Marquis de Sade a écrit :
Ah non non cette fois je te parle bien de Dieu lui meme.
As tu oublie le Deluge ? N'est ce pas un formidable genocide ?
As tu oublie la destruction de Sodome?
As tu oublie ( encore pire ) le genocide des premiers nes Egyptiens, sous pretexte que le Pharaon n'obeissait pas a Dieu ?
Ou est ce que j'ai lu tout ca ?
Dans la Bible, cher Libremax
Chèr Marquis,
Bien sûr, je ne peux que partager avec vous un refus catégorique d'un dieu qui tuerait. Cela n'aurait aucun sens. Même si depuis, ce dieu s'était subitement métamorphosé en un dieu soi-disant "d'amour".
Il faut remettre les choses à leur place.
Ces génocides dont vous parlez, vous les tirez effectivement de la Bible, et plus précisément de l'Ancien Testament. Beaucoup de chrétiens d'ailleurs rejettent ce dernier dans son ensemble à cause de ces génocides (et ce ne sont pas les seules vilénies qu'ils y trouvent). Je n'irai pas vous dire que l'Ancien Testament est à retirer de la religion chrétienne, loin de là. Mais il faut savoir qu'il se compose de textes qui reflètent une lente et progressive idée de Dieu.
En d'autres termes, les personnes qui ont écrit les passages de la Genèse traîtant du Déluge, ceux qui ont écrit les passages de l'Exode traîtant de la mort des premiers-nés égyptiens, et ceux qui ont mis par écrit les paroles des Prophètes, par exemple, n'avaient pas la même idée de Dieu.
Ces passages de la Bible où on dépeint volontiers l'image de Dieu comme éliminant des populations entières relèvent d'une époque où on concevait Dieu comme le Tout-Puissant, qui protègeait ses fidèles par les seuls moyens qu'on pouvait imaginer à l'époque: les armes et les cataclysmes.
Pour être concis, l'histoire du Déluge est un mythe mésopotamien qui a influencé la pensée de nombreux peuples méditerranéens, et les Hébreux n'ont pas fait exception.
Les récits sur Abraham, qui contiennent l'histoire de Sodome, ont été composés bien après l'époque d'Abraham, à une période où toutefois l'idée de Dieu était celle d'un dieu qui disposait des peuples et des vies selon son bon vouloir, et surtout, à une période où l'on considérait que Dieu allait mener à la gloire terrestre le "Peuple Elu", les Juifs.
Il en va de même pour le massacre des premiers-nés d'Egypte. Cet aspect de l'histoire, comme tant d'autres, fait partie des nombreux ajouts épiques qui ont été donnés à une tradition ancestrale.
Donc, on peut dire avec certitude pour le croyant d'aujourd'hui que Dieu
n'a pas détruit Sodome, ni provoqué de déluge; il
n'a pas tué les enfants égyptiens.
Ces histoires ne sont pas censés être le relevé précis des actes de Dieu dans la chronologie du Monde. Ils sont l'expression de la foi d'un peuple, une foi qui a évolué au cours des siècles, une expression qui a fait l'objet de réécritures successives, de réinterprétations aussi.
Les Juifs croyaient en un Dieu qui les appelait à être justes, qui vivait avec eux, qui les protégeait et les aimait. C'est cela le coeur de l'Ancien Testament, et c'est le coeur de la foi chrétienne aussi.
Le croyant qui prend ces récits "pour argent comptant" demeure à un stade très passif, très craintif, peut-être, dans la foi. On ne peut pas en rester là. Le catéchisme, que beaucoup décrient aujourd'hui, apprend d'ailleurs aux jeunes que ces récits sont bel et bien des fables, à ne considérer que comme telles.
Je disais au-dessus que ce n'est pas parce que la Bible commence par l'histoire d'Adam et Eve que la religion judéo-chrétienne repose sur cette histoire.
Il en va de même pour le Déluge, et les tueries des récits patriarcaux et de l'Exode. Ils sont au début de la Bible, mais ils ne sont pas le fondement réel de la foi en Dieu.
Dieu n'est pas venu faire de génocides.