[Jéhovah] Les TJs débouté (on peut pas touours gagner)
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Les Témoins de Jéhovah croient que Dieu a restauré le véritable christianisme par leur intermédiaire. Le présent forum est axé exclusivement sur l'éducation. Sinon SVP : Pour toutes comparaisons qui ne sauraient vous satisfaire, en présence de l'enseignement officiel, utilisez le forum débat chrétien (forum de dialogue œcuménique)
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- Dark-sanctuary
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Ecrit le 28 août06, 22:28
Si la pédophilie n'est pas tolérée chez les témoins comme tu dis, je te repose ma question : comment expliquer qu'une congrégation entière se présente en tant que témoin de moralité pour soutenir un pédophile alors que dans le même temps pour faire taire les victimes on veut les exclure ou alors les mettre au ban de la congrégation ?
- medico
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Ecrit le 28 août06, 23:11
si un tj a fait le mal la congrégation ne le soutiendra en aucune maniére.
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah
- Dark-sanctuary
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Ecrit le 29 août06, 06:43
C'est arrivé que les fils du grand prêtre Elie soient des fornicateurs et des blasphémateurs, et Elie les laissait faire, alors qu'il était grand prêtre. Dieu jugera les hommes en son temps. La congrégation est là pour se purifier au maximum, pas pour enquêter, ni juger, ni condamner.Dark-sanctuary a écrit :Pourtant c'est arrivé à plusieurs reprises ! Comment l'expliquer ?
- Dark-sanctuary
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Ecrit le 29 août06, 07:36
Il y a un truc que je n'arrive vraiment pas à saisir :
Ne le fait-elle pas pourtant à chaque fois que quelqu'un fait un pas de travers ou ose remettre en question les doctrines ? Les comités judiciaires ne s'érigent pas en juges, prononçant des condamnations dans le but de "purifier la congrégation" ?La congrégation est là pour se purifier au maximum, pas pour enquêter, ni juger, ni condamner.
Ecrit le 29 août06, 07:56
Exactement, il s'agit pour le collège de purifier la congrégation, et non de condamner l'exclu. Le collège des anciens n'a aucun pouvoir de ce côté là, il ne fait que mettre de l'ordre dans la congrégation. En ce qui concerne le salut de chacun, c'est à chacun de s'en occuper.Dark-sanctuary a écrit :Il y a un truc que je n'arrive vraiment pas à saisir :
Ne le fait-elle pas pourtant à chaque fois que quelqu'un fait un pas de travers ou ose remettre en question les doctrines ? Les comités judiciaires ne s'érigent pas en juges, prononçant des condamnations dans le but de "purifier la congrégation" ?
(Galates 6:5) 5 Car chacun portera sa propre charge.
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Ecrit le 20 oct.06, 01:45
Querelles autour du statut des Témoins de Jéhovah
LE MONDE | 19.10.06 | 15h58 • Mis à jour le 19.10.06 | 15h58
es Témoins de Jéhovah sont-ils une religion à part entière ou doivent-ils être considérés comme une secte ? L'administration a fait son choix. Pour Didier Leschi, chef du bureau central des cultes au ministère de l'intérieur, "en l'état actuel de la jurisprudence, ils ont le droit de bénéficier du statut d'association cultuelle". Ce statut, défini par la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat, donne droit à un certain nombre d'avantages fiscaux.
A l'inverse, la commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs, présidée par le député Georges Fenech (UMP, Rhône), considère que les Témoins de Jéhovah sont une secte et que des enfants y sont victimes de "maltraitance psychologique".
Le chef du bureau des cultes se retranche derrière la jurisprudence du Conseil d'Etat. Au cours de ces dix dernières années, les préfectures ont refusé d'accorder le statut d'association cultuelle aux associations de Témoins de Jéhovah. Or, les tribunaux administratifs ont constamment donné raison à ceux-ci.
Dans deux arrêts du 23 juin 2000, le Conseil d'Etat a reconnu implicitement le statut cultuel de deux associations locales des Témoins de Jéhovah à Clamecy (Nièvre) et à Riom (Puy-de-Dôme), estimant qu'elles pouvaient bénéficier de l'exonération de la taxe foncière pour les lieux de culte consentie aux associations cultuelles, puisqu'aucun acte délictueux ne pouvait leur être reproché. En effet, selon la jurisprudence administrative, une association peut être reconnue comme cultuelle à deux conditions : qu'elle ait pour objet exclusif l'exercice du culte et qu'elle ne porte pas atteinte à l'ordre public.
Les principaux reproches adressés aux Témoins de Jéhovah concernent leur refus de la transfusion sanguine. Or, le bureau des cultes rappelle que, dans un arrêt du 16 août 2002, le Conseil d'Etat a estimé que "le refus de recevoir une transfusion sanguine constitue l'exercice d'une liberté fondamentale". Il s'appuie aussi sur les dispositions de la loi Kouchner du 4 mars 2002 sur le droit des malades. "Le consentement du mineur ou du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s'il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision", dit ce texte.
"LIBERTÉ DE CONSCIENCE"
Le refus de la transfusion sanguine ne soulèverait donc plus de difficultés en termes juridiques, selon le bureau des cultes. Depuis peu, la Caisse d'assurance-vieillesse, invalidité, et maladie des cultes (Cavimac), qui assure notamment la couverture sociale des prêtres catholiques, a accepté d'assurer 700 ministres du culte des Témoins de Jéhovah.
Le chef du bureau des cultes a eu l'occasion d'exprimer le point de vue de l'administration, mardi 17 octobre, devant la commission parlementaire. Son intervention a provoqué des réactions très vives. "Nous sommes atterrés, a réagi Martine David (PS, Rhône). Vous donnez le sentiment d'être imperméable aux témoignages des anciens adeptes et à la maltraitance psychologique des enfants." "On ne m'a jamais avancé de dossiers précis sur des cas de maltraitance chez les Témoins de Jéhovah au cours de ces dernières années", a répondu M. Leschi.
"Dans ce que vous dites, j'entends une reconnaissance officielle des Témoins de Jéhovah, s'est indigné M. Fenech. Vous êtes en train de nous dire que cette organisation est devenue la cinquième religion de France !" Quant au député Alain Gest (UMP, Somme), il a reproché au chef du bureau des cultes, qui disait ne pas devoir porter de jugement sur les croyances, de "mettre sur le même plan les religions et les sectes".
Dans son exposé, M. Leschi s'en est pris à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), l'accusant d'"approximation". "Le ministère de l'intérieur est parfois accusé de sous-estimer le trouble à l'ordre public que généreraient 'par nature' certains mouvements, focalisant ainsi l'attention de la Miviludes, a-t-il expliqué. Je veux parler de mouvements qui, pour certains, ont des décennies, voire des siècles d'existence et sont issus de grands courants spirituels ou s'y rattachent, comme les Frères de Plymouth (un groupe fondamentaliste protestant), les Témoins de Jéhovah, et, depuis quelques mois, les Loubavitch, qui sont l'expression d'une vieille tradition du hassidisme juif. (...) Je crains fort que cette stigmatisation (...) ne constitue à terme des troubles à l'ordre public, ou pour le moins des manifestations d'intolérance à l'égard de l'une des libertés les plus fondamentales de tout homme et de tout citoyen : la liberté de conscience."
Xavier Ternisien
Article paru dans l'édition du 20.10.06
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... r=RSS-3226
LE MONDE | 19.10.06 | 15h58 • Mis à jour le 19.10.06 | 15h58
es Témoins de Jéhovah sont-ils une religion à part entière ou doivent-ils être considérés comme une secte ? L'administration a fait son choix. Pour Didier Leschi, chef du bureau central des cultes au ministère de l'intérieur, "en l'état actuel de la jurisprudence, ils ont le droit de bénéficier du statut d'association cultuelle". Ce statut, défini par la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat, donne droit à un certain nombre d'avantages fiscaux.
A l'inverse, la commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs, présidée par le député Georges Fenech (UMP, Rhône), considère que les Témoins de Jéhovah sont une secte et que des enfants y sont victimes de "maltraitance psychologique".
Le chef du bureau des cultes se retranche derrière la jurisprudence du Conseil d'Etat. Au cours de ces dix dernières années, les préfectures ont refusé d'accorder le statut d'association cultuelle aux associations de Témoins de Jéhovah. Or, les tribunaux administratifs ont constamment donné raison à ceux-ci.
Dans deux arrêts du 23 juin 2000, le Conseil d'Etat a reconnu implicitement le statut cultuel de deux associations locales des Témoins de Jéhovah à Clamecy (Nièvre) et à Riom (Puy-de-Dôme), estimant qu'elles pouvaient bénéficier de l'exonération de la taxe foncière pour les lieux de culte consentie aux associations cultuelles, puisqu'aucun acte délictueux ne pouvait leur être reproché. En effet, selon la jurisprudence administrative, une association peut être reconnue comme cultuelle à deux conditions : qu'elle ait pour objet exclusif l'exercice du culte et qu'elle ne porte pas atteinte à l'ordre public.
Les principaux reproches adressés aux Témoins de Jéhovah concernent leur refus de la transfusion sanguine. Or, le bureau des cultes rappelle que, dans un arrêt du 16 août 2002, le Conseil d'Etat a estimé que "le refus de recevoir une transfusion sanguine constitue l'exercice d'une liberté fondamentale". Il s'appuie aussi sur les dispositions de la loi Kouchner du 4 mars 2002 sur le droit des malades. "Le consentement du mineur ou du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s'il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision", dit ce texte.
"LIBERTÉ DE CONSCIENCE"
Le refus de la transfusion sanguine ne soulèverait donc plus de difficultés en termes juridiques, selon le bureau des cultes. Depuis peu, la Caisse d'assurance-vieillesse, invalidité, et maladie des cultes (Cavimac), qui assure notamment la couverture sociale des prêtres catholiques, a accepté d'assurer 700 ministres du culte des Témoins de Jéhovah.
Le chef du bureau des cultes a eu l'occasion d'exprimer le point de vue de l'administration, mardi 17 octobre, devant la commission parlementaire. Son intervention a provoqué des réactions très vives. "Nous sommes atterrés, a réagi Martine David (PS, Rhône). Vous donnez le sentiment d'être imperméable aux témoignages des anciens adeptes et à la maltraitance psychologique des enfants." "On ne m'a jamais avancé de dossiers précis sur des cas de maltraitance chez les Témoins de Jéhovah au cours de ces dernières années", a répondu M. Leschi.
"Dans ce que vous dites, j'entends une reconnaissance officielle des Témoins de Jéhovah, s'est indigné M. Fenech. Vous êtes en train de nous dire que cette organisation est devenue la cinquième religion de France !" Quant au député Alain Gest (UMP, Somme), il a reproché au chef du bureau des cultes, qui disait ne pas devoir porter de jugement sur les croyances, de "mettre sur le même plan les religions et les sectes".
Dans son exposé, M. Leschi s'en est pris à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), l'accusant d'"approximation". "Le ministère de l'intérieur est parfois accusé de sous-estimer le trouble à l'ordre public que généreraient 'par nature' certains mouvements, focalisant ainsi l'attention de la Miviludes, a-t-il expliqué. Je veux parler de mouvements qui, pour certains, ont des décennies, voire des siècles d'existence et sont issus de grands courants spirituels ou s'y rattachent, comme les Frères de Plymouth (un groupe fondamentaliste protestant), les Témoins de Jéhovah, et, depuis quelques mois, les Loubavitch, qui sont l'expression d'une vieille tradition du hassidisme juif. (...) Je crains fort que cette stigmatisation (...) ne constitue à terme des troubles à l'ordre public, ou pour le moins des manifestations d'intolérance à l'égard de l'une des libertés les plus fondamentales de tout homme et de tout citoyen : la liberté de conscience."
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Ecrit le 26 oct.06, 20:36
La question des groupes de culte et de certains nouveaux mouvements religieux Extrait du rapport "mission vers la France" (18-29 septembre 2005) soumise par Asma Jahangir, U.N. Special Rapporteur sur la liberté religieuse et la croyance 107. Le rapporteur spécial comprend les soucis légitimes concernant les victimes des actes criminels qui ont été commis par de certains groupes ou communautés religieux de croyance. Elle considère que, dans beaucoup de cas, le gouvernement de la France, et ses appareils juridiques, ont adopté une attitude responsable et si une réponse appropriée aux offenses commettait. 108. Cependant, elle est de l'opinion que la politique et les mesures qui ont été adoptées par les autorités françaises ont provoqué des situations où la droite à la liberté religieuse ou à la croyance des membres de ces groupes a été à l'excès limitée. D'ailleurs, la condamnation publique de certains de ces groupes, aussi bien que la stigmatisation de leurs membres, a mené à certaines formes de discrimination, en particulier vis-à-vis de leurs enfants. 109. Le rapporteur spécial a observé que la politique de gouvernement a pu avoir contribué à un climat de soupçon et d'intolérance généraux vers ces communautés sur la liste créée par l'Assemblée nationale en 1996, des mouvements et des groupes classifiés comme sectes. D'ailleurs, les campagnes et d'autres actions qui ont été lancées par des associations ont composé, entre autres, de victimes des actes criminels commis par ces groupes, ont souvent été émotives. 110. Le rapporteur spécial note que ces derniers temps les autorités françaises ont adopté une approche plus équilibrée à ce phénomène en ajustant leur politique, incluant par la transformation de la mission interministérielle pour combattre "Sectes" (des MILS) dans la mission interministérielle pour surveiller et combattre l'abus par les sects (MIVILUDES). Un certain nombre d'améliorations néanmoins restent à effectuer afin de s'assurer que la droite à la liberté religieuse ou à la croyance de tous les individus est garantie, et éviter la stigmatisation des membres de certains groupes religieux ou des communautés de la croyance, y compris ceux dont les membres n'ont jamais commis n'importe quelle offense criminelle en vertu de la loi française. 111. Le rapporteur spécial espère que les futures actions de MIVILUDES seront en conformité avec la droite à la liberté religieuse ou la croyance et éviteront après des erreurs. Elle continuera surveillent étroitement les divers efforts qui sont effectués par MIVILUDES. 112. Le rapporteur spécial invite le gouvernement pour s'assurer que ses mécanismes pour avoir affaire avec ces groupes ou communautés religieux de croyance fournissent un message basé sur la tolérance, la liberté religieuse ou la croyance et sur le principe que personne ne peuvent être jugé pour ses actions autres que par les canaux juridiques appropriés. 113. D'ailleurs, elle recommande que les actions préventives et les campagnes de moniteur de gouvernement plus étroitement qui sont conduites dans tout le pays par des initiatives privées ou des organismes commandités par le gouvernement, en particulier dans le système scolaire afin d'éviter des enfants des membres de ces groupes étant négativement affectés. 114. Elle invite les mécanismes juridiques et de conflit de résolution à ne se référer plus, ou l'utilisation, la liste éditée par le Parlement en 1996.
traduit de l'anglais
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Ecrit le 30 oct.06, 03:30
Jean-Arnold de Clermont, fédération protestante
M. de Clermont : "La commission sur les sectes risque de créer des troubles"
LE MONDE | 26.10.06 | 15h17 • Mis à jour le 26.10.06 | 15h17
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'audition du chef du bureau des cultes au ministère de l'intérieur par la commission d'enquête parlementaire sur les sectes a été l'occasion d'un échange très vif ("Le Monde" du 20 octobre). L'administration considère que les Témoins de Jéhovah peuvent être reconnus comme associations cultuelles, ce que récusent les parlementaires. Qu'en pensez-vous ?
J'ai été très heureux qu'un représentant de l'administration rappelle ce que disent la loi et la jurisprudence. Je le déclare d'autant plus volontiers que je n'ai aucun intérêt à défendre les Témoins de Jéhovah, qui ne sont pas protestants. C'est un culte légitime, ce qui a été acté par des décisions de justice. Le rappel de la loi par le chef du bureau des cultes, Didier Leschi, était d'autant plus nécessaire qu'on assiste à une véritable focalisation de la commission d'enquête parlementaire contre les Témoins des Jéhovah et contre les protestants évangéliques.
Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer cela ?
J'ai entre les mains un questionnaire (dont Le Monde a eu copie> diffusé par le directeur de l'agence régionale d'hospitalisation de Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse auprès des directeurs d'hôpitaux les invitant à recenser les "dérives", "refus de transfusion", "troubles à l'ordre public", "refus de scolarisation" imputables aux "Témoins de Jéhovah", au "monde protestant" et "monde musulman", tous trois nommément cités, contrairement aux autres cultes ! Ce questionnaire devait servir de base aux travaux de la commission d'enquête parlementaire. Je viens de protester auprès du ministre de la santé et du préfet de région. Je trouve cela discriminatoire. Nous sommes sur une pente très dangereuse. Une commission parlementaire comme celle-là risque de créer des troubles plus grands que ceux contre lesquels elle prétend lutter.
A l'issue de l'audition de Didier Leschi, des parlementaires sont intervenus auprès du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Le député (UMP, Somme) Alain Gest a déclaré que "ces déclarations ne resteraient pas sans lendemain".
Cela me scandalise. Le chef du bureau des cultes était dans son rôle en disant le droit. En tant que président de la Fédération protestante, j'attends du ministère de l'intérieur qu'il défende les cultes le jour où leurs droits sont remis en cause. Je m'étonne que personne n'ait réagi lorsqu'une salle du culte des Témoins de Jéhovah a été incendiée, vendredi 20 octobre, à Villefranche-sur-Saône (Rhône).
Jean-Pierre Machelon, auteur d'un rapport sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics, a été entendu par la commission parlementaire, mardi 24 octobre. Le député Jacques Myard (UMP, Yvelines) lui a demandé s'il était "très proche d'associations religieuses à forte connotation de foi". Que vous inspire cette question ?
Il a répondu : "Je ne suis pas dans un confessionnal." A sa place, j'aurais dit : "Cela ne vous regarde pas !" Ce n'est pas pour son appartenance confessionnelle que le professeur Machelon a été choisi comme président de la commission qui a porté son nom. C'est en tant que professeur des universités, ayant les compétences nécessaires pour réfléchir sur ces sujets.
Que pensez-vous des Témoins de Jéhovah ?
Je les ai rencontrés très souvent dans l'exercice de mes fonctions. J'avais un collègue pasteur qui les recevait patiemment pendant une heure et demie en contredisant toutes leurs affirmations apocalyptiques. Il disait : c'est toujours autant de temps qu'ils ne consacreront pas à débiter leur boniment à d'autres ! Je ne suis pas loin de penser la même chose. Je crois vraiment que leur construction religieuse ne tient pas la route.
Du point de vue de l'ordre public, deux questions les ont mis en difficulté. D'une part, leur refus du service militaire, pour lequel j'ai le plus profond respect. D'autre part, leur rejet de la transfusion sanguine. Dans ce domaine, je pense que leur argumentation biblique ne tient pas la route, et qu'elle est même dangereuse.
Si l'on se place du côté des lois, c'est un problème qui est réglé. Légalement, des adultes peuvent refuser d'être transfusés. Pour ce qui est des enfants, les médecins peuvent effectuer une transfusion contre le consentement des parents si la vie de l'enfant est en jeu. On peut être en désaccord profond avec les Témoins de Jéhovah, comme c'est mon cas, sans pour autant les diaboliser.
LE MONDE | 19.10.06 | 15h58 • Mis à jour le 19.10.06 | 15h58
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es Témoins de Jéhovah sont-ils une religion à part entière ou doivent-ils être considérés comme une secte ? L'administration a fait son choix. Pour Didier Leschi, chef du bureau central des cultes au ministère de l'intérieur, "en l'état actuel de la jurisprudence, ils ont le droit de bénéficier du statut d'association cultuelle". Ce statut, défini par la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat, donne droit à un certain nombre d'avantages fiscaux.
A l'inverse, la commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs, présidée par le député Georges Fenech (UMP, Rhône), considère que les Témoins de Jéhovah sont une secte et que des enfants y sont victimes de "maltraitance psychologique".
Le chef du bureau des cultes se retranche derrière la jurisprudence du Conseil d'Etat. Au cours de ces dix dernières années, les préfectures ont refusé d'accorder le statut d'association cultuelle aux associations de Témoins de Jéhovah. Or, les tribunaux administratifs ont constamment donné raison à ceux-ci.
Dans deux arrêts du 23 juin 2000, le Conseil d'Etat a reconnu implicitement le statut cultuel de deux associations locales des Témoins de Jéhovah à Clamecy (Nièvre) et à Riom (Puy-de-Dôme), estimant qu'elles pouvaient bénéficier de l'exonération de la taxe foncière pour les lieux de culte consentie aux associations cultuelles, puisqu'aucun acte délictueux ne pouvait leur être reproché. En effet, selon la jurisprudence administrative, une association peut être reconnue comme cultuelle à deux conditions : qu'elle ait pour objet exclusif l'exercice du culte et qu'elle ne porte pas atteinte à l'ordre public.
Les principaux reproches adressés aux Témoins de Jéhovah concernent leur refus de la transfusion sanguine. Or, le bureau des cultes rappelle que, dans un arrêt du 16 août 2002, le Conseil d'Etat a estimé que "le refus de recevoir une transfusion sanguine constitue l'exercice d'une liberté fondamentale". Il s'appuie aussi sur les dispositions de la loi Kouchner du 4 mars 2002 sur le droit des malades. "Le consentement du mineur ou du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s'il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision", dit ce texte.
"LIBERTÉ DE CONSCIENCE"
Le refus de la transfusion sanguine ne soulèverait donc plus de difficultés en termes juridiques, selon le bureau des cultes. Depuis peu, la Caisse d'assurance-vieillesse, invalidité, et maladie des cultes (Cavimac), qui assure notamment la couverture sociale des prêtres catholiques, a accepté d'assurer 700 ministres du culte des Témoins de Jéhovah.
Le chef du bureau des cultes a eu l'occasion d'exprimer le point de vue de l'administration, mardi 17 octobre, devant la commission parlementaire. Son intervention a provoqué des réactions très vives. "Nous sommes atterrés, a réagi Martine David (PS, Rhône). Vous donnez le sentiment d'être imperméable aux témoignages des anciens adeptes et à la maltraitance psychologique des enfants." "On ne m'a jamais avancé de dossiers précis sur des cas de maltraitance chez les Témoins de Jéhovah au cours de ces dernières années", a répondu M. Leschi.
"Dans ce que vous dites, j'entends une reconnaissance officielle des Témoins de Jéhovah, s'est indigné M. Fenech. Vous êtes en train de nous dire que cette organisation est devenue la cinquième religion de France !" Quant au député Alain Gest (UMP, Somme), il a reproché au chef du bureau des cultes, qui disait ne pas devoir porter de jugement sur les croyances, de "mettre sur le même plan les religions et les sectes".
Dans son exposé, M. Leschi s'en est pris à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), l'accusant d'"approximation". "Le ministère de l'intérieur est parfois accusé de sous-estimer le trouble à l'ordre public que généreraient 'par nature' certains mouvements, focalisant ainsi l'attention de la Miviludes, a-t-il expliqué. Je veux parler de mouvements qui, pour certains, ont des décennies, voire des siècles d'existence et sont issus de grands courants spirituels ou s'y rattachent, comme les Frères de Plymouth (un groupe fondamentaliste protestant), les Témoins de Jéhovah, et, depuis quelques mois, les Loubavitch, qui sont l'expression d'une vieille tradition du hassidisme juif. (...) Je crains fort que cette stigmatisation (...) ne constitue à terme des troubles à l'ordre public, ou pour le moins des manifestations d'intolérance à l'égard de l'une des libertés les plus fondamentales de tout homme et de tout citoyen : la liberté de conscience."
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M. de Clermont : "La commission sur les sectes risque de créer des troubles"
LE MONDE | 26.10.06 | 15h17 • Mis à jour le 26.10.06 | 15h17
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'audition du chef du bureau des cultes au ministère de l'intérieur par la commission d'enquête parlementaire sur les sectes a été l'occasion d'un échange très vif ("Le Monde" du 20 octobre). L'administration considère que les Témoins de Jéhovah peuvent être reconnus comme associations cultuelles, ce que récusent les parlementaires. Qu'en pensez-vous ?
J'ai été très heureux qu'un représentant de l'administration rappelle ce que disent la loi et la jurisprudence. Je le déclare d'autant plus volontiers que je n'ai aucun intérêt à défendre les Témoins de Jéhovah, qui ne sont pas protestants. C'est un culte légitime, ce qui a été acté par des décisions de justice. Le rappel de la loi par le chef du bureau des cultes, Didier Leschi, était d'autant plus nécessaire qu'on assiste à une véritable focalisation de la commission d'enquête parlementaire contre les Témoins des Jéhovah et contre les protestants évangéliques.
Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer cela ?
J'ai entre les mains un questionnaire (dont Le Monde a eu copie> diffusé par le directeur de l'agence régionale d'hospitalisation de Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse auprès des directeurs d'hôpitaux les invitant à recenser les "dérives", "refus de transfusion", "troubles à l'ordre public", "refus de scolarisation" imputables aux "Témoins de Jéhovah", au "monde protestant" et "monde musulman", tous trois nommément cités, contrairement aux autres cultes ! Ce questionnaire devait servir de base aux travaux de la commission d'enquête parlementaire. Je viens de protester auprès du ministre de la santé et du préfet de région. Je trouve cela discriminatoire. Nous sommes sur une pente très dangereuse. Une commission parlementaire comme celle-là risque de créer des troubles plus grands que ceux contre lesquels elle prétend lutter.
A l'issue de l'audition de Didier Leschi, des parlementaires sont intervenus auprès du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Le député (UMP, Somme) Alain Gest a déclaré que "ces déclarations ne resteraient pas sans lendemain".
Cela me scandalise. Le chef du bureau des cultes était dans son rôle en disant le droit. En tant que président de la Fédération protestante, j'attends du ministère de l'intérieur qu'il défende les cultes le jour où leurs droits sont remis en cause. Je m'étonne que personne n'ait réagi lorsqu'une salle du culte des Témoins de Jéhovah a été incendiée, vendredi 20 octobre, à Villefranche-sur-Saône (Rhône).
Jean-Pierre Machelon, auteur d'un rapport sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics, a été entendu par la commission parlementaire, mardi 24 octobre. Le député Jacques Myard (UMP, Yvelines) lui a demandé s'il était "très proche d'associations religieuses à forte connotation de foi". Que vous inspire cette question ?
Il a répondu : "Je ne suis pas dans un confessionnal." A sa place, j'aurais dit : "Cela ne vous regarde pas !" Ce n'est pas pour son appartenance confessionnelle que le professeur Machelon a été choisi comme président de la commission qui a porté son nom. C'est en tant que professeur des universités, ayant les compétences nécessaires pour réfléchir sur ces sujets.
Que pensez-vous des Témoins de Jéhovah ?
Je les ai rencontrés très souvent dans l'exercice de mes fonctions. J'avais un collègue pasteur qui les recevait patiemment pendant une heure et demie en contredisant toutes leurs affirmations apocalyptiques. Il disait : c'est toujours autant de temps qu'ils ne consacreront pas à débiter leur boniment à d'autres ! Je ne suis pas loin de penser la même chose. Je crois vraiment que leur construction religieuse ne tient pas la route.
Du point de vue de l'ordre public, deux questions les ont mis en difficulté. D'une part, leur refus du service militaire, pour lequel j'ai le plus profond respect. D'autre part, leur rejet de la transfusion sanguine. Dans ce domaine, je pense que leur argumentation biblique ne tient pas la route, et qu'elle est même dangereuse.
Si l'on se place du côté des lois, c'est un problème qui est réglé. Légalement, des adultes peuvent refuser d'être transfusés. Pour ce qui est des enfants, les médecins peuvent effectuer une transfusion contre le consentement des parents si la vie de l'enfant est en jeu. On peut être en désaccord profond avec les Témoins de Jéhovah, comme c'est mon cas, sans pour autant les diaboliser.
LE MONDE | 19.10.06 | 15h58 • Mis à jour le 19.10.06 | 15h58
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es Témoins de Jéhovah sont-ils une religion à part entière ou doivent-ils être considérés comme une secte ? L'administration a fait son choix. Pour Didier Leschi, chef du bureau central des cultes au ministère de l'intérieur, "en l'état actuel de la jurisprudence, ils ont le droit de bénéficier du statut d'association cultuelle". Ce statut, défini par la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat, donne droit à un certain nombre d'avantages fiscaux.
A l'inverse, la commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs, présidée par le député Georges Fenech (UMP, Rhône), considère que les Témoins de Jéhovah sont une secte et que des enfants y sont victimes de "maltraitance psychologique".
Le chef du bureau des cultes se retranche derrière la jurisprudence du Conseil d'Etat. Au cours de ces dix dernières années, les préfectures ont refusé d'accorder le statut d'association cultuelle aux associations de Témoins de Jéhovah. Or, les tribunaux administratifs ont constamment donné raison à ceux-ci.
Dans deux arrêts du 23 juin 2000, le Conseil d'Etat a reconnu implicitement le statut cultuel de deux associations locales des Témoins de Jéhovah à Clamecy (Nièvre) et à Riom (Puy-de-Dôme), estimant qu'elles pouvaient bénéficier de l'exonération de la taxe foncière pour les lieux de culte consentie aux associations cultuelles, puisqu'aucun acte délictueux ne pouvait leur être reproché. En effet, selon la jurisprudence administrative, une association peut être reconnue comme cultuelle à deux conditions : qu'elle ait pour objet exclusif l'exercice du culte et qu'elle ne porte pas atteinte à l'ordre public.
Les principaux reproches adressés aux Témoins de Jéhovah concernent leur refus de la transfusion sanguine. Or, le bureau des cultes rappelle que, dans un arrêt du 16 août 2002, le Conseil d'Etat a estimé que "le refus de recevoir une transfusion sanguine constitue l'exercice d'une liberté fondamentale". Il s'appuie aussi sur les dispositions de la loi Kouchner du 4 mars 2002 sur le droit des malades. "Le consentement du mineur ou du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s'il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision", dit ce texte.
"LIBERTÉ DE CONSCIENCE"
Le refus de la transfusion sanguine ne soulèverait donc plus de difficultés en termes juridiques, selon le bureau des cultes. Depuis peu, la Caisse d'assurance-vieillesse, invalidité, et maladie des cultes (Cavimac), qui assure notamment la couverture sociale des prêtres catholiques, a accepté d'assurer 700 ministres du culte des Témoins de Jéhovah.
Le chef du bureau des cultes a eu l'occasion d'exprimer le point de vue de l'administration, mardi 17 octobre, devant la commission parlementaire. Son intervention a provoqué des réactions très vives. "Nous sommes atterrés, a réagi Martine David (PS, Rhône). Vous donnez le sentiment d'être imperméable aux témoignages des anciens adeptes et à la maltraitance psychologique des enfants." "On ne m'a jamais avancé de dossiers précis sur des cas de maltraitance chez les Témoins de Jéhovah au cours de ces dernières années", a répondu M. Leschi.
"Dans ce que vous dites, j'entends une reconnaissance officielle des Témoins de Jéhovah, s'est indigné M. Fenech. Vous êtes en train de nous dire que cette organisation est devenue la cinquième religion de France !" Quant au député Alain Gest (UMP, Somme), il a reproché au chef du bureau des cultes, qui disait ne pas devoir porter de jugement sur les croyances, de "mettre sur le même plan les religions et les sectes".
Dans son exposé, M. Leschi s'en est pris à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), l'accusant d'"approximation". "Le ministère de l'intérieur est parfois accusé de sous-estimer le trouble à l'ordre public que généreraient 'par nature' certains mouvements, focalisant ainsi l'attention de la Miviludes, a-t-il expliqué. Je veux parler de mouvements qui, pour certains, ont des décennies, voire des siècles d'existence et sont issus de grands courants spirituels ou s'y rattachent, comme les Frères de Plymouth (un groupe fondamentaliste protestant), les Témoins de Jéhovah, et, depuis quelques mois, les Loubavitch, qui sont l'expression d'une vieille tradition du hassidisme juif. (...) Je crains fort que cette stigmatisation (...) ne constitue à terme des troubles à l'ordre public, ou pour le moins des manifestations d'intolérance à l'égard de l'une des libertés les plus fondamentales de tout homme et de tout citoyen : la liberté de conscience."
Xavier Ternisien
Article paru dans l'édition du 20.10.06
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah
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Ecrit le 04 nov.06, 07:56
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Pouvoir spirituel
Association cultuelle
La cinquième religion de France
Comment une organisation cultuelle contestée, les Témoins de Jéhovah, accède au statut de religion officielle. Avec ses droits et ses avantages fiscaux.
© SIPA-Toute reproduction interdite
Pour être une religion officielle, une association cultuelle doit réunir deux conditions : exercer exclusivement un culte, ne pas porter atteinte à l’ordre public.
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Par Emmanuel Lemieux
Pataquès politico-religieux à l’Assemblée nationale le 17 octobre dernier. Il n’en finit pas de vider son venin. Faut-il empaler, crucifier, échauder ou bannir Didier Leschi, chef du Bureau central des cultes au ministère de l’Intérieur, qui a ulcéré le député UMP du Rhône, Georges Fenech, et ses collègues de droite comme de gauche ? La réaction a été particulièrement violente de la part des parlementaires réunis au sein de la commission sur les sectes et les mineurs, lorsqu’ils ont entendu l’exposé du responsable des religions de la Place Beauvau. « Je ne comprends toujours pas leur réaction », commente sobrement Didier Leschi, héritier lointain de Georges Courteline, qui occupa ce poste. No comment également de la part de Nicolas Sarkozy, peu pressé de défendre son responsable des cultes, à moins qu’il ne fasse le dos rond.
Secte ou religion : le droit français a tranché
Pour les élus, pas d’état d’âme, les Témoins de Jéhovah sont une secte. Colère de Georges Fenech, qui préside cette commission à l’encontre du chef du Bureau des cultes : « Dans ce que vous dites, j’entends une reconnaissance officielle des Témoins de Jéhovah. Vous êtes en train de nous dire que cette organisation est devenue la cinquième religion de France ! »
Or, pour le droit français, rappelle Didier Leschi, c’est en effet une religion… depuis 1993. « En l’état actuel de la jurisprudence du Conseil d’Etat, les Témoins de Jéhovah ont le droit de bénéficier du statut d’association cultuelle en France, comme ils bénéficient d’ailleurs de ce statut dans l’Europe entière depuis des années », répète-t-il au Nouvel Economiste. Ce que les parlementaires feignent de découvrir, c’est que le statut, défini par la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, donne droit à un certain nombre d’avantages fiscaux. Les préfectures ont toujours freiné des quatre fers, tandis que les tribunaux administratifs ont systématiquement donné raison aux Témoins de Jéhovah qui revendiquent 113 000 adeptes et 1 491 congrégations en France. Ainsi, depuis 1993, les Témoins de Jéhovah se sont vu exonérer de toute taxe fiscale. Pour être une religion officielle, une association cultuelle doit réunir deux conditions : exercer exclusivement un culte, ne pas porter atteinte à l’ordre public. Partant de là, deux arrêts du 23 juin 2000 rendus par le Conseil d’Etat ont reconnu une nouvelle fois le statut cultuel de deux associations locales des Témoins de Jéhovah à Clamecy (Nièvre) et à Riom (Puy-de-Dôme) qui en avaient fait la demande. Elles ont pu ainsi bénéficier de l’exonération de la taxe foncière pour leurs lieux de culte. Et cette banalisation de l’exercice cultuel se poursuit pour ces religieux : depuis 2005, 700 ministres du culte des Témoins peuvent profiter de la couverture sociale proposée par la Cavimac (Caisse d’assurance-vieillesse, invalidité, et maladie des cultes) au même titre que les prêtres catholiques.
La notion de troubles à l’ordre public
La loi sur l’objection de conscience en France a fait tomber un interdit majeur des Témoins de Jéhovah. Mais demeure leur fameux refus de toute transfusion sanguine ! Ne contrevient-t-il pas à leur obligation du respect de l’ordre public ? L’attaque ne tient plus : le Bureau des cultes rappelle l’arrêt du 16 août 2002 du Conseil d’Etat, estimant que « le refus de recevoir une transfusion sanguine constitue l’exercice d’une liberté fondamentale ». En outre, depuis le 4 mars 2002, les dispositions de la loi Kouchner sur le droit des malades renforcent cette liberté. Didier Leschi a simplement redit le droit : « Le consentement du mineur ou du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision. » « Maltraitance psychologique » lui ont rétorqué les députés. « On m’en parle souvent mais, au cours de ces dernières années, on ne m’a jamais avancé de dossiers convaincants ni de faits précis sur des cas de maltraitance chez les Témoins de Jéhovah susceptibles d’entraîner poursuites et interdictions », explique Didier Leschi.
Le rappel à la liberté de conscience
Point d’orgue particulièrement irritant pour les oreilles parlementaires : son exposé a souligné le travail « approximatif » de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). Celle-ci attaquerait injustement le ministère de l’Intérieur en martelant que certains mouvements religieux généreraient des troubles à l’ordre public. « Il existe dans notre pays des mouvements qui, pour certains, ont des décennies, voire des siècles d’existence et sont issus de grands courants spirituels ou s’y rattachent », a rappelé l’exposant. Dans les groupes inquiétant actuellement les députés, au même titre que les Témoins de Jéhovah, il faut compter les fondamentalistes protestants, les Frères de Plymouth, ou les traditionnalistes du hassidisme juif, les Loubavitch. A force de les « stigmatiser », Didier Leschi estime que cette violence-là pourrait effectivement conduire à « des troubles à l’ordre public, ou pour le moins à des manifestations d’intolérance à l’égard de l’une des libertés les plus fondamentales de tout homme et de tout citoyen : la liberté de conscience ». Façon de dire que les députés de la Commission se comportent en talibans de la laïcité. Républicain pur sucre, venu Place Beauvau dans l’équipe de Jean-Pierre Chevènement, Didier Leschi se défend de toute provocation : « On a préféré s’attaquer au messager parce qu’on ne peut rien faire contre les faits exposés dans le message. » Dans une lettre charpentée de 19 pages – consultable sur le site officiel du mouvement dont le siège français et européen est basé à Louviers –, Guy Canonici, président des Témoins de Jéhovah, s’est adressé en bon lobbyiste au Premier ministre le 18 octobre, critiquant très sévèrement lui aussi les arguments du rapport 2005 de la Miviludes. Pour ces députés, la prise de conscience que les Témoins de Jéhovah sont une religion de la république reconnue depuis la fin du siècle dernier a fait l’effet d’une brutale révélation.
Emmanuel Lemieux
© Le nouvel Economiste - n°1364 - Du 2 au 8 novembre 2006
NOUVEAU A VOIR D URGENCE
VOIR L AUDITION DE MR LESCHI CHEF DU BUREAU DES CULTES DU MINISTERE DE L INTERRIEUR DEVANT LA COMMISSION SUR LES SECTES
http://www.lcpan.fr/secte29.asp?tc=000000
http://www.nouveleconomiste.fr/1364/1364-jehovah.html
Pouvoir spirituel
Association cultuelle
La cinquième religion de France
Comment une organisation cultuelle contestée, les Témoins de Jéhovah, accède au statut de religion officielle. Avec ses droits et ses avantages fiscaux.
© SIPA-Toute reproduction interdite
Pour être une religion officielle, une association cultuelle doit réunir deux conditions : exercer exclusivement un culte, ne pas porter atteinte à l’ordre public.
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Par Emmanuel Lemieux
Pataquès politico-religieux à l’Assemblée nationale le 17 octobre dernier. Il n’en finit pas de vider son venin. Faut-il empaler, crucifier, échauder ou bannir Didier Leschi, chef du Bureau central des cultes au ministère de l’Intérieur, qui a ulcéré le député UMP du Rhône, Georges Fenech, et ses collègues de droite comme de gauche ? La réaction a été particulièrement violente de la part des parlementaires réunis au sein de la commission sur les sectes et les mineurs, lorsqu’ils ont entendu l’exposé du responsable des religions de la Place Beauvau. « Je ne comprends toujours pas leur réaction », commente sobrement Didier Leschi, héritier lointain de Georges Courteline, qui occupa ce poste. No comment également de la part de Nicolas Sarkozy, peu pressé de défendre son responsable des cultes, à moins qu’il ne fasse le dos rond.
Secte ou religion : le droit français a tranché
Pour les élus, pas d’état d’âme, les Témoins de Jéhovah sont une secte. Colère de Georges Fenech, qui préside cette commission à l’encontre du chef du Bureau des cultes : « Dans ce que vous dites, j’entends une reconnaissance officielle des Témoins de Jéhovah. Vous êtes en train de nous dire que cette organisation est devenue la cinquième religion de France ! »
Or, pour le droit français, rappelle Didier Leschi, c’est en effet une religion… depuis 1993. « En l’état actuel de la jurisprudence du Conseil d’Etat, les Témoins de Jéhovah ont le droit de bénéficier du statut d’association cultuelle en France, comme ils bénéficient d’ailleurs de ce statut dans l’Europe entière depuis des années », répète-t-il au Nouvel Economiste. Ce que les parlementaires feignent de découvrir, c’est que le statut, défini par la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, donne droit à un certain nombre d’avantages fiscaux. Les préfectures ont toujours freiné des quatre fers, tandis que les tribunaux administratifs ont systématiquement donné raison aux Témoins de Jéhovah qui revendiquent 113 000 adeptes et 1 491 congrégations en France. Ainsi, depuis 1993, les Témoins de Jéhovah se sont vu exonérer de toute taxe fiscale. Pour être une religion officielle, une association cultuelle doit réunir deux conditions : exercer exclusivement un culte, ne pas porter atteinte à l’ordre public. Partant de là, deux arrêts du 23 juin 2000 rendus par le Conseil d’Etat ont reconnu une nouvelle fois le statut cultuel de deux associations locales des Témoins de Jéhovah à Clamecy (Nièvre) et à Riom (Puy-de-Dôme) qui en avaient fait la demande. Elles ont pu ainsi bénéficier de l’exonération de la taxe foncière pour leurs lieux de culte. Et cette banalisation de l’exercice cultuel se poursuit pour ces religieux : depuis 2005, 700 ministres du culte des Témoins peuvent profiter de la couverture sociale proposée par la Cavimac (Caisse d’assurance-vieillesse, invalidité, et maladie des cultes) au même titre que les prêtres catholiques.
La notion de troubles à l’ordre public
La loi sur l’objection de conscience en France a fait tomber un interdit majeur des Témoins de Jéhovah. Mais demeure leur fameux refus de toute transfusion sanguine ! Ne contrevient-t-il pas à leur obligation du respect de l’ordre public ? L’attaque ne tient plus : le Bureau des cultes rappelle l’arrêt du 16 août 2002 du Conseil d’Etat, estimant que « le refus de recevoir une transfusion sanguine constitue l’exercice d’une liberté fondamentale ». En outre, depuis le 4 mars 2002, les dispositions de la loi Kouchner sur le droit des malades renforcent cette liberté. Didier Leschi a simplement redit le droit : « Le consentement du mineur ou du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision. » « Maltraitance psychologique » lui ont rétorqué les députés. « On m’en parle souvent mais, au cours de ces dernières années, on ne m’a jamais avancé de dossiers convaincants ni de faits précis sur des cas de maltraitance chez les Témoins de Jéhovah susceptibles d’entraîner poursuites et interdictions », explique Didier Leschi.
Le rappel à la liberté de conscience
Point d’orgue particulièrement irritant pour les oreilles parlementaires : son exposé a souligné le travail « approximatif » de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). Celle-ci attaquerait injustement le ministère de l’Intérieur en martelant que certains mouvements religieux généreraient des troubles à l’ordre public. « Il existe dans notre pays des mouvements qui, pour certains, ont des décennies, voire des siècles d’existence et sont issus de grands courants spirituels ou s’y rattachent », a rappelé l’exposant. Dans les groupes inquiétant actuellement les députés, au même titre que les Témoins de Jéhovah, il faut compter les fondamentalistes protestants, les Frères de Plymouth, ou les traditionnalistes du hassidisme juif, les Loubavitch. A force de les « stigmatiser », Didier Leschi estime que cette violence-là pourrait effectivement conduire à « des troubles à l’ordre public, ou pour le moins à des manifestations d’intolérance à l’égard de l’une des libertés les plus fondamentales de tout homme et de tout citoyen : la liberté de conscience ». Façon de dire que les députés de la Commission se comportent en talibans de la laïcité. Républicain pur sucre, venu Place Beauvau dans l’équipe de Jean-Pierre Chevènement, Didier Leschi se défend de toute provocation : « On a préféré s’attaquer au messager parce qu’on ne peut rien faire contre les faits exposés dans le message. » Dans une lettre charpentée de 19 pages – consultable sur le site officiel du mouvement dont le siège français et européen est basé à Louviers –, Guy Canonici, président des Témoins de Jéhovah, s’est adressé en bon lobbyiste au Premier ministre le 18 octobre, critiquant très sévèrement lui aussi les arguments du rapport 2005 de la Miviludes. Pour ces députés, la prise de conscience que les Témoins de Jéhovah sont une religion de la république reconnue depuis la fin du siècle dernier a fait l’effet d’une brutale révélation.
Emmanuel Lemieux
© Le nouvel Economiste - n°1364 - Du 2 au 8 novembre 2006
NOUVEAU A VOIR D URGENCE
VOIR L AUDITION DE MR LESCHI CHEF DU BUREAU DES CULTES DU MINISTERE DE L INTERRIEUR DEVANT LA COMMISSION SUR LES SECTES
http://www.lcpan.fr/secte29.asp?tc=000000
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