Il me semble que Maurice le laïc est cependant plus en adéquation des textes.
C'est bien par le sacrifice que le péché est vaincu et que les
conséquences du péché sont annulées.
Ces conséquences sont celles qui touchaient l'homme pêcheur, puisqu'il est dit que Jésus est sans péché, donc sans conséquences personnelles de mort.
Si la mort du pêcheur est conséquence du péché, la mort de l'innocent est prélude de la rédemption. Les choses fonctionnent de la même manière, mais inversée.
Lors de la mort de Jésus, Jésus étant fils d'homme est donc en nature "de l'âme vivante". Cette âme est en réalité dans l'homme composée de trois parties :
1-
esprit ou souffle : c'est la partie intellectuelle et rationnelle de l'âme, celle qui donne l'éclairement et la compréhension des choses qui frappent la conscience. Elle anime aussi les sentiments supérieurs et notamment l'intuition supérieure.
2-
conscience ou mental : partie centrale de l'âme, elle est l'image qui se constitue en l'être afin qu'il se reconnaisse comme ayant l'être, ayant la vie, ayant l'existence. Cette conscience est une zone qui sépare les eaux d'en haut et les eaux d'en bas. Elle fonctionne par la mécanique de la pensée, selon que la partie 1 spirituelle ou la partie 3 corporelle l'emporte.
3-
la chair : partie de l'âme qui anime le corps physique et le psychisme sensitif. Cela représente différents sens physiques et psychiques qui procurent les sensations et les sentiments, les émotions et les désirs. La chair est donc la portion sensible de l'âme.
Dans ce schéma, l'âme immortelle est la seconde partie, celle qui est la plus centrale et qui contient les cieux élevés. C'est l'âme profonde et en même temps le lieu où l'image d'Elohim se constitue.
Or, lors du sacrifice de Jésus, c'est le souffle qui est rendu à Dieu. "Père, entre tes mains, je remets
mon souffle". Cela signifie que l'âme, n'est plus insufflée de l'esprit qu'elle produisait et entretenait elle-même. Si l'âme est créée par Dieu par une insufflation première (le Souffle sacré), le Souffle va alors se répandre de ciel en ciel, jusqu'aux niveaux les plus extérieurs de l'être. La conscience, par sa volonté ou ses résistances, va entretenir au niveau où pointe son attention le Souffle primordial et lui donner les inflexions propres à l'individu, comme par exemple les éléments de l'individualité et les traits de caractère. Le souffle primordial n'est donc plus tout seul et l'être rajoute à ce Souffle sacré, ses propres souffles humains par transformation du souffle primordial. Ce que Jésus rend, c'est
son propre souffle.
Mais il le fait, après avoir conduit l'être humain à atténuer les
autres souffles liés au péché. Et c'est pourquoi les deux larrons meurent avant lui. Tous ces souffles humains vont être combattus et stoppés, jusqu'à ce que l'âme n'ait plus en elle que le Souffle primordial et le souffle de Jésus. Alors, seul élément d'âme humaine encore en conscience dans l'image, Jésus rend son esprit. A ce stade, il ne reste donc plus que le Souffle primordial qui va alors réinitialiser tous les souffles, à partir du centre de l'âme.
Ainsi, il n'est pas possible d'écrire :
En effet, le Christ continua de vivre en esprit après la mort dans le séjour des morts.
La grande particularité de la crucifixion et de la résurrection du Christ, et qui fait que c'est un moment de passage spécial pour les chrétiens, une traversée des eaux à rebours de celle de la mer morte, laquelle conduisait le peuple vers une terre promise, alors qu'ici, pour le chrétien, elle conduit vers un royaume céleste, c'est que
LA CRUCIFIXION et la RESURRECTION se réalisent PENDANT LA VIE CORPORELLE TERRESTRE.
Contrairement à la mort physique où l'âme se retrouve dans des conditions où la chair est supprimée (mort de la partie 3), la crucifixion est une mort où la chair est conservée.
Jean 19,36 Oui, cela pour que l’écrit soit accompli: «Aucun os ne lui sera brisé.»
On assiste d'ailleurs à la survenue d'une obscurité, preuve que la partie 1 a disparu :
Luc 23,44 C’est déjà vers la sixième heure. La ténèbre survient sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure.
45 Le soleil manque. Le voile du sanctuaire se déchire par le milieu.
et d'un tremblement de terre.
Mat 27,51 Et voici, le voile du sanctuaire se déchire en deux de haut en bas, la terre se séisme, les rochers se fendent,
52 les sépulcres s’ouvrent, plusieurs corps de consacrés endormis se réveillent.
Le voile du sanctuaire se déchire au niveau de la partie centrale de l'âme (le milieu). La conscience ordinaire entraine la fermeture par des filtres particuliers des niveaux centraux de l'âme, qui sont les cieux et le Trône. C'est un peu comme lorsqu'on cache la partie technique et fonctionnelle d'un appareil électroménager : seuls les boutons de commande sont accessibles à l'utilisateur. Déchirer le voile, c'est démonter l'appareil et accéder à la partie fonctionnement. Cela veut dire que les filtres (vis et verrous) liés à la partie 1 de l'âme n'existent plus. Mais cela ébranle les filtres de la sensibilité physique, provoquant le frémissement du corps. La partie 1 de l'âme est en quelque sorte la partie alimentation, la source d'énergie, la source de l'impulsion. La partie 3 est la partie proprement mécanique et dynamique. La crucifixion est comparable à une coupure d'énergie, à une perte de l'alimentation.
La résurrection est alors le renouvellement de la partie spirituelle de l'âme, et les éléments de la chair qui étaient consacrés à Dieu sont réactivés. Ce sont des pensées et des états de l'âme qui avaient servi aux efforts du repentir depuis le baptême, et qui reprennent vie. Ces états de l'âme sont en rapport avec le corps spirituel. Mais alors que des éléments anciens se réveillent, Jésus lui est enseveli dans l'oubli du sépulcre. La résurrection de Jésus sera la dernière étape de tous les réveils de cette âme renouvelée. Elle se traduit encore par un tremblement de terre (soubresaut du corps) suivi de la vision d'une grande lumière :
l'apôtre a écrit :Mat 28,2 Et voici, c’est un grand séisme. Oui, le messager de IHVH–Adonaï descend du ciel, il s’approche, roule la pierre et s’assoit dessus.
3 Son aspect est semblable à l’éclair, son vêtement blanc comme neige.
4 Les gardiens sont séismés; ils frémissent devant lui et deviennent comme morts.
5 Le messager répond et dit aux femmes: «Ne frémissez pas! Oui, je sais que vous cherchez Iéshoua‘, le crucifié.
6 Il n’est pas ici. Oui, il s’est réveillé comme il l’avait dit. Venez et voyez le lieu où il reposait.
Ce sont des femmes qui reçoivent la vision. Or la femme est la partie sensible de l'âme, la 3° partie. A la résurrection, l'être doit "reprendre ses esprits" et quitter son état mystique. Il sera passé d'un stade où rien n'est plus en conscience à un stade où réapparaissent progressivement les images, à partir d'une image lumineuse comme un éclair dont la blancheur est celle de la neige (couleur de la pureté). Cette expérience mystique est très bien décrite par Jean de la Croix dans "la nuit obscure".