J'm'interroge a écrit :Dans cette analogie, la lumière est produite par le filament de la lampe traversée par un courant électrique. Elle suppose que la conscience est un produit d'une activité cérébrale.
Pour ne rien supposer de tel a priori, il faut trouver une autre analogie.
BenFis a écrit :On pourrait dire que le passage du courant permet au filament de s’exprimer différemment en émettant la lumière. Mais ça reste néanmoins une production qui est une forme d'apparition, non pas à partir du néant, mais de quelque chose d'existant.
Il n'y a pas de raison de penser que la conscience ne peut pas être produite. Mais il est vrai que ta définition ne permet pas de le dire.
Une lumière émise reste effectivement une production, c'est un bon point de le reconnaître.
Mais je n'ai jamais dit que la conscience ou l'âme serait une production à partir de rien, ni d'ailleurs qu'elle serait produite. Je suis par contre tout-à-fait certain qu'elle est liée à quelque chose qui n'apparaît pas directement, quelque chose de plus fondamental, puisqu'elle-même y trouve sont fondement, sa structure.
Ce que je disais, c'est que comme je la définis, rien ne prouve elle serait une production et à plus forte raison une production du cerveau, ni qu'elle ne s'expliquerait que par le cerveau ou son fonctionnement.
Autre chose qui ne va pas avec cette analogie : le filament apparaît, la lumière apparaît, mais dans le cas du cerveau et de la conscience, un cerveau observé en labo ou tel qu'il peut être imaginé-représenté quand on en parle, est lui-même un apparaître, autrement dit : un élément de l'apparaître, ou autrement dit encore : un élément de conscience.
- Comment dans ce cas, un apparaître pourrait-il produire un autre apparaître ?
- Et si l'on pose que le cerveau est la réalité fondamentale (en soi) qui "produirait" ces apparaîtres qui définissent selon moi la conscience, dont même possiblement des apparaîtres qui seraient une perception de ce cerveau (on peut en effet regarder son propre cerveau dans un miroir si l'on ouvre son crâne), alors il faudrait conclure que ces apparaîtres ne sont pas en tant que tels : ce qui les conditionnerait ou les produirait fondamentalement (en soi), je veux dire : le cerveau tel qu'il est en soi, fondamentalement, à supposer que ce soit le cerveau ou plutôt ce qui y correspond en soi.
Il faudrait donc imaginer en analogie quelque chose d'apparaissant qui serait produit à partir de quelque chose d'autre, n'apparaissant pas autrement que comme une image dans cette chose apparaissant, autrement dit : comme un apparaître dans un apparaître.
BenFis a écrit :Mais d'autres formes d'apparitions existent, effectivement. On peut dire par ex. que le soleil existe indépendamment de la terre et qu'il apparaît du simple fait de la rotation de la terre sur elle-même. Mais ça n'apporte rien de plus...
Le Soleil en tant apparaître, lui-aussi, n'apparaît que comme un apparaître conscient. S'il existe en soi un Soleil en lien avec ce qui apparaît comme le Soleil, il s'agit dans ce cas de deux choses distinctes (Soleil I et Soleil II), cela n'implique pas qu'il (le Soleil I) apparaisse en soi. Pour qu'il apparaisse, il faut probablement plus qu'une simple existence en soi d'une réalité "Soleil" (Soleil I). Il faut pour cela au moins un observateur (réalité I) et une conscience liée (réalité II), liée à cet observateur.
NB : Cet observateur en soi (réalité en soi structurelle) est une réalité d'ordre I, il ne s'agit pas nécessairement de la structure en soi accessible à nos sens en tant que le cerveau.
BenFis a écrit :A ce niveau, on est sûr de rien, sauf qu’on constate la présence d’une conscience via un support vivant en fonctionnement.
J'm'interroge a écrit :Bien non justement, ce n'est pas du tout constaté. C'est supposé.
Ce que l'on mesure et observe, c'est une activité dans le cerveau, des comportements ou des réponses à des questions posées, qui suggèrent une conscience comme je la définis, sans y avoir le moindre accès direct.
On prend des indices qui suggèrent une conscience, pour cette conscience elle-même. C'est une erreur, un biais qui sème la confusion. Cette conscience supposée d'un individu sujet d'études n'apparaît à aucun moment dans le cadre de telles études. Autrement dit : les apparaîtres liés à ce que l'on observe et mesure, n'apparaissent pas.
BenFis a écrit :C'est une constatation à minima pour ce qui est des humains. Ainsi, je n’ai pas besoin d’appareils de mesure, outre mes propres sens, pour savoir que j’ai une vie consciente qui est localisée et circonscrite par mon être.
Non, ce n'est rien qu'une conjecture. Tu ne constates pas depuis tes apparaîtres liés qu'ils apparaîssent via quelque chose de localisé qui circonscrirait ton être, si par là tu parles bien de la corporéité physique telle qu'elle est en soi.
Par ce que tu affirmes là, tu me fais penser au cas d'un rêveur, qui à partir de ce qu'il voit en rêve (dont ce corps qu'il voit, ressent et pense être ce à partir de quoi il voit et vit toute la scène) en tirerait la conclusion que le rêve qu'il fait et qu'il prend alors pour le réel, est circonscrit comme tu le dis : à ce corps qu'il voit en rêve, autrement dit : à ce corps qui fait partie de son rêve.
Tu saisis ce qui ne a pas ?
BenFis a écrit :Lorsqu’on définit que la vie consciente est présente via un corps en vie quel que soit le degré d’activité cérébrale, alors une personne inconsciente (au sens habituel du terme) a aussi une vie consciente (selon ta définition).
J'm'interroge a écrit :Sauf que je ne dis pas que la vie consciente est présente via un corps en vie (biologique) quelque soit le degré d'activité cérébrale, ni même quand l'activité cérébrale d'un individu est normale. Je me garderais bien de l'affirmer.
Je ne suppose pas qu'un moustique soit nécessairement conscient de quoi que ce soit, ni même une I.A. 1.000.000 de fois plus performante qu'une intelligence humaine.
Voir à ce sujet ma réponse à Crosswind :
Le test de Turing, conscient ou pas?
BenFis a écrit :Je ne soutiens pas que tu avais dit que "la vie consciente est présente via un corps en vie (biologique) quelque soit le degré d'activité cérébrale", mais que si c'était le cas, on pourrait dire qu'un moustique, voire un ordinateur étaient des "vies conscientes". Ce n'est pas ta définition qui le dit, mais ta définition ne permet pas de ne pas le dire.
Ah oui ok. Mais ça, le fait que la vie consciente serait présente via un corps en vie quel que soit le degré d’activité cérébrale, on ne peut pas objectivement l'affirmer.
Donc il vaut mieux partir de ma définition qui ne postule rien d'indémontrable.
(Ce que je te répondais c'était en rapport au fait que si l'on se fait fort de ne rien postuler d'indémontrable, étant donné que ma définition qui définit bien ce qu'elle définit, étant donné aussi qu'elle ne permet pas de dire que la vie consciente serait présente via un corps en vie quel que soit le degré d’activité cérébrale, et étant donné enfin que l'on ne peut pas logiquement en conclure qu'un moustique, voire un ordinateur seraient des "vies conscientes", il n'y a pas de sens de postuler a priori que ce serait le cas.)
BenFis a écrit :Lorsque tu dis que "Toute pensée est nécessairement intelligente mais n'est pas nécessairement consciente", je suis d'accord.
C'est un point qui n'est pas évident à comprendre. C'est bien que tu l'aies compris, pour avancer un peu sur cette question de la conscience.
J'm'interroge a écrit :Ma définition de vie consciente, ne s'applique pas nécessairement à la vie biologique. Elle s'applique à la conscience elle-même définie par moi comme ensemble d'apparaîtres liés. On ne sait pas s'il y a des apparaîtres liés à l'activité cérébrale d'un moustique, même s'il est capable de réagir intelligemment à des stimuli.
Il n'y a même pas de raison connue qui oblige qu'à une activité cérébrale d'un individu humain ayant l'apparence d'un être conscient soit associée une conscience comme je la définie (soit : un ensemble d'apparaîtres liés).
BenFis a écrit :Finalement, ta définition ne définit pas vraiment ce qu’est la conscience, tu l’inscris dans un ensemble d’apparaître liés, tu en donnes des synonymes, mais celle-ci reste à mon avis inutilisable en l'état.
C'est en effet une approche difficilement utilisable. Mais comment aborder autrement ce que je définis qu'en le définissant ainsi ? Je définis bien quelque chose de réel non ?
En parlant de la conscience ou de l'âme comme une fonction du cerveau l'on ignore la vie de la conscience, c'est-à-dire : la conscience telle qu'elle se présente dans sa première évidence, tout en se permettant de conclure sur elle des choses sans en avoir les moyens objectifs, tout en parlant d'autre chose.
BenFis a écrit :C'est un peu comme si je disais en définissant le soleil, qu'il est un évènement qui est lié au ciel dans lequel il apparaît.
Cela dépend de quoi tu parles quand-tu cherches à définir le Soleil. Si tu parles de la réalité objective, tu ne peux en dire que ce que la science en dit. Si tu en parles comme d'une réalité empirique, tu ne peux en dire que ce que notre expérience commune d'humains peut en dire. Si tu en parles comme de ce que tu ressens ou te représentes à partir de ce tu t'en imagines, alors tu parleras d'une réalité subjective.
Le problème avec la conscience ou l'âme, c'est comment en parler objectivement, et cela sans parler d'autre chose ?
Pour moi, il faut déjà commencer par clairement distinguer (au niveau conceptuel) -1) ce qui appartient à l'être, ou autrement dit : à la réalité fondamentale en soi, -2) ce qui appartient à l'apparaître, ou autrement dit : à la conscience : perceptions-reconnaissances, représentations (mentales) et affects, et enfin -3) ce qui appartient au comprendre, ou autrement dit : ce qui est de l'ordre de ce qui se formule, s'énonce de manière cohérente dans un langage qui fait sens.
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