Espilon a écrit : cela montre que sa grâce présidentiel était la volonté du peuple et non pas de la justice, donc y as-t-il quelque chose qui disculpe cet homme après sa libération ?
Mais encore une fois, il n'y a pas eu de grâce présidentielle mais un procès en bonne et due forme qui a annulé la condamnation tout simplement.
Une fois la première condamnation annulée, le gouvernement américain n'a pas renouvelé ses poursuites.
Il ne s'agit donc pas d'une grâce mais d'un abandon de charge ce qui est tout à fait différent.
Une grâce vient lever une condamnation, hors la condamnation avait été annulée, il ne pouvait donc pas y avoir de grâce.
Vu que la guerre était finie, le gouvernement a jugé simplement qu'une nouvelle plainte n'aboutirait à rien, il a donc décidé de ne pas poursuivre.
Je remets les détails.
L’affaire des huit Étudiants de la Bible devait être jugée en appel le 14 avril 1919.
Ils comparurent devant la cour d’appel du deuxième district fédéral, à New York. Le 14 mai 1919, leurs condamnations, injustes, furent annulées. Ce jour-là présidaient les juges Ward, Rogers et Manton. Voici ce que déclara le juge Ward dans le jugement qui fut rendu, quand il renvoya l’affaire à plus tard pour un nouveau procès : “Dans cette affaire, les défendeurs n’ont pas été jugés avec modération et impartialité, ce à quoi ils avaient droit ; c’est pour cette raison que le jugement précédent a été cassé.”
Le juge Martin Manton n’était évidemment pas d’accord. Le 1er juillet 1918, ce juge catholique, sans donner aucune raison, avait refusé de mettre en liberté provisoire Rutherford et ses compagnons, ce qui eut pour conséquence une détention injuste de neuf mois, alors qu’ils étaient en instance d’appel. À propos, le juge Manton fut fait par la suite, par le pape Pie XI, “chevalier de l’ordre de St-Grégoire le Grand”. Mais le mépris que Manton avait pour la justice devait finalement devenir manifeste. Le 3 juin 1939, il fut condamné à la peine maximum de deux ans de prison, plus une amende de 10 000 dollars, pour avoir honteusement abusé de ses fonctions de juge fédéral en acceptant des dons d’un montant de 186 000 dollars pour six jugements.
Ainsi le 14 mai 1919 les condamnations qui avaient été injustement infligées aux huit Étudiants de la Bible furent annulées. Cela voulait dire qu’ils étaient libres, à moins que le gouvernement décide d’engager de nouvelles poursuites. Mais la guerre était finie et les autorités comprirent que, vu les faits, il serait impossible d’obtenir une condamnation. Aussi, en plein tribunal de Brooklyn, le 5 mai 1920, l’avocat du gouvernement annonça la cessation des poursuites. L’accusation fut abandonnée par acte de nolle prosequi (abandon des poursuites). C’est ainsi que ces huit chrétiens, victimes d’un jugement injuste, furent tout à fait innocentés."