a écrit :nous souhaitons vivement revêtir notre domicile céleste par-dessus l'autre
Est ce une traduction honnête et notamment l'expression "l'autre".
"
Nous savons, en effet, que si notre demeure terrestre, qui n'est qu'une tente, est détruite, nous avons dans les cieux une construction qui est l'ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n'a pas été fabriquée par des mains humaines. Aussi nous soupirons dans cette condition ; nous souhaitons vivement revêtir notre domicile céleste par-dessus l'autre, s'il est vrai qu'une fois vêtus nous ne serons pas trouvés nus. Car, tandis que nous sommes dans cette tente, nous soupirons, accablés, parce que nous voulons, non pas nous dévêtir, mais nous revêtir, pour que le mortel soit englouti par la vie" (
2 Co 5,1-4 - NBS)
"
Et nous gémissons, dans le désir ardent de revêtir, par-dessus l’autre, notre habitation céleste" (
TOB)
"
ardemment désireux de revêtir par-dessus l'autre notre habitation céleste" (
BdJ)
Au lieu de vous focaliser sur un mot que vous isolez (très mauvaise méthode de lecture), je vous encourage à lire l'ensemble du texte et d'essayer d'appréhender la façon dont le texte s'articule et la pensée que l'auteur développe (si ça vous intéresse ...).
Concentrez vous sur cette expression et sur son sens : "
parce que nous voulons, non pas nous dévêtir, mais nous revêtir", si le croyant ne souhaite pas se dévêtir de sa demeuré terrestre mais se "
revêtir" de son domicile céleste, c'est que l'un est porté ou revêtu sur l'autre. Pour vous aider à comprendre, si vous ne voulez pas vous dévêtir d'un premier vertement mais que vous souhaitez revêtir un autre vêtement, c'est que l'un recouvre l'autre.
La conclusion de Paul confirme son argumentation : "
pour que le mortel soit englouti par la vie", en revêtant son domicile céleste par-dessus sa demeure terrestre, la vie ENGLOUTI (avale, absorbe) la mort qui habite le croyant.
La
TMN confirme cette leçon, en 2 Co 5,4 : "
parce que nous ne voulons pas nous dévêtir de celle-ci, mais que nous voulons aussi revêtir l’autre"
> Si le croyant ne souhaite pas se dévêtir mais revêtir l'autre demeure, c'est qu'il porte le domicile céleste par dessus, l'autre demeure terrestre.
L'image de la demeure ("tente" terrestre vs. "construction" céleste), qui correspond grosso modo à celle du "corps psychique" et du "corps pneumatique" en 1 Corinthiens 15, se double de celle du vêtement, qui permet de réintroduire l'autre distinguo de 1 Corinthiens 15 (et 1 Thessaloniciens 4), entre
les morts et les vivants à la parousie: il y aura ceux (les morts) qui auront quitté un vêtement avant de revêtir l'autre par la résurrection (l'état "intermédiaire" étant donc figuré par la nudité, cf. le "grain nu" en 1 Corinthiens 15), et ceux (
les vivants) qui revêtiront le nouveau vêtement par-dessus l'ancien (qui seront "changés" sans passer par la mort, dans les deux autres textes).
Vous comprendre ???
a écrit :Vous notez l'expression "tels sont aussi les célestes". Nous ne lisons pas "tels seront aussi les célestes", au futur, ce qui devrait être le cas si Paul pensait aux élus. En effet, nous savons, par Paul, que les élus ne seront célestes que lors de la parousie de Jésus (1 Thess 4).
La spiritualisation des corps des croyants commence de leur VIVANT :
"
Mais l'homme naturel n'accueille pas ce qui relève de l'Esprit de Dieu, car c'est une folie pour lui ; il ne peut pas connaître cela, parce que c'est spirituellement qu'on en juge. L'être spirituel, lui, juge de tout, tandis que lui-même n'est jugé par personne. En effet, qui a connu la pensée du Seigneur, pour l'instruire ? Or nous, nous avons la pensée du Christ" ( 1 Co 2,14-16).
Ce qu'il en ressort de 1 Thess 4 , c'est que les morts ressuscitent sur terre et qu'"ensuite" eux et les survivants font le voyage ensemble, si je puis dire -- ce serait une précision supplémentaire par rapport à 1 Corinthiens 15 ET à 2 Corinthiens 5, qui comportent une "transformation" mais aucun "voyage", puisque la "terre" et le "ciel" y sont d'emblée associés, respectivement, à l'avant-mort et à l'après-résurrection/changement. Dans ce cas c'est 1 Corinthiens 15 qui simplifierait le schéma, en abandonnant entre autres choses l'idée du voyage (des morts ressuscités et des vivants) de la terre au ciel, en passant du "mouvement" (ascension) au "changement" (de nature), nécessaire aussi bien pour les
morts ressuscités avec un "corps spirituel" que pour
les vivants "changés":
"Je vais vous dire un mystère : nous ne nous endormirons pas tous ; mais tous, nous serons changés, 52en un instant, en un clin d'œil, à la dernière trompette. Car elle sonnera, et
les morts se réveilleront impérissables, et nous, nous serons changés. 53Il faut en effet que le périssable revête l'impérissable, et que le mortel revête l'immortalité" (1 Cor 15,51-53)
a écrit :Paul a écrit ceci:
S'il y a un corps animal, il y a aussi un corps spirituel. 45 C'est pourquoi il est écrit: Le premier homme, Adam, devint une âme vivante. Le dernier Adam est devenu un esprit vivifiant.
Le (verbe) "devenir" (gi[g]nomai) vient directement de la version grecque de Genèse 2,7, kai egeneto ho anthrôpos eis psukhè zôsan, "et l'homme devint une âme vivante". Ce qui est plus difficile à percevoir et à traduire en français, c'est le rapport entre l"âme" (psukhè, psyché) et le "naturel" qui traduit psukhikos: on pourrait se contenter de transcrire "psychique", ou calquer "animal", d'après le latin (psukhè = anima), mais cela prêterait à confusion par rapport à l'usage ordinaire de ces termes en français. On dit "naturel", faute de mieux, mais cela n'a aucun rapport avec la "nature" qui traduit habituellement phusis, d'où "physique"... Quoi qu'il en soit il y a bien
une continuité de l'"homme" ('adam-anthrôpos) entre le "premier" et le "second" ou "dernier": il ne s'agit pas de la comparaison de deux personnages indépendants, mais des potentialités de
la même "figure" qui s'actualisent successivement, d'abord comme psychique-animal-naturel-terrestre, ensuite comme pneumatique-spirituel-céleste.
a écrit :Et enfin Paul conclut ainsi : Ce que je dis , frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu
La résurrection verra donc le corps du croyant semé corruptible renaître incorruptible ; corps animal devenir corps spirituel ; animal (âme) doué de vie vs esprit qui fait vivre. Le premier c’est l’animal (ce que nous sommes) le second c’est le spirituel (ce que nous sommes en devenir). La chair et le sang ne pouvant hériter le Royaume de Dieu, l’idée est celle d’une rupture entre le monde et le royaume et une
transformation qui permet de passer de l’un à l’autre. Mais sans doute, le lieu de basculement n’est-il pas seulement eschatologique. Il est
anticipé dans l’affirmation du v. 45 : c’est la résurrection du Christ (le dernier Adam) qui
fait vivre. Ainsi dans l’expérience christique, le croyant passe d’animal vivant à sujet vivant, dès à présent et jusqu'à la fin du processus qui le mènera au royaume (mais le processus est déjà entamé).