Tonyxmxm a écrit :
La prémisse est qu'il y a une théière. C'est toi qui introduit une autre prémisse en réfléchissant à l'origine de la théière, pourquoi ne serait-elle pas incréée?
Non, il y a difference, la théière pourrait être incréée mais toutes les théières connues sont des artefacts. Russell a choisi l'exemple justement pcq une théière qui n'est pas un artefact est très peu vraisemblable, contrairement à un asteroid en forme de théière.
quote="ChristianK"2) Lié à ce problème d'artefact est le problème du blame pour ceux qui doutent. Ce blame ne dépend pas surtout du fait que la théière est jugée certainement existante, mais surtout que la théière exige obéissance, à la loi morale entre autres etc., or il y a encore invraisemblance, car une théière est un artefact instrumental. Et aucune théière ou astéroide n'a les propriétés voulues (sauf dans des romans) pour jouer ce role quasi personnel. IL faut que la théière soit un esprit. Russell aurait du penser advantage à trinity puisqu'il était prof à Trinity College Cambridge...
L'argument est dévié par une notion incomplète du blame dont il est question (doute coupable), en se placant trop du point de vue de la vérité épistémique et pas assez du point de vue de la moralité.
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Tu attribues des "pouvoirs" et une volonté à la théière alors que sauf erreur de ma part, ce n'est pas du tout le but de cette réflexion. La théière n'est qu'une théière. Elle n'exige pas obéissance.
D'autre part tu dis qu'une théière ou un astéroïde n'auraient pas les propriétés voulues parce qu'on ne l'a jamais observé mais on n'a jamais observé quoi que ce soit qui ait les propriétés qu'on attribue à Dieu non plus.
Non, c'est l'argument qui introduit des propriétés indirectement, quand il dit Intolerable presumption, surtout en context religieux (sacred texts), cela a la nuance d'audace, orgueil intolerable, hérésie etc. Il y a une nuance morale.
D'autre part le point n'est pas qu'on n'a jamais observé une théière ayant des propriétés divines, mais plutot que toutes les théières observées sont dépourvues de ces proprietées.
quote="ChristianK"3) Enfin et surtout, il y a une prémisse cachée, et qui est gratuite (mais il faut dire que ce texte est plutot journalistique, court, et secondaire). Elle consiste a tenir séparés les books et sacred truth de l'argument qui attaque le doute sous prétexte qu'on ne peut pas prouver l'inexistence. Car il est évident que si le seul et unique argument pour attaquer le doute était l'absence de preuve d'inexistence, personne n'attaquerait. L'attaque vient d'abord et avant tout des sacred truths. Or l'argument passe à coté de celles-ci et de leur fondements, il les présuppose sans fondement, ce qui est gratuit. Par analogie avec la connaissance (non scientifique ou philosophique) par foi naturelle: il n'y a pas de preuve que César est mort le 15 mars, mais des fondements testimoniaux (old books) qui relatent les dire des témoins, et tout va dépendre de leur compétence et véracité, et nous atteindrons unecertitude morale, ou non.
. Les sacred truths ne peuvent donc pas a priori être mises hors jeu des fondements d'affirmation de l'existence de la théière, sinon on présuppose gratuitement que ces fondements sont invalides (comme les témoins de l'assassinat de César).
Autrement dit, celui qui pose la théière ne se borne pas à dire seulement que son inexistence n'est pas prouvée, il ajoute beaucoup plus, et l'argument garde la chose dans l'ombre. Il présuppose ce qui est question, ce qui est une pétition de principe. Il n'examine pas les fondements religieux (argument d'autorité), ce qui est un strawman argument.
4) un autre facteur, lié, est une oscillation apparente entre le Dieu des philosophes et celui des religions. Si on prend le "blame" contre le sceptique comme purement intellectuel et non moral, il est clair que Leibniz, qui présente une approche démonstrative pour la théière, va être inclu: il va blamer le sceptique de ne pas comprendre sa démarche. Or encore une fois, Leibniz n'est pas considéré, lui qui dit beaucoup plus que simplement parler d'absence de preuve d'inexistence. On devrait donc dire soit que l'argument suppose (gratuitement pour l'instant)
que Leibniz se trompe et ne compte pas, soit que pour l'instant on ne parle pas du tout du Dieu des philosophes mais seulement de celui des religions (foi, croyance).. L'argument ne concerne donc aucunement le Dieu du maître de Russell , Alfred North Whitehead.
Mais par la suite on refuse d'examiner les fondements propres des religions, l'argument d'autorité, totalement absent du point de vue de sa validité ou non. On laisse les sacred truths totalement dans l'ombre.
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Le problème de "l'autorité" des écritures saintes vient des nombreuses imprécisions et erreurs que ces écritures contiennent et qui de ce fait diminuent le poids historique et la véracité supposée de l’œuvre pour quiconque n'embrassant pas le dogme ou la doctrine correspondante. Ces écritures ont, et là je parle à titre personnel bien que certains incroyants auront peut être le même avis, autant d'historicité que les épopées d'Homère ou celle de Gilgamesh.
Ici la volonté de Russell est simplement de dire que ce sont aux croyants d'apporter des preuves de ce qu'ils disent et non aux non croyants de réfuter les croyances.
Ca se peut mais Russell ne le dit pas, ca reste dans l'ombre au sujet des sacred texts. IL ne sait et ne dit rien de leur crédibilité. IL aurait fallu qu'il ajoute quelque chose comme "aucun texte sacré n'est credible".
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Non, rien est dit, dans l'analogie de Russell, sur l'origine de la théière comme rien n'est dit sur l'origine de dieu.
La prémisse n'est pas piégée, les croyants en la théière, à l'instar des croyants en dieu, posent l'affirmation. Russell ne parle pas d'inexistence probable dans cette analogie, mais pose l'affirmation "théière" comme le font les croyants. Ce que tu appelles strawman, est une analogie parfaitement valable sur ce que sont les affirmations théistes.
Oui quelque chose est dit par le terme même de théière, qui EST , dans tous les cas connus, un artefact pour faire du thé. Une théière analogue aux romans d'extraterrestres a une inexistence probable. Et Russell, dans l'argument, se place dans la peau d'un croyant en la théière. Pourquoi personne de croit-il en cette théière? Pcq elle est inductivement invraisemblable.
Non encore, la théière ne demande rien dans l'argument, le blâme et la demande d'obéissance viennent des croyants.
Dans l'argument Russell est le croyant: je crois et je blame moralement (entre autres, comme les religions) ceux qui ne croient pas. Le "intolerable", en context religieux, n'a pas qu'un sens épistémique, il s'agit de doute coupable.
Non, il n'y a pas de prémisse cachée qui ne soit pas également dans l'argumentaire théiste.
Et les sacred truths ne sont pas exclues de sa réflexion, elles figurent dans la dernière partie de son analogie pour reprendre les fondements religieux qui imposent cette vérité par argument d'autorité, qui sont les seules pétitions de principe que je vois.
Les sacred truths sont là , mais sans evaluation, c'est comme si on disait ce sont des sacred truths donc il n'y a pas de fondement. Or les sacred truths peuvent très bien être valides et ce n'est pas abordé. La premise cache c'est qu'elles sont fausses.
Un argument d'autorité est un argument, ca n'a rien d'une petition de principe. Il pleut pcq untel competent et vérace me l'a dit est un argument valide, bien que non scientifique ou philosophique.
Sans parler de la qualité et de la véracité des fondements testimoniaux.
Si on peut, à juste titre, douter dans une certaine mesure, de la justesse des sources romaines concernant l'assassinat de Jules César, on peut encore plus douter des textes fondamentaux des religions. Sur la masse, la crédibilité revient aux romains.
Car, dans ton "y a pas de preuves pour César", quel niveau de preuve attends-tu pour passer de l'argument d'autorité à fait historique prouvé ?
Douter de l'assasinat de César est déraisonnable.
fait historique prouvé n'existe pas si le fait a une base testimonial. Il faut dire fait historique fondé, comme la mort de César en mars.
tu as raison de penser qu'il y a plusieurs espèces d'argument d'autorité: historique, religieux etc. Mais la classe générale est la meme. Le principe si on veut. Le fondement inductif va toutefois différer selon les cas.
Puis pour le strawman, c'est quand même un peu fort.
Je trouve assez gonflé de mettre sur le même plan un témoignage qui est plausible, voire ordinaire avec un autre qui défie les lois naturelles.
Comparer un évènement historique crédible comme un assassinat, alors qu'on sait (basic truth) que des hommes assassinent d'autres hommes pour diverses raisons, avec un évènement où un dieu ou un ange se manifeste à un prophète, une vierge qui enfante et ou un serpent qui parle, relève de la gageure. Et ce n'est pas parce que tu appelles les deux "arguments d'autorité" car testimoniaux qu'ils sont sur le même niveau de crédibilité.
Exact en principe. Cependant on a un fondement dans les 2 cas. C'est le point de la comparaison: dans les 2 cas, il n'y a pas de preuve scientitique ou philosophique. Pour le reste, il faudra examiner s'il y a , pour compenser la perte de crédibilité inductive, s'il n'y a pas d'autres facteurs extraordinaires qui surcompensent cette perte.
voir à ce sujet toute l'histoire de la doctrine de Hume sur l'induction et les miracles.
Strawman n'est pas un peu fort: les croyants en la théière ne blament pas moralement l'incroyance d'abord pcq les incroyants n'ont pas de preuve d'inexistence, ils blament d'abord en raison des sacred truths. L'argument leur fait dire ce qu'ils ne dissent pas.
ChristianK a écrit: 4) un autre facteur, lié, est une oscillation apparente entre le Dieu des philosophes et celui des religions. Si on prend le "blame" contre le sceptique comme purement intellectuel et non moral, il est clair que Leibniz, qui présente une approche démonstrative pour la théière, va être inclu: il va blamer le sceptique de ne pas comprendre sa démarche. Or encore une fois, Leibniz n'est pas considéré, lui qui dit beaucoup plus que simplement parler d'absence de preuve d'inexistence. On devrait donc dire soit que l'argument suppose (gratuitement pour l'instant)
que Leibniz se trompe et ne compte pas, soit que pour l'instant on ne parle pas du tout du Dieu des philosophes mais seulement de celui des religions (foi, croyance).. L'argument ne concerne donc aucunement le Dieu du maître de Russell , Alfred North Whitehead.
Mais par la suite on refuse d'examiner les fondements propres des religions, l'argument d'autorité, totalement absent du point de vue de sa validité ou non. On laisse les sacred truths totalement dans l'ombre.
Puis enfin on a l'impression fausse que l'argument porte sur la théière en général, celle des philosophes et celle des religions.
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Je crois donc que cet argument relève davantage de la boutade que du Russell sérieux.
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Car ce n'est pas un argument, mais une analogie. Le même type d'analogie qu'on retrouve pour la licorne rose invisible ou le monstre en spaghetti volant, ou encore mon troll shlagvuck qui est au-delà de l'hors-monde.
Et concerne les deux. La théière qui nous est impossible de voir ressemble beaucoup à Un Dieu "hors monde".
Russell expose une affirmation qui n'est pas prouvée, et explique les processus de croyances y afférant. Les fondements de la croyance en la théière sont les mêmes que celles des religions, l'argument d'autorité et l'argument d'autorité seule.
L'analogie est correcte. Et les objections que tu pourrais lever concernant la théière sont les mêmes que pour les religions.
ce n'est pas le point ici. Il est question AUSSI du Dieu de Leibniz, Whitehead et des philosophes. ET il n'est pas du tout clair que l'argument concerne ca ou non.
Si les sacred truths ont des fondements valides, la théière n'est pas gratuite, pas plus que la mort de César.
Pour les religions, il faut distinguer les verities purement religieuses et les verities ou questions mixtes, qui relevant aussi de la philo. or l'existence de Dieu est une affaire philosophique, donc qui ne relève pas seulement de la crédibilité d'un fondateur de religion.
ChristianK a écrit: Au final son point le plus faible me semble dans les mots "intolerable presumption" , car ce sont eux qui font glisser un sens qui devrait être moral (obéissance à Dieu; doute moralement coupable)
) à un sens épistémique (doute à l'encontre d'une certitude morale; eg. blamer quelqu'un de ne pas croire que César est mort le 15 mars). C'est clairement un strawman: aucun de ceux qui posent la théière ne blament le sceptique sur la seule base qu'il n'a aucune preuve d'inexistence de celle-ci, ni chez les philosophes ni chez les religieux.
(PS. certitude morale: celle qui implique des actes humains, des moeurs, par opposition à certitude physique (l'eau bouillera à 100 demain) ou métaphysique ([pas de cercle carré).
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C'est mal comprendre ce qu'est une analogie alors.
Et c'est ce que font les religions.
Et les religions blâment les incroyants aussi parce qu'on ne peut apporter la preuve d'inexistence. Le "tu peux pas prouver qu'il n'existe pas" est l'un des arguments théistes et n'a qu'un but, retourner de manière fallacieuse la charge de la preuve.
Et le doute se situe l'aspect extraordinaire et difficilement crédibles, en plus d'être invérifiables, des affirmations théistes. Ce n'est pas un strawman.
Attention, blamer n'est pas faire une objection ou donner un argument, c'est plus que ca. Ca implique en contexte religieux une dimension morale (doute coupable, péché etc.). Le croyant qui se bornerait à dire "tu n'as pas de preuve d'inexistence" ne parlerait certainement pas d'intolérable orgueil" (un des sens de presumption, presumptuous)
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le but de Russell n'est pas de démontrer l'inexistence de Dieu (ou de n'importe quoi: ET, licornes, Loch Ness, etc.), c'est une perte de temps. Il montre juste que n'importe qui pouvant affirmer l'existence de n'importe quoi, ce n'est pas aux autres de prouver l'inexistence, mais à celui qui fait l'affirmation d'existence d'apporter des preuves
tout à fait. Mais il laisse dans l'ombre toutes les preuves des philosophes, catégoriques ou probabilistes, et tous les autres fondements dans les sacred texts.
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L'argument cosmologique a subi de nombreuses réfutations. Dont Kant, qui y voit dans la base ontologique de l'argument une faiblesse telle qu'il n'y voit pas, lui, un argument rationnel.
et ensuite l'argument cosmologique a été redéfendu en montrant certains presupposés du système Kantien, et qu'il ne dépendait justement mpas de l'argument ontologique; puis Hegel a développé la notion d'Esprit absolu, qui est une forme de panthéisme.
D'ailleurs kant a repose Dieu en métaphysique des moeurs, dans la sphere de la raison pratique.