J'm'interroge a écrit :En d'autres termes : l'objectivité scientifique tient. C'est certes là un ensemble de savoirs conditionnels, mais puisque tout savoir l'est nécessairement, "conditionnel" : ce sont bien des savoirs, autrement dit : ce ne sont absolument pas des croyances.
Absenthéiste a écrit :J'abonde ! j'aimerais ajouter une différence fondamentale entre la "démarche scientifique" et les "croyances".
La recherche scientifique ne se contente pas de guider ou corriger notre compréhension du monde et de ses lois. Dans certains cas, elle va agir comme un « treuil ontologique », c’est à dire que les équations vont permettre de découvrir l’existence de nouveaux éléments de réalité jusqu’alors inaccessibles à notre perception.
Oui, la science de demain se contentera exclusivement de mettre en évidence des complexes structuraux de relations, lesquels seuls pourront être qualifiés de "réel en soi" car permettant justement de mettre en relation les phénomènes observés, loin de toute spéculation ontologique métaphysique gratuite. En effet, l'ontologie vers laquelle la science nous conduit est une ontologie nécessairement et exclusivement formelle, autrement dit : d'essence purement logique, et non plus métaphysiqe et substantielle comme encore jusqu'en 1982 dans les débats entre chercheurs. ---------> Sur la question de l'existence ou non de variables cachées locales, c'est Borh qui avait raison et Einstein tort.
Absenthéiste a écrit :Je pense à la matière noire, omniprésente dans l’univers, déviant et retardant les rayonnements cosmiques par son action gravitationnelle, je pense aux particules sorties du "vide", comme le boson de Higgs, mis en lumière dans le gigantesque accélérateur à particules du LHC, remettant en question le concept de masse…
Petit bémol pour la matière noire, c'est une hypothèse ad hoc. Il faut donc rester très prudent à son égard. (Perso, je n'y crois pas.)
Il y a un livre sur le sujet qui àa l'air pas mal :
La matière noire, Substance exotique ou effet relativiste ? - Jean Perdijon (Auteur) - Paru en mai 2015 - Etude (broché)
- La matière noire ou matière sombre désigne une catégorie de matière hypothétique jusqu'à présent non détectée, invoquée pour rendre compte d'observations astrophysiques, notamment les estimations de masse des galaxies et des amas de galaxies... Au moment où le LHC redémarre à Genève (Large Hadron Collider : accélérateur de particules mis en fonctionnement et inauguré en 2008 au CERN), pour une ultime et coûteuse tentative de découvrir enfin le secret de la matière noire, il serait temps de vérifier les fusibles ! Une anomalie ne peut se manifester que dans le cadre d'une certaine théorie. Dans celui de la dynamique newtonienne, Fritz Zwicky, un des premiers astronomes à s'être intéressé au phénomène, émit en 1933 l'hypothèse d'une grande quantité de matière invisible dans les amas de galaxies. Au fur et à mesure que la théorie du big bang engrangeait les succès, cette matière mystérieuse est devenue indispensable pour obtenir un Univers aussi plat que les observations par satellites l'indiquent. Au point que 95% de l'Univers nous seraient inconnus ! En présence d'une anomalie, trois attitudes sont possibles : la négation, l'invention ou la réflexion. Pour ce qui concerne la matière noire, rares sont les physiciens négationnistes, presque tous proposent l'existence d'une substance exotique… qui se dérobe malicieusement à leurs détecteurs depuis plus de cinquante ans. Mais la matière noire n'est-elle pas tout simplement une manifestation à l'échelle galactique de l'horizon d'accélération, prévu par la théorie de la relativité ?
Une affreuse matière d’où rayonne la nuit ! Partie I Les moyens d’investigation
- Chapitre 1 Les instruments de l’astrophysique ; L’observation du ciel ; Les observatoires ; Les données astronomiques...
- Chapitre 2 Les concepts de la cosmologie ; Quatre systèmes du monde ; Matière, espace et temps ; Espace et métrique ; Les données cosmologiques ; La solution du big bang – Partie II L’affaire de la masse manquante
- Chapitre 3 Anomalie selon Newton ; Peser les galaxies ; Zwicky, Rubin et les autres ; Halo, halo ?
- Chapitre 4 Anomalie selon le big bang ; Peser l’Univers ; La catastrophe du deutérium ; Ode à la platitude de l’Univers ; Petites fluctuations, grandes structures - Partie III L’embarras des hypothèses Ad Hoc
- Chapitre 5 Objets sombres identifiés ; Nuages sous X ; Avortons et cadavres baryoniques ; Vrais neutrinos et photons
- Chapitre 6 Au royaume de l’exotisme ; Un zoo supersymétrique ; Chasse au neutralino ; La cote des axions pourrait remonter
- Chapitre 7 Et si c’était la loi qu’il fallait changer ? Changer l’exposant 2 ; Un MONDE ; non newtonien ; Big bang ou big bug ? - Partie IV Une solution économique
- Chapitre 8 Vous avez dit ad hoc ? Occam et son rasoir ; Vie et mort d’un paradigme ; Quelle simplicité ?
- Chapitre 9 Horizon d’accélération ; L’horizon des événements ; Les cinq horizons du physicien ; Gravitation et accélération, même combat ! ; Des particules dans leur bulle
- Chapitre 10 La bulle noire ; Une cape d’invisibilité ; La vérité sortira-t-elle des puits gravitationnels ? ; Merveille de l’invisible ; Et l’énergie sombre ? ; Le coup d’éclat des supernovæ ; Un fluide cosmique dans quel état ? ; Cosmospéculations !...
Ingénieur civil des mines, Jean Perdijon a été chercheur au Centre d’études nucléaires de Grenoble et enseignant à l’École de physique de cette ville. Il est l’auteur de manuels techniques et d’une douzaine d’essais scientifiques, dont "Le Quantique : un paradoxe de la relativité ?" publié chez le même éditeur.
Absenthéiste a écrit :Le formalisme scientifique représente à mon sens la plus extraordinaire et efficiente volontée d’objectivisation de la raison humaine. Loin de désenchanter le monde, la recherche scientifique éclaire peu à peu les incroyables rouages de notre univers, nous offrant continuellement de nouvelles pistes de compréhension et de nouveaux axes de questionnement.
Petit bémol aussi pour l'image des 'rouages', le réel objectif en soi ne pouvant être qu'une structure absolument
statique et immuable, formelle comme j'ai dit.
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ChristianK a écrit :C'est une question complexe mais c'est un fait que la tendance empiriste en philo (en gros anglo) penche vers un certain scepticisme et le savoir devient peu ou prou croyance (belief); ensuite on distinguera entre croyances.
Je pensais entre temps à ce qui pouvait conduire à penser ce genre de choses et donner partiellement raison à ceux qui posent que la science est affaire de croyances... Il y a une approche qui se développe et qui s'écarte selon moi de ce que je comprends de ce qu'est une science et définis comme telle, mais qui donne des résultats exploitables et 'FIABLES' en terme de pratique mais non de manière absolue et discrète en théorie, bien que pouvant orienter sur de bonnes pistes hypothétiques, il s'agit des inférences probabilistes (bayésiennes) et de celles de type statisticienne. L'on y raisonne sur des probabilités et des occurences...