1-En video:
http://www.radio-canada.ca/util/zapmedi ... 072100.asx
2-En video:
http://www.radio-canada.ca/util/zapmedi ... 072120.asx
Lien du texte..!
http://www.radio-canada.ca/actualite/v2 ... 4078.shtml
Des jeunes filles sont mariées de force à des hommes souvent beaucoup plus vieux qu’elles. Cela se passe sous nos yeux, au Québec, comme l’a constaté une équipe d’Enjeux.
Sakina, prisonnière du mariage
Sakina a accepté de témoigner pour Enjeux, à condition d’être voilée et de changer son prénom. Elle le fait à l’insu de son mari et de sa famille. Cette jeune femme, originaire du Bangladesh, a grandi à Montréal. À 16 ans, ses parents l’amènent dans son pays natal sous prétexte d’aller voir une grand-mère malade. Une fois rendue là-bas, elle se rend compte que c’est pour la marier à un inconnu, un homme presque deux fois plus vieux qu’elle. Elle se rebiffe. Son mariage est célébré malgré ses protestations et ses pleurs. Sa propre mère la bat plusieurs fois pour la contraindre à accepter cette union.
La jeune femme raconte que son mari la garde enfermée dans la chambre tout le temps. Sakina raconte à sa mère qu’elle est battue et violée. La mère de Sakina finit par accepter qu’elle se sépare. Après deux mois d’enfer, Sakina rentre à Montréal. Mais elle n’est pas au bout de ses peines. À 19 ans, ses parents la forcent à marier un autre homme.
Suméra et ses rêves brisés
Suméra
Suméra a grandi au Pakistan. Le moment venu, son père lui cherche un mari. Soumise, elle accepte d’épouser un jeune Pakistanais du Canada. Pour la jeune femme de 25 ans, il s’agit d’un mariage arrangé, puisqu’elle est consentante. Mais pour son futur mari, élevé à Montréal, c’est une union forcée. Le mariage est célébré le 26 janvier 2002. C’est ce jour-là que Suméra rencontre pour la première fois l’homme qu’elle va épouser.
Une fois mariée, Suméra vit chez ses beaux-parents. Mais les choses ne tournent pas rond dans le couple. Après trois mois de mariage, son nouvel époux finit par lui avouer qu’il ne l’aime pas et qu’il l’a épousée sous la contrainte. Il la quitte. Après cela, la jeune femme vit recluse chez ses beaux-parents. Ils la font travailler comme couturière jusqu’à 12 heures par jour. Sa famille, toujours au Pakistan, ne se doute de rien. Deux ans plus tard, Suméra quitte sa belle-famille et elle refait sa vie.
Comme Roméo et Juliette
Tasmia
Tasmia et ses parents publient un journal destiné à la communauté du Sud-Est asiatique, qui dénonce les injustices faites aux femmes et aux enfants. La jeune étudiante de 21 ans est originaire du Bangladesh. Elle connaît plusieurs cas de mariages forcés à Montréal. Elle tient à nous raconter l’histoire de sa meilleure amie, Jaspritt. Cette dernière, une jeune Indienne de 16 ans élevée à Montréal, était promise dès l’enfance à un homme qui vit en Inde.
Tasmia raconte que son amie était follement éprise d’un jeune Indien de Montréal. Les parents de Jaspritt refusaient qu’elle fréquente ce garçon d’une caste inférieure à la leur. Et ils avaient bien l’intention de la marier en Inde. Comme Roméo et Juliette, le 11 décembre 2001, Jaspritt et son amoureux font un pacte de suicide. Ils se jettent sous la rame du métro Frontenac. Jaspritt avait 16 ans, son amoureux, 19.
Comment aider ces jeunes filles?
Notre équipe a rencontré Louise Gagné, la psycho-éducatrice de l’école secondaire Lucien-Pagé, où étudiait Jaspritt. La jeune fille s’était confiée à la psychologue, malgré les pressions familiales, les interdictions et le secret. Louise Gagné voit régulièrement, dans cette école, des jeunes filles confrontées au mariage forcé. L’école est aux premières lignes en matière de prévention, comme l’explique la psycho-éducatrice dans ce reportage.
Dilip Chowdhury
Aucune religion ne prescrit le mariage forcé. Pour ceux qui le dénoncent, c’est une violation pure et simple des droits de la personne. Enjeux a discuté avec Dilip Chowdury, travailleur communautaire dans un quartier multiethnique de Montréal. Il confirme que l’histoire de Sakina est loin d’être unique.
Nous avons aussi parlé avec une avocate en immigration, Sabine Venturelli. Elle explique qu’il est très difficile pour ces femmes de s’en sortir, notamment pour des raisons d’ordre culturel. Elles sont rares celles qui osent divorcer ou faire annuler leur mariage, car cela signifie qu’elles défient la famille et bousculent les valeurs de leur communauté.