a Jusmon
Une Eglise chrétienne qui interdit la Bible, on auras tout vu!
Allez un petit effeort mental historique.
L'Église romaine peut-elle prouver et hors de tout doute raisonnable que, dans tous les temps, et bien avant la réforme, dans tous les pays
catholiques de l'Europe, on a fait et on a lu une foule de traductions de
la Bible en langue vulgaire, avec l'approbation de l'Église?
Nous commencerons par:
- l'Allemagne.
Nous parlerons des traductions avant et après la découverte de l'imprimerie.
a) Traduction gothique. La traduction gothique de la Bible par l'évêque
Ulphilas se trouve en tête de la littérature biblique et en général de toute
littérature de l'Allemagne. D'après Waitz, Ulphilas naquit en 318, fut
sacré évêque des Goths en 348 et mourut en 338. Il est douteux qu'il ait
traduit toute la bible. Les fragments de sa version qui sont conservés, la
plupart du Nouveau testament, ont été spécialement et exactement cités par Kehrein dans son Histoire des Versions allemandes de la Bible avant Luther (Sturrgart, 1851, p.18.)
b)Traduction ancienne en haut et bas allemand. Il ne reste pas de
traduction complète de la Bible en allemand du huitième au douzième siècle. Ce qui a été découvert et a été conservé se réduit aux fragments suivants :
1*Fragments viennois de la traduction en haut allemand de S.Matthieu, du
huitième siècle. L'auteur inconnu, qui avait probablement traduit les quatres Évangiles, possédait une connaissance remarquable de sa langue. On en a une 1er édition d'Endlicher et de Hoffmann, Vienne, 1831, 2er éd. 1835.
2*Traduction en vieux haut allemand de l'Harmonie des Evangiles de Tatien, du neuvième siècle.
3*Traduction en vieux haut allemand, et explication des Psaumes et d'un
certain nombre de pièces lyriques (is.,12,1-6;38,10-20;1Rois,2,1-14;Exode,15,1-19;Habac.,3,1-19;deuéron.,32,1-43;Luc,1,47-55,68-790) du savant moine de saint-Gall, Notker Labéo; elle a été aussi publié dans le Thésaurus de Schilter, dans le Specim. ling. Franc. de Lachmann, Hattemer.
4* Traduction en vieux haut allemand et interprétation du Cantique des
cantiques, de Williram (+1085, abbé d'Ebresberg, en Bavière), éd.de Mérula, Leyden, 1598; Freher, Worms, 1631; Schilter; Hoffmann, Breslau, 1827.
5*Le Psautier de Windberg, du douzième siècle, dans les Mélanges, 1, de
Docens, dans le Diut .111, de Graff.
6*Psaumes latins, péricopes des Prophètes, de l'Ecclésiaste et du Livre de
la Sagesse, avec une version allemande interlinéaire, du douzième siècle,
manuscrit de Vienne.
7*Traduction en vieux allemand des Psaumes, du temps des Carolingiens,
publiés par F.H.V. de Hagen, Breslau, 1816.
c) On ne négligea pas l'Écriture Sainte au temps où florissait la poésie
germanique du moyen-âge, et, lorsque cette époque fut à peu près passée
(du XIV au XV siècle ), on s'adonna plus spécialement encore à l'étude des saintes écritures, comme le prouvent une foule de traductions
qui semblent avoir voulu répondre d'avance au reproche souvent répété plus tard qu'au moyen-âge: la Bible était demeurée ensevelie dans la poussière et l'oubli. On n'a jusqu'à présent imprimé que la plus petite partie de ce qui date de cette époque, et plus d'une bibliothèque, surtout du sud de l'Allemagne, cache certainement encore de nombreux trésors manuscrits dont on ne connaît pas même les noms.
1* Petits fragments de l'Ancien Testament. Une traduction et une
explication des Psaumes, du XIV siècle, se trouve en manuscrit à
Munich; douze traductions des Psaumes, avec d'autres morceaux en général, notamment le Symbole de S.Athanase, du XIV du XV siècle,
existent également manuscrits à Vienne.
Réf :Voy.Offmann, Les Anciens Manuscrits de Vienne - 1841.
M.Gliemann, à Salzwedel, possède la traduction des Psaumes et d'autres
fragments poétiques de la Bible en manuscrits, datant de la première moitié du XIV siècle .
Réf :Voy. Archives pour les études de la langue et de la littérature,
publiés par Herrig et Viehoff.III, 1, 128.
Il y a à Vienne sept traductions différentes des dix commandements , du
XIV et du XV siècle.
Réf :Voy.Hoffmann, 1. c.
2* Petits fragments du Nouveau Testament. La bibliothèque de Vienne possède également des trésors des XIV et XV siècles, tels que des
Lectionnaires avec les Évangiles et les Epîtres, des Missels, des Oraisons
dominicales. La bibliothèque du gymnase de Neisse, dans la haute Silésie,
possède les péricopes des dimanches, du XIV siècle.
Réf :Voy,Programme du Gymnase de Coblence de 1848.
3*Fragments plus considérables de la Bible. On possède à Vienne :l'Évangile de S.Jean, de 1465; des Commentaires allemands sur les Évangiles, du XV siècle; à Munich, cinq manuscrits contenant les Évangiles.
P.-V.Hasak (autrefois à Arnsdorf, aujourd'hui Weiskirechlitz, en Bohème )
possède quelques manuscrits des XV et XVI siècles, renfermant
les Évangiles, l'Apocalypse, des fragments des Épitres de S.Paul.
H.Heppe a publié (Indices lestionum quae in Acad .Marburg.per
sem.hibern.,1852-1852,habendx proponuntur) de grands fragments d'un Évangile de S.Matthieu , d'un manuscrit du XIV, de Cassel. Il se
trouve aussi à Erlangen une traduction manuscrite de la Bible.
4*Traductions du Nouveau Testament et de toute la Bible. On voit à la
bibliothèque de Stuttgart une traduction du Nouveau testament, avec cette
inscription : Im 1341 jar Johannes Viler von Koburg ; à Vienne deux
traductions allemandes de la Bible. La première est en deux parties, écrite
l'une en 1446, l'autre en 1464. La seconde est la Bible dite de Venceslas,
ornée de beaucoup de miniatures exécutés d'après les ordres de ce roi
(1378-1400). La bibliothèque de l'université de Leipzip possède une
traduction des Évangiles, par Matthieu de Béheim, de 1343. La bibliothèque
du gymnase de Freiberg, en Saxe , conserve une traduction de tout le Nouveau Testament, du commencement du XV siècle. La bibliothèque du duc de Gotha se glorifie d'une traduction de toute la Bible ornée de nombreuses miniatures, qui fut enlevée en 1632, à la bibliothèque électorale de Munich.
Traductions de la Bible imprimées avant la réforme.
A peine inventée, l'imprimerie s'empara du livre par excellence pour le
reproduire sous toutes les formes, et particulièrement dans diverses
traductions allemandes, publiées avec ou sans indication de date et de lieu
d'origine. Elles ont été décrites, et notamment en détail dans le livre de
Kehrein: Histoire des Versions Allemandes de la Bible, p.34 sq., et nous
nous contenterons d'en donner ici un rapide aperçu.
1*Sans indication de lieu et sans date (1462-1466); il y a un certain nombre d'exemplaires avec quelques variantes.
2*Sans indication de lieu ni de date, avant 1466, les exemplaires qui
existent présentes également des variantes.
3* Sans lieu ni date (1470-1475).
4*Sans lieu ni date (1470-1473).
5* Imprimés à Augsbourg sans date (1473-1475).
6* Augsbourg, en 1477.
7* Augsbourg,1477 (différentes de celles du no 6).
8*Augsbourg (1480).
9*Nuremberg (1483).
10* Augsbourg (1485).
11*Augsbourg (1487).
12* Augsbourg (1490).
13*Augsbourg (1507).
14*Augsbourg (1518).
On rencontre aussi des exemplaires de ces quatorze traductions anciennes de la Bible dans diverses bibliothèques, entre autres dans la bibliothèque de l'université de Fribourg en Brisgau. Outre ces éditions on cite encore d'autres impressions (Nuremberg, 1477, 1490, 518; Augsbourg, 1483, 1495, 1510; Strasbourg, 1510; Bâle, 1517); mais jusqu'à présent on n'a pu en retrouver d'exemplaire; cependant nous ne doutons pas qu'on en découvrira. Le Psautier, les Évangiles et les Epîtres ont été très souvent imprimés jusqu'en 1519. La Bible fut imprimée de bonne heure dans des traductions en haut et bas allemand. Il parut, sans indication de lieu ni de date, deux traductions en bas allemand, imprimés à Cologne d'après la préface; une autre, en 1494, à Lubeck; une in-4, en 1522, à Halberstadt.
Nous prétendons avoir démontré par ces faits historiques que de très
nombreuses Bibles allemandes avaient paru avant Luther et le lecteur ne doit point oublier qu'avant la réforme les Bibles en langue vulgaire étaient dejà le fruit de l'Église Catholique.
Comme nous l'avons constaté en Allemagne, il existait une multitude de
version de la Bible en langue vulgaire tout cela antérieur à la réforme de Luther.
- L'Italie: toute la Bible fut traduite en italien au XV siècle par
le camaldule de Venise Nocolas de Marlerni, d'après la Vulgate, et imprimée neuf fois de suite. Il en parut encore douze éditions diverses avec l'approbation des autorités ecclésiastiques au seizième siècle, il y eut
aussi celle émise par les éditions de Santes Marmochini, Venise, 1538, 1547).
- En France: on sait que les sectes du moyen âge , et surtout les Vaudois,
donnèrent l'impulsion aux traducteurs de la Bible en langue vulgaire, mais
qu'ils furent cause aussi des défenses faites de temps à autre de les lire.
Les traductions étaient adaptées en fonction des interprétations de leurs dogmes, sans respect prioritaire pour la Parole de Dieu. Pour l'Église Romaine sa prédominance était la version de la Vulgate et il existait de nombreuses traductions de la Bible, entières ou partielles, que firent paraître les Catholiques depuis Guiard des Moulins (vers 1294) jusqu'aux XIII, XIV et XV siècles, ainsi que les réformés Olivetum, Calvin, Bèze, etc.
- En Espagne: on traduisit dans la langue du pays, comme dans d'autres États, au moyen-âge, d'abord des parties isolées de l'Ancien et du Nouveau Testament, à savoir: les Psaumes, le livre de Job, le Cantique des cantiques, les Évangiles, etc.
On a du XIII siècle, en manuscrit, une traduction de tous les livres de l'Ancien Testament jusqu'à Isaïe; une traduction complète, qui parut vers 1525, fut attribué à S.Vincent Ferrier, réimprimée en 1478, et répandue vers 1515 dans toute l'Espagne. En outre les péricopes de l'Église et les livres isolés de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament furent très souvent réimprimés en espagnol dans au XIII siècle. Les Calvinistes et les Juifs y répandirent également à coté des Catholiques, des versions espagnoles. Celle qui est la plus répandu et qui a le plus d'autorité est celle de Joseph Petisco.
- En Angleterre: on traduisit en anglo-saxon les livres isolés de la bible
dès le VII siècle. On attribue une traduction de toute la Bible à Bède
le Vénérable, au VIII siècle. Il est certain qu'au IX siècle le roi Alfred traduisit les Psaumes, au VI l'abbé Aelfrik en fit de même de la plupart des livres historiques de l'Ancien Testament. Usher attribue sous l'an 1290, d'autres sous l'année 1357, au prêtre Jean Trévisa, une traduction de toute la Bible en anglais, en 1550.
- Autres pays d'Europe: parmi les peuples de race slave les Bohémiens et les Polonais possèdent évidement les plus anciennes et les plus nombreuses traductions en langue vulgaire de certains livres isolés de la Bible; on a des détails certains à ce sujet à dater du XIII siècle. A la fin du
XIV siècle la reine Hedwige fit traduire pour les Polonais toute la Sainte Écriture en langue vulgaire et en fit faire de précieuses copies.
En conclusion :Il est impossible pour toute personne objective, à moins de rejeter du revers de la main les faits historique qui nous sont parvenus, de conclure que l'Église Romaine n'aime point la Bible et en a interdit même la lecture en langue vulgaire. Les défenses et les avertissements des Papes ont eu pour motif l'introduction furtive des bibles, opérée dans les pays catholiques par des agents à caractères hérétiques, parfois schismatiques et des sociétés bibliques, bibles dans lesquels la plupart n'admettent pas les livres deutérocanoniques, sous prétexte qu'ils sont apocryphes. Ainsi ce colportage de bibles dans l'ensemble semble plutôt entraver la propagation pratique et réelle de ce que l'Église considère l'Évangile complet.
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Romains 12:21
Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien.