Re: Pourquoi les chrétiens ne suivent-ils pas le coran ?
Posté : 15 juil.15, 09:56
Je peux me vanter d'avoir esquisser un trait de recherche sur le sujet, et de surcroît, de vous en faire profiter. Voici ce que cela donne :clo a écrit :Donc tous les versets où sa parle de guerre, il faut surtout pas les prendre pour argent comptant sans un minimum de recheeche, car les guerres contre les mécréants ( non croyant donc ) étaient surtout à l'époque du prophète sws. Sa demande juste un travail de recherche.
Seleucide a écrit :- Nous avons un prophète qui commande des massacres (comme les 900 juifs des Banû Qurayza), des assassinats politiques (Al Nader, Ocba, Asma bint Marwan, etc), voire des tortures (Kinana B. al Rabi par exemple), et naturellement des pillages, des guerres saintes contre les ennemis d’Allah (Badr, Uhud, etc).
- Nous avons un livre sacré qui a des versets assurément hostiles vis-à-vis des mécréants, qui ne sont « qu’impureté » (IX:28), les « pires de la création » (XCVIII:7), assimilés à des « bestiaux » (VIII:22), et contenant de nombreux passages exhortant à les combattre (IX:29, 123, II:216, 244 etc).
- Nous possédons également de nombreux hadiths, parmi les plus authentiques, qui abondent dans ce sens (par exemple, « Le messager d'Allah a dit : J'ai été désigné pour combattre contre les hommes aussi longtemps qu'ils ne disent pas : il n'y a de dieu qu'Allah. » (récit d'Abu Huraira, Muslim I 29), ou encore : « « L'apôtre d'Allah a dit : Sache que le paradis est à l'ombre des épées. » (récit d'Abdullah ibn Abi Aufa, Bukhari LII 73).
- Enfin, le fiqh, le droit musulman, qui définit quatre type de djihâd, dont celui contre les infidèles, et qui, à partir de la doctrine du naskh, affirme que « la lutte (djihâd) est obligatoire même s'ils (les infidèles) n'ont pas eux-mêmes commencé ».
« C’est dire que le jihâd (guerre sainte) est une notion qui est apparue dès le début dans un climat de conflit armé. Les spéculations ultérieures (au IIIe/IXe siècle, avec la fin des premières conquêtes islamiques) sur le « grand djihâd », qui serait une lutte contre le mal en soi-même, n’ont jamais supplanté cet aspect guerrier. »
« On ne saurait donc opposer le jihâd au qitâl (combat). Qu’il y ait, dans les dix-huit occurrences où le sens reste vague, possibilité pour les musulmans de greffer la théorie du « jihâd majeur » contre soi-même, on peut l’admettre. Mais il est illégitime d’affirmer que le jihâd coranique est uniquement spirituel.»
Source : « Dictionnaire du Coran » (sous la direction de Mohammed Ali Amir-Moezzi), Robert Laffont, 2007, pp. 373, 375, entrée "guerre et paix".
« Mais il faut poser la question à l'Islam : pourquoi la tentation terroriste est-elle partagée par un si grand nombre de musulmans qui viennent de différents peuples ? Les racines de ce terrorisme islamique existent bien dans les textes fondateurs. C'est ce qui explique sa force d'attraction dans le monde musulman, dans toutes les branches de l'Islam et son maintien dans l'histoire jusqu'à maintenant. Ses chances de survie dans les années qui viennent sont réelles. Le recours à l'Islam violent, justicier, est une grande tentation pour certains musulmans, pour pouvoir se faire entendre par la terreur, comme l'avait fait le Prophète à Médine. »
« Si certains musulmans s'autorisent à « liquider » les impies, c'est que non seulement le Coran a des versets extrêmement durs pour les ennemis d'Allah, mais le Prophète lui-même a montré l'exemple en incitant parfois ses partisans à commettre des assassinats pour le bien de la communauté. La biographie de Mahomet d'Ibn Ishâq relate nombre d'épisodes où l'on constate que la sensiblerie n'était pas de mise quand il s'agissait de lutter contre les ennemis de l'Islam. Le meurtre politique est considéré comme une campagne militaire. Ces premières biographies du Prophète, celle d'Ibn Ishâq ou d'Ibn Hicham ne se sentaient nullement gênées de rapporter les épisodes où le Prophète avait fait couler le sang. »
Source : DELCAMBRE Anne-Marie, « L'islam des interdits », Desclée de Brouwer, 2003, pp. 18, 36-37.
Seleucide a écrit :« Le regretté père Antoine Moussali, qui avait le privilège de connaître admirablement l’arabe littéraire et de posséder une excellente connaissance de l’Islam et du christianisme fait remarquer : « Contrairement à ce que pense Jocelyne Cesari dans son excellent livre Faut-il avoir peur de l’Islam ?, c’est le sens de guerre sainte qui, dans le coran, prime sur le djihâd intérieur (effort sur soi-même). La différence entre grand djihâd (effort sur soi-même) et petit djihâd (guerre sainte) remonte au IXème siècle, avec la fin de la première vague des conquêtes islamiques. »
Source : DELCAMBRE Anne-Marie, L’islam des interdits, Desclée de Brouwer, 2003, p. 23.
Seleucide a écrit :Ayant aujourd'hui eu quelques heures de temps libre, j'en ai profité pour feuilleter la savante « Encyclopédie de l'Islam », t. 2., Brille, 1965.
Voilà ce que nous trouvons à l'entrée "djihad", pp. 551-553.
DJIHAD :
« Étymologiquement signifie « effort tendu vers un but déterminé ». [...]
Juridiquement, d’après la doctrine classique générale et dans la tradition historique, le djihâd consiste dans l’action armée en vue de l’expansion de l’Islam, et éventuellement, de sa défense.
Il procède du principe fondamental d’universalisme de l’Islam : cette religion, et ce qu’elle implique de puissance temporelle, doit s’étendre à tout l’univers, au besoin par la force. Mais ce principe doit se combiner partiellement avec un autre qui tolère l’existence au sein de la communauté islamique, des adeptes des « religions à livres saints », Chrétiens, Juifs, Madjus. Pour ceux-là, le djihâd s’arrête dès lors qu’ils acceptent de se soumettre à l’autorité politique de l’Islam et au paiement de tribut de capitation (djizya) et de l’impôt foncier (kharadj). [...]
Quant aux non-scripturaires, notamment les idolâtres, cette demi-mesure est exclue, d’après l’opinion de la majorité : leur conversion à l’Islam est obligatoire sous peine de mise à mort ou de réduction en esclavage. [...]
Le djihâd est une obligation. Ce précepte est proclamé dans toutes les sources. Sans doute, on relève dans le Kur’an des textes divergents, voire contradictoires. La doctrine les classe, sauf quelques variantes de détail, en quatre catégories successives :
- ceux qui ordonnent le pardon des offenses et incitant à l’appel à l’Islam par la persuasion.
- ceux qui ordonnent le combat pour repousser les agressions.
- ceux qui ordonnent l’initiative de l’attaque, mais en dehors des quatre mois sacrés.
- ceux qui ordonnent l’initiative de l’attaque, absolument en tous temps ou tous lieux.
En gros, les divergences correspondent à l’évolution de la pensée de Muhammad et aux modifications des circonstances : phase mekkoise pendant laquelle Muhammad se borne, en général, à un enseignement moral et religieux ; phase médinoise où, devenu chef d’une communauté politico-religieuse, il peut entreprendre, spontanément, la lutte contre ceux qui n’entendent pas s’y agréger ou se soumettre à son autorité. La doctrine considère que les textes postérieurs abrogent les textes antérieurs contraires (théorie du naskh) de telle sorte que, seuls restent définitivement valables ceux de la dernière catégorie; et en conséquence la règle, en la matière, est formulée en ces termes absolus : « la lutte (djihâd) est obligatoire même s’ils (les infidèles) n’ont pas eux-mêmes commencé ». [...]
Le djihâd n’est pas une fin en lui-même ; c’est un moyen qui, en soi, est un mal (fasad), mais qui devient légitime et nécessaire en raison du but auquel il tend : débarrasser le monde d’un mal plus grand ; il est « bon » du fait que son but est « bon » (hasan li-husn gayrih).
Le djihâd tend à étendre le règne de la religion ; il est prescrit par Dieu et son Prophète ; le musulman se consacre au djihâd comme, en Chrétienté, le moine se consacre au service de Dieu , aussi, dans divers hadiths, on dit que « le djihâd est le monachisme de l’Islam » ; le djihâd est un « acte de dévotion pure » ; il est « une des portes du Paradis » ; de grandes récompenses célestes sont assurées à ceux qui s’y adonnent ; ceux qui y périssent sont des martyrs de la foi etc... Une bonne partie de la doctrine range le djihâd parmi les fondements (arkan) même de la religion avec la prière, le jeûne, etc. Il est obligatoire pour tout musulman, de sexe masculin, libre, solide. [...]
On enseigne, en général, que le djihâd s’impose d’abord individuellement, à titre de fard ‘ayn, aux habitants du territoire qui est le plus proche de l’ennemi [...].
[...] L’obligation du djihâd persiste tant que l’universalité de l’Islam n’est pas réalisé, « jusqu’au jour de la Résurrection », « jusqu’à la fin du monde » disent les adages. La paix avec les nations non-musulmanes est donc un état provisoire : ce ne sont que des circonstances accidentelles qui peuvent la justifier temporairement. Aussi, ne peut-il pas intervenir de véritables traités de paix avec ces nations ; seules sont autorisées des trêves dont la durée ne doit pas, en principe, dépasser dix ans. Mais, même ces trêves sont précaires et elles peuvent, avant leur terme, être dénoncé unilatéralement s’il apparaît plus utile pour l’Islam de reprendre la lutte. »