a écrit :Tiennent-ils compte de toutes les découvertes à ce sujet ? Non ! Alors ça ne sera pas la première fois que la plupart des exégètes se trompent. Et s'ils sont si lents à reconnaître que les évangiles ont d'abord été écrits en hébreu, c'est pour une question d'égo. C'est au point que certains ne le reconnaîtront même jamais.
Jean Moulin,
Vous ne manquez pas de toupet ... accuser les spécialistes d'avoir un égo démesuré, alors que vous prétendez mieux connaitre la Bible et ses origines que ces dits spécialistes !!!
Matthieu a écrit principalement pour convaincre les Juifs ainsi son Évangile est saturé avec les Écritures hébraïques. Pourtant, quand Jésus cite l'ancien testament dans Matthieu, il utilise le texte hébreu seulement 10% du temps, mais la traduction
grecque LXX-90% du temps !
Voici quelques endroits où Jésus et les disciples sont considérés comme citant la traduction
grecque de l'AT:
•Matt. 1:23/Isaïe 7:14 – Voici, une «vierge» doit concevoir. Hébreux – Voici, une «jeune femme» doit concevoir.
•Matt. 3:3; Marc 1:3; Jean 1:23/Isaïe 40:3-faire "ses chemins droit." Hébreu-faire "niveau dans le désert d'une autoroute."
•Matt. 12:21/Isaïe 42:4-en son nom sera l'espoir des païens (ou la confiance). Hébreux – les îles devront attendre sa loi.
Pourquoi Jésus a-t-il privilégié la version grecque de l'AT ?
A lire, pour ceux qui veulent s'instruire et ne pas rester enfermés dans leur doctrine :
Cette utilisation exclusive des versions grecques se retrouve chez d’autres contemporains juifs de Paul, comme le montre une comparaison avec les écrits de Josèphe et de Philon. L’Ancien Testament dans sa version grecque joue un rôle essentiel dans le passage du judaïsme biblique au christianisme. « La théologie et la foi de ce judaïsme à la fois
hellénisé et authentiquement juif, aurait été une préparation à l’Évangile. La Septante aurait été l’étape déterminante qui aurait rendu possible ou, tout au moins, facilité l’expression et la diffusion du christianisme ». La Septante révèle déjà des
influences de la pensée grecque dans la traduction des termes hébraïques.
Une langue est en effet inséparable d’une pensée : le judaïsme exprimé en langue grecque témoigne d’une pensée déjà hellénisée.
En bref, Paul est le représentant d’un monde où le judaïsme est totalement imprégné par l’hellénisme. Ses contemporains sont Josèphe et Philon, et non les rabbins, qui ont vécu bien après et ont rejeté la culture grecque. En sa personne, le
christianisme se montre l’héritier d’un monde judéo-hellénistique, avec sa Bible, la
Septante, avec sa langue, le
grec, et avec son souci pour la diffusion
universelle du message divin. À cet égard, l’élan de Paul vers les Nations, dont il sera l’apôtre, confirme largement ces données.
https://www.cairn.info/revue-recherches ... ge-353.htm
a écrit :Pourquoi faudrait-il absolument imaginer un complot ? Il n'y a pas eu plus de complot que pour le faire disparaître de la Septante, et pourtant il en a bel et bien disparu.
Jean Moulin/Gnosis,
Au début du premier siècle, les versions alexandrines de la LXX contenaient Kurios, et pas יהוה , Philon, un Juif d’Alexandrie, par exemple, au début du 1er siècle (avant la rédaction du NT, donc) lisait bel et bien Kurios, et certainement pas יהוה dans sa LXX.
Voici par exemple ce qu’il peut dire, précisément à l’époque supposée du Christ :
« Il était, dès lors, entièrement conforme à la raison qu’aucun nom propre ne pût être convenablement attribué à celui qui est en vérité le Dieu vivant. Ne vois-tu pas qu’au prophète désirant sincèrement s’enquérir de la vérité, et qui demande ce qu’il doit répondre à ceux qui l’interrogeront quant au nom de celui qui l’a envoyé, il dit : « Je suis que je suis », ce qui revient à dire : « Il est de ma nature d’être,
non pas d’être décrit par un nom » ? Mais pour que la race humaine ne soit pas tout à fait privée de toute appellation à donner au plus excellent des êtres, je t’autorise à utiliser
le mot Seigneur comme un nom ; le Seigneur Dieu en trois natures — instruction, sainteté, et pratique de la vertu dont Abraham, Isaac et Jacob sont consignés comme symboles. Car cela, dit-il, est le nom éternel, pour autant qu’on s’en enquiert et qu’on le discerne dans le temps, tel qu’il existe en rapport avec nous, et non dans ce-temps-là qui était avant tout temps ; et c’est aussi un souvenir qui n’est pas placé au-delà de la mémoire ni de l’intelligence, et une fois encore il s’adresse à ceux qui sont nés, non pas aux natures incréées. Car ce sont des hommes qui viennent en une génération créée et mortelle qui ont l’usage nécessaire du nom divin, de sorte que, s’ils ne peuvent parvenir au meilleur, ils parviennent au moins au meilleur nom possible, et qu’ils s’accordent avec lui. Mais l’oracle sacré proféré comme de la bouche du Souverain de l’univers dit que le nom propre de Dieu n’a jamais été révélé à quiconque, lorsque Dieu apparaît disant : « Je ne leur ai pas montré mon nom. » En effet, par un subtil changement dans la figure de langage qui apparaît ici, le sens de la parole est en quelque sorte : « Mon nom propre je ne le leur ai pas révélé », mais seulement celui qu’on emploie d’ordinaire, quoique non sans méprise, pour les raisons évoquées ci-dessus. Et, de fait, le Dieu vivant est si indescriptible que même les puissances qui le servent ne nous annoncent pas son nom propre. Du reste, après que le pratiquant de la vertu eut lutté pour obtenir celle-ci, il demanda au Maître invisible : « Dis-moi ton Nom », mais celui-ci répondit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? » Et il ne lui dit aucun nom particulier et propre, car, dit-il, il te suffit d’apprendre mon exposition ordinaire. Mais quant aux noms qui représentent les choses créées, ne cherche pas à les trouver chez les natures immortelles. »
Source : De mutatione nominum (Du changement des noms), § 11ss
Il n’est bien sûr pas question de débattre ici sur la pertinence de l’analyse de Philon. Ce qu’il écrit ici n’est pas (ne refaisons pas l’erreur de la Watchtower…) “le point de vue du judaïsme” du 1er siècle de notre ère. Ce n’est représentatif que de Philon et du courant auquel il est lié.
Mais ce dont on peut être par contre certain, en le lisant, c’est que la LXX qu’il lit et qu’il cite à son époque ne contient que “Kurios” comme nom pour désigner Dieu (précisément, si l’on suit son idée, parce que ce n’est pas à proprement parler un nom propre).
L’idée que les éditions de la LXX du 1er siècle contenaient le Tétragramme, et que ce sera seulement “dans les siècles suivants” que “Kurios” le remplacera (par superstition, aime-t-on dire) est donc une parfaite ineptie. On a bien chez Philon la preuve que “Kurios” est déjà bien là, en lieu et place du Nom divin, dès la première partie du 1er siècle, et sans aucun doute bien avant.
Peut-on parler de totale "disparition" du tétragramme dans la LXX alors qu'il apparait dans les Hexaples d'Origène datent du milieu du 3è siècle de notre ère et au IVe siècle, Jérôme, traducteur de la Bible, faisait cette observation: “À ce jour, on rencontre toujours le nom quadrilitère de Dieu (יהוה) en caractères archaïques dans certains rouleaux grecs.”
https://wol.jw.org/fr/wol/pc/r30/lp-f/1200275754/32/4