Posté : 01 avr.09, 10:37
Je ne crois vraiment pas que ce soit là l'enseignement de la Watch Tower ; pour elle, l'EFA ne peut en aucun cas désigner un individu isolé. Tout bonnement parce que si elle admettait cela, elle ne pourrait plus expliquer pourquoi Russell n'était pas "l'esclave fidèle et avisé" comme le croyaient ses compagnons.Phenix a écrit : C'est vous dites que c'est une classe.
Selon la Watch Tower, il s'agit d'une classe au Ier siècle et aux temps modernes. Entre ces deux périodes, l'ère des ténèbres, il s'agit de chrétiens oints pris individuellement. Ce n'est pas faute de l'avoir dit à au moins deux reprises...
Parce que ce que vous ne réalisez pas, Phenix, c'est que cette fiction de "classe nourricière" existant de génération en génération des apôtres à l'époque contemporaine, a été forgée pour déboulonner la statue du Commandeur (Russell).
Charles Taze Russell avait fondé un nouveau mouvement, les "Etudiants de la Bible", qu'il avait financé de ses deniers et nourri de ses oeuvres ; pour ces fidèles, il était devenu l'incarnation de ce personnage mentionné dans la parabole du Christ en Matthieu 24:45-50. Mais Russell est mort, et son successeur, Rutherford, pouvait difficilement passer pour le fils de "l'esclave fidèle et avisé" (cela aurait constitué une lecture pour le moins extrême du texte biblique qui ne mentionne nullement de postérité à "l'esclave") ; pouvait-il au moins en être considéré comme le nouvel avatar ? Rien n'est moins sûr, au vu de la scission qui a suivi la mort de Russell.
La solution adoptée a été, comme souvent, de changer d'interprétation : "l'esclave fidèle et avisé" désignait désormais une classe établie par le Christ en 33 et dont chaque génération nourrissait la suivante. Ainsi la preuve était-elle faite que Russell ne pouvait à lui seul incarner cet esclave, que ses successeurs pouvaient se considérer, au même titre que lui, comme membres de cet esclave collectif, et que tous ceux qui continueraient à soutenir fidèlement la mémoire et l'héritage du seul Russell seraient en réalité infidèles au Christ et à son véritable "esclave fidèle et avisé". Bye bye Russell, bonjour Rutherford. Voilà comment une organisation réussit à supplanter son fondateur pour pouvoir lui survivre.
En supposant que "l'esclave fidèle et avisé" de Matthieu 24 serait des "chrétiens oints pris individuellement" (sans qu'il y ait, en outre, nécessairement entre eux passage de témoin), vous sapez un peu plus la base branlante sur laquelle repose aujourd'hui l'autorité de la Watchtower.
Parce que si telle était bien l'interprétation à donner à la parole du Christ, alors rien n'empêcherait de penser que Russell ait pu être le représentant de "l'esclave fidèle et avisé" pour les années 1870. En effet, qu'est-ce qui vous permet de fixer les bornes de ce que vous appelez "ère des ténèbres" ? Comment savez-vous que vous n'êtes pas, encore aujourd'hui, dans cette ère où ce que désigne "l'esclave fidèle et avisé", ce sont des "chrétiens oints pris individuellement" ? Comment pouvez-vous être sûr de l'identité historique actuelle de cet "esclave fidèle et avisé" alors que vous n'en avez qu'une très vague idée pour tous les siècles qui précédent ?
Ce que vous oubliez, Phenix, c'est que donner une interprétation historisante de la parabole de Jésus vous contraint à afficher des preuves historiques concrètes, pas de simples concordances fluctuantes au gré du temps. Si vous voulez interpréter Matthieu 24:45-47 dans le temps, vous devez pouvoir donner l'identité précise de la maisonnée, des domestiques et de l'esclave (et même des deux que vous croyez lire dans le texte) tout au long de l'Histoire. Vous devez pouvoir dire : en 843, "l'esclave fidèle et avisé" était... ; en 1512, c'était... ; en 1870, Russell ou pas Russell ? En tout cas, "l'esclave fidèle et avisé", s'il s'agissait vraiment d'une figure historique, serait capable, lui, de décliner son identité réelle au fil du temps.
Personnellement, j'ai été inscrite sur ce site ; la discussion concernant l'EFA y a bien eu lieu, les questions que jonsson vous pose ont été déjà posées aux Témoins de Jéhovah et les enseignants n'ont pas réussi à faire mieux que leur étudiant. La seule différence entre vous et eux, c'est que vous essayez d'évacuer le problème en renvoyant à de plus "hautes autorités" en jéhovisme que vous ; alors que les administrateurs de ce forum ont éludé les questions gênantes (celle-ci et d'autres) en virant finalement les questionneurs.Phenix a écrit : Ecoute jonsson: je ne suis pas Témoin de Jéhovah. Si tu veux vraiment obtenir la réponse à ta question, consulte plutôt directement les Témoins de Jéhovah, au lieu de t'adresser à l'un de leurs étudiants.
Par exemple, en allant sur ce site: http://www.jehovah.forum-religion.org/cat6.html
Si tu es sincère dans ta question en faisant preuve de bonne volonté, je suis persuédé qu'ils vont te répondre.
Visiblement, ce ne sont pas la sincérité et la bonne volonté que cherchent les Témoins de Jéhovah chez leurs questionneurs, c'est uniquement leur crédulité ou capacité à gober toutes crues les "vérités" qu'ils vont leur servir. Et à la moindre grimace, c'est la porte.
"Et, voyez, je suis avec vous tous les jours jusqu’à l’achèvement du système de choses." (Matthieu 28:20)Phenix a écrit :Sinon, j'ai une petite réflexion à faire partager sur ta question. J'aimerai bien votre avis: Jésus a bien dit qu'il serait avec les oints jusqu'à la fin depuis le ciel en gros. Bon. Etant donné qu'il n'y a pas eu d'EFA entre le Ier siècle de notre ère et les temps modernes, il y avait personne. Mais Jésus est toujours présent au ciel et rien ne l'empêche d'être avec ceux qui ont le cœur pur. Mais si pendant quelques temps il n'y a personne (bien que Jésus soit présent au ciel et prêt à soutenir des personnes sincère de coeur), ben Jésus est avec personne en attendant que quelqu'un se manifeste. Et dès que quelqu'un se manifeste, il est avec lui. Autrement dit, Jésus est prêt à être avec quelqu'un, mais s'il y a personne, Jésus est tout, si il y a quelqu'un, il est avec lui.
Qu'en dites-vous?
Petite réflexion personnelle du jour.
Visiblement, Jésus s'attendait à avoir tous les jours des disciples avec lui.
En outre, je trouve ironique que vous supposiez : "si pendant quelques temps il n'y a personne", alors que vous avez précédemment défini l'ampleur de ce "quelques temps" : "Etant donné qu'il n'y a pas eu d'EFA entre le Ier siècle de notre ère et les temps modernes". Vous ne trouvez pas que, même pour Jésus, près de 18 siècles tout seul ça fait un peu long les "quelques temps" ? Et surtout, où lisez-vous, dans le texte de Matthieu 24, que "l'esclave fidèle et avisé" passerait le plus clair de son temps à dormir ? Les domestiques étaient-ils censés hiberner, d'après vous ?
Vous trouvez ? En 1870, les Etudiants de la Bible ne voyaient nullement dans le texte de Matthieu 24:45-50 l'annonce prophétique de l'établissement d'un "esclave" collectif ; en revanche, ce texte leur servait de référence pour qualifier leur fondateur non d'un titre historique mais d'une comparaison positive (en clair, pour eux, Russell n'était pas "l'Esclave Fidèle et Avisé" mais semblable par ses qualités au protagoniste de la parabole biblique).Phenix a écrit : Et même si c'était vrai, je m'en fiche car c'est de l'enseignement du passé. Depuis, la Watch Tower a beaucoup progressé dans sa compréhension biblique.
En 2009, les Témoins de Jéhovah ne comprennent plus rien à la parabole de Jésus et seraient bien en peine de pouvoir identifier dans le cours de l'Histoire cet "esclave fidèle et avisé" dont ils sont pourtant sûrs de la réalité historique.
Autrement dit, pour les TJ actuels, il y a bien eu, de 33 à nos jours, une classe gardant haut le flambeau de la "vérité" biblique et le transmettant au fil des générations jusqu'à présent, mais ni l'Histoire n'a gardé la moindre trace de cet "esclave fidèle et avisé" (pas un seul groupe sur 19e siècles qui se soit désigné ainsi), ni l'esclave n'a gardé la moindre trace de son histoire pourtant multiséculaire.
A croire que tout cela n'a jamais existé !
Cela me fait penser à ces histoires de marathoniens qui se placent sur la ligne de départ, courent sur quelques mètres... jusqu'à la station de métro la plus proche, montent dans une rame, descendent à l'arrêt situé près de la ligne d'arrivée, font une petite sieste sur un banc et cinq minutes avant l'arrivée probable du premier vrai candidat, se pointent en petites foulées pour passer triomphalement la ligne d'arrivée, même pas essouflés. Trop forts, ces athlètes... jusqu'à ce qu'ils soient démasqués.