Alexandre Moret , Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France, etc., chapitre II: Le Verbe Créateur, pages 105 à 139, In Les Mystères Egyptiens. Gérard Monfort, Editeur. 1983.
Alexandre Moret brosse tout d'abord l'apparition et l'évolution de la Trinité en Egypte et s'arrête au papyrus de Leyde , époque des Ramessides (-1300_-1200):
"Trois dieux sont tous les dieux: Amon, Râ, Phath. Celui dont la nature (litt. le nom) est mystérieuse, c'est Amon; Râ est la tête: Phath est le corps. leurs villes sur terre, établies à jamais, sont Thèbes, Héliopolis, Menphis (stables) pour toujours.
Quand il y a un message du ciel, on l'entend à Héliopolis; on le répète à Menphis à Phath; on en fait une lettre écrite en caractère de Thot pour la pour la ville d'Amon (Thèbes) avec tout ce qui s'y rapporte. La réponse et la décision sont données à Thèbes, et ce qui sort c'est à l'adresse de l'énnéade divine. les dieux sont établis pour lui, suivant ses commandements. Le message, il est pour tuer ou pour vivre. Vie et mort en dépendent pour tous les êtres, excepté pour lui Amon, et pour Râ (et our Phath), unité-trinité*
* Litt. "totalisés trois"
(Hymns to Amon Gardiner. Hymns to Amon )
Alexandre Moret pousuit:
.... " Quand Platon et après lui
Saint Augustin définissent ainsi le pouvoir du dieu Thot: "c'est le dieu du verbe lui-même, le verbe ailé qui, par le commerce, les arts, la science....., sert de messager à la pensée divine"*
* Reitzenstein, Zwei religion frag. p.81:
Ich nehme, da ich einmal bei den zu Unrecht so wenig beachteten Büchern Yarros bin, gleich die Stelle voraus, welche mir für die Ausbildung der christlichen Logos-Lehre geradezu entscheidende Bedeutung zu haben scheint. Augustin berichtet de civ. dei** VII 14: si sermo ipse dicitur esse Mercurius, sicut quae de illo interpretantur ostendunt - man ideo Mercurius quasi medius currens dicitur appellatus, quod sermo currat inter homines medius; ideo Ερμής gracce, quod sermo vel interpretatio, quae ad sermonem utique pertinet, εῤυηνεία dicitur; ideo et mercibus pracesse, quia inter vendentes et ementes sermo fit medius: alas cius in capite et pedibus significare volucrem ferri per aëra sermonumen; nuntium dictum quoniam per sermonem omnia cogita enuntiantur.
** la Cité de Dieu. CHAPITRE XIV. DES FONCTIONS DE MERCURE ET DE MARS:
"Quant à Mercure et à Mars, ne sachant comment les rapporter à aucune partie du monde ni à aucune opération divine sur les éléments, ils se sont contentés de les faire présider à quelques autres actions humaines et de leur donner puissance sur la parole et sur la guerre. Or, si le pouvoir de Mercure s’étend aussi sur la parole des dieux, il s’ensuit que le roi même des dieux lui est soumis, puisque Jupiter ne peut prendre la parole qu’avec le consentement de Mercure, ce qui est absurde. Dira-t-on qu’il n’est maître que du discours des hommes ? mais il est incroyable que Jupiter, qui a pu s’abaisser jusqu’à allaiter non-seulement les enfants, mais encore les bêtes, d’où lui est venu le nom de Ruminus, n’ait pas voulu prendre soin de la parole, laquelle élève l’homme au-dessus des bêtes ? Donc Mercure n’est autre que Jupiter. Que si l’on veut identifier Mercure avec la parole (comme font ceux qui dérivent Mercure de medius currens[1] parce que la parole court au milieu des hommes ; et c’est pourquoi, selon eux, Mercure s’appelle en grec Ἑρμῆς, parce que la parole ou l’interprétation de la pensée se dit έρμηνεία[2], d’où vient encore que Mercure préside au commerce, où la parole sert de médiatrice entre les vendeurs et les acheteurs ; et si ce dieu a des ailes à la tête et aux pieds, c’est que la parole est un son qui s’envole ; et enfin le nom de messager qu’on lui donne vient de ce que la parole est la messagère de nos pensées), tout cela posé, que s’ensuit-il, sinon que Mercure, n’étant autre que le langage, n’est pas vraiment un dieu ? Et voilà comment il arrive que les païens, en se faisant des dieux qui ne sont pas même des démons, et en adressant leurs supplications à des esprits immondes, sont sous l’empire, non des dieux, mais des démons. Même conclusion pour ce qui regarde Mars : dans l’impossibilité de lui assigner aucun élément, aucune partie du monde où il pût contribuer à quelque action de la nature, ils en ont fait le dieu de la guerre, laquelle est le triste ouvrage des hommes. D’où il résulte que si la déesse Félicité donnait aux hommes la paix perpétuelle, le dieu Mars n’aurait rien à faire. Veut-on dire que la guerre même fait la réalité de Mars comme la parole fait celle de Mercure ? plût au ciel alors que la guerre ne fût pas plus réelle qu’une telle divinité !
Qui court au milieu. Arnobe et Servius dérivent Mercurius de medicurrius. (Voyez Arnobe, Contra Gent., lib. iii, p. 112, 113, et Servius, ad Georg., lib. iii, v. 302.)
Cette étymologie est une de celles que donne Platon dans le Cratyle (trad. fr., tome xi, page 70.)"
https://fr.wikisource.org/wiki/La_Cit%C ... apitre_XIV
Traduction par Émile Saisset.