Posté : 26 déc.08, 15:39
Non, je reproche à l'athéisme d'être aussi primaire que le théisme. Ce sont dans leur opposition imbécile des énergies de sens contraire qui se valent dans l'absolu.Macgregor a écrit :J'ai l'impression que tu nous reproches de montrer à un croyant qu'il se trompe... (sur son argumentation ici)
Quand l'institution religieuse était liée au pouvoir, donc oppressive et sclérosante pour la pensée et les idées, en Angleterre, il y a eu l'apparition du déisme qui se voulait une volonté de penser Dieu en dehors des dogmes. Si on veut bien y penser, il semble que le point essentiel dans la religion, c'est bien l'existence de Dieu, et que si l'homme est soumis à Dieu, l'homme n'a de compte à rendre qu'à celui-ci.Macgregor a écrit :L'appellation athée a dû arriver à un moment, lorsque le groupe des croyants était très représentatif dans notre société.
Si maintenant, on s'écarte du dogme pour penser Dieu, on commence à tenter de le définir. C'est-là que le problème se corse, car sans définir ce concept, on ne peut pas comprendre en quoi on lui est soumis.
Plus les déistes ont tentés de définir Dieu, plus ils se sont rendus compte du libre-arbitre que Dieu laissait à l'homme. Dieu prenant une forme de plus en plus ténue jusque dans sa substance même. Ne s'inscrivant plus dans la causalité que comme la "cause première incausée". Cela a été si loin qu'à force d'établir les véritables "attributs" du Dieu-créateur (car l'autre option pour Dieu, c'est le panthéisme de Spinoza, ou Dieu est le tout dans lequel nous sommes inclus), il a fallu se rendre à l'évidence que Dieu ne peut en aucune manière être ce qu'il crée, et que forcément il ne peut s'inscrire ni dans le temps, ni dans l'espace (les deux étant liés).
Alors est né la libre-pensée, et les libres-penseurs (free-thinkers). Ce mouvement à émigré en France et fût adopté par les intellectuels de la Révolution. Elle a inspiré les "lumières" et elle a inspiré la laïcité. L'athéisme, en fait, n'est qu'un résidu mal compris de la libre-pensée qui ne trouve sa finalité que dans une opposition revancharde au théisme comme son nom l'indique.
L'athéisme ne veut pas dire "sans Dieu", mais bien sans religion. Et c'est une nuance très importante qui la rend beaucoup moins intéressante que la libre-pensée qui est une pensée véritablement laïque, c'est à dire sans interdit fut-il celui de penser Dieu.
Reste le problème de la religion. Comme les déistes ont résolus le concept "Dieu", la religion s'en trouve dépouillée, et n'est plus qu'un ensemble de préceptes moraux destinés, au moins, à sa communauté, au plus, à l'humanité toute entière.
Mais si la religion se trouve réduite à n'être plus qu'un ensemble de préceptes moraux, elle rentre dans le cadre de la vie civile au même titre que les différentes options politiques. Alors elle trouve tout à fait sa place dans la laïcité, que cette laïcité soit institutionnalisée ou pas.
Comme nous venons de le voir, l'athéisme est une opposition politique à la religion. Dans vision radicale, elle aussi exécrable que l'intégrisme religieux. Noyau dur contre noyau dur, rien d'humaniste là-dedans, les deux extrêmes de ces mouvements s'excluant eux-mêmes de la laïcité philosophique (celle des libres-penseurs), mais pesant dans les pressions qu'elles exercent, par leur lobbies, sur la laïcité institutionnalisée qui finit par s'en trouver figée par la lourdeur des lois dans lesquelles elle est inscrite.Macgregor a écrit :Il existe toute sorte d'athée, l'athée n'étant pas forcément sans réflexion... je trouve ce raccourci rapide, il peut être tout aussi sans réflexion que le croyant. L'athéisme est pour certains le fruits d'une longue réflexion. Le spiritualisme ne se limite pas à dieu non plus...
La libre-pensée ayant pour principale qualité de n'être jamais un interdit à penser, elle permet à chacun d'être ce qu'il veut être dans une structure de pensée qui se veut souple sans être laxiste. Elle admet également que le niveau d'éducation étant fondamental dans la compréhension d'une réalité complexe et dynamique, la relation humaine doit être basée sur la meilleure transmission de l'information. Cela exclut les polémiques de bas étage comme celle de l'athéisme et du théisme qui ne sont que des monologues sans intérêts.Macgregor a écrit :Le fait de ne pas croire n'implique pas forcément de ne pas pouvoir changer d'opinion, c'est ça la libre pensée aussi... ce n'est pas le fait de refuser de se définir dans un état.
La réalité de l'histoire ayant démontré que le niveau de l'humanité a progressé aussi grâce aux préceptes moraux enseignés par les religions, il serait fou de recommunautariser la société par des polémiques imbéciles, mais plutôt de travailler à rassembler les individus sur des idéaux (même illusoires), la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme devant devenir le support des aspirations de l'humanité. C'est un défi qui est loin d'être gagné, et qui demande plus que de la naïveté ou de l'intransigeance.
Que-ce que le surnaturel, si ce n'est une sublimation de la réalité? Va-t-on interdire les activités artistiques au nom de la rationalité? Heureusement que nous rêvons, sans cela il faudrait se rendre à l'évidence que la vie est inutile, puisque la mort est au bout. Et que si l'espèce humaine ne trouve sa finalité que dans la prédation des uns et la mise en esclavage des autres, alors autant raccourcir la vie, voire l'empêcher. Le sens de la vie, pour l'espèce humaine, selon moi (et je ne crois pas être tout seul à le penser), c'est le traitement et la transmission de l'information à travers les générations. C'est une construction à travers l'histoire de l'humanité. Avec ses erreurs aussi que l'ont ne peut renier, parce qu'alors il faudrait également en renier ses bienfaits.Macgregor a écrit :Moi plus largement tout ce que j'ai analysé m'a amené à penser que le surnaturel n'existe pas.
Merci de le préciser, cela permettra peut-être aux atrophiés du bulbe de s'y intéresser au lieu de faire dans l'opposition systématique.Macgregor a écrit :On n'a pas nié l'apport des arabes dans la science au début du millénaire (même si c'est une chose qui n'est que trop peu enseignée je trouve)[...]
Ce qui signifie que si l'Islam a pu motiver un âge d'or, rien ne s'oppose à ce que philosophiquement, politiquement, rationnellement, scientifiquement, il puisse être un allié dans la laïcité.Macgregor a écrit :[...]malheureusement cet âge d'or s'est terminé... lors de la prise de Constantinople les penseurs sont revenus en Italie et la renaissance a commencé...
Ces athées avaient-ils connaissance de ce qu'est réellement l'athéisme ou pensaient-ils que cela se réduisait à la simple affirmation de la non-existence de Dieu ? Après ce que j'ai dit, te sens-tu plutôt athée ou libre-penseur? Une éducation de haut niveau amène forcément à la libre-pensée. La radicalité, elle, n'est que le fruit d'un manque d'éducation, et n'amène qu'à des raisonnements absolus.Macgregor a écrit :Concernant la représentation des croyants dans les milieux scientifiques, je n'ai pas de chiffres exacts mais personnellement force est de constater qu'ils sont moins nombreux que dans la société...
(dans les sciences exactes), le corps académique que j'ai côtoyé durant mes études ainsi que par la suite en milieu académique, (quasiment) tous étaient athées. Là où je travaille actuellement dans l'équipe dans laquelle je suis je n'ai repéré aucun croyant (il y en a peut-être).
N'y aurait-il qu'un seul scientifique croyant, cela prouverait que la croyance n'est pas incompatible avec la science, puisque la création n'est rien d'autre que l'univers, et que croyants et non-croyants sont soumis aux mêmes règles que celle de l'univers.Macgregor a écrit :Selon un document que j'avais lu (il faudrait le retrouver et vérifier ce qu'il en est exactement) concernant la croyance en milieu scientifique, celui disait qu'aux USA, seulement 7% des chercheurs croient en dieu, ce qui est très peu comparativement à la population en général.
Il y a la manière, mon ami. Je n'ai jamais aimé les prétentieux. Et quand je vois ça de la part de gens que l'instruction devrait avoir rendu plus modeste, il n'y a rien à faire, mon humanisme rue dans les brancards et j'administre le principe de réciprocité dans toute sa rigueur. J'ai participé à des forums religieux, et j'applique le même traitement aux grandes gueules d'en face. Mais l'esprit de meute jusqu'à la curée, comme on le voit chez les athées, je l'ai rarement perçu chez les religieux. C'est tellement facile de tuer la religion, mais j'ai horreur de la chasse à cour. Je suis un drôle de zèbre. On ne m'aime pas, en général, et je me fais virer souvent, mais je dis ce que je pense sans établir de stratégie cachée. Je cherche toujours un forum où les participants auraient à cœur de collaborer ensemble à la charge et à la décharge. Je ne l'ai jamais trouvé. C'est qui me surprend le plus. Il y a peu de libre-penseurs, il y a surtout des polémistes. D'ailleurs peu sont capable de répondre point par point.Macgregor a écrit :Finalement, j'ai l'impression que tu nous reproches de montrer à l'auteur du topic qu'il se trompe, et qu'il faudrait laisser croire tranquillement ceux qui croient car ça ne serait pas mieux pour eux de ne pas croire.
Je vois ton idée ce n'est pas faux dans le fond c'est certain, je la rejoins un peu, mais ce qu'il y a dans ce cas-ci c'est que c'est lui est venu avec ses gros sabots et sa "révélation scientifique".