Flavius Josèphe raconte la rencontre entre Samuel et Saül :
"Dans cette extrémité, il ordonne qu’on aille lui chercher une femme, ventriloque de son métier, et sachant évoquer les âmes des morts, dans l’espoir qu’il pourra apprendre ainsi comment les événements tourneront pour lui. Car les ventriloques, par le moyen des âmes des morts qu’ils font surgir, prédisent l’avenir a ceux qui les interrogent. Informé par un de ses serviteurs qu’il y avait une femme de cette sorte dans la ville d’Endor(os), Saül s’en va à l’insu de tout le camp et, dépouillé de son costume royal, accompagné seulement de deux serviteurs d’une fidélité assurée, se rend à Endor chez cette femme et lui demande de lui prédire l’avenir et de faire revenir l’âme qu’il lui désignerait. D’abord la femme s’en défendit, protestant qu’elle n’osait pas enfreindre l’édit du roi, qui avait banni ce genre de devins ; c’était mal à lui, qui n’avait reçu d’elle aucun tort, de lui tendre ce piège et de lui faire commettre un acte défendu qui lui attirerait un châtiment. Saül jure alors que nul n’en saura rien, qu’il ne confiera à personne son oracle et qu’elle n’a rien à redouter. L’avant rassurée par ses serments, il lui commande d’évoquer devant lui l’âme de Samuel. La femme, ignorant qui était Samuel, l’appelle de l’Hadès. Il apparaît : elle, apercevant un homme vénérable et d’aspect divin, se trouble et s’effraye à ce spectacle : « N’es-tu pas, s’écrie-t-elle, le roi Saül ? »
Car Samuel le lui avait désigné. Saül répond affirmativement et demande d’où lui vient ce grand trouble. « C’est, dit-elle, que je vois surgir un homme semblable par son aspect à un Dieu. » Saül l’invite à lui décrire la forme, le vêtement, l’âge de l’apparition. Elle le dépeint ainsi : c’est déjà un vieillard, d’apparence très vénérable,
revêtu de la robe sacerdotale[242]. À ce signalement.
Baht reconnaît Samuel et, se jutant à terre, le salue et lui rend hommage. L’ombre de Samuel lui demande pourquoi il l’a dérangé et fait remonter sur la terre. Saül, en gémissant, lui fait connaître la nécessité qui le presse : les ennemis tombent sur lui de tout leur poids, il se voit à bout de ressources, abandonné de Dieu et n’ayant pas même le réconfort d’une prédiction, soit par des prophètes, soit par des songes : « C’est pourquoi, dit-il, je me suis réfugié auprès de toi pour que tu me prennes sous ta garde. »
Mais Samuel, sachant qu’il touchait au terme de ses vicissitudes : « C’est chose superflue, dit-il, que de vouloir rien apprendre de moi, dès que Dieu t’a abandonné ; sache cependant que David doit régner et achever heureusement cette guerre, et que toi, tu dois perdre le pouvoir et la vie pour avoir désobéi à Dieu lors de la guerre contre les Amalécites et n’avoir pas observé ses commandements, ainsi que je te l’ai annoncé de mon vivant. Apprends donc que ton peuple sera terrassé par tes ennemis, que toi-même avec tes enfants tu tomberas demain dans la bataille et que tu viendras me rejoindre. »" -
http://remacle.org/bloodwolf/historiens ... a6.htm#XIV
[242] Enveloppé d’un meil, selon la Bible. Josèphe a la même traduction que les LXX : διπλοίς, mais il y ajoute l’épithète de ίερατιxή.