J'm'interroge a écrit :L’idée même d’un Collège Central siégeant à Jérusalem et légiférant sur les choses de la foi, type et figure du Collège Central actuel est une sinistre illusion, euphémisme pour ne pas dire une sordide escroquerie.
Et cela sera démontré splendidement par Frederick Franz, véritable maître à penser jéhoviste et qui deviendra le quatrième Président de la Watchtower, lors d’un mémorable discours qu’eurent à entendre les fameux membres du Collège Central de Brooklyn.
Le discours est rapporté par le propre neveu de l’orateur, Raymond Franz lui aussi membre du Collège Central à l’époque, dans son livre Crise de Conscience (p.93 en anglais / p. 101 en français) :
"L’exposé du vice-président prenait maintenant une drôle de tournure, en totale contradiction avec l’enseignement officiel sur l’autorité divine accordée à un collège central depuis le premier siècle.
L’histoire de Paul, Saul converti, fit d’abord l’objet d’un récit ; et, après sa conversion, quand il alla à Jérusalem, il vit seulement deux des apôtres, et non le collège dans son entier ; comment il en vint ensuite à aller à Antioche de Syrie. Puis, ayant dit qu’en choisissant et nommant Saul de Tarse, Christ “agit directement sans consulter ni un homme, ni un collège d’hommes sur terre”, le vice-président présenta alors une espèce de “Légende des Deux Villes”, dans laquelle le rôle d’Antioche était opposé à celui de Jérusalem pour ce qui est de l’activité missionnaire de Paul et Barnabas.
Dans ce qui va suivre, gardez présent à l’esprit l’enseignement officiel en vigueur de la Watch Tower, qu’il y avait un collège central basé à Jérusalem qui exerçait la direction et la surveillance sur toutes les congrégations de Chrétiens où qu’elles soient et ceci était le modèle pour le collège central actuel des Témoins de Jéhovah.
En faisant le récit de l’appel de Paul et Barnabas par l’Esprit saint pour l’activité missionnaire, le vice-président mettait sans cesse l’accent sur le fait que tout ceci était accompli par l’intermédiaire de la congrégation d’Antioche, (donc en aucun cas par l’intermédiaire de Jérusalem où se trouvait le collège apostolique). Il déclara :
Et soudain, alors qu’il [Paul] servait à Antioche, en Syrie, pas en Israël mais en Syrie, eh bien l’esprit de Dieu parla à cette congrégation, là, à Antioche et dit : “Maintenant, vous allez mettre à part, VOUS, congrégation d’Antioche, vous allez mettre à part ces deux hommes, à savoir Barnabas et Saul, pour le travail pour lequel je les ai nommés.” Et c’est ce que fit la congrégation d’Antioche et ils imposèrent les mains sur Paul (ou Saul) et Barnabas et les envoyèrent ... et ils furent envoyés par l’esprit saint qui opérait par l’intermédiaire de la congrégation d’Antioche et ils s’en furent pour leur première affectation missionnaire.
Donc, comme vous le voyez, le Seigneur Jésus-Christ agissait en tant que Chef de la congrégation et il prenait des mesures directement, sans consulter quelque collège que ce soit sur terre, ce qu’il aurait très bien pu faire, mais il ne l’a pas fait. C’est ainsi qu’il agit avec Paul et Barnabas et ils étaient tous deux apôtres de la congrégation d’Antioche.
Arrivé à ce point du discours, je me revois assis là et me disant : “Est-ce que cet homme se rend compte de ce qu’il est en train de dire ?
Je sais où il veut en venir, rabaisser l’importance du Collège Central pour maintenir l’autorité de la société et de son président, mais réalise-t-il les implications de ses déclarations ?”
Pour parvenir à ses fins, il est en train d’ébranler tout l’enseignement et la revendication de l’existence, au premier siècle, d’un collège central rassemblé à Jérusalem disposant d’une autorité universelle pour superviser et diriger toutes les congrégations de Chrétiens véritables, en toutes choses, un concept que les publications de la Société avaient édifié dans les esprits de tous les Témoins de Jéhovah et auquel la grande majorité apporte aujourd’hui son soutien.
Mais le vice-président n’en avait pas fini et il continuait dans sa lancée. Décrivant le périple missionnaire de Paul et Barnabas du début à la fin, il continuait gagnant en intensité et en dramatisation : ... et où allèrent-ils, où firent-ils leur rapport ? Vous en avez le récit, vous pouvez le lire vous-même dans les derniers versets du chapitre 14
des Actes. Ils revinrent à la congrégation d’Antioche, et le récit nous dit qu’ils leur firent un rapport très détaillé. Ils retournèrent à cette congrégation qui les avait confiés à la bonté imméritée de Dieu pour le travail qu’ils avaient fait. Aussi c’est là qu’ils firent leur rapport.
Le récit dit aussi qu’ils passèrent un temps assez long à Antioche. Et alors, qu’arriva-t-il ? Quelque chose d’inattendu arriva et Paul et Barnabas montèrent à Jérusalem. Qu’était-ce donc ? Qu’est-ce qui les poussa à monter à Jérusalem ?
Eh bien, est-ce le collège des apôtres et des autres anciens de la congrégation de Jérusalem qui les mit en demeure de monter et dit :
“Ecoutez donc un peu ! Nous avons entendu dire que vous deux êtes partis en voyage missionnaire, que vous l’avez terminé et vous n’êtes pas venus à Jérusalem pour nous faire un rapport. NE SAVEZ-VOUS PAS QUI NOUS SOMMES ? Nous sommes le concile de Jérusalem. NE RECONNAISSEZ-VOUS PAS LA DIRECTION DU SEIGNEUR JESUS-CHRIST ? Si vous ne venez pas ici tout de suite, nous allons entreprendre une action disciplinaire à votre encontre !”
Le récit dit-il cela ? Eh bien, s’ils avaient agi ainsi envers Paul et Barnabas sous le prétexte qu’ils avaient présenté leur rapport à la congrégation d’où l’esprit saint les avait envoyés, alors ce concile des apôtres à Jérusalem et les autres anciens de la congrégation Juive se seraient placés au-dessus de la direction du Seigneur Jésus-Christ.
Ses explications étaient totalement justifiées. Mais elles étaient aussi en complète contradiction avec la position exposée dans les publications de la Société, qui représentaient Jérusalem comme le siège depuis lequel le collège central exerçait une pleine autorité et dirigeait tous les Chrétiens en tant que représentant du Christ, et
agissant avec l’autorité divine. Voilà pourquoi sans aucun doute, contrairement aux autres discours du vice-président, celui-ci n’a jamais fait l’objet d’articles dans le périodique La Tour de Garde.
Un tel argument présenté aujourd’hui par un simple Témoin serait considéré comme hérétique et rebelle. Si on appliquait à la lettre ce qu’il avait dit, ses paroles signifieraient que n’importe quelle congrégation sur terre pouvait envoyer ses propres missionnaires pour autant qu’ils soient convaincus que c’était Christ Jésus et le saint Esprit qui leur demandaient, et sans avoir préalablement consulté qui que ce soit, à Brooklyn ou au Bureau de la Filiale."
Le texte est éloquent et imparable, la Bible elle-même montre que la congrégation de Jérusalem ne pesait pas plus lourd que les autres et que l’idée d’un Collège Central originel est un fantasme soigneusement entretenu.
Si les Ecritures n’admettent pas l’interprétation jéhoviste, constatons à présent que la notion de Collège a été mise à mal et que la volonté de quelques individus s’est imposée au groupe.
Il est certain que le livre de Raymond Franz - Crisis of conscience - crise de conscience en français est une révélation pour tous ceux qui vivaient dans l’imagerie traditionnelle des TJ présentant le Collège Central comme un groupe pleinement absorbé dans les choses spirituelles et nimbé d’une sagesse particulière.
Le récit est destructeur.
Un exemple parmi d’autres à propos de la politique rédactoriale (Crise de conscience p.83) :
" Par conséquent, tout comme Russell en son temps et jusqu’en 1916, exerça seul un contrôle entier et total sur tout ce que publiait la Société Watch Tower, ou comme Rutherford le fit tout au long de sa présidence jusqu’en 1942, ainsi pendant la présidence de Knorr, l’exercice de l’autorité pour tout ce qui touchait à la préparation et à la présentation de la “nourriture spirituelle” pour la communauté des Témoins reposait sur deux ou trois hommes ; ce n’était pas le fruit d’une “classe” de personnes qui aurait été soi-disant désignée par Christ pour “être établie sur tous ses biens”.
La situation ne changea pas, même après que le Collège Central ait été élargi et comprenne d’autres membres en plus des sept membres du Comité Directeur. En 1975, au cours d’une session, un texte préparé par le vice-président pour un discours qui devait être prononcé lors d’un congrès fut mis en discussion. Il traitait de la parabole du grain de moutarde et de la parabole du levain (dans Matthieu chapitre 13) et apportait des arguments détaillés affirmant
que “le royaume des cieux” dont Jésus parlait dans ces paraboles était en fait un “faux” royaume, une contrefaçon. Un des membres du Collège qui avait pu lire le document n’était pas convaincu par l’argumentation.
Après discussion, seuls cinq des quatorze membres présents (dont Knorr et Fred Franz) votèrent en faveur de l’utilisation du texte comme discours pour un congrès, les neuf autres membres votèrent contre. Il ne fut donc pas utilisé en tant que discours mais le texte apparut dans un livre distribué au congrès et quelques mois plus tard, dans
La Tour de Garde. Alors que pratiquement deux tiers des membres présents du Collège avaient émis des réserves sur le sujet, la décision du président de le publier n’en fut pas le moins du monde affectée. "
Soyez fiers d'être des apostats de la WT, ceux qui ont rejeté ces faux enseignements!!