CÉRÉMONIAL DE LA SAINTE MESSE
À l’usage ordinaire des paroisses
Chapitre VII — Cérémonies propres à certains jours (suite)
4. Vendredi saint
En regardant la Croix de son Seigneur et Époux, l’Église se souvient qu’elle est née du côté du Christ endormi sur la Croix et que sa mission est d’étendre à la totalité des peuples les heureux effets de la Passion du Christ, qu’elle célèbre aujourd’hui en rendant grâce pour ce don ineffable. [140]
On observe en ce jour le jeûne et l’abstinence. [141] Le précepte de jeûne oblige tous ceux qui ont atteint l’âge de dix-huit ans et n’ont pas encore soixante ans ; l’abstinence est obligatoire pour tous ceux qui ont quatorze ans ou plus. [142] Le jeûne consiste à limiter la prise de nourriture à un seul repas maigre au cours de la journée et à une collation. Le curé peut en accorder la dispense dans un cas particulier, [143] pour une raison juste et sérieuse, et en tenant compte des éventuelles prescriptions de l’évêque diocésain.
En de nombreux lieux, chaque vendredi du Carême et le Vendredi saint sont marqués par le Chemin de croix, qui actualise symboliquement le parcours de la via dolorosa par Notre Seigneur. Dans sa forme publique, le Chemin de croix exige un véritable déplacement, [144] entre quatorze stations, en portant une croix. Cette croix est toujours en bois, et ne porte jamais la figure du divin Crucifié : elle peut être portée droite (comme la croix de procession) ; ou bien, si ses dimensions et son poids le suggèrent, elle est portée par deux hommes, dont l’un porte sur l’épaule la partie haute, sous le croisillon, tandis que l’autre le suit en soutenant le pied. La croix est souvent accompagnée par deux chandeliers, ou bien par deux véritables flambeaux, si on est à l’extérieur. [145] En effet, il est souvent possible ce jour d’accomplir le Chemin de croix, avec une grande foule de fidèles, en parcourant les rues de la ville, par exemple, à l’heure du déjeuner. En ce cas, on pourrait déterminer le trajet de sorte que la douzième station ait lieu au calvaire près de l’église, la treizième à la porte, et la quatorzième devant l’autel dépouillé. [146] Ensuite, les prêtres restent à disposition pour entendre les confessions.
L’église est dénuée de toute ornementation. Après la Messe In Cena Domini la veille, les autels ont été dépouillés de leurs nappes, les tapis ont été roulés, et tout ce qui est beau ou superflu a été retiré de l’église ou caché. Après l’Office des Ténèbres, la croix et les chandeliers ont été enlevés de l’autel, qui est sans nappe et sur lequel il ne se trouve aucun objet. [147] Outre l’autel dépouillé et la crédence (avec ses deux tabourets), le sanctuaire n’est meublé que d’un siège en bois nu pour le prêtre et le diacre, et de l’ambon sans parement. En dehors du reposoir, aucun cierge ni lampe de dévotion ne brûle dans l’église, [148] et il n’y a pas de fleurs. L’orgue, les instruments de musique et les cloches restent silencieux [149] ; les bénitiers sont vides ; en certains lieux, on se contente du strict minimum d’éclairage artificiel. Il est manifeste à tous, en pénétrant dans l’église, qu’il se passe quelque chose de très grave.
La célébration des sacrements est strictement interdite, à l’exception de la pénitence et de l’onction des malades. [150] Vers trois heures de l’après-midi (à moins qu’une raison pastorale ne fasse choisir une heure plus tardive), on célèbre la Passion du Seigneur, cet Office comportant trois parties distinctes : la liturgie de la parole (avec la Prière universelle), l’adoration de la Croix, et la Sainte Communion, [151] que séparent, inévitablement, deux temps de silence. [152] La Sainte Communion est donnée aux fidèles uniquement au cours de cette célébration, [153] qui tient lieu des Vêpres. [154]
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