La ceinture de feu bordant l’océan Pacifique
Nous allons confirmer encore que le manteau est de faible épaisseur, et que sa consistance est comme celle d’une coquille qui limite sa pression sur le magma. Si donc un choc brise cette coquille en deux parties, le poids de ces deux calottes se fera sentir d’un coup sur le magma, et engendrera un formidable volcanisme le long de cette cassure. C’est ce qui s’est produit avec l’arrivée de la Lune, car le choc brisa la coquille terrestre en deux parties presque égales, comme voici :
La ligne de fracture formant la ceinture de feu
En nous munissant d’un globe terrestre et d’un atlas sur lequel figurent les volcans qui furent actifs dans les temps historiques, nous constatons que l’océan Pacifique recouvre quasiment la moitié du globe, et qu’il est entouré d’une ceinture de volcans anciens parmi lesquels beaucoup sont toujours actifs. Pourquoi cet alignement de volcans fait-il le tour du globe, si ce n’est parce que ceux-ci apparurent sur une ligne de fracture qui découpa la coquille terrestre en deux parties ? La figure montre ce qui s’est produit avec la Lune qui heurta la Terre fer contre fer. On note que le choc fit faire un bond en avant à la Terre. Ce qui a suffi à fracturer le manteau ; car la partie avant de celui-ci fut poussée par le noyau, tandis qu’en raison de l’inertie, la partie arrière eut tendance à rester sur place. Il y eut donc une tension extrême qui fit céder la croûte comme la figure le montre.
Cette faille, immense et continue, qui s’est probablement ouverte jusqu’au noyau, n’est pas à confondre avec les failles moins profondes dues aux rétractions. Car ici, dès après le choc, c’est quasiment tous les gaz et tout le magma de la Terre qui se sont engouffrés dans cette fracture, en formant ainsi une ceinture de feu autour du bassin Pacifique. Mais ce choc, qui s’est produit en fin du secondaire, nous montre également que les immenses chaînes volcaniques qui en résultèrent furent fortement refroidies et saisies par la dernière époque glaciaire. Ce qui engendra les magnifiques montagnes que l’on observe le long de la ligne de fracture, ainsi que les alignements de petites ou de longues îles que l’on observe du côté occidental du bassin.
Soyez attentifs, car si le manteau n’avait point la petite épaisseur que nous avons évoquée, mais trois mille kilomètres comme l’apprennent les enfants, les gaz qui remontent du magma ne feraient aucune différence entre les failles (comparables à des crevasses) et le reste du manteau. Ils sortiraient n’importe où, et ne pourraient constituer aucun alignement de volcans, et encore moins celui qui fait le tour du globe ! Car en posant le doigt sur cette ligne volcanique qui borde le bassin Pacifique, on fait le tour de la Terre sans lever le doigt. En effet, en partant des îles Aléoutiennes par exemple, on voit que cette ligne se poursuit le long des montagnes Rocheuses, passe par l’Amérique centrale, puis le long de la cordillère des Andes jusqu’en Terre de Feu, rejoint la péninsule Antarctique, continue jusqu’au mont Érébus, puis remonte tout au long du côté occidental du bassin (qui s’est davantage fragmenté) et rejoint les îles Aléoutiennes. C’est pourquoi, je vous le dis, tous ces volcans qui forment une ceinture aussi évidente autour du bassin ne se sont pas mis là pour se rafraîchir les pieds, mais parce qu’ils apparurent ensemble le long de cette gigantesque faille ne pouvant s’être produite que par un formidable choc avec un autre astre. Soyez-en convaincus.
Si le jour du choc avec la Lune nous avions été, depuis l’espace, les témoins oculaires de ce qui s’est produit, alors nous aurions vu apparaître une véritable ligne de feu autour du globe, et des milliers de petits points lumineux sur les lieux mêmes de l’impact, au milieu de l’océan. Ces points lumineux étaient, eux aussi, dus à des remontées rapides de lave. Sans alignement cette fois, ils devinrent autant de volcans d’abord et de petites îles ensuite qui peuplent aujourd’hui l’océan Pacifique. Un continent fut donc englouti à la fois par l’écrasement, le labour, l’effet de meule et les ondes de choc que le contact de la Lune provoqua. Cela est certain, car il est impossible que les rétractions du sol n’aient pu donner naissance à un continent sur la moitié du globe. Jusqu’à la fin du secondaire, il y avait donc un continent à cet endroit. Les petites îles parsemées çà et là, sans ordre, sont les résurgences de ce continent et le témoignage de son existence antérieure.
Aujourd’hui montrée par les chaînes montagneuses, ainsi que par les chapelets d’îles et la ceinture de feu qui borde le bassin Pacifique, cette immense ligne de fracture est la preuve évidente que la Lune fut bien interceptée par la Terre et que les épaisseurs du manteau terrestre et de la Lune sont bien celles que j’ai expliquées, sinon cette ligne de fracture ne pourrait exister.
Sur Mars, cela est identique. Car en raison du choc avec la planète inconnue, la croûte de Mars se fractura. Et la faille atteint probablement en profondeur le noyau de cet astre. Pour les mêmes raisons, on doit aussi trouver de petites failles sur la Lune, et des plissements faits par compression. Ces failles et plissements doivent traverser les cirques, et même fracturer des chaînes montagneuses. Cependant, sur la Lune, les choses furent un peu différentes, d’une part parce que l’épaisseur de son manteau (devenu entièrement croûte) est nettement inférieure à celle du manteau terrestre ; et d’autre part, parce qu’en raison de son refroidissement, ce manteau était déjà entièrement rigide et solidement collé au noyau lorsque le choc eut lieu.
Par ailleurs, et en raison du travail de la planète, on comprend que cette faille produite par la Lune présente une activité sismique continuelle. Car, lorsque les volcans qui la parsèment sont momentanément interrompus, la pression des gaz qui s’accumulent à nouveau engendre des chambres (des cavités) qui finissent par faire céder les couches des alentours. Et la Terre tremble. Si l’on ajoute à cela la continuelle ouverture des fosses marines qui bordent ce bassin, nul ne peut être étonné de la fréquente séismicité de ces régions du globe. Mais, en vérité, ce ne sont que de minuscules phénomènes à l’échelle de la Terre.