Flavius Josephe: Antiquités Judaiques.
- Après avoir vaincu si souvent les généraux du roi Antiochus, Judas réunit une assemblée et déclara que, à la suite de toutes les victoires que Dieu leur avait accordées, il fallait monter à Jérusalem, purifier le Temple et offrir les sacrifices ordonnés par la loi. Il se rendit donc à Jérusalem avec tout le peuple ; il trouva le Temple vide, les portes brûlées, le sanctuaire envahi par les plantes qui, par suite de l'abandon, y avaient poussé spontanément ; et couvert de confusion à la vue du Temple, il se mit à gémir avec les siens. Il choisit alors quelques-uns de ses soldats, et les chargea d'attaquer la garnison de la citadelle[123] pendant que lui-même purifierait le Temple. Il l'appropria soigneusement, y plaça de nouveaux objets sacrés, chandelier, table, autel, tout en or, suspendit de nouveau des voiles aux portes, et remit en place les portes elles-mêmes ; renversant l'autel aux sacrifices, il en construisit un nouveau, en pierres assemblées sans aucun lien de fer entre elles. Et le vingt-cinquième jour du mois de Chasleu, que les Macédoniens nomment Apellaios, le chandelier fut allumé, l'encens brûlé sur l'autel, les pains placés sur la table, un holocauste offert sur le nouvel autel aux sacrifices. Il se trouva que ces cérémonies eurent lieu le jour anniversaire de celui où les Juifs avaient changé leur culte saint pour un culte impur et adopté les mœurs des autres peuples, trois ans auparavant ; le Temple, dévasté par Antiochus, était en effet resté trois ans[124] dans cet abandon : car ces événements s'étaient passés la cent quarante-cinquième année, le vingt-cinquième jour du mois Apellaios, en la cent cinquante-troisième olympiade, et le Temple fut remis en état le même vingt-cinquième jour du mois Apellaios, la cent quarante-huitième année, en la cent cinquante-quatrième olympiade[125]. Le Temple avait été dévasté suivant la prophétie faite par Daniel quatre cent huit ans auparavant : il avait, en effet, prédit que les Macédoniens le détruiraient[126].
Voici le texte de Flavius Josephe sur les événements dont Homère dit qu'ils correspondent à la prophétie.
Vous noterez qu'il y a bien une référence à Daniel et à ses prophéties. Seulement voyez ce qu'apporte la note [124]
- [124] Daniel, XI, 31. On voit que Josèphe place Daniel en 573 av. J..C.
Deux renseignements ici.
1) ce n'est pas Daniel 9 qui est considéré par les juifs de l'époque comme se réalisant du temps d'Antiochus, mais Daniel 11:31.
2) Daniel est bien connu et reconnu par les juifs comme ayant écrit en 573 av JC.
Pour quelle raison le choix de Josephe s'est-il porté sur Daniel 11. Parce que ce chapitre ne parle pas de destruction de la ville et du temple, mais de profanation seulement. Lisez le texte, le temple est vide, les portes brulées, l'herbe y pousse, mais le bâtiment reste bien là, il n'a pas à être reconstruit. Il faut seulement le nettoyer et remplacer le mobilier. Alors que Daniel 9 annonçait :
Et l’armée d’un guide qui arrive détruira la ville et le lieu saint
Et enfin, nous avons ici la confirmation que le monde juif considérait bien Daniel comme un prophète (et non pas comme quelqu'un qui racontait l'histoire après coup), et surtout comme un prophète du Vème siècle avant Jésus.
Je ne doute pas que nos amis vont nier. Mais à force, je pense que nos lecteurs vont commencer à ouvrir les yeux.
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- En effet, dés qu'Alexandre vit de loin cette foule en vêtements blancs, les prêtres en tête, revêtus de leurs robes de lin, le grand-prêtre dans son costume couleur d'hyacinthe et tissé d'or, coiffé de la tiare surmontée de la lame d’or sur laquelle était écrit le nom de Dieu, il s'avança seul, se prosterna devant ce nom, et, le premier, salua le grand-prêtre. Tous les Juifs alors, d'une seule voix, saluèrent Alexandre et l'entourèrent. A cette vue, les rois de Syrie[90] et les autres furent frappés de stupeur et soupçonnèrent que le roi avait perdu l'esprit ; Parménion, s'approchant seul d'Alexandre, lui demanda pourquoi, alors que tous s'inclinaient devant lui[91], lui-même s'inclinait devant le grand-prêtre des Juifs ? « Ce n'est pas devant lui, répondit Alexandre, que je me suis prosterné, mais devant le Dieu dont il a l'honneur d'être le grand prêtre. Un jour, à Dion en Macédoine, j'ai vu en songe cet homme, dans le costume qu'il porte à présent, et comme je réfléchissais comment je m’emparerais de l'Asie, il me conseilla de ne pas tarder et de me mettre en marche avec confiance : lui-même conduirait mon armée et me livrerait l'empire des Perses. Aussi, n'ayant jamais vu personne dans un semblable costume, aujourd'hui que je vois cet homme et que je me rappelle l'apparition et le conseil que j'ai reçu en rêve, je pense que c'est une inspiration divine qui a décidé mon expédition, que je vaincrai donc Darius, briserai la puissance des Perses et mènerai à bien tous les projets que j’ai dans l'esprit ». Après avoir ainsi parlé à Parménion, il serra la main du grand-prêtre et, accompagné des prêtres[92] qui couraient à ses côtés, il se dirigea avec eux vers la ville. Là, montant au Temple, il offrit un sacrifice à Dieu, suivant les instructions du grand-prêtre, et donna de grandes marques d'honneur au grand-prêtre lui-même et aux prêtres. On lui montra le livre de Daniel, où il était annoncé qu'un Grec viendrait détruire l'empire des Perses, et le roi, pensant que lui-même était par là désigné, se réjouit fort et renvoya le peuple.
Nous avons encore ici un texte de Flavius Josephe des Antiquités Judaiques.
Nous y apprenons que les juifs, dont Josephe rapportait ici les éléments de croyances au premier siècle, affirmait qu'Alexandre le grand avait été mis au courant de la prophétie contenue dans le livre de Daniel, laquelle annonçait la victoire d'un grec sur l'empire Perse.
On y croit ou non, la question n'est pas là.
Mais il reste ceci : Josephe reproduit ici la croyance juive du premier siècle, il était pharisien et n'avait aucune raison de diverger par rapport aux croyances communes du monde juif.
Or, il nous donne ici un renseignement chronologique capital : Alexandre le Grand est renseigné, après -333 av JC, sur l'existence d'une prophétie qui se trouve dans le livre de Daniel.
Le livre de Daniel, pour les juifs comme Flavius Josephe, était considéré comme un véritable livre de prophéties qu'ils connaissaient bien et qu'il datait de bien avant -333.
Maintenant, si vous lisez le livre X de Flavius Josephe qui raconte l'histoire des juifs depuis leur origine, vous verrez que Daniel est bien validé comme étant un prophète ayant vécu à Babylone au temps de Nabuchodonosor.
Cela confirme que l'idée selon laquelle son livre daterait de -150 av JC n'était absolument pas défendue par les juifs du premier siècle et notamment par les juifs instruits comme Flavius Josephe.
Voici l'avis qu'en donne Josephe.
- Mais je n’ai pas cru devoir le rapporter, car mon objet est de raconter les événements passés et accomplis et non ceux à venir. Si quelque lecteur, avide d’information exacte et ne reculant pas devant des recherches laborieuses, pousse la curiosité jusqu’à vouloir connaître ce qui adviendra dans le mystérieux avenir, qu’il prenne la peine de lire le livre de Daniel : il le trouvera dans les Saintes Écritures.
Ce texte est admirable car il valide ce que j'ai expliqué plus haut.
Pour Josephe et donc pour les juifs du premier siècle, le livre de Daniel serait non seulement prophétique, mais comportait toujours des prophéties en attente de réalisation, ce qu'il disait en employant l'expression " mystérieux avenir" .
Mais la suite est encore plus belle :
- Et c’est, en effet, ce que notre nation eut à subir de la part d’Antiochus Épiphane, comme Daniel l’avait prévu et en avait, bien des années auparavant, décrit l’accomplissement. De la même façon, Daniel a écrit aussi au sujet de la suprématie des Romains et comment ils s’empareraient de Jérusalem et feraient du Temple un désert. Tout cela Daniel, sur les indications de Dieu, l’a laissé consigné par écrit, afin que ceux qui le liraient et seraient témoins des événements admirent de quelle faveur Daniel jouissait auprès de Dieu et y trouvent la preuve de l’erreur des Épicuriens.
Ici, il semble que la messe soit dite. Nous avons ici la pensée juive reprise par Josephe qui s'exprime sur
deux prophéties différentes de Daniel.
Il s'agit de Daniel 11 qui se serait réalisée sur Antiochus et que nous avons vu précédemment.
Mais il s'agit aussi de Daniel 9 que Josephe attribue
aux romains, plus tard, et qui ont détruit Jérusalem et son temple en 70.
Seulement, remarquez la formule : "
de la même façon" que Josephe utilise pour bien marquer qu'il y a deux prophéties différentes dont seule la deuxième concerne les romains, Antiochus étant loin d'être un romain.
Homère nous mène donc en bateau volontairement quand il nous explique que l'épisode avec Antiochus concerne Daniel 9. C'est uniquement Daniel 11 qui correspondrait, pour les juifs, à l'action d'Anthiocus.
Les juifs comme Josephe considéraient donc que Daniel 9 venait de se réaliser sur leur pays en 70 de notre ère sans pour autant avoir compris la dimension messianique..
Nous sommes donc très loin de l'idée selon laquelle le livre de Daniel n'était qu'un livre banal écrit en cachette au II siècle. Un juif, au premier siècle considère ce livre comme authentique, écrit au Vème siècle av JC, comportant des prophéties déjà réalisées et des prophéties qui concernent encore l'avenir.
Réponse à Estra : c'est une chose de pouvoir lire les écrits de Daniel, c'est autre chose de les comprendre. Le secret n'est pas de ne pas pouvoir les lire, mais de ne rien y comprendre.
Le texte serait donc préservé, mais les secrets seraient dévoilés quand Dieu le souhaiterait.