Loubna a écrit :la plupart des savants se sont mis d'accord sur l'illégitimité de ce mariage, les 4 madhahib aussi. Il, ne fait qu'interpreter les versets (càd une explication primaire des versets). En revanche, At-Tabari et les 4 imams ne se contentent pas de l'analyse direct de ces versets uniquement
Abou Nahla Al’Ajamî se place clairement dans le courant réformiste actuel qui cherche -tout comme le réformisme du XIXe- à sortir du système des 4
madhahib, jugé défaillant. Maintenant, on ne peut tout de même pas dire que son explication est "primaire", lui aussi
"fouille dans la sunna et l'histoire des femmes musulmanes à l'époque", relis-le ! Mais la lecture qu'il en fait diffère en ceci : distinguant les
"gens du Livre" des
"polythéistes", il considère ainsi que le cas du mariage des musulmanes avec les
"gens du Livre" ne s'est pas présenté à l'époque.
Loubna a écrit :dire polythéiste ne présice pas la religion
Tout de même, ça exclue les croyants monothéistes ! Cependant,
"polythéiste" reste une traduction, et je pense qu'il vaudrait mieux rester aux termes coraniques originaux :
"mushrikât"/"ahl-al-kitab"/"kuffâr"
En tant que catholique, c'est-à-dire membre d'une église qui considère que le mariage est un
sacrement, un point m'a particulièrement intéressé dans sa position :
Abou Nahla Al’Ajamî a écrit :"Ne prenez pas pour épouses les polythéistes à moins qu’elles ne deviennent croyantes. Une esclave croyante est préférable à une polythéiste, quand bien même vous émerveillerait-elle. Ne prenez pas pour époux des polythéistes à moins qu’ils ne deviennent croyants. Un esclave croyant est préférable à un polythéiste, quand bien même vous émerveillerait-il. Ils vous appellent au Feu alors que Dieu, par Sa permission, vous invite au Paradis et au Pardon. A cette fin, Il expose clairement Ses versets aux gens afin qu’ils se les remémorent" (...) "Qu’en bien même vous émerveillerait-il". Cette remarque, syntaxiquement non obligatoire, indique clairement que l’objectif incontournable du mariage est la communion dans la foi et non la jouissance physique ou matérielle (...) "A ce jour vous est permis ce qui est excellent. La nourriture des Gens du Livre vous est permise tout comme la votre pour eux. De même les Dames respectables d’entre les croyantes et les dames respectables d’entre ceux qui reçurent le Livre avant vous, à condition que vous leur remettiez leur dot. Cela en hommes respectables, sans débauche ni libertinage. Quiconque dénie la foi détruit ses œuvres et sera dans l’au-delà du nombre des perdants" (...) En fait il s’agit là, non pas d’une autorisation élargie, mais de précisions et de restrictions relatives aux fondements du mariage. Prendre épouse n’est pas satisfaire recherche de beauté ou de jouissance, mais tendre à l’honnêteté et à la pureté, bases essentielles du comportement des croyants. Le mariage a donc ici comme but de renforcer et consolider la foi. Ce verset indique donc que ce noble objectif est réalisable pour celui qui épouserait une Dame juive ou chrétienne présentant ces qualités. Ce faisant, il limite le champ du mariage à la vertu et au bon comportement. Ceci est d’ailleurs renforcé par la phrase "Cela en hommes respectables, sans débauche ni libertinage". Observons que cela constitue une explication morale très pertinente du terme initial at-tayybât, les choses excellentes, l’excellence est ici morale. Le couple doit être un lieu d’édification et de protection morale, et non un lieu de licences (...) L’objectif du verset nous l’avons dit n’est pas tant d’autoriser que de restreindre, or les appétits négatifs qu’il s’agit ici de réguler sont principalement le fait des hommes. Tout particulièrement à cette époque où la femme, comme toute possession, était objet de convoitise purement matérielle. Ce type de rapport à "l’épouse" n’avait rien de moral et ne pouvait convenir à la foi du croyant comme le verset le rappelle. Il n’était donc pas utile d’appliquer la même remarque aux femmes musulmanes d’alors qui socialement ne "bénéficiaient" pas de prérogatives équivalentes. Dieu en quelque sorte les innocente, alors qu’Il souligne avec acuité les limites que les hommes, soit-ils musulmans, doivent s’imposer. Ce faisant, Il adresse une sévère mise en garde aux musulmans en mettant à jour les pulsions masculines : "Cela en hommes respectables, sans débauche ni libertinage". Cette remarque conserve toute sa pertinence car, de nos jours, nombreux sont les musulmans qui, au nom de l’autorisation coranique, convolent en justes noces, largement célébrées pour leur mixité, pour des raisons n’ayant que peu de lien avec la préservation et l’épanouissement de leur foi.
Ma femme s'est mariée avec
"ce noble objectif", l'estimant en effet
"réalisable". Et, de fait, elle considère que vivre avec un chrétien qu'elle juge sincère l'a amenée à approfondir sa foi de musulmane...