Wooden Ali a écrit :
Encore plus de problèmes, Libremax !
Si la Révélation se fait surtout au niveau du vécu, comment la connaitras-tu si ce n'est qu'à travers ton jugement, tes a-priori et tes préjugés (je suppose que tu en as, comme tout le monde...) ? On retrouve alors un problème analogue à celui de l'interprétation.
Plus de problèmes, sans nul doute. C'est bien pour cela que j'écrivais à Mereck:
Si la religion était ça, je suis sûr et certain, Mereck, qu'il y aurait bien moins de souci avec les religions dans le monde.
Lorsqu'il parlait d'une religion entendue comme seul regroupement de règles et ne "reposant que sur elle-même".
Oui, plus de problèmes, mais ...plus de richesse, et plus d'humanité. L'idée que vous vous faites de la religion est un système à sens unique, une écrasante main mise du ciel sur les vies terrestres, et évidemment, vous la rejetez. Ce en quoi vous avez raison, parce que la religion ce n'est pas ça. C'est l'expression de l'être humain dans toute sa complexité dans son désir de Dieu. Et nous, croyants, nous osons croire qu'elle est aussi l'expression de Dieu dans son désir de l'Homme.
Alors connaître la Révélation à travers nos préjugés, notre culture, pourquoi pas? C'est la connaître à travers ce que nous sommes, tout simplement. Si cette Révélation n'est pas capable de nous rejoindre personnellement, c'est à mon sens à cet endroit qu'elle est obsolète et vaine.
Tu as l'air d'avoir besoin d'un soutien pour ce difficile parcours. Tu l'appelles Dieu. Tu compares Dieu à un père ce qui est équivalent à faire de nous des enfants. Ce n'est pas notre nature de l'être indéfiniment.
Je n'imagine pas, pour ma part, qu'on puisse désirer le rester si ce n'est pour retrouver le confort douillet d'être dépendant, une nostalgie de l'irresponsabilité. Je sais bien que le désir du père est un ressort psychologique qui se retrouve hélas dans tous les domaines, mais enfin... devenons adulte !
Quant à moi je ne vois pas en quoi renier tout lien à ce qui pourrait faire penser à la paternité nous empêcherait de faire de nous des adultes, mais j'ai employé cette comparaison (notez bien que j'ai écrit "père/mère") pour l'opposer surtout à l'idée d'un dieu lointain, étranger à la destinée humaine. Plutôt que de "désir du père" comme ressort psychologique, je parlerais plus volontiers de celui d'
agapè qui, il est vrai, est un peu dénigré aujourd'hui. Mais je le revendique sans ciller.
Vous voyez, vos propos sont un peu ambigus pour moi, Wooden : d'un côté vous semblez juger que parler de la religion comme relevant de la liberté et de l'expérience humaine et personnelle est problématique. D'un autre côté, vous semblez rejeter toute autorité infantilisante personnifié dans la figure du Dieu-Père...Où en sommes-nous, finalement?
Si ce n'est cette différence dont j'ai du mal à évaluer l'importance, ton attitude dans la vie ne doit pas être très éloignée de celle d'un athée, débarrassée de dogmes et basant son amélioration sur son vécu. Penses-tu que ta vie serais très différente si tu n'avais pas besoin de cette béquille psychologique que tu appelles Dieu ?
Mais vous avez vu juste, Wooden! Je n'ai, à priori, pas une attitude très différente de l'athée. Je crois que nous avons la chance de vivre dans une société humaine qui n'est pas parfaite du tout, mais qui a commencé à ériger des valeurs tout à fait remarquables et en parfait accord avec ma foi.
Quant à dire s'il ne s'agit que d'une "béquille psychologique"...
Dans la Bible, le psalmiste chantait "Dieu est mon rocher", ce qui revient à la même fonction, peut-être. Honnêtement, j'ignore bien si ma vie serait différente. Ce dont je suis sûr, c'est qu'elle se nourrit chaque jour de la joie de croire.
Je n'irais pas à la messe, je ne fréquenterais pas la paroisse, je n'aurais jamais été abonné à
Fripounet (quelle perte)je n'aurais jamais fait de retraites dans des abbayes... Je chercherais sans doute avidement un sens à ce que je vois et à ce que j'éprouve et je le trouverais plus ou moins sans doute dans des passions.