Re: 11 Sept. (15 ans de désinformation)
Posté : 29 sept.16, 07:44
J'avais envie de vous donner un extrait de ce qu'on peut lire sous la plume de Laurent Guyénot.
Ase
Cordialement,Al-Qaïda est, pour l’essentiel, un mythe créé en janvier 2001, à l’occasion du procès de quatre hommes soupçonnés dans les attentats à la bombe contre les ambassades américaines du Kenya et de Tanzanie en 1998. C’est alors que le FBI adopta, pour les besoins juridiques de l’accusation, l’idée d’une organisation structurée sous les ordres de Ben Laden, à laquelle fut donné le nom d’Al-Qaïda (un mot arabe signifiant « la liste » ou « la base de données », en référence à la liste des apprentis jihadistes passés par les camps d’entraînement afghans de Ben Laden). L’assimilation de cette « liste » à une organisation reposait sur le témoignage de Jamal al-Fadl, un ancien associé de Ben Laden qui l’avait quitté après l’avoir escroqué, et qui reçut 100 000 dollars du gouvernement américain en échange de son témoignage.
Une fois inventée, Al-Qaïda sera invoquée à chaque fois que le FBI ou la CIA trouveront avantageux de mettre un attentat sur le compte du terrorisme mondial (Jason Burke, Al-Qaeda : The True Story of Radical Islam, Penguin, 2007, p. 204. )
Le Rapport de la Commission sur le 11-Septembre a bâti son accusation de Ben Laden sur les « confessions » du Saoudien Abou Zoubeida (Zubaydah), qualifié d’« allié de longue date de Ben Laden » : emprisonné depuis 2002 sans jugement, Zoubeida aurait fourni les informations décisives sous la torture (au moins 83 simulations de noyade, ou waterboarding).
Mais en septembre 2009, le gouvernement a été forcé d’admettre que Zoubeida n’a jamais été un membre ou un associé d’Al-Qaïda et n’avait eu aucune préconnaissance du 11-Septembre. L’erreur a été attribuée à sa mythomanie (Kevin Ryan, Abou Zoubeida, la “balance d’Al-Qaida»)
Au lendemain du 11-Septembre, c’est d’abord l’Afghanistan qui est mis en accusation, puisque c’est là qu’Oussama Ben Laden se trouve. Il est proche du mollah Omar, le chef des Talibans, à qui il a juré allégeance en 1997 et dont il a épousé une fille. C’est donc logiquement contre l’Afghanistan qui protège Ben Laden et refuse de le livrer que s’exerce en premier lieu la vengeance américaine.
Mais si derrière Ben Laden, il y a les Talibans, derrière les Talibans, il y a aussi le Pakistan, qui a soutenu leur combat et leur régime, avec l’aide des fonds américains transitant par l’ISI. C’est donc également le Pakistan qui est indirectement visé.
Aucune accusation formelle n’est portée contre lui, mais des fuites organisées dans la presse évoquent une complicité de l’ISI dans le 11-Septembre.
Le général Ahmed Mahmoud, son directeur, est mis en cause par une information rapportée d’abord par The Times of India le 9 octobre 2001 : « Les autorités américaines ont cherché à l’évincer après avoir eu confirmation que 100 000 dollars ont été transférés au terroriste Mohamed Atta depuis le Pakistan par Ahmed Omar Saïd Sheikh [agent de l’ISI] à la demande du général Mahmoud »
(http://911review.org/Sept11Wiki/Ahmad,G ... hmud.shtml)
[...]
La mise en scène de la capture de Ben Laden peut s’interpréter de la même manière : elle a permis d’accuser le Pakistan, après l’Afghanistan, d’avoir abrité Ben Laden pendant une dizaine d’années, ce qui constitue une trahison de la part d’un allié dans la « Guerre contre la terreur ». Plusieurs livres défendent cette ligne, comme celui du vétéran de la CIA Bruce Riedel, Deadly Embrace : Pakistan, America, and the Future of Global Jihad.
Selon Riedel, la vie tranquille de Ben Laden dans la banlieue d’Abbohabad suggère « un degré incroyable de duplicité » de la part du Pakistan, qui pourrait être « le patron secret du jihad global, à une échelle si dangereuse qu’elle est inconcevable. Nous aurions alors à repenser entièrement notre relation au Pakistan et notre compréhension de ses buts stratégiques. » (Deadly Embrace : Pakistan, America, and the Future of Global Jihad)
Qu’il y ait eu au cœur du complot l’intention de déstabiliser ou fragiliser les relations des États-Unis avec le Pakistan apparaît comme une possibilité. C’est en revanche une certitude en ce qui concerne les relations avec l’Arabie saoudite. Ben Laden est saoudien, et quinze des dix-neuf prétendus pirates de l’air du 11-Septembre sont saoudiens. Cette liste fictive suppose, de la part de celui qui l’a inventée, une volonté délibérée de nuire à l’Arabie saoudite ou de placer ses gouvernants sous le coup d’un chantage. Mais pourquoi ? Les Saoud ne sont-ils pas, depuis 1975, de loyaux fournisseurs de pétrole ? Comme pour le Pakistan, la Commission sur le 11-Septembre a été informée, paraît-il, que des « preuves » existaient d’un financement d’Al-Qaïda par des membres de la famille princière saoudienne.
Le rapport final n’en dit mot, mais, selon le commissionnaire Bob Graham, c’est parce que l’administration en aurait censuré 28 pages traitant de l’aide apportée aux terroristes par des dirigeants saoudiens. Graham l’affirma dans une interview à PBS dès décembre 2002, puis dans un livre publié en 2007. En 2011, il précise sa pensée : « Pourquoi les Saoudiens ont-ils fourni une assistance substantielle à au moins deux des terroristes, et peut-être aux dix-neuf ? La réponse que j’ai trouvée est : la survie – la survie de l’État et la survie de la dynastie Saoud »
Graham voudrait nous faire croire que les princes saoudiens ont aidé Ben Laden à frapper les États-Unis pour éviter qu’il ne s’en prenne à eux et ne fomente une révolte à l’intérieur du pays. L’implication de l’Arabie saoudite aurait été étouffée par les États-Unis en raison de « l’amitié spéciale entre la famille royale et les plus hautes sphères de notre gouvernement national [circonvolution pour désigner le président Bush]» (Bob Graham, Saudi Arabia : Friend or Foe ?, The Daily Beast, 11 juillet 2011).
Pour comprendre l’inanité d’une telle accusation contre les Saoud, il suffit de savoir qu’ils ont déchu Oussama Ben Laden de sa nationalité en avril 1994, exaspérés par ses accusations incessantes contre la présence militaire américaine sur la terre sainte de l’Islam depuis la première Guerre du Golfe. Dans une Declaration of War Against the Americans Occupying the Land of the Two Holy Places, diffusée en 1996, Ben Laden appelle au renversement de la monarchie saoudienne et, en 1998, il admet son rôle dans l’attentat du 13 novembre 1995 contre le quartier général de la Garde Nationale à Riyad.
Oussama Ben Laden, ostracisé par sa propre famille, est l’ennemi juré des Saoud. Il est inimaginable que les Saoud aient comploté avec Oussama Ben Laden contre les États-Unis ; en revanche, il est plausible qu’ils aient comploté contre Ben Laden avec le clan Bush, en lui mettant faussement un attentat sur le dos pour lancer l’armée américaine à ses trousses.
Les liens tissés par les Bush avec l’Arabie saoudite sont de notoriété publique. C’est lorsqu’il était directeur de la CIA que George Bush père a établi ses premiers échanges commerciaux avec de grandes familles d’Arabie saoudite, notamment les Ben Mahfouz et les Ben Laden, par l’intermédiaire d’une entreprise de courtage d’avions (Baker, Family of Secrets).
Les liens se sont consolidés et diversifiés à la faveur de la Guerre du Golfe, qui permit au président Bush de se poser en protecteur de l’Arabie saoudite. Le groupe Carlyle, dont George Bush père est actionnaire, se lie notamment avec un neveu du roi Fahd.
Un scandale éclate en mars 2001, lors d’une visite de Bush père en Arabie saoudite, en tant que responsable du groupe Carlyle. La nature de sa rencontre avec le roi Fahd suscite des interrogations : rencontre diplomatique, voyage d’affaires privées, ou les deux à la fois ?
L’ancien président rencontre également à cette occasion la famille Ben Laden, en affaire avec Carlyle depuis 1990. Le 11 septembre 2001, Bush père et Shafig Ben Laden, le demi-frère d’Oussama Ben Laden, participent ensemble à une réunion du groupe Carlyle à Washington, avec plusieurs centaines d’investisseurs. La nouvelle cause un grand embarras à la famille Bush.
Dans la semaine suivante, sur demande de l’ambassadeur d’Arabie à Washington, Bandar Bin Sultan (surnommé Bandar Bush en raison de ses liens étroits avec la famille du président, et en violation de l’interdiction de vol maintenu par la FAA (Federal Aviation Administration), un Boeing 747 de la compagnie Saudi Arabian Airlines est autorisé à quitter les États-Unis, emportant 140 Saoudiens, dont Shafig Ben Laden et une vingtaine de membres de sa famille (Éric Laurent, La Face cachée du 11 Septembre, Plon, 2004).
Ase