Il y a dans vos propos, à mon sens, une erreur de taille:
En effet, par logique théiste, une religion est parole divine et est donc parfaite et l'obéissance doit être absolue.
Sans y regarder de près, cela semble juste parce que, comme vous le dites, c'est "logique".
Mais il faut s'entendre sur ce qu'est la
religion.
Dans vos mots, il s'agirait de l'énoncé de règles et d'idées qui émanerait directement du divin, qui serait censé être applicable sans, effectivement, avoir la possibilité de revenir dessus. Si non, on se fait sa propre religion, on devient hérétique, on considère que Dieu s'est mal exprimé et c'est évidemment un blasphème.
Mais c'est un regard très extérieur à la religion et , pardonnez-moi, un regard un peu naïf. Si la religion était
ça, je suis sûr et certain, Mereck, qu'il y aurait bien moins de souci avec les religions dans le monde.
La religion, c'est le lien entre l'Homme et Dieu. Et pour l'établir, effectivement, il y a des "dogmes" et des "lois" qui sont établis, afin de définir l'idée de Dieu et faire respecter son autorité. Jusqu'ici, je vous suis. Mais vous oubliez que les idées,
même les idées fondatrices, font l'objet de diverses compréhension. Les textes parlent d'une réalité qui dépassent -en tout cas tentent de dépasser- tellement les contingences humaines, qu'inévitablement, les implications de cette réalité dans le quotidien font débat, toujours, et en tous lieux.
En d'autres mots, la religion est
aussi l'effort humain de comprendre cette parole de Dieu. Et c'est pourquoi elle évolue.
Prenons l'exemple de la religion chrétienne, si vous le voulez bien. Vous savez bien que dès sa naissance, les mouvances ont été nombreuses, et ça n'a pas cessé. combien de schismes, de réforme, ce contre-réforme.
Qu'étaient les conciles, si non l'expression de faire évoluer la religion? Et je pense bien sûr à ceux qui ont défini tel ou tel dogme, tel la Trinité.
Alors bien sûr, vous me direz, avec raison, que ces dogmes nés des conciles étaient tout d'abord l'oeuvre des pontifes, et non des fidèles [c'est vrai mais le clergé est le porte-parole de l'Homme devant Dieu], et d'autre part, qu'ils n'en constituent pas moins, pour les chrétiens concernés, une oeuvre de l'Esprit-Saint, c'est à dire Dieu. Cela est vrai, mais il n'empêche que dans ce cas comme dans les autres, la
religion n'est pas considérée à priori comme parfaite.
Pour le religieux, c'est Dieu qui est parfait. Ce qui vient de Dieu l'est aussi, c'est logique, mais voilà : la religion est le point de contact entre Dieu et les Hommes. On y trouve donc l'apport des Hommes, et c'est ici qu'on peut parler d'imperfection.
La religion est aussi l'effort humain de comprendre Dieu, disais-je, et c'est pourquoi elle peut varier. "condamner" les modérer au regard d'une religion "parfaite" (vous ne les condamnez pas, je sais bien), n'a de sens que si les personnes dont vous parlez effectuent mentalement un
tri parmi les préceptes de leur religion, selon des critères tout à fait personnels, en rejetant par principe ce qui ne les intéresse pas.
Mais ce ne sont pas ce que j'entendais par "modérés". Les "modérés" peuvent aussi être des personnes qui
interprêtent le Coran ou la Bible différemment des fondamentalistes. Au même titre que certains l'interprêtent comme des messages kabbalistiques, ou des mythes spirituels, ou encore comme un mystère intouchable.