assmatine a écrit :Quand Josué est parti prendre Jérusalem et a tué tout ce qui s'y trouvait, femmes et enfants et vieux compris, il l'avait fait parce que Dieu le lui avait demandé [...] Il n'empêche que tous ces récits sont paroles de Dieu. On n'a pas à s'y opposer. ça s'est passé, apparemment comme ça, et faut l'accepter. En tout cas, en tant que croyante, je ne peux renier cela.
Il y a une chose que tu n'as pas l'air de comprendre concernant les livres saints.
Dans la Bible (qui, étymologiquement je le rappelle, signifie livres), on peut sans aucune peine trouver ce que l'on souhaite pour justifier tout et son contraire. Pourquoi donc ? Parce qu'il s'agit d'une collection de livres, dont la rédaction diffère par le temps, les auteurs, les langues, les genres littéraires, les objectifs théologiques, historiques, étiologiques, politiques, etc. La Bible n'est qu'une bibliothèque de livres, certes rassemblés autour de certaines thématiques communes telles que l'histoire d'Israël (qu'elle soit réelle ou fictive) ou encore l'évolution et l'apparition du monothéisme juif, mais dont le maître mot reste la pluralité et la diversité. Aussi, tu peux sans aucun problème légitimer n'importe quel point de vue en t'appuyant sur les passages de la Bible qui t'intéressent : par exemple, tu peux, au cours d'une polémique traitant des sacrifices du Temple, trouver de quoi alimenter une position anti-cultuelle (Jr 7, 21-22) ou, au contraire, pro-cultuelle (Lv 1, 2).
On retiendra donc pour résoudre ce problème
une règle essentielle en théologie, et plus précisément en dialogue inter-religieux : ce qui compte réellement,
ce ne sont pas ce que les Écritures Saintes contiennent mais ce que la doctrine en retire, en interprète et en garde.
Prenons l'exemple du catholicisme. L'Église catholique possède un magistère susceptible d'établir la juste doctrine en matière de théologie et de morale : il s'agit de la
Congrégation pour la doctrine de la foi. Cette dernière fixe donc, en ce qui nous concerne, le rapport qu'il faille, nous autres catholiques, entretenir avec l'Écriture Sainte, ainsi que l'indique la constitution conciliaire
Dei Verbum :
- « La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus Christ. »
Et de poursuivre concernant la manière dont il faille comprendre la Bible :
- Cependant, puisque Dieu, dans la Sainte Écriture, a parlé par des hommes à la manière des hommes, il faut que l’interprète de la Sainte Écriture, pour voir clairement ce que Dieu lui-même a voulu nous communiquer, cherche avec attention ce que les hagiographes ont vraiment voulu dire et ce qu’il a plu à Dieu de faire passer par leurs paroles. Pour découvrir l’intention des hagiographes, on doit, entre autres choses, considérer aussi les « genres littéraires ». Car c’est de façon bien différente que la vérité se propose et s’exprime en des textes diversement historiques, ou prophétiques, ou poétiques, ou même en d’autres genres d’expression. Il faut, en conséquence, que l’interprète cherche le sens que l’hagiographe, en des circonstances déterminées, dans les conditions de son temps et de sa culture, employant les genres littéraires alors en usage, entendait exprimer et a, de fait, exprimé. En effet, pour vraiment découvrir ce que l’auteur sacré a voulu affirmer par écrit, il faut faire minutieusement attention soit aux manières natives de sentir, de parler ou de raconter courantes au temps de l’hagiographe, soit à celles qu’on utilisait à cette époque dans les rapports humains.
Autant te dire que, lorsque affirmant et croyant dur comme fer que Dieu a réellement demandé à Josué de massacrer et de vouer à l'interdit les villes de Canaan plutôt que d'y voir ici un artifice littéraire des auteurs du livre en question, lorsque tu considères la Bible comme la parole révélée et dictée mot à mot par Dieu, lorsque tu la lis avec une approche aussi fondamentaliste que naïve, terre à terre et littérale, tu t'éloignes considérablement de la manière dont les catholiques la conçoivent.
Considérer des récits mythiques, des documents d'archives, des contes, des épopées, des textes législatifs, des poèmes, des cantiques, ou des prescriptions rituelles strictement de la même manière, et plus généralement, considérer la Bible de la façon dont les musulmans se plaisent à considérer le Coran (texte révélé et dicté par Dieu, incréé, etc) n'est pas intelligent, et ne peut mener à rien d'autre que des insanités exégétiques.
assmatine a écrit :Oui, l'islam est une religion de paix, tout le temps que tu n'empêcheras pas un musulman d'être ce qu'il est.
Tout dépend de ce que l'on entend par islam.
Si l'islam est la religion musulmane telle qu'elle se donne à voir depuis 14 siècles, c'est-à-dire par la sunnah (avec les exhortations au jihad conquérant), par le droit islamique (avec toute la législation tournant autour du jihad offensif, le statut des infidèles, etc), par toutes les biographies du prophète (avec les massacres, assassinats, razzias et autres exactions dont il s'est rendu coupable) et par l'interprétation du Coran retirée par les commentateurs (théorie de l'abrogation, préséance des versets médinois sur les versets mécquois, pédagogie de la révélation), alors non, l'islam n'est pas une religion de paix.
Mais si, comme certains musulmans et autres sympathisants se plaisent à le dire ici, l'islam ce n'est pas ça (sic !), mais le véritable enseignement de Mahomet dont on ne garde de trace nul part, perfidement perverti par les Omeyyades et Abbassides, dans le véritable sens qu'il faille donner au Coran, perfidement perverti par tous les commentateurs et savants de l'umma depuis 14 siècles quand il n'est pas simplement falsifié, car l'umma s'est trompée et égarée depuis toujours, je suis d'accord pour dire que l'islam est une religion de paix. Mais là, c'est malheureusement un islam inexistant, illusoire, fantasmé dont on peut dire sans aucun problème tout et son contraire, puisqu'il n'a aucun ancrage dans la réalité. Bref, c'est un islam de vos rêves.