:256 à travers les siècles».
Voici d’abord ce verset dans son intégralité, traduit par l’auteur: « Nulle contrainte dans la religion! La bonne direction s’est distinguée du fourvoiement. Quiconque mécroit aux idoles et croit en Dieu tient à l’attache la plus sûre et imbrisable. Dieu est écouteur, connaisseur. »
Oui, d’accord, ce n’est pas un parler de cour de récré. Mais notre savant, qui se meut aisément dans les brumes coraniques, est là pour nous guider.
Ce texte, nous apprend Aldeeb, est l’un des innombrables exemples de versets incompréhensibles et controversés. Il entre par ailleurs en contradiction avec ce Hadith (actes et paroles de Mahomet): «Celui qui change de religion, tuez-le!» Une prescription inscrite dans la charia et confirmée en 1996 encore dans un code pénal arabe unifié, adopté à l’unanimité par le Conseil des ministres arabes de la justice, publié sur le site de la Ligue arabe.
Pour en revenir à notre verset, de nombreux exégètes ont fait chauffer leurs neurones afin que jaillisse la lumière. Sami Aldeeb en cite quelque 80, en arabe avec résumé et commentaire en français.
Les spécialistes se plongent dans les Hadiths afin de détecter ce qu’on appelle les causes de la révélation. Il s’agit d’examiner dans quelles circonstances le verset de tolérance a été révélé (par une longue chaîne de transmission), puis d’en tirer les conclusions. Six Hadiths sont pris en compte. Je vous en fais grâce. Dans l’un figurent des enfants allaités par des femmes juives, dans un autre deux fils convertis au christianisme par deux marchand syriens, dans un troisième l’esclave d’Omar Wassak, etc. Tous illustrent un exemple de contrainte - ou non - à la conversion.
Les principales conclusions des jurisconsultes peuvent se résumer ainsi :
- «Nulle contrainte en religion» ne signifie pour aucun exégète le droit de quitter l’islam ou de ne pas pratiquer ses obligations (jeune, prière, aumône, etc.) Les personnes nées musulmanes ont l’interdiction de quitter cette religion. L’apostasie est interdite.
- L'écrasante majorité des exégètes estiment que le sens général du verset (c'est-à-dire: liberté absolue) a été abrogé par les versets qui prescrivent le combat contre les autres religions. Rappelons que la règle de l’abrogation a été imaginée pour éliminer les contradictions du Coran.
- Le 2:256 ne reste valable que dans le sens de non-imposition de la conversion aux «gens du livre» (chrétiens et juifs principalement). Ils doivent choisir entre se convertir à l’islam ou conserver leur religion en payant l’impôt spécial -ce qui est aussi une contrainte. S'ils refusent ces deux options, ils sont mis à mort.
- Les polythéistes n’ont le choix qu’entre la conversion ou la mort. Ils «doivent être éliminés de la surface de la terre, comme l’écrit un des exégètes modernes, commente Aldeeb. Cela explique pourquoi les musulmans ne semblent pas émus par le massacre de plus de 80 millions d’hindouistes, - ceux-ci sont considérés comme des polythéistes. »
Les grands juristes de l’islam n’oublient rien dans leurs recherches de la Vérité du VIIe siècle. Ils stipulent par exemple qu’un polythéiste qui se convertit à une religion du livre (le judaïsme ou le christianisme) sera tout de même traité comme un polythéiste. Ce qui signifie qu'il doit soit se convertir à l'islam, soit se faire occire. Quant aux enfants des prisonniers juifs et chrétiens, ils seront convertis de force à l'islam.
L’apprentissage des exégèses fait partie de la formation standard des imams et «les exégèses les plus fameuses sont traduites en de nombreuses langues, notamment en français, et se vendent bien », note l'auteur.
Selon Aldeeb, le principe de non-contrainte représente un progrès par rapport au christianisme du VIIe siècle, mais une régression si l’on considère la société arabe polythéiste qui acceptait toutes les religions.
Les interprétations mentionnées n’empêchent nullement les exégètes modernes d’assimiler le principe «pas
de contrainte en religion » à celui de la liberté religieuse garantie par les droits de l’homme. Or, on le constate, il lui est totalement contraire. La constitution suisse, comme les conventions internationales, ne font pas de distinction entre « gens du livres » et adeptes d’autres croyances. Aucune contrainte, ni aucune discrimination basées sur la religion ne sont admises, y compris en matière matrimoniale ou successorale. Chacun peut choisir sa religion à partir de l’âge de raison. La liberté d’y adhérer ou de la quitter est complète.
Nous rappellerons que pas un seul pays musulman ne dispense de contraintes les adeptes d’autre religions ou les athées, soit sur le plan civil, soit sur le plan pénal. Aucun de ces pays n'admet le principe de la liberté religieuse telle que formulée par exemple par l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Aucun de ces pays n'admet qu'un musulman puisse quitter sa religion en toute liberté. Celui qui le ferait est interdit de mariage, séparé de sa femme et de ses enfants, privé d'héritage, et peut se faire tuer impunément par un membre de sa famille au cas où l'État ne le punit pas de mort.
Au final, l’utilisation de ce verset par les imams et autres dévots musulmans n’est qu’un des multiples attrape-nigauds destinés à nous faire ingurgiter la sainte tolérance coranique… Sachant que personne n'ira vérifier.
Le livre est Disponible en français et en anglais sur Amazon
P.S. qui n’a presque rien à voir: un féroce contempteur des religions en général et de l’islam en particulier est entré dans la danse des blogueurs de la TdG. Il se nomme André Thomann et je vous invite à lui rendre une petite visite.