Bonsoir Gérard,
Je disais:
Mais la question ne se pose pas à ce niveau.
Et tu me réponds:
Si au contraire. C'est toi qui fait dériver ma question.
s'il te plait Gérard, laissons de côté les affirmations qui mettent en doute l'honnêteté intellectuelle de l'interlocuteur. J'essaie simplememt de soulever un point dans le discours pro-sacerdoce fémimin et d'appronfondir un peu le débat pour voir où ce discours abouti.
Comme je le disais dans mon premier message la femme pourrait tout à fait assumer le ministère qu'assume l'homme-prêtre. Elle en a les capacités physiques, mentales, morales..etc. Et si tel était la question des protagonistes du sacerdoce féminin, alors la réponse est OUI, OUI, OUI...aucun doute là-dessus. Donc le problème est réglé. Alléluia!
Mais, bien sûr, je ne crois pas que la question se pose à ce niveau, c'est du moins ce que j'ai cru comprendre.
La question se pose au niveau de l'égalité. Toi-même tu as mis dans la formulation de ton sondage: "car elles sont les égales des hommes". Donc la question se pose à ce niveau, et aussi en corolaire au niveau du pouvoir. Mais restons sur le point principale: l'égalité entre l'homme et la femme et inversement, dans la vie de l'Église.
Je te l'ai dit : je suis d'accord avec ton analyse : la prêtrise n'est pas un but forcé de tout chrétien.
oui, je suis d'accord et lorsque je dis: "accéder obligatoirement au sacerdoce" je ne dis pas non plus que toute les femmes qui sont engagée dans la vie de l'Église vont devenir prêtre. Je dis simplement que le discours pro-sacerdoce féminin, fait dépendre la valeur et l'égalité de la femme dans son rôle et ses fonctions dans la vie de l'église de l'obligation qu'elles aient accés au sacerdoce. Comprends-tu la différence?
Et devenir une copie de conforme de l'homme n'est pas un but forcé de toute femme.
ouf...!
Mais il n'y a pas de raison de dresser une barrière aux femmes qui veulent devenir "prêtre-copie-conforme-de-l'homme".
tout est question de dignité humaine. L'église doit-elle considérer la dignité humaine de la femme et la valeur qui lui est propre, comme dépendante de la possibilité légale éclésialement parlant (et non pas de la possibilité physique, mentale ou intellectuelle..etc, puisqu'à ce niveau -là il est évident que la femme en a les capacités, justement selon le principe d'égalité) qu'elle devienne "prêtre-copie-conforme-de-l'homme"..??? Où est le respect de la femme là-dedans? Où est la reconnaissance de la valeur qui lui est propre? Où est la reconnaissance de son identité de femme en tant que tel?
Les vraies raisons de Ratzinger ? Oui, c'est d'abord du conservatisme, de la paresse d'esprit et un manque de courage : on ne pourra jamais lui reprocher de "conserver ce qui existe", puisqu'aprés tout c'est son rôle initial. En revanche "faire des réformes" c'est toujours un risque, surtout quand on pense aux implications.
Je t'ai concédé que Raztinger avait tous les tords sur le sujet et je te le concède encore, c'est un vieux conservateur endurçi...et tout et tout.
Ce point étant fait, concentrons-nous précisément sur le discours pro-sacerdoce et ce qu'il draine en arrière fond.
Les implications à long terme d'autoriser les femmes à devenir prêtre, c'est évidemment ouvrir la porte aux femmes à la direction de l'Eglise. Car, s'il y a des femmes-prêtres, il y aura des femmes-évêques, elles participeront à la direction religieuse et théologique. C'est du jamais vu. Arrête-moi si je me trompe, mais bien qu'il y ait eu des milliers de femmes saintes et martyres, aucune n'a pondu la moindre référence théologique qui puisse servir dans la direction de l'Eglise. Donc, les voir parvenir à des niveaux de "direction spirituelle" ça fait peur, ça n'est jamais arrivé
STOP..!
Direction et gestion de et dans l'Église?
Je te donne d'abord un exemple d'actualité:
Huguette Leblanc (québécoise) anciennement rédactrice en chef de la revue UNIVERS (revue officielle de l'oeuvre pontificale de la propagation de la foi) et directrice du service des publications de Missio Canada (
www.missio.org) a été nommée directrice de l'Oeuvre pontificale de St Pierre-Apôtre et secrétaire nationale (pour toute l'église canadienne).
Tu vas me dire, mais quel pouvoir décisionnel a-t-elle? Le voici en chiffre: au cours de l'année 2001, cette oeuvre a aidé 884 séminaires totalisant 72 682 séminaristes; auquel nombre s'ajoutent 9935 novices, tant masculins que féminins (et cela au niveau mondial puisqu'il s'agit d'une oeuvre missionnaire). Elle a distribué (au niveau mondial) 39 314 675,39$ (US) en provenance pour une partie (1 260 383,69$ US) du Canada.
Par qui cette oeuvre a-t-elle était fondée? Par un pape? non. Un évêque? non. Un prêtre? non. Un moine? non. Un mec alors?..
Et bien non. Elle a été fondé par Jeanne Bigard, et avec, accessoirement, l'aide de sa mère.
J'ai eu l'occasion de rencontrer Huguette Leblanc et de discuter avec elle au cours d'un repas, je ne l'ai pas sentie frustrée ou avec un sentiment d'infériorité parce que malgré le rôle et les fonctions qu'elle occupe au sein de la vie de l'Église au canada et dans le monde, elle n'a pas la possibilité d'accéder au sacerdoce, au rôle et aux fonctions propres à certains hommes dans la vie de l'Église au canada et dans le monde.
Un autre exemple, toujours d'actualité mais avec une portée paroissiale:
Les marguillères. La gestion des finances et des besoins matériels (réparation, entretien, cierges...) d'une église paroissiale n'est pas entre les mains du curé-despote et machiste, mais entre les mains de laïcs, homme et femme. N'importe quel paroissien ou paroissienne peut se présenter et ce sont les autres paroissiens et paroissiennes qui votent pour l'un ou l'autre. Le curé n'a pas le droit de vote.
Direction religieuse et théologique? Ponte de références théologiques?
Je te donnerais un exemple trés connu, celui de Ste Thérèse de Lisieux qui est "docteur de l'Église" au même titre que les Pères.
Nombreux sont les catholiques adeptent de la "petite voie" de Ste Thérèse. Des enseignements, des conférences, des rencontres, des retraites, des discussions, des études, des écrits, des livres, des chansons...s'appuient sur les écrits, la vie, la réflexion de Thérèse Martin, et cela au niveau international.
Sa doctrine et son exemple de sainteté ont été reçus par toutes les catégories de fidèles de ce siècle avec un grand enthousiasme, et aussi en dehors de l'Église catholique et du christianisme.
Elle a été "proclamée Docteur de l'Église, à cause de la solidité de sa sagesse spirituelle, inspirée par l'Évangile, à cause de l'originalité de ses intuitions théologiques où brille sa doctrine éminente, et à cause de l' universalité de la réception de son message spirituel, accueilli dans le monde entier et diffusé par la traduction de ses oeuvres dans une cinquantaine de langues" (cf
http://www.vatican.va/news_services/lit ... se_fr.html )
Je pense aussi à Adrienne Von Spyer ou Édith Stein...entre autre.
Et je ne cite pas toutes les femmes fondatrices de communautés religieuses, d'oeuvres de charité...etc.
Excuse-moi, mais remplace le mot "femme" par le mot "noir", et tu verras à quel point ton discours se ramène à du racisme. "Oui, c'est vrai, pourquoi les noirs veulent-ils copier l'homme blanc ? Les noirs ont leur propre sensibilité ! Ce n'est pas la peine de leur donner des postes à responsabilité. Pourquoi ne pourraient-ils pas être les égaux des blancs malgré le fait qu'on leur interdise l'accés à certaines fonctions ?"
Non, ton équivalence ne tient pas, car à ce que je sache les noirs ne sont pas seulement des femmes.
Ici, il est question de savoir s'il est plus égalitaire pour une femme, noire, blanche, verte ou rouge d'avoir la possibilité de devenir la copie-conforme de l'homme qu'il soit noir, blanc, vert ou rouge, dans son rôle et ses fonctions dans la vie de l'Église ou si au contraire cela ne nie pas le rôle, les fonctions et la valeur propre à la femme au sein de l'Église, qu'elle soit noire, blanche, verte ou rouge (la femme, pas l'Église..
).
Prenons encore un exemple parlant pour illustrer le discours pro-sacerdoce:
Tu as deux enfants, des jumeaux. Ils ont tout deux le même père et la mème mère. Ils sont nés le même jour, à la même heure (quelques minutes en plus pour l'un des deux, tout de même) ils reçoivent l'un comme l'autre autant d'affection et d'attention. Ils sont nourris aussi bien l'un que l'autre...etc. Bref, ils sont égaux à tous les niveaux, cependant ils ne sont pas identiques, ils ne sont pas uniformes, copie-conforme l'un de l'autre parce que l'un à l'identité masculine et l'autre féminine. Mais voilà que tu dis à ta fille:
ma chouette, je suis désolé mais si tu veux vraiment être l'égal de ton frère il faut que tu t'habilles exactement comme lui, sinon, tu seras toujours inférieure à lui même si tu as un habillement qui t'es propre et qui a autant de valeur, de beauté, d'intérêt que celui de ton frère. Voilà. Et bien, non, je ne peux pas sauter de joie et crier à la super-égalité des femmes vis-a-vis des hommes et à la réelle reconnaissance des femmes dans la vie de l'église quant à leur rôle et leur fonctions, parce que cela est subordonnée à l'obligation de pouvoir accéder au rôle et aux fonctions de leur égal masculin, et non pas de leur clone masculinisé.
Tu comprends ? C'est du racisme paternaliste : malgré toutes les bonnes intentions, on en arrive à interdire à certains d'être ce qu'ils voudraient être. Et ça c'est inacceptable.
mais une femme est-elle un homme? une femme doit-elle devenir un homme? N'est-ce pas inacceptable que de subordonner l'égalité et la valeur de la femme dans l'Église à son accessibilité obligatoire au sacerdoce (non pas que les femmes doivent forcément devenir prêtre pour être l'égale des hommes, mais qu'il faut forcément qu'elle puisse y accéder) ? Pour moi c'est inacceptable et c'est réducteur quand au rôle, à la fonction et à la place que je peux tenir en tant que femme dans la vie de l'Église, car quoique ce soit que je fasse, même si je suis reconnue docteur de l'Église, même si je suis reconnue théologienne, même si je suis reponsable de grandes oeuvres, même si je suis fondatrice d'une communauté..etc, les pro-sacerdoce féminin me ressortirons tout le temps: ça ne vaut rien dans la vie de l'Église car tu n'as pas accés au sacerdoce, donc tu es inférieure à l'homme temps et aussi longtemps que tu ne te feras pas greffer une pomme d'adam dans le cou..!!!
Je ne suis pas un pro-égalitariste absolu, il faut de tout pour faire un monde. Mais je suis farouchement anti "anti-égalitariste".
si tu es anti "anti-égalitariste" alors tu ne pas pas être pro-sacerdoce féminin, en toute logique. Car justement les pro-sacerdoce féminin ne reconnaissent pas le rôle et la fonction propre à la femme ni la femme elle-même, comme égal à l"homme, si ce n'est lorsqu'elle aura la possibilité d'être "copie-conforme" de l'homme. Bref, la femme en tant que tel est niée, le rôle et les fonctions qui lui sont propres à elle en tant que femme, distincte et différente de l'homme (et non pas clone féminisé de l'homme) n'ont aucune valeur puisqu'ils sont subordonnés à ceux de l'homme. Voilà jusqu'où va le raisonnement pro-sacerdoce féminin si on prend le temps de l'approfondir un peu.
Merci de bien vouloir poursuivre ce dialogue dans la paix et le respect, j'apprécie.
Bonne soirée
Clotilde