Plutôt que de faire comme d'habitude où chacun balance des textes bibliques sans les commenter en pensant que cela suffira à emporter le débat, je préfère un travail de fond qui va utiliser beaucoup de textes pour avancer petit à petit, mais avec certitude sur la façon dont juifs (fidèles à la Loi de Moise) et chrétiens (fidèles à l'enseignement de Jésus) considéraient la mort.
Un mot revient très souvent pour qualifier la mort. C'est la notion de sommeil.
Voici quelques textes qui montrent que cette expression est commune au judaisme et au christianisme.
- 1 Rois 1:21Si tu n’interviens pas, dès que tu seras endormi dans la mort avec tes ancêtres, mon fils Salomon et moi, nous serons accusés d’avoir été des traîtres. »
- 1 Rois 11:21. En Égypte, Hadad apprit que David s’était endormi dans la mort avec ses ancêtres
- 2 Rois 14:22. C’est lui qui reconstruisit la ville d’Élath et qui la rendit à Juda après que le roi se fut endormi dans la mort avec ses ancêtres.
- 2 Chro 26:2. C’est lui qui reconstruisit la ville d’Élath et qui la rendit à Juda après que le roi se fut endormi dans la mort avec ses ancêtres.
- Jean 11:11. Après avoir dit ces choses, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi, mais je vais là-bas pour le réveiller. »
- Actes 13:36. Or, après avoir servi Dieu pendant sa génération, David s’est endormi dans la mort, a été déposé auprès de ses ancêtres et a connu la décomposition
- 1 Cor 15:20 Mais Christ a bien été relevé d’entre les morts, les prémices de ceux qui se sont endormis dans la mort
- Daniel 12:2. Et beaucoup de ceux qui sont endormis dans la poussière de la terre se réveilleront, certains pour la vie éternelle et d’autres pour la honte et le mépris éternel
- 1 Cor 15:6. Après cela, il est apparu à plus de 500 frères à la fois, dont quelques-uns se sont endormis dans la mort
- 1 Cor 15:18: Quant à ceux qui se sont endormis dans la mort en union avec Christ, ils ont disparu pour toujours
- 1 Thess 4:14 Car si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, nous croyons aussi que Dieu amènera avec lui ceux qui se sont endormis dans la mort en union avec Jésus
- 1 Thess 4:15 . nous ne précéderons en rien ceux qui se sont endormis dans la mort
- 1Pierre 3:4: Depuis le jour où nos ancêtres se sont endormis dans la mort, tout reste exactement comme depuis le commencement de la création ! »
Je pourrais multiplier les exemples, mais je pense que tout le monde reconnaîtra que Israelites et Chrétiens utilisaient la même formule pour parler de leurs morts.
Seulement, dire que quelqu'un s'est endormi dans la mort n'est certainement pas neutre car un endormissement suppose un réveil.
Cela répond à tous ceux qui douteraient que la résurrection ait été un espoir inconnu avant la venue de Jésus.
Creusons donc cette notion de sommeil.
Voici une définition que j'ai trouvée sur internet :
Le sommeil est un état récurrent de perte de conscience du monde extérieur. Il est accompagné d'une absence totale d'activité physique ou mentale voulues ou décidées par l'individu qui se trouve dans cet état
Ainsi, le sommeil suppose qu'un individu n'agisse plus de quelque façon que ce soit sur son environnement, qu'il n'ait plus aucune conscience de son état, qu'il ne puisse plus réfléchir ou se projeter mentalement dans l'avenir, qu'il ne puisse plus aimer ou montrer une quelconque affection à qui que ce soit, Dieu inclus, etc...
La bible valide t'elle cette définition quand elle parle du sommeil de la mort.
- Ecc 9:5. En effet, les vivants savent qu’ils mourront, mais les morts ne savent rien et ils n’ont plus de récompense, car tout souvenir d’eux a disparu
Nous apprenons ici que les morts ne savent rien. Nous avons donc la confirmation que la fonction cognitive des morts est réduite à rien.
- Psaumes 146:4. L’esprit de l’homme sort, l’homme retourne au sol ; ce jour-là, ses pensées périssent
Le Psalmiste rejoint un peu l'Ecclésiaste en précisant la raison qui fait qu'un mort ne peut plus rien savoir puisqu'il indique que ses pensées ont péri.
Les mots ici ont leur importance. En utilisant le mot sommeil, on aurait pu penser que les morts étaient maintenus dans une sorte de léthargie qui les maintenait en vie mais en anesthésiant en quelque sorte leurs facultés mentales.
Seulement, le Psalmiste, probablement David, nous affirme que
ses pensées périssent
Ne prenons pas cet écrivain biblique pour un ignorant qui ne saurait pas ce que signifie le verbe
périr .
Vous remarquez comme moi que David généralise, il ne parle pas d'un homme en particulier, mais de l'homme en général et donc de tous les hommes. Or, dit-il, à leur mort leurs pensées disparaissent, périssent.
Le vrai sommeil ne va jamais jusque cette extrémité, évidemment, cependant, cela semble être le cas du sommeil de la mort.
- Ps 6:5: Car dans la mort il n’y a aucune mention de toi ; dans la Tombe, qui te louera ?
Nous découvrons ici une autre caractéristique de l'état de mort. Un mort ne peut pas éprouver de sentiments envers Dieu. Dieu n'y est pas adorer.
Voilà qui nous interroge quand on lit que certains pensent que Lazare serait au ciel auprès d'Abraham dans une condition heureuse. Voilà qui tranche avec la vision juive et chrétienne de la mort qui indique l'absence de pensées, de sentiments et même d'attachement à Dieu dans la mort.
Remarquez, pour être complet, que l'Ecclésiaste a même dit qu'il n'y avait aucune récompense dans la mort, ce qui jette encore le doute sur le fait que jésus enseignerait que Lazare aurait été récompensé auprès d'Abraham.
- Psa 38:18. Car la Tombe ne peut pas te glorifier, la mort ne peut pas te louer. Ceux qui descendent dans la fosse ne peuvent pas espérer en ta fidélité
Je vous cite ce texte qui complète tous les autres pour vous montrer que l'idée n'est pas isolée dans la bible. C'est une vérité qui a été mise en cantique et chanter dans le temple pendant des siècles.
- Ecc 3. car il y a une fin pour les humains et une fin pour les animaux ; ils ont tous une fin identique. Comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre ; et ils ont tous un même esprit. L’homme n’a donc pas de supériorité sur les animaux, car tout est futile. Tous vont au même endroit. Ils viennent tous de la poussière et ils retournent tous à la poussière. Qui sait vraiment si l’esprit des humains monte vers le haut et si l’esprit des animaux descend vers la terre ?
Cette déclaration constitue une véritable épine pour ceux qui veulent imaginer une survie de l'esprit des humains après la mort. Tout est mis en œuvre pour discréditer ce texte. Or, il est là, et bien là...
Et il nous apprend un élément fondamental. L'homme meurt comme l'animal, et son esprit est de la même nature que celui des animaux aussi.
Ainsi l'esprit, celui que Jésus remet à son Père, n'est pas un élément pensant qui survivrait à la mort, et cela pour deux raisons.
- 1) la première, qui est la conséquence de ce texte, l'esprit des animaux est le même que celui des humains.
2) la seconde, c'est que nous avons vu qu'à la mort les pensées périssent, les sentiments disparaissent et même le culte pour Dieu est impossible. La conception de certains sur la nature de l'esprit de l'homme rend impossible cette définition de la mort que nous avons pourtant trouvée dans la bible,
La survie de l'esprit qui retournerait à Dieu en conservant toutes les pensées, tous les sentiments et tout l'amour du mort pour Dieu est déclarée impossible par tous les textes que nous avons lu jusqu'ici. .
- Eccl 9:10. Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le de toutes tes forces, car il n’y a ni œuvre, ni projet, ni connaissance, ni sagesse dans la Tombe, où tu vas
Comme vous le constatez, les définitions de la mort que nous avons trouvées dans différents livres de la bible ne sont pas des exceptions. Ici, l'auteur confirme le fait, établi plus haut dans les Psaumes par un autre écrivain, et pas des moindres, qu'on ne pense rien, qu'on n'apprend rien, qu'on ne fait rien, qu'on ne projette rien, et qu'on ne devient même pas plus sage quand on est mort.
Alors, pour quelle raison avoir parlé du sommeil de la mort ?
nous verrons cela dans un prochain message.
Mais maintenant que nous savons ce que Paul savait, nous allons mieux comprendre sa réaction en 1 Cor 15.
Paul introduit un dialogue dans lequel il se met en scène.
En fait, à la réflexion,
la résurrection est impossible , il répond :
voici ce que cela signifierait pour nous.
Pour nous, les croyants, et donc pour
moi aussi qui le resterait.
En effet, Paul ne dit nul part que l'absence de résurrection ferait de lui un athée, au contraire, dans le texte il s'inquiète même du fait qu'en enseignant que Dieu aurait ressuscité Jésus, à tort, les chrétiens l'auraient offensé.
Non Paul, dans l'hypothèse d'une résurrection impossible, reste croyant et fidèle à Dieu. Seulement il n'a pas d'autre alternative que de chercher la solution à la question du salut pour les hommes fidèles comme lui.
Et c'est là que son témoignage est capital. Il nous dit textuellement :
sans résurrection, il n'y a pas de solution pour le salut. Ceux qui sont mort le sont pour toujours, la seule vie que l'on puisse espérer est celle de maintenant et ça ne sert à rien de passer son temps à faire le bien, on est perdu.
Comment pourrait il parler ainsi s'il croyait à la survie de l'esprit ou de l'âme car dans ce cas là,
il y aurait une solution....
Par contre, en s'exprimant comme il l'a fait, Paul démontre que sa conception de la mort est bien celle que l'Ecclésiaste et les Psaumes ont définie.
Tout disparaît à la mort, même les pensées, les projets et même le culte pour Dieu. La résurrection réglait ce problème, son absence le rend insurmontable.