Posté : 08 janv.07, 11:38
bonsoir !Crovax a écrit : ce sont nos perceptions sensorielles qui, d'abord, nous font appréhender la réalité. Il est possible d'observer le monde et de s'oberver soi-même sans l'apport conceptuel du langage. Notre conscience n'est en adéquation avec la réalité que lorsque la pensée cesse.Le reste du temps, nous échafaudons des théories, mais ce ne sont que des vérités fabriquées par les humains et pour les humains. Les théories ne décrivent pas la réalité, mais une certaine réalité conceptualisée ; encore une fois, il ne faut donc pas confondre la réalité avec le concept de réalité.
Ce paragraphe porte un peu à confusion; dans un premier temps, je me suis dit : "mais comment espérer s'affranchir des mots pour appréhender le monde? Sans langage , il n'est pas de pensée qui puisse se former ni à fortiori de conscience pour "appréhender" !
Et puis j'ai relu votre premier paragraphe :
Il m'a semblé alors que votre pensée était qu'il s'agissait, peut-être, de ne pas se laisser piéger par les mots, et par extension, par les théories. Puis-je établir ici un raccourci, avec la religion?En fait, je pense qu'il est effectivement possible de se libérer de la prison des mots ; simplement en les prenant pour ce qu'ils sont, c'est à dire des vues de l'ésprit. Pour vous donner une image, il s'agit de domestiquer le langage en ayant une parole habitée, plutôt que de devenir esclave de la tyrannie de ses catégories. La libération dont je fais question ne consiste pas en un abandon des mots ou des idées ; il s'agit juste de ne pas être dupes de nous-mêmes en ne confondant pas le mot avec l'objet qu'il désigne. Je m'aperçois encore au quotidien que bon nombre de nos semblables laissent parler les mots à leur place.
Je voudrais affirmer ici qu'il est , à mon sens, tout à fait concevable de prendre une religion uniquement pour ce qu'elle est : une tentative de rejoindre et de partager l'idée qu'on se fait du Divin, à travers un certain nombre de codes et de modèles qui nous ont été transmis et auxquels, un jour ou l'autre, on peut choisir librement et en connaissance de cause, d'adhérer pleinement, parce que l'on pense que cela a du sens.
Certes, me direz-vous, le "sens" est encore un concept, qui n'a pas grand chose de tangible. Mais de même que la vie religieuse, c'est quelquechose qui peu à peu se construit et à la quelle on parvient. Le matérialiste, le nihiliste eux-mêmes ne se positionnent-ils pas en fonction d'un hypothétique sens? En le recherchant ou en le rejetant, d'ailleurs?
Bien sûr, de même que nombre de nos semblables "laissent parler les mots à leur place" (quelle belle observation), ainsi la plus grande part des croyants ne se posent-ils pas la moindre question et ne cherchent pas à "habiter" les chants et les prières de leur propre conscience.
Mais cet oubli de soi n'étant pas l'apanage des religions, peut-être acceptez-vous que celles-ci puissent aussi être une légitime quête vers l'espoir qu'il se puisse être une réalité qui aille au-delà de nos seuls sens?
On peut déclarer qu'il s'agit là d'une illusion sans fondement. J'ai la prétention de croire que c'est là finalement un choix tout à fait arbitraire, et par là même éminemment respectable, mais que l'on peut - et doit pouvoir- choisir que l'on ne peut pas se satisfaire de la seule dimension sensible des choses.
Par voie de conséquence, je crois que, ce dernier choix effectué, la conscience est en droit de considérer que telle ou telle idéologie religieuse est en accord avec ce qu'on attend de ce qui est caché, jusqu'à espérer que ce qui est transmis par les textes sacrés et autres données de la foi soient des témoins fiables d'une "vérité" sur laquelle on puisse baser sa vie.
Je plaide pour la totale liberté des religions et des consciences, pour une laïcité qui n'enferme pas les religions au cénacle mais leur permette de se rencontrer et de se confronter à l'athéisme et toute autre aspect de la spiritualité dans une écoute et un enrichissement mutuel des mêmes consciences.
Bon courage pour les exams!