ChristianK a écrit : ↑06 juil.24, 13:20
Fil intéressant en ce qu’il montre le lien entre théologie naturelle, philo de la religion et épistémologie (philo de la connaissance, vue comme plus large que philo des sciences). La question métaphysique de Dieu implique presque tous les secteurs de la philo, d’où sa complexité. Et la bien plus grande simplicité des religions par comparaison.
Toutefois, je m'étonne de voir ce genre de sujet (la question de l'existence de Dieu sous cette forme ou une autre) pratiquement toujours exclusivement traité sous l'angle philosophique ou métaphysique, en sus bien entendu de l'angle religieux, et jamais en invoquant les sciences cognitives.
Or les sciences cognitives (qui étudient le fonctionnement de l'esprit humain) ont beaucoup de choses à raconter sur la question, car le fait religieux appartient à leurs champs d'études.
J'm'interroge a écrit : ↑01 juil.24, 09:25
Si l'on analyse les idées et concepts proposés de "Dieu" dans l'histoire, je suis parfaitement d'accord avec toi. Mais, ce n'est pas entièrement convaincant si l'on se pose la question relativement à toute idée ou concept possibles de Dieu.
ChristianK a écrit : ↑06 juil.24, 13:20
Mais ca n’implique aucun savoir d’inexistence, seulement l’inexistence de certaines propriétés ou comportements. En plus c’est un argument généalogique (origine) qui ne prouve jamais rien. Il suffit d’étudier l’idée d’inexistence de Dieu et lui trouver des causes pour faire la démarche généalogique en sens inverse.
Si une cause 1ere a la puissance de créer le monde contingent (par hypothèse), comment serait –il dépourvu de la capaciter d’interagir, par un miracle (modification de lois de la nature que lui-même crée a chaque seconde) par exemple?
Derrière ces deux objections voisines, il y a en filigrane l'idée que si on veut démontrer l'inexistence de Dieu, alors il faudrait envisager tous les concepts possibles du divin, les étudier un à un, en conclure pour chacun son inexistence.
Comme il y en a potentiellement une infinité, en effet la tâche est humainement impossible.
Du coup, cela laisse la possibilité qu'un concept de Dieu existe.
Cela laisse la possibilité qu'un concept de Dieu existe, certes. Et si ça pouvait correspondre à l'idée de Dieu dans sa propre religion plutôt que l'idée de Dieu chez la concurrence, ce serait encore mieux, n'est-ce pas.
Car admettons qu'on découvre (par quelque moyen que ce soit), que Dieu ou le divin existe, et qu'on puisse interagir avec Lui (par quelque moyen que ce soit).
Que diraient les chrétiens si ce Dieu disait qu'Il n'a jamais envoyé personne se sacrifier pour le salut de l'humanité, que le salut de l'humanité lui est indifférent, qu'un gars de 50 ans qui viole une fillette de 5 ans ne lui fait ni chaud ni froid ?
Ou encore, que diraient les musulmans, s'il s'avérait qu'il y a en fait une multitude de dieux, et que ceux-ci disent qu'il n'y a aucun dieu-chef au-dessus d'eux ?
Ou encore, que diraient les juifs, si ce Dieu affirmait qu'Il n'en a rien à faire du salut d'Israël ?
Tous ces braves gens concluraient qu'on a seulement trouvé un faux Dieu, voire Satan lui-même, que la preuve n'est pas convaincante, et qu'il faut chercher encore.
Par ailleurs, la question de l'existence de Dieu ne se pose en fait exclusivement qu'à l'égard des religions abrahamiques, et plus particulièrement du christianisme et de l'islam.
La même question par rapport à d'autres religions a souvent beaucoup moins de sens.
Le bouddhisme n'a pas besoin de dieux, ou est neutre à cet égard.
Dans l'hindouisme, les dieux ont souvent une apparence matérielle. Par exemple, les singes sont des dieux, ou des manifestations du dieu-singe. Bon, les singes existent, c'est un fait. Qu'on en fasse des dieux, eh bien pourquoi pas après tout ?
La spécificité du christianisme et de l'islam, c'est que ce sont des religions prosélytes, qui cherchent à faire de plus en plus d'adeptes, et où Dieu est invisible et ne se manifeste dans rien de matériel (pas de statue par exemple, si on excepte éventuellement Jésus-Christ dans le christianisme).
Et contrairement à la plupart des religions, elles développent également un narratif relativement précis sur la création du monde qui vient se heurter à la science moderne.
Donc ces deux religions doivent développer des argumentaires en faveur de l'existence de ce qu'elles affirment, à savoir l'existence de leur Dieu, lequel est pourtant inaccessible à nos sens.
Il n'y a donc pas de nécessité logique à devoir s'intéresser à n'importe quel concept possible de Dieu pour en démontrer l'inexistence général, il suffit d'étudier celui du christianisme ou de l'islam.