Le Pape François le confirme : on ne peut être chrétien et patriote
Publié le 30 décembre 2017 - par Nicolas Kirkitadze
Lors de la traditionnelle homélie de Noël, le pape François a lancé un vibrant appel à ses ouailles pour les inciter à « ouvrir leurs cœurs » aux migrants et à les accueillir. « Joseph et Marie étaient des migrants« , a déclaré le pontife. Ce qui premièrement est faux : lorsque le couple quitte la Judée avec le divin enfant pour aller en Égypte, c’est dans une autre province romaine qu’ils vont et non dans un pays étranger. On devine bien le message que le pontife a voulu faire passer : le Bon Dieu lui-même est un migrant, accueillir un migrant signifie donc accueillir Dieu à travers lui. De quoi faire bondir nos amis tradis comme des cabris. Quoi ? Accueillir l’étranger ? Quelle idée ! Certains accusent même d’hérésie l’héritier de Saint Pierre.
On ne peut reprocher à un peuple son refus d’être submergé, et on ne saurait blâmer ceux qui regardent estomaqués le Saint Père prêcher le métissage généralisé et la dissolution des identités. Or, quand on va dans un restaurant chinois, on s’attend à manger chinois. Si on veut un kebab, on va dans un restaurant turc. Vous me suivez ? A partir du moment où l’on se dit chrétien, on se doit de respecter les principes chrétiens. Si on les rejette, on peut toujours s’orienter vers une autre religion. Il est tout aussi stupide de se dire chrétien et de refuser l’immigration que d’aller commander un kebab dans un restaurant chinois.
Car, loin d’être hérétique, le pape François est l’un des papes les plus chrétiens depuis Saint-Pierre. Voilà un homme qui déteste le luxe, qui visite les détenus et qui nous dit de prier pour nos ennemis, fussent-ils des égorgeurs daechiens. Je ne sais pas vous mais moi, ça m’évoque les sermons d’un certain Jésus de Nazareth. Celui-ci ne disait-il pas : « Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli » en Matthieu 25 : 35 ? Et d’ajouter au verset 40 : « Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites… » L’hérésie, c’est dans les éructations des tradis de Civitas ou de l’AF et non dans la bouche du pape François qu’elle se trouve. Ces tradis pratiquants mais peu croyants qui, à grand renfort d’exégèse et de pirouettes théologiques, tentent de subvertir le message évangélique pour en faire un livre nationaliste et identitaire. On leur rappellera ce que dit Jésus à propos de ceux qui essaieraient de falsifier la parole de Dieu : « Il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu’on le jetât au fond de la mer. » (Mt. 18 : 6).
En vérité, je vous le dis, on ne peut être chrétien et patriote. Entre la fraternité de foi et la fraternité nationale, il faut choisir. C’est encore plus flagrant dans le catholicisme qui est la version la plus universaliste du christianisme, contrairement à l’orthodoxie où chaque pays a sa propre Église et conserve par conséquent une religion à dimension nationale. Nos amis dextrogyres préféreraient un Urbain II ou un Innocent III comme pape, car « ça a plus de gueule » disent-ils. Certes, le bon vieux temps des moines soldats et des Croisades peut sembler reluisant et héroïque mais n’était-ce pas en totale contradiction avec le message du Christ ? Urbain II et le mal-nommé Innocent III étaient-ils meilleurs chrétiens que François, eux qui ont usé de leur prétendue infaillibilité pour prêcher la guerre et la mort de milliers de gens ?
De plus, il n’y a rien de nouveau dans la bouche du pape François. Benoît XVI et Jean-Paul II ont eux aussi prôné l’ouverture aux étrangers, même si leurs sermons étaient nuancés de formules appelant les étrangers à respecter leur pays d’accueil. « Jean-Paul et Benoit, c’est aussi Vatican II, c’étaient des antipapes« , me rétorqueront les Jean-Catho. Soit. Alors, remontons dans le temps.
Dès les premiers siècles, le christianisme s’est montré soucieux d’universalité. Ainsi, les unions mixtes gréco-romaines ou romano-barbares étaient plus courantes chez les Chrétiens que chez les adeptes de la religion romaine traditionnelle. Entre la fraternité romaine et la fraternité chrétienne, les premiers Chrétiens avaient choisi. C’est grâce (ou à cause…) des minorités ethniques que le christianisme s’est répandu à Rome (par la communauté hébraïque) et en Gaule (par la communauté grecque).
Face aux migrations barbares, la réaction des Pères de l’Église ne fut pas celle que les Jean-Tradi voudraient croire. La quasi-totalité des clercs étaient ravis de voir s’installer dans l’Empire ces peuples qu’ils imaginaient non-civilisés et par conséquent facilement manipulables… euh… christianisables. Le but étant d’affaiblir la majorité païenne de l’Empire. C’est poussé par l’idéal chrétien et par l’insistance du clergé que l’empereur Valens autorisa les Goths à traverser le Danube en 375 et à s’installer sur le territoire romain. Mal lui en prit car ces migrants se révoltèrent et tuèrent l’empereur trois ans plus tard, à la bataille d’Andrinople. Un siècle plus tard, l’Empire Romain n’existerait plus. A ce propos, nous recommandons la lecture de Les invasions barbares : l’Évangile et les Pères face aux migrations de l’historien Philippe Henne qui balaie les préjugés que l’on pourrait avoir sur l’attitude des Docteurs de l’Église face aux flux migratoires. Certains vont déchanter, c’est sûr. Car même le grand Augustin (totem des milieux réacs) passerait aujourd’hui pour un « sal gosho 2 merde » tant ses vues sur l’immigration étaient aux antipodes de national-catholiques du XXIe siècle.
Il est tout aussi drôle de voir les Chrétiens d’aujourd’hui miauler après une « Tradition » (avec un grand « T », je vous prie) qui serait en train d’être détruite par l’islam, la mondialisation ou les franc-maçons unijambistes de Korriban. Eux dont la religion exclusive signa la mort de traditions multimillénaires, eux dont la religion fut une catastrophe pour la science, la philosophie et l’art antiques. Eux qui mirent un point d’honneur à détruire les « idoles » et les temples (tiens, tiens, ça ne vous rappelle rien ?). Eux qui massacrèrent la pauvre Hypatie, parce qu’elle était femme, philosophe et païenne. Saint Martin, patron des militaires et de la France était un Pannonien venu en Gaule à l’âge de quarante ans pour y finir évêque de Tours. « Belle intégration ! » direz-vous. Sauf que son épiscopat a été marqué par une évangélisation agressive des campagnes gauloises où il fit arracher les anciens arbres sacrés et raser la barbe des druides contraints à se faire baptiser comme l’ensemble de la population. Si je voulais être vachard, je dirais que l’Occident chrétien subit aujourd’hui ce qu’il a jadis infligé à l’Europe païenne.
Non, il n’est pas hérétique, le père Fanfan. Il ne fait qu’appliquer ce que lui dit son boss. Et si, comme l’affirme cette pseudo prophétie médiévale, il était le dernier pape ? Peut-être qu’on pourrait enfin passer à autre chose et revenir aux dieux poliades qui firent jadis la grandeur de l’Europe.
Nicolas Kirkitadze