En fait tu parles vraimant comme un puceau, un perroquet puceau. Tu repete ce qu'on te dis sans etre capable de porter un jugement personnel.
- Il y a une différence entre le puceau frustré qui n'a pas choisi son pucelage et le puceau épanoui qui a choisi son pucelage et l'assume complètement - excusez la trivialité des termes, mais je ne fais que reprendre ceux d'Ahasverus - (aujourd'hui d'ailleurs, maintenant que la jeunesse est capable d'un peu de recul sur la soi-disant "libération sexuelle" des années 60-70, ce choix de vie suscite davantage le respect que le rire - quoique peut-être un peu de déception chez certaines...
- je peux t'assurer que des "dans le fond, c'est toi qui a raison", j'en ai entendu un paquet, et venant de personnes qui ont fait des choix de vie radicalement opposés).
- Concernant le perroquet, crois-tu vraiment que ce soit dans les milieux "catho" bien-pensants que j'ai entendu parler de Reich, Kinsey ou Masters et Johnson ? Crois-tu vraiment que ce soit sur les conseils de mon confesseur que j'ai lu
Psychopathia Sexualis de Krafft-Ebing (en anglais s'il vous plaît ! - je ne connais pas l'allemand, dommage) ou
La révolution sexuelle de Reich ? Désolé de devoir t'ouvrir les yeux, mais la sexologie - du moins telle qu'elle est conçue par ces auteurs - n'est pas remise en cause qu'au Vatican, loin de là.
Faisons donc un peu d'épistémologie de la sexologie (j'aime beaucoup l'épistémologie) : la sexologie est une science exclusivement descriptive. Elle n'est pas destinée à produire des jugements moraux - et produire des jugements moraux la rendrait moins crédible, et perturberait la démarche de connaissance.
Certains ont critiqué la sexologie parce qu'elle mettait sur la place publique des choses qu'ils considéraient comme devant restées cachées dans l'intimité des partenaires sexuels. Ces critiques peuvent avoir une certaine pertinence (il n'est sans doute pas bon que les ouvrages de sexologie figurent à la devanture des librairies, par exemple...) mais ne permettent pas en réalité de remettre en cause la sexologie. En particulier, la sexologie a mis en relief le phénomène de l'orgasme, et a contribué à ce que les partenaires sexuels comprennent un peu mieux ce qu'ils faisaient et puissent donc plus facilement se donner du plaisir. Jusque là, pas de problème.
Mais il y a d'autres critiques de la sexologie, qui cette fois ne portent que sur certains sexologues (une grande partie à vrai dire) : on peut en effet reprocher à nombre de sexologue d'avoir dépassé les limites de leur discipline en prétendant s'appuyer sur leurs compétences en description de la sexualité (sexologie au sens propre) pour en tirer des jugements moraux, par exemple un appel à la "révolution sexuelle", et le refus du terme de "perversion". (Remarquons au passage que Freud, lui, emploie le terme de perversion - et qu'il doit se retourner dans sa tombe en voyant les gens qui se prétendent aujourd'hui ses héritiers). Que dans sa démarche d'acquisition de connaissance le sexologue rejette le terme de perversion, très bien, aucun problème, puisque la sexologie est la description d'un phénomène physiologique. Mais qu'il prétende étendre le rejet du terme de perversion à l'extérieur de sa propre science, alors là on est en droit de s'y opposer. La morale n'a pas sa place dans la sexologie - quoique sur le plan psycho-physiologique il doit être très intéressant d'étudier les effets de la transgression morale, par exemple - mais la morale a sa place dans le monde, n'en déplaise à Kinsey !
En fait, ceux qui critiquent la sexologie en lui reprochant d'étendre ce refus du terme de perversion en dehors de son domaine d'application et d'appeler à la révolution sexuelle ne font ni plus ni moins que rappeler à la sexologie ce qu'elle est et qu'elle ne devrait jamais cesser d'être : une description de la sexualité et des actes qui en constituent l'exercice. Un point c'est tout. En fait - ne méconnaissant pas qu'autrefois l'Eglise a pu critiquer excessivement et illégitimement la psychologie et la sexologie - la critique que fait porter aujourd'hui l'Eglise - et d'autres - sur la sexologie n'est qu'une oeuvre de saine épistémologie à laquelle beaucoup de sexologues eux-mêmes souscrivent (notamment ceux qui exercent au jour le jour...).