a écrit :15 ans après être sorti de prison, il galère dans sa vie et il demande : jusqu'à quand devrais je encore souffrir comme je l'ai fait ces 70 années.
Vous déformez la structure et le sens du texte, d'une manière grossière et grotesque, en introduisant un "comme" qui renverrait à une action passé, qui n'est pas présent chez Zacharie. Dans votre exemple, le personnage se parle à lui-même, dans Zacharie, c'est un ange qui interpelle Dieu.
"
Le messager du Seigneur reprit : Seigneur (YHWH) des Armées, jusqu'à quand seras-tu sans compassion pour Jérusalem et pour les villes de Juda, contre lesquelles tu es en fureur depuis soixante-dix ans ?" (Za 1,12).
Dans le texte, il y a une continuité de la pensée qui y est développée qui exprime une situation PRESENTE. L'ange en s'adressant à Dieu, lui demande, "
jusqu'à quand seras-tu sans compassion pour Jérusalem et pour les villes de Juda, contre lesquelles tu es en fureur", cette question n'aurait aucun sens, si cette colère était déjà passée. L'ange précise que cette colère durent depuis 70 ans, ce qui implique que pour l'auteur du livre de Zacharie, cette période de 70 ans a commencé à partir de la destruction du temple, non des premiers exils comme en Jérémie 27.
Le contexte immédiat conforte cette analyse (qui est très explicite dans le texte, en réalité, sauf pour les défenseurs d'une chronologie loufoque), en effet, outre que la colère de Yahvé, elle, ne semble pas terminée -- d'où "
jusqu'à quand ?", nous constatons que que cette irritation est en lien avec la reconstruction de Jérusalem et de son TEMPLE (surtout) :
"
A cause de cela, ainsi parle le Seigneur : Je reviens à Jérusalem avec compassion ; ma maison y sera rebâtie – déclaration du Seigneur (YHWH) des Armées – et le cordeau sera tendu sur Jérusalem. Proclame encore ceci : Ainsi parle le Seigneur (YHWH) des Armées : Mes villes déborderont encore de biens ; le Seigneur consolera encore Sion ; il portera encore son choix sur Jérusalem" (Za 1,16-17).
La cessation de la colère de Yahvé, donc son retour à Jérusalem avec COMPASSION correspond à la reconstruction du TEMPLE ("
ma maison y sera rebâtie") et de Jérusalem ("
le cordeau sera tendu sur Jérusalem"), évènements futurs, selon l'auteur, donc tous ces indices indiquent clairement que la colère de Yahvé était toujours en cours.
La reconstruction du temple et de la ville de Jérusalem sont compris comme le résultat d’une fin de la colère divine.
Pour balayer tout doute concernant le fait que ces 70 ans ne sont absolument pas terminés pour Zacharie, au moment où il écrit, nous pouvons nous reporter au chapitre 7 du livre ; il ne sera même plus nécessaire de consulter d’autres traductions, tant le contexte est explicite.
Nous lisons en
Zacharie 7:1-5 (TMN) :
1
D’autre part, il arriva, dans la quatrième année de Darius le roi, que la parole de Jéhovah vint à Zekaria, le quatrième [jour] du neuvième mois, [c’est-à-dire] en Kislev. 2 Alors Béthel envoya Sharétser et Réguem-Mélek et ses hommes pour adoucir la face de Jéhovah, 3 en disant aux prêtres qui appartenaient à la maison de Jéhovah des armées, ainsi qu’aux prophètes, oui en disant : “ Dois-je pleurer au cinquième mois, en pratiquant l’abstinence, comme je l’ai fait depuis tant d’années ? 4 Et la parole de Jéhovah des armées vint encore à moi, disant : 5 “ Dis à tout le peuple du pays et aux prêtres : ‘ Quand vous avez jeûné et qu’il y a eu une lamentation au cinquième [mois] et au septième [mois], et cela pendant soixante-dix ans, est-ce vraiment pour moi, oui pour moi que vous avez jeûné ? ”
("
Dois-je pleurer au cinquième mois, en pratiquant l’abstinence, comme je l’ai fait depuis tant d’années ?" : Est-ce un évènement passé
).
Récapitulons : à la fin de l’année -518, des juifs viennent interroger les prêtres pour savoir s’ils doivent
continuer à jeûner au cinquième mois (en mémoire du jour où Nébuzaradan, chef de la garde du corps de Nébucadnezzar brûla la ville et son temple - Jér. 52:12,13 ; II Rois 25:8, 9) et au septième mois (en mémoire du meurtre du gouverneur Guedalia que Nébucadnezzar avait établi pour gouverner les Juifs - Jér. 40:13 - 41:10 ; II Rois 25:22-25), comme ils le font depuis soixante-dix ans. Dieu leur répond que, de toutes façons, il ne leur a jamais demandé de jeûner…
Sur la base de ce récit, faisons un calcul très simple : quand ces juifs ont-ils commencé à jeûner ?
En -518, Dieu lui-même déclare que cela fait soixante-dix ans. Ce qui nous amène , pour le début du jeûne, vers -588.
Ou encore, si l’on veut à tout prix que les 70 ans soient un chiffre absolument juste et pas seulement un ordre de grandeur (ce qui n’est pas exclu...), on peut comprendre qu’ils sont dans leur soixante-dixième année de jeûne, et cela signifierait qu’ils ont commencé en -587 !