Re: L'étoile du matin
Posté : 16 nov.16, 19:45
Voilà ce qu'en dit le blog oratoiredulouvre :
« l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » ?
http://blog.oratoiredulouvre.fr/2014/01 ... -du-monde/
http://blog.oratoiredulouvre.fr/2016/06 ... -de-jesus/
Ase
« l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » ?
http://blog.oratoiredulouvre.fr/2014/01 ... -du-monde/
et Qui a inventé cette notion de mort sacrificielle de Jésus ?Vous avez raison de faire le lien entre « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » et l’agneau de la Pâque juive. On pourrait se demander si cette référence ne fait pas allusion à Esaïe 53, mais il est plus probable qu’elle fasse référence à l’agneau dont parle le livre de l’Exode (ch. 12) puisque juste avant dans l’évangile selon Jean 1:17 il est dit « la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ».
Cet agneau n’entre pas du tout dans la « conception sacrificielle-expiatoire », en effet, l’agneau n’est pas sacrifié pour calmer la fureur d’un Dieu justicier et vengeur.
Au contraire, l’agneau est fait pour être mangé par les hébreux afin de leur donner de la force afin de pouvoir se mettre en route vers la terre promise. Et cela nous donne dans un sens le mode d’emploi du salut en Christ, donné au début de l’évangile : il est fait pour être mangé, assimilé, pour nourrir notre propre cheminement. Le péché est donc d’abord un manque d’être, un manque de dynamisme de cheminement. C’est donc d’abord ainsi que l’agneau de Dieu ôte le péché du monde : comme un supplément d’évolution, de genèse pour notre être individuel et pour l’humanité. L’agneau de Dieu, dans ce contexte, ce n’est pas un sacrifice expiatoire, mais un méchoui auquel on invite notre voisin, surtout quand il est pauvre (Exode 12:4).
Le sang de l’agneau est fait aussi pour être joyeusement badigeonné sur les montant et le linteau de notre porte (je sais, c’est un peu gore au sens littéral, c’est pourquoi personne ne le fait, mais nous lisons cela, bien entendu, au sens spirituel), de sorte que l’Eternel passera au dessus de notre porte et la mort ne nous frappera pas mais plutôt dans la maison des égyptiens. C’est épouvantable si l’on pense que Dieu détruirait un peuple, mais la question est de nous débarrasser de ce que symbolise l’égyptien en nous ici, c’est à dire ce qui opprime l’enfant de Dieu qui est également en chacun, l’objectif de l’action de Dieu consiste à tuer l’angoisse, la culpabilité, l’égocentrisme, la méchanceté, l’asthénie, la colère… afin de laisser le meilleur de chacun et de l’humanité se mettre en route vers la vie que Dieu espère pour nous : la vie éternelle, une vie créatrice, féconde, pacifiée, joyeuse. C’est ainsi une 2e façon qu’a le Christ, agneau de Dieu, d’ôter le péché du monde, en nous aidant à discerner et identifier en nous le bon du mauvais, ce qui est vraiment vivant et ce qui nous tire vers le bas, et de compter sur Dieu pour libérer ce qui est vivant et nous purifier de ce qui est mauvais.
Et du coup, nous n’avons plus à craindre d’avoir une porte dans notre existence, une ouverture sur le monde, car Dieu lui-même nous garde. C’est peut-être une troisième façon qu’a le Christ d’ôter le péché du monde, il nous permet d’avoir moins peur du monde et des autres. Dieu nous garde, Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Ce n’est pas de l’angélisme, comme s’il n’existait pas de mal dans le monde, et il faut bien entendu se protéger soi-même encore, comme d’ailleurs Jésus le fait aussi en esquivant les persécution un bon nombre de fois avant de finalement être acculé. Mais c’est la conviction,c’est même l’expérience que nous sommes aimés, que nous sommes dignes de vivre, d’être heureux, et d’apporter quelque chose au monde. Et cela nous permet de sortir de notre coquille, et c’est aussi une libération de notre péché. Cet amour dit le pardon de Dieu et même plus que cela, il dit son amour qui nous permet de nous élancer au risque de nous tromper. La porte est ouverte.
Bien fraternellement.
Gaspard de Coligny
http://blog.oratoiredulouvre.fr/2016/06 ... -de-jesus/
Cordialement,La conception de la mort sacrificielle de Jésus trouve ses racines dans le nouveau testament, à cause d’une traduction erronée du mot grec « lutron » qui veut effectivement dire en grec classique une rançon, mais qui vient traduire une notion en hébreu qui évoque de façon plus large ce que l’on fait pour sauver quelqu’un, sans qu’il y ait nécessairement de prix à payer.
Il y a aussi une éventuelle mauvaise compréhension du concept de « agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (mis dans la bouche de Jean Baptiste témoignant sur Jésus). Cet agneau fait probablement référence à l’agneau pascal, qui n’est pas un sacrifice propitiatoire (permettant de gagner le pardon ou les bénédiction d’un dieu), mais plutôt une nourriture partagée entre proches pour donner la force à ces personnes de se mettre en chemin une fois libérées par la seule grâce de Dieu, sans qu’ils aient eu quoi que ce soit à payer pour s’attirer ses faveurs.
Il est à mon avis très discutable que Paul se soit mis en tête l’idée d’une mort du Christ propitiatoire. Christ s’est sacrifié, certes, mais Paul, me semble-t-il, y voit plus le signe d’un amour, d’un don gratuit de Dieu, pas du tout l’idée d’un marchandage avec Dieu ou avec le diable. Pour Paul, Christ est mort pour nos péchés, mais cela ne veut pas dire qu’il les rachète, mais que par ce témoignage d’amour, Christ nous apprend que vivre c’est aimer, et cela peut avoir une bénéfique influence pour nous détourner d’une façon d’être ancienne qui nous mène à la mort.
Il faudrait faire des recherches sur l’histoire du concept de « mort sacrificielle » du Christ et son succès dans l’église. Mais à vue de nez, je dirais que cette idée serait développée vers le IVe siècle. Les avis ont divergé longtemps pour savoir comment marcherait ce sacrifice rendant possible le salut des humains. On a pu dire que c’était pour calmer le diable, ou pour qu’il s’étouffe en dévorant cette proie. Anselme de Cantorbery, au XIe siècle est celui qui a vraiment développé la théorie de la mort sacrificielle du Christ. Se basant sur le droit féodal, il explique que ce sacrifice est offert par Dieu à Dieu lui-même, plus précisément, l’amour de Dieu payant une rançon à la justice de Dieu. Mis à part le fait que cela fait de Dieu la victime d’un dédoublement de personnalité (après tout, chacun pense ce qu’il veut), cette théorie est particulièrement nocive, à mon avis, tant sur le plan spirituel que moral.
Avec mes amitiés fraternelles
Ase