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MONTANUS
Le montanisme
Au milieu du IIe siècle (dès 156-157 selon Épiphane), à Ardaban, petit village de Phrygie, un ancien prêtre de
Cybèle,Montanus ou Montan (années de naissance et de décès inconnues), entre en transe et commence à prophétiser.
Accompagné de 2 jeunes prophétesses, Prisca (ou Priscilla) et Quintilla, selon
Augustin, ou de 3 (la troisième étant Maximilla) d’après Epiphane, lesquelles ont quitté leurs maris pour le suivre, il voyage en enseignant sa doctrine dans toute l'Asie Mineure.
Montanus ne semble pas avoir présidé longtemps à l'œuvre qu'il avait commencée. Des récits orthodoxes le font mourir de mort violente, s'étant pendu comme Judas, de même que son épouse (?) Maximilla.
Montanus
Montanus se prétend l’organe du Paraclet (l’Esprit Saint), voire le Paraclet lui-même.
Il annonce un nouvel âge de l’Église, l’âge de l’Esprit, et l’imminence de la fin des temps : la Jérusalem Nouvelle descendra du ciel près de la ville de Pépuze en Phrygie et le Seigneur régnera avec les élus durant
mille ans.
Les montanistes, également appelés "cataphrygiens (ou cataphryges), pépuziens et quintilliens (ou quintillianistes)", disent que le retour du Christ est imminent et que ceux qui ne sont plus touchés par la grâce ne pourront pas être sauvés.
Pour se préparer à cette venue, il faut pratiquer un ascétisme rigoureux, multiplier et prolonger les jeûnes, s’abstenir de viande et de vin ; la continence parfaite est recommandée, et les secondes noces absolument prohibées.
Le pardon de l’Église est refusé aux péchés graves.
Les montanistes fuient la vie séculière, consacrant leurs efforts à la préparation du retour du Christ.
Ils enseignent à leurs adeptes de rechercher la persécution et même le martyre.
Montanus tente d’introduire, dans le Nouveau Testament, des œuvres personnels qu’il prétend inspirées.
Les montanistes insistent sur l’importance du don des langues : la glossolalie (du grec glôssa = langue, et lalein = parler).
Les montanistes distinguent trois âges dans l'éducation divine du genre humain :
- le premier âge, celui de l'enfance, répondant à la dureté du cœur, est celui de la loi et des prophètes ;
- le deuxième, celui de la jeunesse, répondant à l'infirmité de la chair, est celui du Christ et des apôtres ;
- le troisième, celui de la manifestation du Paraclet qui doit achever d'instruire l'Eglise de la vérité et lui annoncer les choses à venir, âge répondant à la sainteté spirituelle, période du vrai christianisme ouverte par Montanus et devant durer jusqu'à la fin du monde.
Les montanistes contestent les hiérarchies de l'Etat romain et de l'Eglise chrétienne qu’ils accusent de pactiser avec lui.
Parmi les sectes montanistes, les artotyrites communient avec du pain et du fromage, les ascites dansent autour d’un ballon gonflé, installé près de leur autel, se considérant remplis du Saint-Esprit comme le ballon et les passalorynchites mettent leur doigt dans le nez et se ferment la bouche pour ne pas rompre le silence quand ils jugent à propos de le garder.
Chronologie historique
De la Phrygie où il est né, le montanisme se propage avec rapidité dans les autres provinces de l'Asie Mineure. Puis il est porté en Gaule où il a notamment des adhérents à Lyon.
Les évêques, dont le montanisme ruine le crédit et dont il décrie l'autorité, se hâtent d'intervenir et poursuivent avec acharnement les montanistes : des synodes, les premiers dont l'histoire fait mention, se rassemblent pour les condamner.
Zotique (+ 204), évêque de Comane en Cappadoce, qui est le premier à découvrir les erreurs et les impostures des montanistes, condamne publiquement leurs erreurs et dénonce leurs prétendues prophéties.
Le concile d'Hiérapolis en Phrygie (Pamukkale, dans la Turquie actuelle), tenu en 173, frappe d'anathème Montan, Théodore le Corroyeur et leurs sectateurs.
A Carthage, Tertullien défend le montanisme (vers 207).
Le pape
Zéphyrin (198-217), après quelques hésitations, condamne le montanisme.
A Alexandrie, les doctrines des montanistes sont combattues avec beaucoup de fermeté par
Origène (+ 254), surtout à cause de leurs rêves millénaires.
L’esprit montaniste inspire le schisme de l’antipape
Novatien (251-258) et ces 2 sectes fusionnées comptent des partisans jusqu'au VIIe siècle.
En Espagne, le concile d'Elvira (305) s’inspire de l'esprit du montanisme.
Les empereurs Constantin (331) et Honorius (407) prennent des mesures sévères contre les montanistes.
Le 8e décret du concile de Laodicée (364) ordonne de rebaptiser les montanistes convertis.
Citations
Je suis venu non comme un ange ou un ambassadeur, mais comme Dieu le Père. (Montanus, dans un fragment conservé par Épiphan
e au IVe siècle)
En vérité, les femmes constituent une race faible, peu fiable et d’une intelligence médiocre. Une fois de plus, nous voyons que le Diable sait bien comment faire pour que les femmes délivrent des enseignements aussi ridicules, comme il a déjà bien réussi à le faire dans le cas de Quintilla, de Maxima et de Priscilla. [Épiphane (315-403),
Panarion 79 §1]
Les Pépuziens ou Quintilliens, ainsi nommés d'un endroit qu'Epiphane dit avoir été autrefois une ville, maintenant déserte ; ils la regardent comme chose en quelque sorte divine, et lui donnent conséquemment le nom de Jérusalem ; chez eux, les femmes jouissent d'une telle autorité, que par honneur on les élève au sacerdoce, parce qu'au dire de Quintilla et de Priscilla, le Christ leur était apparu, dans la ville de Pépuze, sous les traits d'une femme : aussi, les nomme-t-on indifféremment Pépuziens ou Quintilliens. Les mystères sanglants expliquent les erreurs des Cataphrygiens, se voient aussi parmi eux, et paraissent indiquer l'origine de leur secte. Il paraît enfin, d'après d'autres auteurs, que Pépuze était, non pas une ville, mais une maison de campagne, où Montan, Priscilla et Quintilla vivaient ensemble : de là est venu qu'on a cru devoir donner à cette maison le nom de Jérusalem. [
Augustin (354-430),
Des Hérésies XXVII]
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