Re: Et l'Eglise catholique ?
Posté : 18 déc.22, 13:32
Le Père Rupnik a été temporairement excommunié
Le Père Arturo Sosa, supérieur général des jésuites, a admis le 14 décembre 2022 que le prêtre-artiste Marko Rupnik, accusé d’abus sexuels sur des religieuses, avait été temporairement excommunié en rapport à une autre affaire. Selon le média espagnol Vida Nueva, le pape François n’a pas intercédé en faveur du mosaïste.
Les développements qui se sont faits jour le 14 décembre sur l’affaire Rupnik noircissent encore un peu plus le tableau de l’artiste jésuite. Trois médias italiens avaient déjà révélé début décembre 2022 des accusations selon lesquelles il aurait abusé spirituellement et sexuellement de religieuses dans une communauté de Slovénie, alors qu’il en était le directeur spirituel, dans les années 1990.
La «légèreté» des sanctions pointées du doigt
Les informations des sites italiens ont été confirmés peu après par les jésuites dans une déclaration. La Compagnie de Jésus y admettait qu’une plainte avait été reçue en 2021. Elle indiquait en même temps que les allégations étaient prescrites sur le plan pénal comme canonique et que l’affaire avait été classée par le dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF). Les jésuites relevaient également que Marko Rupnik était sous le coup de «mesures préventives» lui interdisant d’entendre des confessions, de donner une direction spirituelle ou de diriger des exercices spirituels.
«La légèreté» des sanctions et un manque de transparence sur cette affaire ont été pointées du doigt par de nombreux observateurs, également au sein des jésuites. D’autant plus que les abus auraient été commis lors de la confession, ce qui constitue une circonstance aggravante. Le Père Sosa avait, dans une précédente interview, insisté sur le fait que les restrictions étaient «préventives», relevant que l’enquête menée sur ces cas avait été «préliminaire» et non conclusive.
«Absolution du complice»
Mais le doute sur la culpabilité de Marko Rupnik s’est encore un peu plus estompé après les révélations faites par Arturo Sosa le 14 décembre 2022 à Rome, devant un panel de journalistes. Il a confirmé l’existence d’une accusation apparue en 2019, selon laquelle l’artiste aurait abusé d’autres femmes adultes sous sa responsabilité spirituelle, cette fois en Italie. Le supérieur des jésuites a précisé que Marko Rupnik avait été, dans ce cadre, frappé d’une excommunication.
Il aurait subi cette mesure maximale dans l’Eglise catholique après avoir été reconnu coupable de «l’absolution du complice». Il aurait en effet donné l’absolution à l’une des femmes dont il aurait lui-même abusé, pour avoir eu des activités sexuelles avec lui. «L’absolution du complice» implique, selon le droit canon, une excommunication latae sententiae (automatique). Une peine qui aurait toutefois été levée, après que le Père Rupnik se soit repenti de son crime, comme le prévoit le droit de l’Eglise, a souligné le Père Sosa.
Affaire classée?
Ces nouvelles révélations posent des questions encore plus insistantes sur les réponses données à la fois par le Vatican et la Compagnie de Jésus à ces affaires. L’Associated Press (AP), présente lors du point de presse à Rome, note qu’Arturo Sosa a contredit la déclaration antérieure des jésuites en affirmant que les mesures contre Marko Rupnik étaient liées aux accusations de 2019 et non à celles de 2021. L’excommunication se serait produite avant les nouvelles plaintes de 2021.
Aucune explication n’a été donnée sur la raison pour laquelle le DDF avait classé le dossier. L’AP relève que l’organe du Vatican renonce régulièrement à la prescription pour les crimes liés aux abus. Une décision d’autant plus incompréhensible que le dicastère était forcément au courant de l’excommunication et de l’existence d’un délit antérieur d’une extrême gravité commis par Marko Rupnik.
Le pape savait-il?
Autant d’éléments qui ont fait naître des soupçons de «passe-droits», eu égard à la grande influence du mosaïste au Vatican et dans la Compagnie de Jésus. «Le DDF est dirigé par un jésuite (le cardinal Luis Ladaria, ndlr), dispose d’un procureur jésuite chargé des crimes sexuels et avait pour numéro 2 à l’époque une personne qui vivait dans la communauté jésuite de Rupnik à Rome», note ainsi l’AP.
Certains ont même fait remarquer que, sur le trône de Pierre, siégeait encore un autre jésuite. La question de l’implication du pape François dans le classement de l’affaire a ainsi évidemment été soulevée, notamment lors de la conférence de presse romaine. Arturo Sosa a répondu qu’il «pouvait imaginer» que le préfet du dicastère, le cardinal Ladaria, avait informé le pape d’une telle décision. Le Vénézuélien a toutefois assuré que lui-même n’en avait pas parlé avec le pontife et que ce dernier n’était pas intervenu dans cette affaire.
Réouverture du dossier?
Des affirmations corroborées par Vida Nueva, qui assure que «le Saint Père est resté en dehors de l’enquête sur les deux allégations d’abus de l’artiste jésuite afin de respecter le processus judiciaire et le principe de non-ingérence». Le média hispanophone cite des sources vaticanes selon lesquelles François n’a pas eu accès au dossier Rupnik et ne connaît pas les détails des allégations. «Il lui aurait donc été impossible de se prononcer sur les mesures préventives ou les sanctions proposées tant par le DDF que par les jésuites eux-mêmes». Selon le droit canon (1355), la cessation d’une peine est entre les mains de l’ordinaire qui l’a imposée, qui pourrait être l’évêque ou le vicaire local, mais aussi le supérieur général de la congrégation, en l’occurrence Arturo Sosa.
Mais le pape pourrait-il intervenir pour, dans un souci de faire valoir sa politique de tolérance zéro, faire rouvrir le dossier pour obtenir une condamnation exemplaire du Père Rupnik? D’après Vida Nueva, cela pourrait arriver si, une fois les résolutions des deux affaires rendues publiques, on décidait a posteriori d’en appeler au pape en tant qu’instance supérieure. (cath.ch/ap/vidanueva/arch/rz)
Le Père Arturo Sosa, supérieur général des jésuites, a admis le 14 décembre 2022 que le prêtre-artiste Marko Rupnik, accusé d’abus sexuels sur des religieuses, avait été temporairement excommunié en rapport à une autre affaire. Selon le média espagnol Vida Nueva, le pape François n’a pas intercédé en faveur du mosaïste.
Les développements qui se sont faits jour le 14 décembre sur l’affaire Rupnik noircissent encore un peu plus le tableau de l’artiste jésuite. Trois médias italiens avaient déjà révélé début décembre 2022 des accusations selon lesquelles il aurait abusé spirituellement et sexuellement de religieuses dans une communauté de Slovénie, alors qu’il en était le directeur spirituel, dans les années 1990.
La «légèreté» des sanctions pointées du doigt
Les informations des sites italiens ont été confirmés peu après par les jésuites dans une déclaration. La Compagnie de Jésus y admettait qu’une plainte avait été reçue en 2021. Elle indiquait en même temps que les allégations étaient prescrites sur le plan pénal comme canonique et que l’affaire avait été classée par le dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF). Les jésuites relevaient également que Marko Rupnik était sous le coup de «mesures préventives» lui interdisant d’entendre des confessions, de donner une direction spirituelle ou de diriger des exercices spirituels.
«La légèreté» des sanctions et un manque de transparence sur cette affaire ont été pointées du doigt par de nombreux observateurs, également au sein des jésuites. D’autant plus que les abus auraient été commis lors de la confession, ce qui constitue une circonstance aggravante. Le Père Sosa avait, dans une précédente interview, insisté sur le fait que les restrictions étaient «préventives», relevant que l’enquête menée sur ces cas avait été «préliminaire» et non conclusive.
«Absolution du complice»
Mais le doute sur la culpabilité de Marko Rupnik s’est encore un peu plus estompé après les révélations faites par Arturo Sosa le 14 décembre 2022 à Rome, devant un panel de journalistes. Il a confirmé l’existence d’une accusation apparue en 2019, selon laquelle l’artiste aurait abusé d’autres femmes adultes sous sa responsabilité spirituelle, cette fois en Italie. Le supérieur des jésuites a précisé que Marko Rupnik avait été, dans ce cadre, frappé d’une excommunication.
Il aurait subi cette mesure maximale dans l’Eglise catholique après avoir été reconnu coupable de «l’absolution du complice». Il aurait en effet donné l’absolution à l’une des femmes dont il aurait lui-même abusé, pour avoir eu des activités sexuelles avec lui. «L’absolution du complice» implique, selon le droit canon, une excommunication latae sententiae (automatique). Une peine qui aurait toutefois été levée, après que le Père Rupnik se soit repenti de son crime, comme le prévoit le droit de l’Eglise, a souligné le Père Sosa.
Affaire classée?
Ces nouvelles révélations posent des questions encore plus insistantes sur les réponses données à la fois par le Vatican et la Compagnie de Jésus à ces affaires. L’Associated Press (AP), présente lors du point de presse à Rome, note qu’Arturo Sosa a contredit la déclaration antérieure des jésuites en affirmant que les mesures contre Marko Rupnik étaient liées aux accusations de 2019 et non à celles de 2021. L’excommunication se serait produite avant les nouvelles plaintes de 2021.
Aucune explication n’a été donnée sur la raison pour laquelle le DDF avait classé le dossier. L’AP relève que l’organe du Vatican renonce régulièrement à la prescription pour les crimes liés aux abus. Une décision d’autant plus incompréhensible que le dicastère était forcément au courant de l’excommunication et de l’existence d’un délit antérieur d’une extrême gravité commis par Marko Rupnik.
Le pape savait-il?
Autant d’éléments qui ont fait naître des soupçons de «passe-droits», eu égard à la grande influence du mosaïste au Vatican et dans la Compagnie de Jésus. «Le DDF est dirigé par un jésuite (le cardinal Luis Ladaria, ndlr), dispose d’un procureur jésuite chargé des crimes sexuels et avait pour numéro 2 à l’époque une personne qui vivait dans la communauté jésuite de Rupnik à Rome», note ainsi l’AP.
Certains ont même fait remarquer que, sur le trône de Pierre, siégeait encore un autre jésuite. La question de l’implication du pape François dans le classement de l’affaire a ainsi évidemment été soulevée, notamment lors de la conférence de presse romaine. Arturo Sosa a répondu qu’il «pouvait imaginer» que le préfet du dicastère, le cardinal Ladaria, avait informé le pape d’une telle décision. Le Vénézuélien a toutefois assuré que lui-même n’en avait pas parlé avec le pontife et que ce dernier n’était pas intervenu dans cette affaire.
Réouverture du dossier?
Des affirmations corroborées par Vida Nueva, qui assure que «le Saint Père est resté en dehors de l’enquête sur les deux allégations d’abus de l’artiste jésuite afin de respecter le processus judiciaire et le principe de non-ingérence». Le média hispanophone cite des sources vaticanes selon lesquelles François n’a pas eu accès au dossier Rupnik et ne connaît pas les détails des allégations. «Il lui aurait donc été impossible de se prononcer sur les mesures préventives ou les sanctions proposées tant par le DDF que par les jésuites eux-mêmes». Selon le droit canon (1355), la cessation d’une peine est entre les mains de l’ordinaire qui l’a imposée, qui pourrait être l’évêque ou le vicaire local, mais aussi le supérieur général de la congrégation, en l’occurrence Arturo Sosa.
Mais le pape pourrait-il intervenir pour, dans un souci de faire valoir sa politique de tolérance zéro, faire rouvrir le dossier pour obtenir une condamnation exemplaire du Père Rupnik? D’après Vida Nueva, cela pourrait arriver si, une fois les résolutions des deux affaires rendues publiques, on décidait a posteriori d’en appeler au pape en tant qu’instance supérieure. (cath.ch/ap/vidanueva/arch/rz)