BenFis a écrit : ↑28 mai20, 02:09
Tu as raison sur un point, c'est qu'il faudrait sourcer cette histoire de non prononciation du Nom divin par les Juifs avant et durant la période christique. Cela dit il y a de nombreux écrits sur la question.
Ce que l'on croit savoir, c'est que selon Ben Sirah, avant le IIè s. av. J-C, le nom divin était encore prononcé durant le culte, puis vers -180, après la mort du grand prêtre Simon le Juste, le tétragramme n'était plus prononcé durant la liturgie. Exception faite une fois dans l'année selon Philon d'Alexandrie, contemporain de Jésus.
Ce qui ne veut pas dire que le Nom n'était pas transmis d'une génération à l'autre. En effet, les grand-prêtres se transmettaient sa vocalisation, tout du moins jusqu'à ce que la prêtrise prit fin, lors de la destruction du temple en 70 par les romains.
On peut donc imaginer que le tétragramme a pu survivre dans certains écrits chrétiens. Mais vu que sa prononciation avait été oubliée, c'est dire qu'il n'était plus prononcé.
Il reste que les faits sont que les Juifs, à tort ou a raison, ne prononçaient plus le tétragramme dans la conversation courante. Et c'est dans ce contexte que Jésus fit son apparition. La lecture du NT ne contient rien qui indique que le Christ aurait protesté contre cette coutume. Tout montre au contraire qu'il l'a suivie lui aussi ; aucun verset des évangiles démontre qu'il aurait prononcé le tétragramme dans la vie courante (hors citations de l'AT).
En fait, il n'y a rien qui indique dans le NT que prononcer le nom divin pouvait être une controverse qui aurait provoqué la colère des gens
Et Jésus n'est pas venu pour enseigner des traditions issues de la superstition. Imaginons que Dieu voyant son peuple à ce point dans les ténèbres se serait dit "je ne vais pas envoyé mon saint serviteur en lui faisant employé mon saint nom, de peur que mon peuple tout entier ne se détourne, que pas même une vie, une âme, une personne n'accepte sa parole" et bien je te le dis dans ce cas, Dieu n'avait pas à envoyer son Messie promis à un tel peuple. Car c'est bien la Loi qui stipule l'emploi du nom divin n'est-ce pas ? Et pas une tradition née de la superstition ni la Mishna qui est une inventions d'hommes religieux. C'est aussi une caractéristique : à l'époque c'était le peuple de Jéhovah(YHWH) l'unique Souverain Seigneur et seul vrai Dieu. Renier cela revenait à renier son propriétaire. Or Dieu va susciter son Messie au sein de son peuple, il est venu parmi les siens, le peule de l'alliance passée avec Jéhovah, il n'y avait pas d'autres peuples comme celui-là, et là tu suggère qu'en fait le peuple tout entier avait fait comme Samarie ? Il ne fallait plus faire mention du saint nom de Dieu, le peuple ignorait sa prononciation, seuls une poignée d'érudits religieux le connaissaient et l'employaient ? Mais dis-moi le grand-prêtre avait quelques obligations selon la Loi, non ? Et par extension les prêtres aussi vis à vis du peuple. Et la prêtrise lévitique ne tenait pas les scrupules excessifs des pharisiens quant à l'emploi du saint nom.
Quant à arguer de l'oubli de sa prononciation pour les gens du peuple je n'en serai pas si sûr, n'oublie pas que l'ange Gabriel en parlant à Marie n'avait pas ce problème et qu'il s'est référé à des textes de l'AT qui contiennent le nom divin. Il est facile d'en déduire qu'il a employé le nom devant Marie. Et vu que Marie n'a pas semblé s'interroger sur l'identité de la dite personne appelée ainsi, c'est qu'elle comprenait bien.
Ce n'est que plus tardivement que les juifs, vont inventer le système de points voyelles pour préserver la prononciation de leur langue via l'écrit; à l'époque de Jésus ce procédé n'existait pas; du coup le tétragramme se lisait comme il se prononçait. Pas plus compliqué.
La langue hébraïque n'était pas perdue :
(Actes 21:40-22:2) Paul fit signe de la main
au peuple. Quand il y eut un grand silence, il s’adressa
à eux en langue hébraïque, disant : 22 « Hommes, frères et pères, écoutez maintenant ce que j’ai à vous dire pour ma défense. » 2 Eh bien,
quand ils entendirent que Paul leur parlait en langue hébraïque, ils redoublèrent de silence.
Au temps de Paul, les juifs comprenaient la langue hébraïque, et il n'y avait toujours pas de système de points voyelles.
Comme je te l'ai fait remarqué, ceux qui craignaient Dieu et ceux qui méditaient sur son nom, méditaient sur la sainteté de son nom, c'est compréhensible puisque le pays de Juda fit pire que le royaume du nord, en usant du nom divin à tort et à travers, surtout dans la violation de la Loi. Ils avaient de quoi réfléchir. Mais pour Jésus, il y avait un problème pour lui, enseignant et prophète par exemple ? Depuis quand un prophète envoyé par YHWH se soucie des superstitions quant au message qu'il doit délivrer ?
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BenFis a écrit : ↑28 mai20, 02:09
Ce que l'on croit savoir, c'est que selon Ben Sirah, avant le IIè s. av. J-C, le nom divin était encore prononcé durant le culte, puis vers -180, après la mort du grand prêtre Simon le Juste, le tétragramme n'était plus prononcé durant la liturgie. Exception faite une fois dans l'année selon Philon d'Alexandrie, contemporain de Jésus.
Ce qui ne veut pas dire que le Nom n'était pas transmis d'une génération à l'autre. En effet, les grand-prêtres se transmettaient sa vocalisation, tout du moins jusqu'à ce que la prêtrise prit fin, lors de la destruction du temple en 70 par les romains.
Ce n'est pas non plus exact, dans la liturgie juive datant vers le XVII ième siècle je crois, le grand prêtre continuait de prononcer le nom divin à une occasion (c'est medico qui a fait le scan), par contre si tu sembles penser que déjà à l'époque de Jésus donc forcément un tout petit peu après le nom divin n'était prononcé que par le grand prêtre à une occasion, ce n'est pas du tout le constat que fait l'apôtre Paul, forcément de son vivant.
(Romains 2:17-24)
Toi donc qui portes le nom de Juif, qui t’appuies sur la loi et tires fierté de ton Dieu, 18 qui connais sa volonté et qui es capable de discerner les choses qui sont excellentes parce qu’on t’a enseigné la Loi, 19 et qui es convaincu d’être un guide pour les aveugles, une lumière pour ceux qui sont dans les ténèbres, 20 quelqu’un qui réprimande les gens déraisonnables, quelqu’un qui enseigne les jeunes enfants, ayant dans la Loi l’essentiel de la connaissance et de la vérité... 21 toi donc qui enseignes quelqu’un d’autre, tu ne t’enseignes pas toi-même ? Toi qui prêches : « Ne vole pas », tu voles ? 22 Toi qui dis : « Ne te rends pas coupable d’adultère », tu te rends coupable d’adultère ? Toi qui détestes les idoles, tu pilles les temples ? 23 Toi qui tires fierté de la loi, tu déshonores Dieu en transgressant la Loi ? 24
Car, comme c’est écrit, « le nom de Dieu est blasphémé parmi les nations à cause de vous ».
"vous" désigne les juifs selon la chair, ceux qui sont dans le rejet de Jésus comme étant le Messie promis. Paul à son époque, de ce qu'il observait parmi ceux dont il était issu, les juifs, a appliquer ce verset par exemple :
(Isaïe 52:5) « Que dois-je donc faire ici ? » demande Jéhovah. « Car mon peuple a été enlevé en échange de rien. Ceux qui dominent sur lui poussent des cris de triomphe, déclare Jéhovah,
et constamment, tout au long du jour, on manque de respect à mon nom.
Le passage laisse entendre qu'en paroles et en actes le nom a été blasphémé parmi les nations. Or pour blasphémer le nom de Dieu, YHWH, il faut remplir au minima une condition : le prononcer. Et Paul dans le passage que j'ai cité est clair : le nom divin était connu des Juifs et des juifs. Et le problème ne pouvait pas se limiter au seul grand prêtre dans ce qu'il disait.
Donc le peuple connaissait encore sa langue, et le saint nom était connu aussi du peuple à l'époque de Paul