philippe83 a écrit :Et pourtant le texte ne correspond ni au texte hébreu ni au texte de la LXX littéralement. Donc Jésus à très bien pu centralisé sa pensée sur Esaie 61:1,2(l'endroit) mais y rajouté des expressions bibliques pour la circonstance.Ce que je vois en tous cas c'est que le mot "kurios" est employé par Jésus pour parler de "YHWH qui m'a oint".
A+
Si le texte cité par l'évangéliste "ne correspond ni au texte hébreu ni au texte de la LXX littéralement", c'est soit que Luc citait mot pour mot une version de l'AT dont nous ne disposons pas (auquel cas, qui sait si ce n'est pas cette version inédite de l'AT qui comportait déjà le mot "kurios" en lieu et place du Tétragramme) ; soit que Luc a fait une citation libre du texte d'Isaïe. En ce cas, pourquoi s'attendre à ce qu'il inscrive obligatoirement יהוה quand il prend des libertés avec le texte d'origine de sa citation ?
De ce que nous pouvons lire du Nouveau Testament tel qu'il nous est parvenu, Luc fait dire à Jésus "kurios" et non pas יהוה ou l'équivalent grec de YHWH dans sa lecture d'Isaïe. Et, parce que les premiers chrétiens ne vivaient pas au temps du copyright et du copier-coller, il n'y a rien d'anormal à ceux que les citations qu'ils faisaient ne collent pas exactement au texte original. Surtout quand ce texte original était écrit en hébreu, et qu'eux rédigeaient en grec. Il ne faut pas voir là une volonté de falsification, de corruption, d'affadissement du texte. Luc rapporte que Jésus a lu un passage d'Isaïe, qu'il cite peut-être de mémoire, ou qu'il traduit directement en grec, sans forcément prendre la peine d'aller le recopier mot pour mot. Et, dans ce passage de l'AT qu'il rapporte, il utilise le mot "kurios" (là où l'AT portait à l'origine יהוה). A l'époque, c'était de l'autorité des anciens dont on se prévalait bien plus que de leurs mots exacts, parfois difficiles à établir, surtout quand ils avaient été prononcés ou écrits dans une autre langue, une autre graphie.
Donc, même si le texte de l'Ancien Testament portait le Tétragramme hébraïque יהוה, rien n'obligeait des auteurs antiques écrivant en grec à le recopier dans leurs citations. D'ailleurs, c'est bien là le parti qu'ils ont pris (de ne pas recopier יהוה mais d'utiliser son substitut "kurios"), d'après ce qui nous est parvenu et que nous considérons comme Nouveau Testament. N'en déplaise à ceux qui veulent contraindre des auteurs de l'Antiquité à se comporter comme nos modernes scribes.