Bonjour à toutes et à tous,
Stop ! a écrit : ↑02 févr.24, 22:47
Il me semble que vous avez intégré le terme "islamophobie"...
Je n'ai rien intégré du tout.
Comme notre frère Spin (si j'ai bien compris) je trouve ce terme mal choisi, d'ailleurs il sert plus à l'anathème qu'à la réflexion critique.
C'est un terme désormais polysémique qui ratisse large, on peut traiter quiconque d'islamophobe au moindre soupçon.
Stop ! a écrit :- Haine des Musulmans
- Haine de la doctrine islamique.
Il n'est pas difficile de voir que la deuxième acception est l'étymologie même du mot "islamophobie"
Il n'est pas difficile de voir qu'au plan étymologique une phobie n'a rien à voir avec la haine mais avec l'effroi, la peur incontrôlée qui suscite la fuite ou une réaction irrationnelle.
De ce point de vue, nombreux sont les événements dramatiques depuis le renversement du Shah d'Iran qui peuvent, en effet, susciter l'angoisse ou l'effroi.
Je pense même que les précurseurs dans ce domaine sont les gouvernements des pays comme l'Égypte, l'Iran du Shah ou l'Algérie, qui ont pourchassé et souvent persécuté les groupes musulmans dont l'influence politique les inquiétait.
Ainsi cette peur ne visait ni
le musulman en général ni
la doctrine musulmane mais un
certain type d'organisation musulmane non plus versée dans la pure dévotion et la spiritualité comme les premiers salafistes mais ayant des ambitions politiques "disruptives".
Ici, on peut mesurer l'écart entre islamophobie et l'antisémitisme car je n'ai en mémoire aucun mouvement juif d'ampleur résolu à instaurer un état juif en France. Même le sionisme historique n'avait pas pour ambition première de rétablir la législation lévitique/deutéronomiste.
Y a-t-il un vaste sentiment de
haine de la doctrine islamique ?
Si oui, alors c'est encore une différence avec l'antisémitisme car la haine de la Torah qu'elle soit écrite ou orale me paraît marginale. On hait les Juifs parce qu'ils sont suspectés ou accusés de tous les turpitudes et non pas parce qu'ils cassent un verre lors du mariage...
Ce que je perçois est qu'il peut y avoir une haine de certaines expressions de la piété musulmane (l'habillement...) ou une haine de certaines pratiques musulmane (prières de rue, abattage rituel, mutilations génitales féminines...) mais rien de tout cela ne ressortit vraiment à
LA doctrine islamique, ce ne sont que des manifestations localisées et datées qui peuvent faire l'objet de divers arbitrages au sein même de l'Islam.
Enfin, on peut très bien critiquer la doctrine non plus sur son expression mais sur le fond.
C'est tout à fait légitime : toute doctrine, idéologie, philosophie et même science est vouée à être critiquée, c'est de bonne pratique.
Ici on retrouve la grande question que l'on a connue avec le Communisme confronté au contraste entre le projet politique de paradis sur terre et l'horreur des régimes communistes :
Est-ce que la doctrine porte en elle-même les ferments de l'autoritarisme et de la violence, et si oui ce penchant intrinsèque peut-il être contrarié ou bien son succès est-il fatal ?
Je note incidemment que ce procès n'est pas intenté uniquement à l'Islam mais qu'il peut aussi viser
LE monothéisme en général.
Du fait d'un corpus canonique compliqué, je pense qu'il est difficile d'affirmer scientifiquement que, par essence, l'Islam couve en son sein l'horreur sociétale et politique qu'il manifeste parfois comme en Afghanistan, dès lors l'affirmer à tort et à travers sans preuve peut s'apparenter à la haine mais ce courant de pensée me paraît très marginal.
Ce à quoi j'assiste plutôt est la montée d'un réel sentiment de peur vis à vis d'un certain islam politique plus ou moins fantasmé qui serait sournois et méthodique et qui aurait pour but la prise de pouvoir et le renversement de nos institutions.
Les initiatives gouvernementales récentes témoignent, à mes yeux, d'une volonté de tenir compte d'une menace considérée comme objective.
Il faut avouer que cette réaction gouvernementale ne manque pas de lien avec l'actualité.
Seulement, faire rempart en multipliant les interdits stigmatisants comporte pas mal d'inconvénients...
Très cordialement
votre sœur
pauline