Laïka a écrit :
L'argument prétend à la fois que:
a) On pose, ex-nihilo, une infinité de mouvements en puissance pour chaque objet;
b) MAIS on ne veut pas de régression à l'infini.
Alors, on veut de l'infini ou en en veut pas? Faudrait se brancher! Si on suppose qu'il y a un mal à de poser quelque chose d''infini, appliquons le, question d'être cohérent, il faudrait supprimer cette infinité de mouvements "en puissance".
Salut Laïka,
il semble que ce soit le 3è) point qui pose problème pour toi. J'ai peut-être réalisé certains raccourcis logiques dans ce résumé de preuve. On a parfois à aller directement à la conclusion quand certains pas logiques nous semblent évident. Je m'en excuse.
Je ne pense pas avoir poser, ex-nihilo, une infinité de mouvements en puissance pour chaque objet; Mais après le 2è point, il semble légitime de remonter de moteur en moteur pour trouver l'origine du mouvement constaté chez tel ou tel être qui a bougé, changé, a subi un mouvement (pas forcément local, le mouvement est plus large que le mvt local, comme l'a fait remarqué je ne sais plus qui)
Dès que tu as un tout petit peu la notion d'infini, il est légitime d'examiner le cas d'une série infinie de moteurs subordonnés les uns aux autres expliquant le mouvement constaté chez tel être.
Mais une série infinie de moteurs ne rend pas compte de son propre mouvement, en tant que série mise en mouvement par un autre moteur.
C'est ainsi qu'on arrive au 4°
Laïka a écrit :
Si ce premier moteur est immobile, alors il ne peut avoir causé le monde "au commencement", tel que le dit la Bible, car cela aurait supposé qu'il passe lui-même de la puissance à l'acte (pour reprendre les termes de l'argument).
.
Et donc si tu veux rendre compte du mouvement de tel être actuel, pour ne pas rendre sa réalité contradictoire, il te faut sortir de toutes séries de moteurs mus par un autre. Et tu arrives à la conclusion de la nécessité d'un moteur non mu par un autre, un moteur immobile qui a en lui une existence tel d'acte pur qu'il peut permettre le mouvement de telle ou telle série infinie ou pas, de moteurs permettant à tel être donné de se mouvoir en lui communiquant un part de son existence et lui permettre de passer de la puissance à l'acte.
Laïka a écrit :
Par conséquent, soit Dieu est lui-même contingent et a une Cause qui lui serait supérieure, ce qui détruit l'argument, soit le monde existe de toute éternité.
Or, si le monde a toujours été, il n'a pas besoin de cause, ce qui détruit l'argument.
Conclusion: d'une manière ou d'une autre, ça ne marche pas.
***Autre réfutation: ce premier moteur pourrait aussi bien être un objet fini, mais tout de même éternel, comme un cailloux magique.
***Autre réfutation: l'existence de quelque chose doit être démontrée par l'empirie, et non par la logique, sans quoi on obtient des absurdités du genre "Le Grand Punta est le plus grand, s'il n'existait pas il serait moins grand, donc il existe."
***Encore une autre réfutation: on pourrait dire que l'infinité d'êtres "en puissance" n'existe pas réellement, n'étant pas "dans le monde". Mais il faudrait en arriver à la même conclusion pour Dieu, qui n'est pas "là", donc n'existe pas.
***Une petite dernière: cette première cause est supposée par l'esprit fini de l'humain, qui voit des causes partout et se dit qu'il doit bien y avoir un commencement à tout ça. Ne comprennant pas ce qui cause l'existence, il suppose que c'est Dieu, tout comme il supposait autrefois que les marées étaient causées par Dieu.
Dieu n'a pas de moteur qui le fait se mouvoir. Il est acte pur d'existence et source de tout mouvement.
Dieu n'a pas une cause supérieure à son existence (j'en parle dans la 2è preuve promise pour 22h30)
Même si le monde a toujours existé, il faut justifier l'existence de tous les êtres qui composent le monde et qui sont mouvants et causés, sans en faire des êtres contradictoires avec leur propre existence.
Un être fini ne pourrait pas être le premier moteur, justement étant fini, limité, il a besoin d'un moteur pour le faire passer de la puissance à l'acte. Le cailloux magique a besoin de recevoir une énergie pour que sa magie s'exerce.
Le seul moyen de ne pas avoir besoin d'un moteur pour passer de la puissance à l'acte, c'est d'être Acte pur. Dieu EST, et n'a pas la possibilité de changer, d'être autre chose que ce qu'il EST. Il est immuable.
Il n'y a pas de mouvement progressif en Dieu. Dieu n'est pas immobile comme une pierre. L'immobilité de Dieu est vie suprême. Quand Dieu permet l'existence du monde, ce n'est pas Dieu qui change, c'est l'univers qui commence à exister. L'univers n'apporte rien à Dieu. L'existence des êtres limités et mouvant n'apporte rien à Dieu. C'est pour l'univers créé, le commencement d'une existence participée à celle infinie parfaite et totale de Dieu.
Enfin, Dieu cause première de tout ce qui existe, met des lois et une organisation propre à la matière et aux être vivants inscrite dans leur nature. Dieu respecte les causes secondes de toute la création; Il en est l'auteur et l'artisan donnant à chacun mouvement et être tout en respectant le mode d'action propre à tous les êtres du moindre photon jusqu'à l'ange le plus parfait que Dieu est pensé.
Peut-être n'ai-je pas bien répondu à tes remarques;
n'hésite pas à préciser tes objections qui m'obligent à approfondir cette analyse fine du réel.
amicalement
tom